La Presse Bisontine 246 - Décembre 2022
L’événement 7
La Presse Bisontine n°246 - Décembre 2022
l Architecture
Un contentieux sur la partie hôtel
La longue histoire d’un bâtiment emblématique
La construction du centre d’affaires de
P hilippe Lamboley n’a rien oublié de cette période de la fin des années quatre vingt où il fallait redorer l’image deBesançon“la belle endor mie” et lui donner un centre d’af faires futuriste digne de ce nom. Le maire de l’époque Robert Schwint avait souhaité faire appel à un grand nom pour signer la future City, comme le fera plus tard Raymond Forni à la Cité des arts avec le Japonais KengoKuma. C’est le cabinet internationalArchi tecture Studio - et un de ses emblé matiques responsables Rodo Tis nado - qui sera retenu par les élus de l’époque. Mais dès le départ, les Parisiens ont souhaité s’associer avec un cabinet d’architectes local. C’est donc Philippe Lamboley qui sera retenu. “Il n’y avait pas d’In ternet et de visio à l’époque, je me déplaçais toutes les semaines à Paris pour des réunions chezArchi tecture Studio” se souvient le pro fessionnel bisontin aujourd’hui associé à son fils Alexandre dans ce cabinet situé à cinq minutes à pied de La City. Conçus dans l’es prit des architectes comme le pen dant de la voûte feuillue de Cha mars, les bâtiments de La City étaient censés représenter leur écho métallique. “Le projet a rapi dement été validé par l’architecte des bâtiments de France de bisontin Lamboley Architectes Office était associé à un cabinet parisien pour signer ce projet. La City a connu son lot de péripéties. Le cabinet
l Histoire Un centre d’affaires à la place des abattoirs
Alexandre et Philippe Lamboley, les co-gérants du cabinet bisontin L.A.O.
une longue bataille d’experts. Au final, la construction de La City s’est étalée de 1990 pour la livraison du C.L.A., à 2008 avec le dernier bâtiment livré, la rési dence-service Zénitude qui boucle le demi-cercle de La City. n J.-F.H.
l’époque, Marc Wattel, qui avait essuyé beaucoup de critiques” ajouteM. Lamboley qui à lamême époque avait piloté la restructu ration des 408. Dès leur conception, tous les bâti ments à l’exception de celui du C.L.A. avaient été climatisés. “À cette époque-là, on ne se posait pas de questions, on climatisait partout. Et les brise-soleil extérieurs n’exis taient quasiment pas à l’époque. La coque en métal est plutôt bien isolante, le problème principal de ce bâtiment avec les normes d’au jourd’hui, c’est le côté sud avec les nombreuses baies vitrées” complète Alexandre Lamboley. La construction de la partie hôtel avait été émaillée de quelques polé miques entre le constructeur G.T.F.C., une filiale de Bouygues, qui avec le groupeAccor réclamaient des régularisations de tarifs suite à desmalfaçons, et lesmaîtres d’ou vrage. Jean-Louis Fousseret était alors aux manettes. Il n’a pas cédé au chantage de Bouygues et le chan tier avait pu être finalisé suite à
Les premiers immeubles de la City sont sortis de terre en 1990.
Le cabinet Lamboley ne suivra pas l’opération de réhabilitation Un seul des deux cabinets d’origine sera associé à l’opération de rénovation de La City : Architecture Studio, et son responsable Rodo Tisnado, qui fera partie du jury quand G.B.M. lancera prochainement le concours d’architecture. Le cabinet bisontin L.A.O. a été consulté, mais ce n’est pas lui que Sedia a retenu, préférant confier le suivi du dossier à un autre cabinet concurrent local, Archi.Tech et son responsable Serge Ferrini. Au grand dam de Philippe et Alexandre Lamboley qui passent devant La City tous les jours pour se rendre à leur cabinet…
L a City a été construite à l’empla cement des anciens abattoirs municipaux de Besançon. Édifiés dans les années 1880, ils ont été démolis en 1988 pour faire place au projet futuriste de La City. Une aberration pour cer tains historiens locaux à
l’image de Pascal Brunet, guide conférencier spécia liste de l’histoire architec turale de Besançon qui estime que le projet de La City “a été une catastrophe patrimoniale. En plus, en voulant modifier le projet initial, la Caisse d’Épargne a saccagé les intentions premières des
architectes, ce qui a donné ce gros mastodonte planté devant le Doubs, d’une lai deur absolue” juge l’his torien. “Même le nom de La City est pathétique, tranche-t-il. Un nom adapté au cœur écono mique de Londres, mais pas au village qu’est Besançon... n ”
L’historique de la construction, et les surfaces (image Sedia).
Les abattoirs de Besançon avaient été édifiés dans les années 1880 (phot Mémoire vive).
ture.” Quand les travaux sur le bâtiment BB5 seront terminés (fin 2024), cet ensemble pourra accueillir provisoirement les ser vices deG.B.M. pendant que la collectivité mènera les travaux sur BB1 et BB3. La végétalisation de l’immense dalle de béton à l’arrière des bâtiments est éga lement au programme, ainsi que l’ins tallation d’une couverture photovoltaïque sur ce même espace arrière. Pour cette partie arrière, il est encore nécessaire de recueillir l’accord de tous les copro priétaires, y compris le groupe Accor propriétaire du bâtiment abritant l’hôtel Ibis, et l’Université qui possède le bâti ment du C.L.A., le premier bâtiment livré en 1990. L’esprit de cette opération global est de “revivifier le centre-ville de Besançon et y remettre de l’emploi” à l’image de ce qui s’est fait à Viotte ces dernières années. n J.-F.H.
Au-delà de la seule réhabilitation éner gétique de La City qui consistera notam ment à changer l’intégralité des fenêtres et de refaire toute l’isolation de ces bâti ments énergivores, la collectivité a confié à l’aménageur Sedia une réflexion globale sur le périmètre de La City. Sedia qui a elle-même fait appel à l’agence privée T.E.R. pour réfléchir à ces futurs amé nagements urbains. “Cette agence est missionnée pour réfléchir à l’aménage ment des espaces publics depuis Saint Jacques et l’Arsenal jusqu’au quai Plan çon où est construite La City, en passant par l’îlot pompiers pour l’instant occupé
par des préfabriqués de l’Université, et jusqu’à la C.C.I. Dans l’opération, il est prévu de relier tous ces sites par un réseau de chaleur” précise Bernard Bletton, le directeur général de Sedia. Concernant la réhabilitation des bâti ments, et notamment le BB5 dont les travaux démarrent en 2023, il s’agit de “leur donner l’inertie qu’ils n’ont jamais eue. Ces bâtiments ne sont plus du tout aux standards énergétiques, ils amènent du froid l’hiver et retiennent la chaleur l’été. Dans l’opération, il est prévu éga lement de poser des panneaux solaires, soit en vertical, soit en horizontal en toi
Université Opération plus légère pour le C.L.A. Propriété de l’Université de Franche-Comté, le bâtiment du Centre de linguistique appliquée (C.L.A.) est le plus ancien de La City. Il n’a jamais été climatisé. Pour autant, l’Université n’engagera pas de réhabilitation lourde. “Nous avons toute de même programmé une enveloppe de 490 000 euros à partir de l’an prochain pour améliorer les performances et le confort énergétique du bâtiment” indique Charles De Kergariou, directeur du patrimoine de l’Université de Franche-Comté qui confirme en même temps que le C.L.A. restera bien à La City. n
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