La Presse Bisontine 240 - Juin 2022
32 Le Grand Besançon
La Presse Bisontine n°240 - Juin 2022
PIREY
Sur les hauteurs du village La commune inaugure un nouveau lieu de mémoire Quatorze arbres ont été plantés le long du chemin de la Roche à Pirey, en hommage à ses soldats morts pour la France au cours des dernières guerres. Une cérémonie inaugurale se tiendra le 18 juin.
Philippe Denoix se félicite de cette allée commé morative.
L a date est bien sûr symbolique, référence à l’appel du Général de Gaulle. Tout comme le mes sage délivré à travers ces plan tations. Sur ce chemin bien connu des promeneurs, situé sur les hauteurs du village, l’allée de ginkgo, chêne, châtaignier… sera favorable au partage collectif de la mémoire. “Nous nous y étions engagés sur notre pro gramme des Municipales” , rappelle le maire en place depuis 2020, Patrick Ayache. La chose est désormais actée. Pirey dispose d’un nouveau lieu de mémoire. Le nom des 14 soldats de la commune,
Qui étaient-ils ? Ils s’appelaient Eugène Briet, Célestin Tardivat, François Malavaux et étaient cultivateurs, ouvriers ou menuisiers. Neuf d’entre eux sont morts au front en France, un autre à l’étranger et trois à l’hôpital suite à des blessures. Le plus souvent assez loin de chez eux et de leurs proches : dans la Meuse, la Somme, le Pas-de-Calais… Âgés en moyenne de 27 ans, la plupart n’étaient pas mariés. n
ses fils (René, Maurice et Georges). Le travail de fond, mené sur leur arbre généalogique, a permis de retrouver une partie de leurs descendants, qui seront présents à la cérémonie. “C’est un peu le Graal quand on fait ce genre de recherches” , reconnaît le généalogiste amateur. “Je me suis pris au jeu et j’ai pu remonter assez loin, jusqu’en 1630 pour certains soldats.” Il offrira le fruit de son travail aux familles qui le sou haitent. Des histoires de vie enrichies de nombreuses ramifications au fil des ans. Reste à espérer le même destin à ces jeunes arbres, plantés à l’automne. n S.G.
morts pour la France au cours des deux guerres mondiales, a été placé au pied de chaque arbre avec leur date de nais sance et de décès. “Ce que nous faisons là est très simple, mais en même temps
tuels lieux de recueillement, cet itiné raire pédestre vivra “au-delà des seules cérémonies commémoratives” , se réjouit Philippe Denoix, premier adjoint. La mairie, qui souhaitait pousser la démarche un peu plus loin, a cherché à retracer le parcours de ses soldats. Des recherches en généalogie ont ainsi été menées avec la complicité d’un habitant, Philippe Borie. “La première guerre mondiale a été la plus meurtrière pour la commune, qui a perdu 13 de ses compatriotes (le 14ème soldat est mort durant la seconde guerre mon diale).” La famille Morel a payé le plus lourd tribut avec le décès de trois de
très important. C’est une façon de redonner vie à ses combattants, dans un contexte européen tour menté qui nous rappelle la valeur de leur sacrifice” , indique le maire. L’en semble est complété par une stèle commémorative en milieu de parcours. À la différence des habi
Trois frères de la famille Morel disparus.
PERFORMANCE
Un jeune du Plateau Extraterrestre du vélo, Maxime parcourt 55 000 km par an
Qu’il pleuve, qu’il vente, Maxime R. (21 ans) parcourt en moyenne 200 km à vélo chaque jour, pour le plaisir, sans objectif. Ses performances créent dans le microcosme autant d’interrogations que d’admiration. Certains ont même laissé entendre que son vélo était équipé d’un moteur. Faux. Le Valdahonnais, qui vit chez ses parents et ne travaille pas, est un phénomène qui s’ignore.
