La Presse Bisontine 238 - Avril 2022

32 Économie

La Presse Bisontine n°238 - Avril 2022

BESANÇON Groupe Mantion “La situation internationale ne mettra pas pour autant en péril notre société” Arrivé à la tête du groupe Mantion en début d’année, Martial Devaux a fixé le cap des prochaines années pour le leader des systèmes coulissants, dans un contexte international plombé par la guerre en Ukraine. Avec quelles conséquences pour l’industriel bisontin ?

L a Presse Bisontine : Le groupe Mantion est tourné en partie vers l’Europe de l’Est, avec notamment une usine en Pologne. Quelles conséquences a la

Biélorussie. Cette activité com merciale-là est évidemment à l’arrêt et nous regardons en ce moment pour trouver d’autres débouchés à nos produits. Mais cette situation ne mettra pas pour autant en péril notre société, nous sommes en train de travail ler en parallèle depuis quelque temps déjà le développement de notre activité aux États-Unis. On va donc essayer de booster plus rapidement les marchés canadiens et américains.Mantion réalise déjà 40 % de son chiffre d’affaires à l’export. L.P.B. : Qu’en est-il cette fois des matières premières que vous impor tez ? M.D. : Pour fabriquer nos sys tèmes coulissants, nous trans formons en effet chaque année 5 000 tonnes d’acier et 1 000 tonnes d’aluminium. Pour l’acier, nous avons des contrats spéci fiques avec Arcelor-Mittal qui devraient y nous permettre d’être à l’abri des pénuries. C’est surtout pendant la période Covid que le prix de l’acier jouait au yo-yo si bien que nous avions dû faire trois tarifs différents

guerre en Ukraine pour vous ? Martial Devaux : Environ 15 % des produits que l’on fabrique dans cette usine de Pologne sont des tinés à la Russie, l’Ukraine ou la

Martial Devaux succède à Denis Schnoebelen L a passation s’est faite en douceur en début d’année. Martial Devaux (un ancien de chez Stanley) a repris les rênes du groupe Mantion après avoir passé trois ans en tant que directeur général. Il succède à Denis Schnoebelen qui présidait Mantion de 2000. Un beau challenge pour Martial Devaux qui reprend les destinées d’une société centenaire (elle a été fondée en 1920) au capital encore 100 % familial. La société Mantion avait été créée à Besançon en 1920 par Alexandre Mantion, elle était au départ spécialisée en ferronnerie d’art. Dès les années trente, la société Mantion élargit son activité dans la pro duction de systèmes d’ouverture-fermeture de portes coulissantes (à destination du secteur agricole d’abord). En 1949, la société devient la S.A.R.L. Raymond Mantion. L’entreprise est reprise par Daniel Verheyde en 1964 qui installe les ateliers sur son site actuel de Trépillot. Jean-Pierre Essert succède à Daniel Verheyde en 1992 avant de passer la main à Denis Schnoebelen en 2000. Martial Devaux reprend le flambeau d’une entreprise centenaire qui emploie 250 salariés dans le monde, dont 120 sur son site bisontin de la rue Gay-Lussac. n

Martial Devaux est président du groupe Mantion depuis le début de l’année.

en moins d’un an… Depuis, l’acier s’est stabilisé et nos four nisseurs sont moins dépendants de la Russie. Pour l’aluminium qui vient en partie de Russie, il faudra forcément qu’on discute des prix avec nos clients. Nous suivons évidemment au jour le jour l’évolution des cours des matières premières. Notre objec

chiffre d’affaires de 42 millions cette année. La crise sanitaire a eu un autre effet, celle d’affiner encore plus notre politique en matière de recrutement et d’organisation du temps de travail. On émet l’idée pour certaines équipes de travailler en 4 jours par semaine. Nous ne nous interdisons aucun sujet de discussion pour nous adapter tout en apporter une qualité de vie à nos collabora teurs. La règle est de toujours faire les choses en concertation avec les personnes. Sur le plan de nos approvision nements, nous aspirons d’ici 2025 à nous approvisionner pour nos composants en France et en Europe à hauteur de 95 %, tout en accentuant notre stratégie environnementale et sociale. n Propos recueillis par J.-F.H.

