La Presse Bisontine 245 - Novembre 2022

34 Économie SOCIAL

La Presse Bisontine n°245 - Novembre 2022

Créée en octobre 1982 40 ans passés au service de l’insertion des jeunes La Mission Locale de Besançon a été parmi les premières à se créer. Elle vient de fêter un anniversaire symbolique et sait que de nouveaux défis se présentent. Avec un plein-emploi difficile à atteindre.

L ever les freins à l’emploi des jeunes sur le bassin bisontin est l’un de ses prés carrés. Une tâche ardue qui a beaucoup évolué au fil des années “par le fait des évolutions sociétales, mais aussi de la crise sanitaire” ,

remarque Thierry Grandmottet, directeur de la Mission Locale bisontine. “Nous avons vu arriver beaucoup de jeunes suite à la Covid-19, sur des demandes très hétérogènes.” Si lamajeure partie d’entre d’eux ont pu être accom pagnés, d’autres déjà en difficulté

avant cela, ont continué à se précariser. “Sur ces publics les plus en difficulté, la priorité se trouve dans les moyens de sub sistance et de logement, avant même la question de leur inser tion professionnelle, à laquelle ils ne sont aujourd’hui pas aptes à répondre.” Cette précarisation et la dispa rition de la valeur travail, telle qu’on la prônait autrefois, consti tuent les deux principaux défis des Missions locales aujourd’hui. Le directeur bisontin le sait : “Cela passera aussi par une nécessaire évolution de nos orga nisations, qui ne sont plus en phase avec la société actuelle.” L’attitude de la génération Z, qui saute indifféremment d’un emploi à un autre, le prouve bien. “Un jeune préfère aujourd’hui signer un C.D.D. qu’un C.D.I. et n’a plus de projections à 25-30 ans” , constate Thierry Grand mottet. Il importe ainsi à chacun de s’adapter. La Mission Locale

Thierry Grandmottet rappelle qu’un tiers des jeunes accompagnés localement trouvent un emploi dans l’année.

Quant à savoir si la Mission Locale sera encore là dans 40 ans ? Sans doute. Elle développe en tout cas ses propositions comme avec son Kaf ’truck, qui va à la rencontre “des effacés” sur les territoires. Elle doit aussi faire avec les nouveaux dispo sitifs en place, qui chassent les précédents sans vraie concer tation. À l’image des Contrats d’engagement jeune (C.E.J.) : 500 ont été signés à la Mission locale, 360 autres avec Pôle emploi, soit un millier sur le bassin bisontin. “Ce qui n’est déjà pas si mal” , admet le direc teur. n S.G.

a pris ce parti depuis plusieurs années déjà, en faisant évoluer son accompagnement. “Il n’y a pas de schéma arrêté. Chaque cas est différent. Notre pierre angulaire reste l’approche globale comme sur la question de la

logique. Sortir de sa rue ou de sa cage d’immeuble pour aller travailler pose difficulté.” Et s’il y a certes aujourd’hui moins de chômeurs de moins de 25 ans, on reste loin des objectifs de plein-emploi. Les Missions Locales, prévues au départ pour être temporaires, sont toujours là ! Ainsi la première salariée à Besançon se souvient-elle : “On m’avait embauchée pour 15 mois, en pensant qu’après ça, le chômage des jeunes serait réglé.” Ce témoignage et d’autres sont venus enrichir l’anniversaire, avec des portes ouvertes, une conférence à Planoise et un spec tacle humoriste au Kursaal.

mobilité phy sique. On voit bien qu’elle ne se pose pas qu’en ces termes, notamment à Planoise qui est parmi les mieux desservis, mais qu’il y a aussi un problème de mobilité psycho

“Un jeune préfère aujourd’hui signer un C.D.D. qu’un C.D.I.

Lors des portes ouvertes dans ses locaux rue Marmier (photo Studio M).

