La Presse Bisontine 243 - Septembre 2022

34 Économie SOCIAL

La Presse Bisontine n°243 - Septembre 2022

Témoignages Assistant familial, un rouage essentiel de la protection infantile Dans le Doubs, 1 200 enfants sont placés en

famille d’accueil. Ils sont accompagnés au quotidien par 235 assistants familiaux. Le Département, responsable de la protection infantile, a un fort besoin de recrutement. Cécile et Dimitri ont accepté de partager leur expérience d’assistant familial.

Dimitri, assistant familial depuis huit ans Papa de trois enfants de 12 à 18 ans, Dimitri accueille deux enfants placés depuis six ans. L’un de 17 ans, et le second de 8 ans, présentant des troubles autistiques. “Ce n’est pas un bou lot facile, confesse Dimitri. C’est 24 heures sur 24 avec des enfants qui ont un passif, des difficultés.” Pour Dimitri, être assistant fami lial n’est pas unmétier mais plu tôt “une manière de vivre. La notion de famille ne se limite pas aux liens de sang, tous les liens créés font une famille. Je pars du principe qu’on leur propose un mode de vie qui est le nôtre, même si l’on peut faire des conces sions pour que l’enfant s’adapte. L’accueil doit être accepté et aller dans les deux sens.” Ayant toujours travaillé dans le social, dans l’aide à la personne puis en tant qu’éducateur spé cialisé pendant quatre ans,Dimi tri a souvent collaboré avec des assistants familiaux. “J’ai pas mal de proches qui sont familles d’accueil. Je me suis dit : autant gérer de A à Z avec l’accompa gnement médical, scolaire, psy chologique, et faire aumieux avec deux ou trois loulous.” Il inter vient dans un premier temps au C.D.E.F. (centre départemental de l’enfance et de la famille). La structure gère l’urgence des enfants accueillis sur décision du juge. Pendant deux ans, il accueille des enfants pour de courts ou moyens séjours de six mois à un an. “Il y avait pas mal de roulement à la maison. À

l’époque, mes enfants étaient petits, on leur demandait de s’adapter, ce n’était pas facile.” Il travaille ensuite pour la P.E.C. (Pôle enfance confiée), ancienne la D.D.A.S.S. et l’A.S.E. (aide sociale à l’enfance). “Mon quo tidien est ni plus ni moins que la même chose que pour des parents lambda, explique Dimi tri. Ce qui change, c’est le monde qui gravite autour de l’enfant placé. Par exemple, j’ai un enfant de 17 ans qui veut dormir chez un copain. Qui est responsable de quoi ? Je ne suis pas le seul à décider. C’est plus compliqué, moins spontané.” Comment gérer l’investissement personnel et affectif qui enve loppe ce métier ? Dimitri reste conscient qu’un jour les enfants quitteront sa maison - “comme pour nos propres enfants. Bien sûr, il y a un investissement per sonnel et affectif.On sait pourquoi ils sont placés, on doit leur donner des armes pour sortir de leur condition sociale, leur donner suffisamment de bagages pour qu’ils puissent être autonomes.” Après sa majorité, l’enfant placé

charge de travail est importante, Cécile ne regrette pas son choix. “On vit desmoments forts, comme toutes les premières fois du bébé. En septembre, c’est la rentrée sco laire. On marque les anniver saires car ce sont des instants précieux. C’est loin d’être un long fleuve tranquille mais c’est un super métier” , conclut-elle. n L.P. à 14 heures, Besançon l Lundi 14 novembre à 14 heures, Pontarlier l Jeudi 8 décembre à 14 heures, Montbéliard Inscriptions auprès de la Protection maternelle infantile au 03 81 25 86 31 et par mail : info-assfam@doubs.fr Le calendrier des réunions publiques d’information l Jeudi 15 septembre à 14 heures, Montbéliard l Jeudi 13 octobre

Dans le Doubs, 1 200 enfants sont placés en famille d’accueil.

