La Presse Bisontine 246 - Décembre 2022

30 Le Grand Besançon

La Presse Bisontine n°246 - Décembre 2022

NOVILLARS

Maison d’accueil spécialisée Inquiétude des soignants et des proches des résidents

La M.A.S. de la Châtaigneraie a dû accueillir deux résidents dits patients complexes aux troubles autistiques lourds. Face au manque de moyens supplémentaires et à l’insécurité que cela engendre, soignants et familles des résidents ont fait grève.

cherche une place pour son fils dans une M.A.S. Son intégration dans celle de Novillars est rendue compliquée par le manque de moyens et de per sonnel. “Mon fils requiert une surveil lance en continu qui ne peut pas être assurée” , se désole Aurélia Romero. Une situation dangereuse pour son fils mais également pour les autres rési dents et les soignants. Les incidents et les accidents de travail semultiplient. La sœur de Maria est aussi résidente à la M.A.S. “Je n’ai pas envie que les résidents soient enfermés dans leur chambre par manque de surveillance. Qu’ils ne puissent plus faire d’activités. ils sont chez eux, c’est leur lieu de vie” , souligne Maria. Loin de s’opposer l’une à l’autre,Aurélia et Maria se mobilisent ensemble, comme la vingtaine de personnes pré sentes ce 9 novembre dont des soi gnants, pour dénoncer la situation et réclamer des moyens. “L’A.R.S. m’a répondu qu’une enquête est diligentée pour connaître les besoins de mon fils à la M.A.S. Mais c’est toute l’unité qui doit être renforcée. Il faut donner les moyens à laM.A.S., pas seulement pour mon fils” , implore Aurélia. “Il y a une majoration des difficultés qui a conduit à cette grève, explique Jan Szoblick, délégué C.G.T. L’A.R.S. a sommé la M.A.S. d’accueillir deux patients dits cas complexes mais sans moyens supplémentaires.” La direction avait sollicité 250 000 euros pour la prise en charge spécifique de ces per sonnes, l’A.R.S. a octroyé 50 000 euros.

Le fils d’Aurélia Romero souffre de troubles autistiques et est identifié comme cas complexe. “Mon fils a des troubles comportementaux imprévisibles qui, sans surveillance continue, néces sitent de fermer les portes à clé. Mais il possède également des capacités cog nitives intellectuelles et sportives, ce qui rend le confinement en hôpital psy chiatrique très problématique” , explique la mère de famille. Depuis 11 ans, son fils est en hôpital psychiatrique. Depuis 11 ans, elle

“La structure n’est pas du tout en capa cité d’accueillir ces profils. Il y a un sous-dimensionnement de nos équipes, deux agents pour 12 résidents. Et la M.A.S. de Novillars a la chance d’être raccordée au centre hospitalier, des équipes du sanitaire peuvent ainsi sup pléer celle du médico-social” , reprend Jan Szoblick. Le fils d’Aurélia Romero fait partie de cas complexes qui ne trouvent pas leur place ni en psychiatrie classique ni dans les établissements médico-sociaux. “Il passe de la M.A.S. aux centres psy chiatriques, éthiquement ce n’est pas viable” , se désole le syndicaliste qui milite aujourd’hui pour que soit trouvé un lieu adapté pour ces deux cas com plexes. L’espoir d’Aurélia Romero, qui se sent comme “quelqu’un qui se bat contre des moulins à vent” réside en une place en U.R.T.S.A., une unité résidentielle pour adultes autistes en situation très com plexe. Ce genre de dispositif dispose de plus de moyens, un agent voire deux pour un patient, de la rééducation, etc. Mais problème : les places sont très rares. Sans solution immédiate et esseulée, et ce depuis plus de vingt ans avec l’an nonce à ses 4 ans de l’autisme de son fils,Aurélia Romero a vu son fils repar tir en hôpital psychiatrique. Le 1 er décembre devrait se tenir une commission d’orientation pour statuer sur les deux cas complexes de la M.A.S. de la Châtaigneraie. n L.P.

M algré la froide pluie en ce jour de novembre, les soignants et les proches des résidents de laM.A.S. la Châtaigneraie se tiennent chaud, côte à côte et main dans la main pour manifester leurs

inquiétudes.Au centre d’un petit groupe, combative malgré son épuisement et son désarroi, Aurélia Romero partage ses sentiments avec Maria.Toutes deux sont parentes d’un résident de laM.A.S., une maison d’accueil spécialisée.