BESANÇON Appui aux entrepreneurs Création d’entreprise : la recette B.G.E. perdure dans le temps Créé dans les années quatre-vingt au moment où de grandes entreprises bisontines fermaient ou licenciaient, B.G.E. Franche-Comté a participé à booster la création d’entreprise sur le territoire. Le réseau fête aujourd’hui ses 40 ans.

S i ses deux sites bison tins, à Palente et Témis Innovation, parlent aujourd’hui à la plu part des entrepreneurs, B.G.E. n’a pas toujours été aussi bien identifié dans le paysage économique local. L’ex-“Rive Boutique de Gestion” (tel qu’on l’appelait au début) a eu la dure mission de faire émerger de nou veaux profils de créateurs d’en treprise. Ce qui n’était pas un cadeau en 1981, en pleine restructuration industrielle et au moment de la fermeture de la Rhodiaceta. “L’idée était de redynamiser le tissu économique local” , précise Magali Caze neuve, sa directrice. Depuis son petit local de la rue Violet, ouvert en 1989, elle en est venue à gérer la première pépinière d’entreprises du genre.

Puis sa structure s’est étoffée au-delà du bassin bisontin, avec l’implantation de nouvelles antennes. D’abord dans le Jura et le Nord Franche-Comté en 2003, puis à Pontarlier en 2010, et plus récemment à Vesoul et Belfort. B.G.E. a aussi ouvert dans l’intervalle un Centre d’af faires à Planoise. Si bien qu’au

l’hébergement et la formation et nous intervenons de plus en plus sur l’émergence.Avec l’idée d’aller vers ceux qui ne pensent pas à l’entrepreneuriat ou en sont les plus éloignés (publics issus des quartiers prioritaires, femmes, seniors…)” , remarque Magali Cazeneuve. Pour ce faire, B.G.E. se repose sur plusieurs dispo sitifs : Créaffaire, Talents des cités ou encore Cités Lab qui mobilise à lui seul, notamment, deux chefs de projet dans le Grand Besançon. Cela a donné lieu à de belles success-stories, comme celle de Dejan Barisic qui a fondé “les Façades Bisontines” ou celle de Youcef Morabet, qui a ouvert le brunch “La Paloma” à Planoise. En 40 ans, B.G.E. Franche Comté a accompagné la création de plus de 15 000 entreprises.

Magali Cazeneuve a pris la direction de B.G.E. Franche-Comté en 2020.

jourd’hui, le réseau compte 11 lieux d’ac cueil dans toute la Franche Comté, et 65 collaborateurs. “Notre cœur de métier reste l’ac compagnement à la création ou reprise d’entre prise,mais nous assurons aussi

Des success stories comme Sibra Manufacture.

Les plus anciennes comme Sibra Manufacture, créée en 1991, évoquait encore avec reconnais sance “le coup de pouce donné” lors de la soirée anniversaire fêtée en octobre à la Rodia. Plusieurs innovations dans le domaine des microtechniques ont également pu voir le jour depuis la création du site dédié à Témis.À l’image de celles por tées par Percipio Robotics (35 salariés aujourd’hui) ouArchéon

Medical. Bien sûr, l’aventure entrepre neuriale n’est pas toujours cou ronnée de succès. En 2021, “seules” 800 entreprises ont été effectivement créées, comparé aux 3 500 personnes accueillies, conseillées et formées à B.G.E. sur l’année. Il y a fort à parier que toutes n’iront également pas au bout, mais le réseau avance un chiffre encourageant : “74 % de taux de pérennité à

trois ans, quel que soit le profil des entrepreneurs.” La crise Covid a eu, au passage, cet effet pervers de miroir aux alouettes avec un boom de demandes. Qu’importe. “La création n’est pas la seule réussite à B.G.E. On a d’autres types de sortie comme le retour à l’emploi, la formation ou la conduite de pro jets” , conclut Magali Caze neuve. n S.G.

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