La Presse Bisontine 243 - Septembre 2022

36 Économie

La Presse Bisontine n°243 - Septembre 2022

BUDGET

Le coût de la rentrée Très chères études Cette année encore, le coût de la rentrée étudiante augmente. La B.A.F. (bureau des associations franc-comtoises) a publié l’indicateur du coût de la rentrée pour les étudiants francs-comtois. Il se chiffre à 2 152,63 euros. Une pression financière qui s’alourdit encore pour les étudiants en géographie. Explications.

Honoré Dupont, Romain Hassold et Sarah Chavaudra s’investissent dans leur association étudiante respective pour défendre les droits des étudiants et lutter contre la précarité grandissante.

L e mois de septembre risque de s’assombrir pour de nombreux étudiants. Ces derniers devront débourser pour leur rentrée 2 152,63 euros enmoyenne, selon le calcul du bureau des associa tions franc-comtoises (B.A.F.), en collaboration avec la Fédé

Pour la rentrée 2022, elle est de l’ordre de 3,25 % par rapport à 2021. L’indicateur du coût de la rentrée est calculé en deux parties : l’une sur les frais de vie courante (le loyer, les repas, les courses ali mentaires, le transport, la télé phonie, etc.) et l’autre sur les frais spécifiques de la rentrée (mutuelle étudiante, inscription en licence, les frais de contribu tion à la vie étudiante et du cam pus…). La B.A.F. a noté deux fortes augmentations concernant l’assurance du logement et l’achat de matériel pédagogique tel qu’ordinateurs, papeterie, manuels et ouvrages, etc. C’est sur ce point que le bât blesse pour les étudiants en géo graphie. Outre les manuels obli gatoires et non payés par l’Uni versité, les futurs géographes doivent, au niveau national, débourser une coquette somme pour obtenir des licences d’ap plication typeArcgis. “Ce logiciel permet de faire des cartes” , explique Honoré Dupont, étu diant en géographie à Paris et membre de l’A.F.N.E.G. (asso

ration des associations générales étudiantes (F.A.G.E.). “On a pris l’exemple d’un étudiant de 20 ans, non boursier inscrit en licence et qui n’habite pas chez ses parents” , explique Romain Hassold, président de la B.A.F. Ce dernier constate une aug mentation d’année en année.

sur critères sociaux, pour une meilleure fluidité. On espère que ça sera fait pour la rentrée 2023.” Autre inquiétude de la B.A.F., le manque de logements : “800 à Besançon pour environ 20 000 étudiants. Sur les Haut de Cha zal qui regroupent 6 000 étu diants en santé et paramédical, on ne compte que 54 logements” , déplore le président de la B.A.F. En 2017, Emmanuel Macron, fraîchement élu à la présidence de la République, avait lancé un plan Logement, promettant la construction de 60 000 logements d’ici 5 ans. Aujourd’hui, le pays compte seulement 38 000 loge ments pour plus de 3 millions d’étudiants. Un nombre que les étudiants préféreraient voir aug menter à la place de celui du coût de la rentrée. n L.P.

étaient obligés de travailler chez eux, ils ne pouvaient plus utiliser les ordinateurs de la fac.” À la fin de sa licence 3, la jeune femme a donc dû effectuer une sortie terrain. “C’était deux jours à Fribourg et Mulhouse. Là aussi, l’Université a tout pris en charge, seuls les repas devaient être assu més par l’étudiant.” Pour lutter contre la précarité étudiante, la B.A.F. réclame une réforme des bourses étudiantes. “Elles ont été revalorisées à 4 % alors que l’inflation est de 6 %” , constate Romain Hassold qui dénonce également le sort des doctorants, qui n’ont pas droit aux bourses sur critères sociaux. L’autre demande de la B.A.F. concerne les bourses sanitaires et sociales, gérées, elle, par la Région. “On demande la gestion par le C.R.O.U.S., comme celles

ciation fédérative nationale des étudiants en géographie). À ce coût s’ajoute celui des sorties terrains, nécessaires pour valider la licence et pas toujours finan cées.Au niveau national, un étu diant en géographie doit débour ser 2 686 euros pour sa rentrée, selon le calcul de l’A.F.N.E.G. À Besançon, le coût est en deçà de ces estimations, notamment grâce à des dépenses dematériel moins lourdes : 300 euros pour les étudiants bisontins contre 473 euros à l’échelle nationale, selon l’A.F.N.E.G. “L’Université de Franche-Comté finance entièrement l’achat de la licence Arcgis, souligne Sarah Chavaudra, vice-présidente de l’association des géographes de Franche-Comté (A.G.F.C.). Je pense que le Covid a renforcé cette volonté car les étudiants

