La Presse Bisontine 238 - Avril 2022
Le dossier 27
La Presse Bisontine n°238 - Avril 2022
éfugiées venues de Kiev
réfléchi pour mettre à l’abri sa belle-famille
Ginéprino, leur cousin par alliance. Il est allé les chercher sans trop réfléchir après un périple de plus deux jours en voiture de location avec un de ses amis, Sébastien Gualano, qui l’a accompagné : “Ma femme Inna était Ukrainienne. Elle est décédée mais nous avons toujours gardé le contact avec notre belle-famille qui habite Kiev, raconte Stéphane. Quand j'ai parlé à mon fils Yannis (15 ans) de mon souhait d’aller les chercher, il m’a dit oui tout de suite. Avec elles, j’ai pris la décision de les rejoindre en Roumanie, à Siret, dans un camp de réfugiés où il a été facile de le retrouver.” Les quatre femmes ont mis 11 h 30 pour rejoindre la frontière depuis Kiev avec comme seuls effets personnels trois sacs à dos et quelques sandwiches. Le plus dur a été de franchir les différentes fron tières pour revenir en France, notamment la hongroise, où les gardes-frontières ne souhaitaient pas laisser un homme ne guerre. C’est encore plus compliqué aujourd’hui, d’où son souhait de rapide ment trouver un travail à Nancray ou ail leurs. Il faut évidemment régler la location “Je veux travailler” H élène, la maman d’Alina et de Kris tina, peine à trouver le sommeil. Elle dormait déjà peu avant la
portant pas le même nom que les réfu giées. Stéphane a finalement réussi à les convaincre.Hélène, Kristina, Alina et Vladi savent qu’elles ont tout quitté, leur ville chérie, leurs amis, et leur loge ment bombardé peu de temps après leur du transport mais cela ne semble pas lui faire peur. “Je travaillais dans la cuisine d’un grand hôtel étoilé à Kiev. Je peux aussi faire des ménages, je n’ai pas peur de travailler” explique cette femme. Com ment voit-elle l’avenir ? “ Je ne sais pas ! On va déjà passer peut-être six mois ici, après on verra. Mon cœur est resté en Ukraine.” n
Stéphane assis à côté d’Hélène, Vladi et Alina. Debout, on retrouve Léa, une fillette française.
départ. C’est le frère d’Hé lène, resté combattre au pays qui délivre quelques informations au compte gouttes sur Whatsapp. C’est le seul lien qui per met à cette famille de gar der un bien maigre contact avec leur patrie. “Elles sont physiquement présentes avec nous mais elles ne sont pas là…” témoigne Stéphane qui tient à remercier ceux qui l’ont aidé. L’amicale des sapeurs pompiers Bou clans-Nancray - dont il
Leur appartement bombardé.
fait partie - a versé 750 euros à leur ami pour payer les frais d’essence et la loca tion du véhicule. Un beau geste d’autant que Stéphane n’a rien demandé. Lui, le chauffeur routier de métier n’a pas compté son temps pour conduire ses hôtesses à la Préfecture afin qu’elles bénéficient de papier, est allé leur cher cher du mobilier, des vêtements. L’école
de Nancray a ouvert ses portes à Vladi grâce à la directrice Agnès Moine qui a très vite mis à l'aise la fillette. “Nous avons eu un rôle de facilitateur dans cette arrivée” évoque le maire de Nan cray.Assise sur le canapé, Hélène ne par vient pas à imaginer ce qu'elle vit : “La France, j’en rêvais lorsque j’étais plus jeune ! , dit-elle. Je voyais des photos de
Notre-Dame de Paris, de la Tour Eiffel, de Montmartre. Aujourd’hui, je suis ici mais j’aime monUkraine, c’est ma patrie.” Il y a de la dignité chez cette femme, de l’hospitalité chez Stéphane. La famille peut prendre le temps pour se reposer et réfléchir. La tête est là. Leur cœur est à Kiev. n E.Ch.
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