La Presse Bisontine 238 - Avril 2022
4 L’interview du mois
La Presse Bisontine n°238 - Avril 2022
BESANÇON
Le vice-président à l’eau et à l’assainissement
“On va vers un retour en gestion publique de l’eau sur tout le territoire” Christophe Lime est l’élu communautaire en charge des questions d’eau et d’assainissement à G.B.M. À l’heure où la collectivité relance une campagne de promotion de l’eau du robinet, tour d’horizon des problématiques eau et assainissement dans le Grand Besançon.
L a Presse Bisontine : Vous lancez une nouvelle campagne de promotion de l’eau du robinet “La Bisontine”. Combien de Grands Bisontins ne boivent-ils plus d’eau en bouteille ? Christophe Lime : D’après les derniers sondages que nous avons menés, glo balement, plus de 85 % des Bisontins ne boivent que de l’eau “La Bisontine”, ou quasi exclusivement. C’est 10 points de plus qu’au moment où on a lancé les premières campagnes autour de cette eau il y a une quinzaine d’années. Les consommateurs locaux ont compris que ses qualités étaient équivalentes à une eau d’Évian et qu’elle était cent fois moins chère que l’eau en bouteille. On a une eau de qualité notamment parce qu’on a ici une agriculture rai sonnée, et également très peu de pol lution industrielle. Avec les industriels locaux, on est d’ailleurs dans une démarche gagnant-gagnant à travers le plan Préventix qui permet d’orienter les industriels vers des dispositifs d’aides quand ils doivent faire des tra vaux de dépollution par exemple.
sécheresse, ou bien de pollution. La sécu risation de nos réseaux est une priorité. L.P.B. : Existe-t-il des risques de pénurie d’eau à l’échelle du Grand Besançon ? C.L. : Dans les années à venir, il n’y a pas de risque. On ne peut évidemment pas préjuger de ce qui se passera dans dix ou vingt ans.Nous avons la chance d’avoir depuis quelques années deux puits à Novillars qui donnent sur une immense et profonde nappe qui n’a encore jamais bougé en période de sécheresse. Nous avons d’ailleurs sur cette nappe, et sur la source d’Arcier, mandaté des scienti fiques afin que nous ayons une meilleure connaissance de l’importance de ces res sources. L.P.B. : La problématique de l’eau dépasse cepen dant le simple territoire de G.B.M. Ne faudrait il pas l’appréhender à plus grande échelle ? C.L. : C’est précisément ce que je souhai terais que l’on fasse, aumoins à l’échelle départementale. Si le territoire de G.B.M. n’a pour l’instant pas trop de souci à se faire, on a des difficultés sur d’autres parties du territoire départemental :
L.P.B. : La qualité de l’eau est-elle meilleure ou moins bonne qu’avant dans le Grand Besan çon ? C.L. : L’eau traitée est impeccable, c’est d’ailleurs le bien de consommation cou rante le mieux surveillé en France. Et l’eau brute a plutôt tendance à s’amé liorer. Nous faisons dans nos stations de Chenecey, la Malate, Chailluz… des contrôles tous les jours. Au moindre signal, dès qu’on s’approcherait d’un seuil d’acceptabilité de la pollution, on arrêterait la distribution.
“La facture sera plus élevée pour les Bisontins.”