Une épicerie sociale et solidaire pour adoucir le quotidien Depuis début 2021, la B.A.F. a mis sur pied une épicerie sociale et solidaire, qui prend ses quartiers dans le campus de la Bouloie, au restaurant universitaire Lumière. AppeléAGORAé, ce lieu, éga lement propice aux échanges et aux rencontres, permet à des étu diants précaires de bénéficier de tarifs réduits de 10 à 15 % par rapport au prix du marché. 165 étudiants ont pu s’appuyer sur cette épicerie sociale et solidaire pour adoucir leur quotidien. Depuis sa création, elle a vendu des produits pour 1 407 euros. Le montant réel se monte à 17 401 euros. Soit une économie de près de 16 000 euros qui allège le poids des dépenses des étudiants. Cette AGORAé vient en complément de la distribution de paniers de fruits et légumes que la B.A.F. organise depuis 8 ans. Pour 1 euro dépensé, les étudiants reçoivent un panier de fruits et légumes d’une valeur de 5 euros. Environ 200 étudiants bénéficient de ces paniers distribués toutes les deux semaines. n

ÉTALANS

Après l’incendie du 19 juillet Charm’Ossature, un phénix qui reprend son envol Plus d’un mois après l’incendie qui a ravagé

I l est de ceux qui, face à l’adversité, se relèvent. Solide comme les élé ments à ossature bois que son entre prise fabrique. Bien qu’éprouvé par l’incendie de son usine début juillet - “le carnet de commandes est plein un an à l’avance et l’usine brûle” , note-t il un brin amer - Dominique Charmoille s’est lancé dans la reconstruction de son entreprise. Sans pause ni répit pendant l’été. “Je suis plutôt quelqu'un d’optimiste et de battant. Quand, en quelques heures, on perd tout, et que le même jour, on voit un tel élan de soli darité, ça donne des ailes pour avancer et ne pas quitter le navire ”, remarque t-il. Fin août, les ruines du bâtiment incen dié ont été déblayées. Dans le même temps, le nouveau bâtiment à Aute chaux est aménagé, trois mois en avance sur le calendrier initial. L’ob jectif : relancer la production en sep tembre. Par manque de place, un atelier éphémère ouvre également àAmancey mi-septembre. “Notre carnet de com mandes est rempli par rapport à une production sur deux sites, explique Dominique Charmoille. Nous allons travailler en “mode dégradé”, c’est-à dire avec moins de machines donc nous avons besoin de monde.” Charm’Ossa ture recrute ainsi 15 personnes. “On recherche des courageux, des motivés,

Ce grand gaillard reste encore tout étonné de la solidarité qui entoure son entreprise. La création de la task force a été justifiée par la volonté gouver nementale de ne pas prendre le risque de perdre un acteur aussi important de la filière bois. “Parce que j’ai brûlé, je me suis rendu compte de la portée régionale de l’entreprise, alors que ça fait que 12 ans que je suis là. J’ai été assez fier de voir à quel point l’entreprise était appréciée” , s’émeut-il. Pour preuve, depuis la 2 X 2 voies, le vide laissé par la démolition de l’usine incendiée crie encore plus son absence. Un vide que compte bien combler Domi nique Charmoille au plus vite. “À terme, nous aurons 13 000 m 2 de bâtiment. Nous serons un des sites de fabrication d’éléments à ossature bois leaders en France. Il y aura toujours du travail” , se réjouit Dominique Charmoille. Charm’Ossature est fait de ces bois qui, loin de disparaître, font preuve de résilience. Tel un phénix, elle est prête à reprendre son envol. n L.P. Bureaux temporaires à Étalans 4, rue du Daffoy, dans les locaux de Projef 03 81 56 30 36 charmossaturebois.fr

qui ont envie de travailler. La formation se fait en interne. Il faut tout de même qu’il y ait une notion de petit outillage, de bricolage.À la clé, il y aura un C.D.I. quand les deux sites seront opération nels” , argue-t-il. Car le gérant de Charm’Ossature porte déjà son regard sur 2023 avec la construction d’une nouvelle usine à Étalans, en lieu et place de l’ancienne. “En octobre, lamaçonnerie, en novembre, le bâtiment, en février, l’atelier tourne” , égrène-t-il. Si l’entreprise a pu se relever aussi vite, c’est en partie grâce à la mobili sation des autorités locales. Le lende main de l’incendie, une task force est mise en place regroupant entre autres la Préfecture duDoubs, le Département, la Région, la communauté de com munes des Portes du Haut-Doubs et de nombreux acteurs économiques. “Grâce à cette mobilisation, nous avons pu avoir des réponses rapidement,même en août. Certains sont revenus de congés pour nous. Cela a facilité nos démarches administratives” , souligne Dominique Charmoille. Charm’Ossature pourra donc honorer ses commandes avec du retard. “Les clients tels que Vinci ou Bouygues ont été très compréhensifs, ils nous ont soutenus, ils ne nous ont pas mis la pression, je ne m’attendais pas à ça” , relève-t-il.

son usine à Étalans, Charm’Ossature relance en septembre sa production dans son nouveau bâtiment à Autechaux. L’entreprise de Dominique Charmoille renaît de ses cendres, portée par une solidarité venue de tous horizons et par la mobilisation des autorités locales.

Dominique Charmoille projette déjà la construction d’une nouvelle usine en lieu et place de l’ancienne, qui vient d’être démolie.

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