La Presse Bisontine 245 - Novembre 2022

L’événement 7

La Presse Bisontine n°245 - Novembre 2022

l Réaction Benoît Vuillemin “La majorité, c’est nous !” Le maire de Saône, 9 ème président de G.B.M., est un des premiers à exprimer haut et fort le ras-le-bol ressenti par ses collègues élus de la périphérie.

l La présidente Anne Vignot “Je n’ai jamais cédé à aucune menace” La présidente de G.B.M. estime n’avoir jamais entravé aucun projet du territoire. Et renvoie les élus mécontents aux vraies priorités.

L a Presse Bisontine : Vous pensez expri mer la colère de nombreux élus ? Benoît Vuillemin : Oui, nous pensons qu’il y a un vrai problème de gou vernance au sein de G.B.M., il faut qu’on y remédie et il est très urgent qu’Anne Vignot change de méthode. Cela nuit à notre fonctionnement et donc à l’ensemble de notre territoire. L.P.B. : Anne Vignot ne soutiendrait pas suf fisamment certains projets d’intérêt com munautaire selon vous ? B.V. : Anne Vignot a été élue à Besan çon sur un programme de non-déve loppement, elle l’assume et elle est très légitime pour appliquer son pro gramme sur sa ville. La ligne rouge est franchie quand elle cherche à appliquer son programme de décrois sance dans tout le Grand Besançon. J’y suis actuellement confronté à Saône, Pascal Routhier l’est aussi à Saint-Vit, concernant le développe ment des zones d’activité et de l’ha bitat. Personnellement à Saône, j’ai été élu sur un programme de déve loppement, pas de décroissance. Si on m’empêche de développer mes programmes, ça s’appelle de l’ingé rence.À Saône, j’ai plus de 3 millions

c’est ainsi que certains élus envisagent la démo cratie, alors ce n’est pas à la hauteur. Je suis là pour rappeler l’intérêt général” recadre-t-elle. Sur la dernière crispa tion au sujet du projet de complexe sportif à Pirey, Anne Vignot ren voie les mécontents dans leurs 18 mètres en disant que “ces élus, en présentant de leur côté ce genre de projet, avant qu’il intègre un plan plu riannuel d’investisse ment de G.B.M., pren nent une position qui sort des façons de fonctionner de G.B.M. Toute opéra tion nouvelle doit être discutée et intégrée, ou pas, au P.P.I.F.” La pré

E lle reste imperturbable la pré sidente de G.B.M. Face au vent de fronde qui commence à souf fler dans l’assemblée, Anne Vignot préfère prendre de la hauteur, balayer les critiques et rappeler ses prio rités à elle : “Il va falloir passer un peu moins de temps sur ces questions de gou vernance et plus sur les vrais problèmes qui attendent cette collectivité avec un budget 2023 qu’il va bien falloir boucler” rétorque la présidente. La création d’un groupe des élus de la périphérie, brandie récemment ? “Je n’ai jamais cédé à aucune menace, ni dans ma vie politique, ni dans ma vie privée” tranche Anne Vignot. “Si

“C’est trop facile d’accuser en l’air.”

Benoît Vuillemin dit tout haut ce que beaucoup d’élus pensent tout bas.

d’euros d’investissement de retard dans mes travaux d’assainissement parce que G.B.M. m’empêche d’avan cer en multipliant les demandes d’études en tout genre. On ne va pas m’apprendre à Saône ce qu’est une politique verte ou une politique ver tueuse ! L.P.B. : Vous estimez qu’Anne Vignot fait trop de politique à G.B.M. ? B.V. : Je crois qu’on en a tous marre d’assister à G.B.M. à des débats bisonto-bisontins entre Anne Vignot et son opposition, entre le conser vatisme de droite et l’ultra-décrois sance de gauche. Je rappelle qu’en nombre de sièges, la majorité, c’est nous ! Il est temps que la présidente de G.B.M. impulse une vraie poli tique de développement de ce terri toire. Et surtout sans dogmatisme. Le développement de G.B.M., ce n’est pas un enjeu bisontin, c’est un enjeu de territoire et au-delà, un enjeu international cette position de Besan çon aux portes de la Suisse dont on n’a pas encore saisi tout l’enjeu ! n Propos recueillis par J.-F.H. gent de dates, sont annulées, ne sont pas conclusives, des vice-présidents qui ne sont pas associés à leurs champs de compétences, des décisions non concer tées, la remise à plat de dossiers struc turants, des services de G.B.M. muselés, un pacte politique bafoué, des références au programme électoral bisontin Besan çon Par Nature dans des documents de G.B.M., etc. Plus d’un an et demi après cette première mise en garde, l’irritation des élus de la périphérie est loin d’être calmée. Cer tains en sont même à réclamer une modi fication des statuts de G.B.M. qui veulent que depuis la création de la C.A.G.B. il y a plus de vingt ans le maire de Besan çon soit automatiquement désigné comme président de G.B.M. n J.-F.H. Patrick Ayache, le maire de Pirey, a été le premier à contester publiquement le mode de g ouvernance d’Anne Vignot.