contexte international tendu ? M.D. : Dans notre usine de Genlis (Côte d’Or) où sont fabriqués les moteurs de nos systèmes coulissants, on voit arriver en ce moment le souci de l’appro visionnement en composants. Nous risquons de tomber en rup ture en septembre ou octobre sur certains composants sur une ou deux gammes de moteurs. L.P.B. : La crise sanitaire avait déjà ralenti vos projets ? M.D. : Oui dans la mesure où nous ne pouvions pas nous déplacer, ou beaucoup moins. 2020 a été tout de même une assez bonne année avec un chif fre d’affaires de 38 millions d’eu ros. Et 2021 serait meilleure car on est accroché directement à la bonne santé du secteur du bâtiment, si bien qu’on fera un

tif est également de sécuriser nos stocks : nous sommes passés d’1,5 million à 2 millions le volume de nos stocks afin de sécuriser nos commandes et nos clients. L.P.B. : D’autres répercussions de ce

“Notre objectif est de sécuriser nos stocks.”

DOUANE

Bilan Plus d’une tonne de drogues saisie dans le Doubs en 2021

La douane en Franche-Comté a à nouveau enregistré une activité soutenue avec 4,8 tonnes de drogues saisies, dont 1,4 tonne dans le Doubs.

à la tête de la Direction régionale des douanes à Besançon. Le nouveau patron de la douane com toise tenait à renouer avec le tradi tionnel bilan annuel. Dans sa présen tation à la presse début mars, il a ainsi rappelé que 4,8 tonnes de drogue et 1,2 tonne de tabac ont été saisies sur le territoire. Le plus gros des prises douanières en matière de stupéfiants s’est fait dans le Doubs (1,4 tonne dont 1,3 tonne d’herbe de cannabis) et le Jura (3,2 tonnes dont 2,2 tonnes d’herbe de cannabis). L’attention soutenue portée aux trafics de tabac a aussi permis 279 constata tions à la frontière franco-suisse, “aussi bien sur des dépassements de franchise, qu’à la circulation sur les plus grosses quantités” , précise Christian Solliez, chef de la division Franche-Comté fron tière. La lutte se mène aussi sur le Net, avec l’identification notamment de six personnes revendeuses de tabac en ligne. Un total de 578 kg de tabacs

O n s’en souvient. L’année écoulée s’est soldée par l’arrestation emblématique du frère d’un baron de la drogue à Pelousey. Une satisfaction pour les équipes doua nières opérant dans le Doubs, qui, à l’occasion d’un contrôle “ordinaire” le 1 er janvier sur l’A 36, ont permis de confondre Hakim Hambli (recherché depuis 2002). Cette affaire, très médiatisée, fait partie des événements marquants de 2021, avec d’autres saisies de stupéfiants et interpellations notables relatives au contrôle migratoire. À l’image de cette patrouille qui a contrôlé en décembre un fourgon sur l’aire d’Écot, dans lequel se trouvaient 20 personnes entassées à même le sol. Ou de ces 8,5 kg de cocaïne découverts par la brigade doua

nière de Montbéliard sur la R.N. 57, dans une cache aménagée plutôt éla borée (le frein à main électrique avait été démonté). Des trafics auxquels les douaniers sont régulièrement confron tés sur les axes porteurs autoroutiers de l’A 36 et l’A 39.

Les infractions relevées sur le territoire vont “de la simple négligence à des fraudes organisées”, selon la direction régionale.

“Les organisations de fraudes s’adaptent aux méthodes douanières. Ils n’hésitent plus à mettre en œuvre des moyens compliqués, y compris sur des quantités assez modestes, et utilisent des véhicules éclaireurs. Il nous a fallu travailler sur cette notion de convois” , reconnaît Bruno Ligiot, arrivé récemment

Des trafics de voitures aussi à la frontière.

dont 73 kg de cigarettes ont ainsi été saisis dans le Doubs. L’administration comtoise s’est égale ment illustrée par le redressement de près de 5,8 millions de droits et de taxes. Et si elle a réussi à diminuer les dépôts de déchets à la frontière par la pression des contrôles, rien n’est gagné en revanche sur les importations sans déclaration de véhicules suisses. Plus de 400 000 euros de taxes portant sur 165 véhicules ont notamment été

redressés. La constatation initiale de la brigade des Rousses, suivie de l’en quête du service de Besançon puis de Metz, a mis à jour des faux et usage de faux documents de dédouanement. L’année 2022 semble toute aussi bien partie, d’après le directeur régional, qui voit bien sûr un enjeu clef sur ces 240 km de frontière avec la Suisse “en période de crise sanitaire et migra toire.” n S.G.

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