I l a tout sauf l’allure d’un cycliste. Sous son casque, de longues mèches blondes dépassent pour tomber au niveau de ses épaules. Lorsque Maxime pédale, ses cheveux volent. Ses jambes, ce jour-là cachées par un long collant noir, ne sont pas rasées à l’inverse des autres adeptes de la petite reine. Quant à son cuissard noir, il est troué des trop nombreux frottements. Son visage paraît maquillé avec des joues bronzées qui tranchent avec un front blanc comme neige car protégé des rayons du soleil par un bon net. Rouler plus de 6 heures par jour, forcément, ça donne des cou leurs. “Je ressemble à un Kinder Bueno” image Maxime, 21 ans, garçon très discret pour ne pas dire timide. Le Valdahonnais n’a que faire de l’apparence. La médiatisation, il ne la cherche pas. Pour preuve, il a fallu le convaincre pour qu’il accepte - lors d’une de ses sorties - de nous rendre visite à Morteau, dans nos bureaux. Il a demandé
Valdahon ! En 2021, il est monté à 257 reprises sur sa machine pour 52 117 km et 1 713 heures, correspondant à 636 399 mètres escaladés, soit 72 fois l’Everest. “Cela correspond à 50 heures de vélo par semaine” calcule le spor tif à la gueule d’ange. Le temps, Maxime le prend. Il vit chez ses parents à Valdahon. Il n’a pour le moment pas d’emploi, ce qui lui permet de se lever pour rou ler. Sa vie est quasi monacale avec un départ sur les routes à l’aube pour un retour en début d’après-midi. Le sportif se sent en sécurité dans cette bulle. Il rayonne sur la région avec deux gourdes dans le dos et depuis peu un kit de réparation dans une de ses poches. La der nière fois qu’il est parti sans ustensile de réparation, il a crevé à Saint-Laurent-en-Grandvaux. Après deux heures de stop au bord de la route, un artisan l’a conduit jusqu’à un magasin de cycles à Champagnole pour un retour à Valdahon. Si ces sorties sont si commen tées, c’est surtout parce queMax
que son nom de famille n’appa raisse pas. Le jeune homme passe environ six heures par jour sur son vélo de route à une moyenne com prise entre 30 et 35 km/h, ce qui est rapide. Il ne travaille pas, vit chez ses parents. S’il ne rem place pas son cuissard troué, c’est parce qu’il déteste la sur consommation. C’est aussi une question d’argent. La plupart du temps, il est seul face aux éléments. Même des coureurs cyclistes professionnels n’attei gnent pas les 55 000 km par an, alors comment fait-il ? Dans le monde du vélo, certains remet tent en cause ses sorties publiées quotidiennement sur l’applica tion sportive Strava où 500 per sonnes le suivent. “J’ai déjà eu des remarques dubitatives, confirme l’intéressé. Des connais sances ont répondu en disant qu’il n’y avait pas de raison de douter” commente l’athlète à la carrure de cadet, 1,67 m pour 58 kg. Strava enregistre les kilomètres parcourus, le parcours, le déni
velé, la vitesse moyenne, les watts développés, les calories brûlées et les temps sur certains secteurs. Maxime, de son nom “Max R” sur l’application, est par exemple le plus rapide sur de nombreuses montées de la Loue, du Dessoubre, où il devance de 40 secondes le cycliste professionnel de la Grou pama-F.D.J. Kévin Geniets entre Gigot et Bretonvillers. Irréel pour quelqu’un qui a débuté le vélo seulement en 2019 ! “J’étais un de ces adolescents geek, qui restait devant son ordinateur, raconte-t-il. J’ai commencé par des petites sorties puis j’ai enchaîné. Quand on est entraîné, ce n’est pas dur de faire 200 km. Il m’arrive simplement d’avoir les jambes de bois le lendemain.” Depuis le 1 er janvier, “Max” a parcouru 24 300 km (chiffre au 3 mai), soit 1 460 km par semaine, correspondant à 118 sorties dont une balade de 312 km le 15 avril entre Valda hon, Ornans, Pontarlier, le lac Saint-Point, Pierrefontaine-les Varans, Besançon et retour à
roule masqué. Il ne veut pas faire de compétition. A-t-il peur de se frotter aux autres ? “J’ai l’appréhension des courses” dit il. Le Pontissalien Clément Dor nier, ancien coureur semi-pro fessionnel aujourd’hui responsable d’un magasin de cycles, a roulé avec lui le 1er mai. “Je confirme, il est impression nant. Il a bien deux jambes et pas de moteur, sourit le cycliste. Max ne se rend pas compte de ce qu’il fait. Il pense faire son petit tour, mais ce qu’il réalise est assez rare car il arrive à pren dre des Kom (meilleur temps sur un tracé) après une sortie de
200 km et d’enchaîner cela chaque jour. Je l’ai vu de mes yeux.” Sur Strava, des personnes se demandent s’il est sensible à l’acide lactique. Une marque de vélo l’a approché pour qu’il teste du matériel. Max attend. Il n’aime pas quémander. Le Val dahonnais trouve son bonheur en observant un lever de soleil depuis le Mont Chasseral ou le Mont d’Or avec son vélo à ses côtés. Si vous croisez à sept heures du matin un homme en noir sur son vélo, cheveux au vent, c’est lui. n E.Ch.
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