peut signer un contrat jeune majeur. “Si, et seulement si, il n’a pas ou peu de ressources familiales et s’il a un projet pro fessionnel.” Valable jusqu’aux 21 ans, ce contrat permet au

Un fort besoin de recrutement actuellement.

jeune adulte de rester dans la famille d’accueil ou d’aider à trouver un logement pour mener à bien son projet professionnel. Ses conseils pour embrasser ce métier ? “Il faut être bien armé, on est souvent seul. C’est un tra vail 24 heures sur 24 avec cinq semaines de congés payés. J’ai toujours un peu de mal avec les vacances parce que les enfants partent en relais chez un collègue. Le salaire n’est pas mirobolant.” Cécile, assistante familiale depuis 3 ans Pour Cécile, devenir assistante familiale n’était pas une vocation. Responsable de formation et for matrice dans le secteur médico social, sa reconversion s’est faite petit à petit. “J’avais envie d’un métier plus engageant, de m’in vestir personnellement.” Maman de deux enfants, elle a pris conscience de l’importance du rôle parental. “Avecmonmari, on s’est dit qu’on pouvait offrir quelque chose.” Une fois l’agré ment obtenu - à la suite de quatre

tue des accueils relais. “Ce sont comme mes enfants.” Les avantages de ce métier ? “Très riche au niveau humain et émotionnel. J’y trouve mon compte. Les journées ne sont jamais pareilles. C’est loin d’être évident, on accueille des enfants qui ont un vécu. Je me dis que je suis utile à cet enfant, que je peux lui donner toutes les armes pour s’épanouir.” Cécile souligne pour autant cer tains inconvénients de ce métier qui s’exerce à domicile en continu, 24 heures sur 24. “Les sphères publiques et institution nelles se mélangent à la sphère privée, il faut trouver un équilibre sinon c’est compliqué pour la vie de famille” , prévient-elle. Elle estime qu’il faut que le projet soit mûrement réfléchi. “Ce sont des enfants qui ont des besoins spécifiques, intensifiés. Il faut encore plus de patience qu’avec des enfants lambda. C’est leur histoire qui est compliquée, pas eux.” Même si la gestion des affects n’est pas évidente, et que la

mois d’investigation de la Pro tection maternelle infantile - Cécile a postulé à la P.E.C. Elle a effectué une formation de 60 heures avant l’accueil du pre mier enfant. “J’ai passé deux journées chez des assistants fami liaux, une journée là où sont réceptionnés les signalements pour bien comprendre le sys tème.” Cécile a également suivi une for mation de 240 heures à l’Institut régional de santé à raison de deux jours par mois pendant deux ans. En même temps, elle a accueilli un bébé de 7 mois. “Elle est toujours chez nous deux ans et demi plus tard. Je suis allée la chercher à l’hôpital. C’était une belle rencontre. On était prêt à accueillir un bébé même s’il y a eu des gros soucis de sommeil, des phases compli quées. Le lien qui s’est créé est fort.” Si pour l’instant, aucun retour vers les parents biologiques n’est envisagé, Cécile avoue appré hender ce moment même si c’est l’objectif. En parallèle, elle effec

Les formations pour devenir assistant familial Après avoir obtenu un agrément délivré par la P.M.I. (protection maternelle infantile), le candidat suit un stage préparatoire obligatoire de 60 heures, dans les deux mois précédant l’accueil d’un premier enfant. Il signe ensuite un contrat de travail avec le Département. Les trois années suivantes, il suit une formation adaptée aux besoins spécifiques des enfants accueillis. À raison de 240 heures sur une période allant de 18 à 24 mois, cette formation se déroule en cours d’emploi. À l’issue, un diplôme d’État d’assistant familial est délivré. Ce dernier n’est pas obligatoire pour continuer à exercer mais il permet de renouveler l’agrément de façon illimitée. Il est également possible d’avoir recours à la formation continue spécifique. n

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