La Presse Bisontine 246 - Décembre 2022

34 Économie CLÉRON

La Presse Bisontine n°246 - Décembre 2022

40 ans après, où en est-on ? “Des réservoirs de nature qu’il faut continuer à préserver” La présidente des Réserves Naturelles de France,

Charlotte Meunier, était en visite sur le site protégé du ravin de Valbois dans le Doubs à l’occasion du 40ème anniversaire de la création du réseau.

C lassé Réserve naturelle nationale en 1983, le ravin de Valbois est une reculée typiquement jurassienne bordant la vallée de la Loue, non loin de Besançon. L’un des 169 sites nationaux protégés par décret ministériel. Ses pelouses sèches, jugées d’in térêt majeur, font l’objet d’une protection renforcée ces der nières années. Tout comme les 7 km linéaires de falaises qui abritent tout un cortège d’oi

seaux nicheurs, de flores et de mousses, et le ruisseau niché au fond du vallon. C’est le Conservatoire d’espaces naturels de Franche-Comté (C.E.N.) qui en a la gestion

les différents usagers du site (chasseurs, agriculteurs, prome neurs…) et de porter des actions de sensibilisation et d’éducation à l’environnement, à travers notamment la création de sen tiers découverte ou de chantiers nature” , explique Dominique Langlois, son conservateur. L’un de ces chantiers, organisé avec les jeunes de 10 à 18 ans de la Communauté de communes Loue-Lison (action historique de la Réserve naturelle du ravin de Valbois), a justement été mis en lumière lors du passage de la présidente des Réserves Natu relles de France, Charlotte Meu nier, et du président de la Fédé ration des C.E.N., Christophe Lépine, fin octobre pour les 40 ans du réseau. L’occasion de tirer un premier bilan des actions menées au niveau local. “On observe moins de perte de biodiversité dans la réserve qu’en dehors du périmè tre. On le voit notamment sur le suivi des papillons ou des oiseaux. Certaines espèces sont revenues comme l’Azuré du ser polet, l’Engoulevent d’Europe

depuis 2014 sur décision du Pré fet du Doubs. “Nous sommes chargés au-delà des enjeux de protection, de travailler avec

Plus de 6 500 espèces répertoriées.

Divers chantiers nature sont organisés avec les jeunes (photo F. Ravenot).

ou le Grand-duc” , se félicite Dominique Langlois. Bien sûr les effectifs restent en déclin. “Les populations de papillon, par exemple, sont plus de 10 fois inférieures entre 2001 et aujourd’hui, impactées entre autres par le réchauffement cli matique.” D’où l’intérêt pour ce spécialiste de l’existence des Réserves naturelles, “qui ont une meilleure résilience. Ce sont des réservoirs de nature qu’il

de Frotey, du côté de Vesoul. “C’est un outil qui a fait ses preuves et qui complète les autres statuts de protection (Natura 2000, Parc naturel régional…). Il constitue aussi un laboratoire de connaissance” , conclut Domi nique Langlois. Sur le ravin de Valbois, plus de 6 500 espèces ont été répertoriées sur les 234 hectares partagés entre Cléron et Chassagne-Saint-Denis. ■ S.G.

faut continuer à préserver.” Partageant un peu partout en France le même constat, le réseau aimerait atteindre 500 réserves à l’horizon 2030 (il en compte 357 à ce jour avec les Réserves régionales et celles de Corse). Localement, cela ne se traduirait pas forcément par de nouvelles créations de zones protégées, mais plutôt par l’ex tension de périmètre comme sur la Réserve naturelle du Sabot

(photo D. Langlois)

De l’éco-pâturage a été mis en place avec des ânes.

SAÔNE

Gestion des milieux humides Le syndicat du Marais de Saône étend son périmètre d’action Un nouveau plan de gestion et de nécessaires évolutions suite aux lois de décentralisation ont amené à agrandir le territoire d’intervention du syndicat, qui s’étend désormais sur 170 km 2 et 14 communes.

C onnu pour ses actions de conservation et de restaura tion menées à l’échelle du marais, le syndicat a fait en quelque sorte peau neuve en 2020. Un changement de statut l’a amené à regrouper le Conseil dépar temental du Doubs, la Communauté Urbaine de Grand BesançonMétropole et la Communauté de Communes des Portes du Haut-Doubs et à exercer la compétence “Gestion des milieux aqua tiques”, que les intercommunalités lui ont transférée. “Nous avons dans le même temps étendu notre périmètre d’action à l’ensemble du bassin d’ali mentation de la source d’Arcier” , précise Alexandre Benoit-Gonin, son directeur, “passant ainsi de 8 km 2 à 170 km 2 sur 14 communes” (Bouclans, Chalèze, Fontain, Gennes, La Chevillotte, Le Gratteris, La Vèze, Mamirolle, Mont faucon, Morre, Naisey-les-Granges,

Nancray, Saône et Vaire). Un vaste territoire, dont le marais de Saône reste bien sûr la zone humide majeure, “mais qui intègre donc aussi dorénavant d’autres points d’attention comme le ruisseau du Gour à Bouclans.” Et si le nom du syndicat a quelque peu évolué*, ses actions, elles, restent les mêmes. Une partie d’entre elles a d’ail

Alexandre Benoit-Gonin et Arielle Delafoy achèvent, ici, le séchage et la destruction de plantes invasives.

leurs été présentée lors d’une récente réunion publique, comme la mise en place de conventions de gestion, la création de pâtu rages extensifs ou la restauration de cours d’eau. “Cela fait partie de nos grands champs d’intervention. On tra vaille à la conservation d’une mosaïque diver sifiée de milieux,

50 hectares de terrain déjà rouverts.

garante de la biodiversité.” Le dernier plan de gestion sur cinq ans (2015 2019) n’ayant pas permis de réaliser toutes les actions, le syndicat va s’ins crire sur un temps plus long sur la prochaine période qui couvrira 2021 2030.Les enjeux sont nombreux, il le sait : “D’autant que l’évolution clima tique posera de façon encore plus pré gnante à l’avenir la problématique de quantité d’eau” , mais les premiers résultats sont là aussi. “Depuis l’exis tence du syndicat, nous avons rouvert

sur la rudbeckie, les asters et solidages” , préciseArielle Delafoy, chargée de mis sion. Mais plus que jamais, il s’agira de défendre le rôle que jouent les milieux humides dans la recharge et le maintien de la qualité des ressources en eau et plus particulièrement de la source d’Arcier. ■ S.G.

50 hectares de terrain. Si nous n’avions pas agi, ce serait devenu de la forêt” , se félicite Alexandre Benoit-Gonin. Certaines espèces en ont au passage profité comme le damier de la succise, le crapaud sonneur ou encore l’agrion de mercure (N.D.L.R. : une demoiselle protégée au niveau régional), dont la population a augmenté par trois entre 2019 et 2021. Il faudra aussi faire de plus en plus avec les plantes envahissantes. “Nous réalisons régu lièrement des chantiers d’arrachage

*Syndicat mixte du marais de Saône et du bassin-versant de la source d’Arcier

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