sidente rappelle au passage que la méthode a peut-être changé (N.D.L.R. : elle a instauré la création d’un groupe P.P.I.F. alors qu’auparavant la procédure était plus simple), mais elle est plus équi librée qu’avant soutient-elle. “Avant de lancer le projet d’un nouvel équipement sportif, il est logique d’engager d’abord un diagnostic de l’offre actuelle sur le territoire. C’est une discussion collective à avoir.” AnneVignot réfute enfin toute accusation portée contre elle au sujet de supposés blocages de dossiers structurants : “Qu’on me dise quel dossier j’ai déjà bloqué ? Il me faut des éléments concrets, c’est trop facile d’accuser en l’air.” La présidente de G.B.M. ne refuse pas de revoir les statuts de G.B.M., recon naissant que “certains secteurs pourraient se sentir sous-représentés.” Mais elle n’en fait pas une priorité. “Les vrais sujets à traiter, ce sont les urgences sociales, éco nomiques et climatiques” conclut-elle. n J.-F.H.

Anne Vignot reste droite dans ses bottes.

l Gouverner une commune et une communauté urbaine : est-ce différent ?

La gouvernance des communautés se distingue de l’administration des communes à plusieurs égards. D’abord il n’existe pas une majorité et une opposition intercommunales issues des urnes. Le président ne peut pas davantage s’appuyer sur une équipe qui a fait campagne avec lui comme cela peut être le cas pour un maire. Au contraire, la gouvernance intercommunale repose sur une négociation permanente entre pairs pour la mise en œuvre d’un projet commun. En France, 66 % des intercommunalités, quelle que soit leur taille, sont présidées par un élu qui n’est pas le maire de la ville principale. La charte de gouvernance de G.B.M. qui indique que le maire de Besançon sera automatiquement élu président de G.B.M. a toujours été respectée à Besançon. Pour certains maires de la périphérie, c’est une anomalie qu’il faudrait corriger lors des prochains scrutins. D’autres affirment même que cette disposition serait désormais illégale ! Rappelons qu’en nombre de voix, les communes de la périphérie pèsent à hauteur de 60 % dans les instances de G.B.M. l Qui sont les 9 vice-présidents G.B.M. de la périphérie ? Gabriel Baulieu (1 er vice-président et maire de Serre-les-Sapins), Pascal Routhier (3 ème vice-président et maire de Saint-Vit), Yves Guyen (5 ème vice-président et maire d’École-Valentin), Daniel Huot (7 ème vice-président et maire de Mamirolle), Benoît Vuillemin (9 ème vice-président et maire de Saône), Catherine Barthelet (11 ème vice-présidente et maire de Pelousey), Michel Jassey (13 ème vice président et maire de Devecey), Jean-Paul Michaud (14 ème vice-président et maire de Thoraise), et Christian Magnin-Feysot (15 ème vice-président et maire de Chalezeule). Les six autres vice-présidents sont des élus de la Ville de Besançon.

pour des lapins de six semaines ! En plus, ce complexe doit profiter à tous les habitants des secteurs Nord et Ouest de l’agglo ! Il ne mérite pas d’être politisé comme ça.” Ce n’est pas la première fois que les élus de la périphérie mettent en garde Anne Vignot contre les déviances de sa gou vernance. Le 6 janvier 2021, ils lui envoyaient une lettre dans laquelle ils pointaient déjà des réunions qui chan

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