L.P.B. : Quitte à faire risquer aux usagers des ruptures d’appro visionnement ? C.L. : L’intégralité de nos installations seront inter connectées à court terme. D’ici trois ans, sur le ter ritoire de Grand Besançon Métropole, tous les foyers auront deux alimentations différentes si l’une d’elles venait temporairement à ne plus fonctionner. En cas de problématique de
Haut-Doubs, Pays de Montbéliard et base vallée de l’Ognon notamment. Je suis de ceux qui estiment que l’eau n’ap partient à personne et je suis donc par tisan à ce qu’on recherche des alimen tations tous ensemble. Car je pense qu’à un moment ou à un autre, nous serons obligés de remonter de l’eau du Grand Besançon dans le Haut-Doubs par exem ple. Besançon est évidemment prêt à coopérer car on ne pourra pas assister impuissants à des ballets de camions citernes qui viennent livrer de l’eau. On n’est surtout pas à l’abri de ce scénario dans les années à venir, c’est la raison pour laquelle j’affirme qu’il est nécessaire d’anticiper et d’envisager de tirer des tuyaux entre les différents territoires de ce département. Il faut travailler ensemble, je tends une perche aux élus de ce département. L.P.B. :Avec la reprise par G.B.M. de la compétence eau, à quoi faut-il s’attendre concernant le prix de l’eau dans les communes du Grand Besan çon ? C.L. :Au 1er janvier 2026, tous les Grands Bisontins auront le même prix de l’eau. Certains paient moins cher que d’autres, la facture sera donc plus élevée pour certains. L.P.B. : Les habitants de Besançon sont dans ce cas. Combien paieront-ils à terme ? C.L. : Quand cette progressivité a démarré en 2018, les Bisontins étaient aux envi rons de 3 euros le mètre cube, assainis sement compris. À terme, le mètre cube d’eau leur sera facturé 3,70 euros. Ce calcul se base sur une consommation moyenne de 120 mètres cubes par an et par foyer. La moyenne nationale en France étant à 4,15 euros. L.P.B. : Vous allez donc faire des mécontents ? C.L. : J’assume totalement la décision prise par les élus de cette agglomération. C’est le même discours de solidarité que quand il s’est agi pour certaines com munes de participer au financement du
tram alors que le tramne desservait pas ces communes. Ce prix de l’eau corres pond aussi aux investissements que nous devrons encore réaliser dans les pro chaines années. Nous avons terminé les travaux de la station d’épuration de Saône. Il nous reste quatre stations à faire : Pugey, Fontain,Mamirolle et Chau defontaine. Il n’est pas concevable de devoir faire des investissements quand la D.D.T. nous met au pied du mur. En matière de travaux sur l’eau et l’assai nissement, on ne doit pas subir. Et anti ciper permet de lisser les investissements dans le temps. L.P.B. : Pensez-vous aux personnes précaires ? C.L. : Il existe depuis plusieurs années les trois premiers mètres cubes d’eau gratuits pour ceux-là. Ensuite, entre 3 et 80 m³, c’est le tarif normal et au-delà de 80 la tarification est supérieure. Nous avons supprimé toutes les tarifications dégressives en fonction du volume et c’était une bonne décision. Il faut peut être aller plus loin et je pense que, sur le modèle du chèque-énergie, on travail lera un jour sur un système de chèque eau. L.P.B. : Quelle est votre position concernant de gros consommateurs d’eau que sont les agri culteurs ? C.L. : Sur ce point, nous avons engagé un travail avec la Chambre d’agriculture auprès des 165 exploitations agricoles présentes sur le territoire de G.B.M. Une fois encore, quand on travaille ensemble, ce doit être du gagnant-gagnant. Je sou haite que chaque exploitant réfléchisse à la manière d’économiser l’eau. C’est une question financière pour eux et pour la collectivité, mais, c’est aussi, et c’est tout aussi important, une question d’image. Les agriculteurs ne doivent pas être stigmatisés, mais c’est aussi à eux demontrer qu’ils font en sorte de protéger l’environnement.
Le grand tour des installations Dans le cadre de la journée mondiale de l’eau le 22 mars dernier, les élus et techniciens bisontins ont organisé une visite guidée des principales installations du Grand Besançon.
La source d’Arcier visitée ce jour-là est une des principales ressources historiques en eau pour Besançon (photos J.-C. Sexe - Ville de Besançon) G.B.M. a dévoilé la nouvelle identité visuelle de l’eau La Bisontine et distribué des carafes à tous les restaurateurs du secteur.
L.P.B. : Combien G.B.M. investit-il pour l’eau et
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