Au centre du piquet de grève, Aurélia Romero, épuisée, esseulée, continue de se battre pour trouver un endroit adapté à son fils, autiste lourd.

EN BREF

SAÔNE

Après le décès de Pierre Dornier

Philippe Roy reprend le flambeau de Semons l’espoir

Nomination Jean-Jacques Coiplet a été nommé directeur général de l’Agence Régionale de Santé de Bourgogne-Franche Comté. Précédemment directeur général de l’A.R.S. Pays-de-Loire, il a pris ses fonctions le 21 novembre. Diplômé de l’école des hautes études en santé publique et de sciences politiques, il a commencé sa carrière en tant qu’inspecteur de l’action sanitaire et sociale. Banque Alimentaire La collecte de la Banque alimentaire a lieu les 25 et 26 novembre au Super U de l’Amitié (Saint-Ferjeux) et dans de nombreuses grandes surfaces du Grand Besançon. Citadelle (bis) Le mois dernier, un bébé Saki à face blanche est né au jardin zoologique du Muséum de Besançon. Cette troisième naissance à la Citadelle est importante pour cette espèce inscrite sur la Liste Rouge de l’U.I.C.N. (Union Internationale pour la conservation de la nature).

au début des années quatre-vingt-dix alors que j’étais étudiant en B.T.S. Il m’avait invité à venir faire un stage dans son entreprise. Le sujet pratique de mon B.T.S. a été de monter l’opération Par tageons notre pain avec les reproductions en cartes postales des lithographies de Pierre Bichet qu’on a diffusées dans les boulangeries. C’est comme ça que les choses ont démarré, avant même la créa tion de Semons l’espoir” se souvient Phi lippe Roy. L’étudiant a ensuite suivi les traces de ses parents boulangers et c’est toujours avec Pierre Dornier qu’il a créé le réseau des Fournils, dont celui de Saône. Paral lèlement, Philippe Roy a également repris des responsabilités dans la Mino terie Dornier. “La présidence de Semons l’espoir suite au décès brutal de Pierre nous est donc apparu logique à Charlyne et moi-même. C’est une association tel lement forte avec un tel réseau de béné voles que je suis persuadé qu’elle conti nuera à entreprendre de belles choses. Pierre a créé la flamme, à nous de la

Celui qui fut l’associé de Pierre Dornier dans la vie

“P ierre, c’est un peu mon papa…” glisse avec émotion Philippe Roy, le nouveau président de l’association Semons l’espoir, créée par Charlyne et Pierre Dornier. Pour lui, prendre la suite du fondateur de cette association cari tative dont les actions sont tournées vers l’amélioration des conditions des enfants malades et de leurs familles est donc apparu comme une évidence. Il y a près de trente ans que les deux hommes cheminent ensemble. “J’ai connu Pierre professionnelle a naturellement accepté de reprendre les rênes d’une des plus grosses associations caritatives locales à l’origine de la Maison des familles.

Philippe Roy dirige plusieurs boulangeries dont le Fournil de Saône.

belle inauguration au printemps” com plète Philippe Roy. Outre les dizaines de bénévoles qui gra vitent autour d’elle, l’association Semons l’espoir salarie trois permanents. “La récente édition des Sommets de l’espoir à l’issue de laquelle nous avons recueilli de magnifiques témoignages nous donne encore plus envie de continuer ce qu’ont bâti Pierre et Charlyne. Et de là-haut, je suis persuadé que Pierre nous encou rage à avancer. Même s’il n’est plus là, il est encore très présent” note Philippe Roy, conscient que Semons l’espoir, plus qu’une simple association, est désormais “une vraie chaîne de solidarité.” n J.-F.H.

faire perdurer” commente le nouveau président. Le sujet le plus actuel pour Semons l’es poir, c’est la finalisation des travaux

d’extension de la Maison des familles à Besançon. La nouvelle loi sur l’hospitali sation de jour qui permettra à des patients ou à leurs proches de se voir proposer le remboursement des nui tées, devrait donner un regain d’activité à ce lieu d’accueil. “Et plus qu’un lieu d’accueil, la Maison des familles est un vrai lieu de vie. Nous prévoyons une

“Pierre a créé la flamme, à nous de la faire perdurer.”

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