La Presse Bisontine 238 - Avril 2022

14 Besançon

La Presse Bisontine n°238 - Avril 2022

Jean Philippe

PATRIMOINE Photographie 98 000 photos prises par son père, offertes à la Ville C’est un trésor patrimonial que la famille de Bernard Faille, ancien photographe à L’Est Républi cain entre 1958 et 1985, a offert à la Ville de Besançon en 2012. Dix ans après, Jean-Philippe, son fils, ne regrette pas ce don photographique mis en valeur par la bibliothèque municipale.

Faille sort la boîte à souvenirs.

D ans son appartement, à Besançon, Jean-Philippe Faille a gardé quelques cli chés, transformés en cartes postales pour la postérité. Tous les autres négatifs - soigneuse ment rangés dans 1 210 enveloppes classées - ont été donnés aux archives municipales de la Ville de Besançon (lire par ailleurs), soit l’équivalent de 98 000 photographies de Besançon et du Doubs, prises entre 1958 et 1985 lorsqu’il était photographe à L’Est Républicain. Dans ses mains, Jean-Philippe Faille tient deux images, une très esthétique du général De Gaulle entouré des maires du Doubs dans la cour du Palais Granvelle (juin 1962), la seconde, celle

Juillet 1958, recherche de pétrole à Bonnay.

juin 1962, les maires du Doubs (tous des hommes) écoutent le président De Gaulle dans la cour du palais Granvelle (photos B. Faille/Est Républicain/Mémoire vive Ville de Besançon).

d’un gendarme à la Foire comtoise (mai 1961) marchant devant des vaches montbéliardes sous l’écriteau “section rentabilité”. “Mon père avait l’œil du photographe, et surtout, il adorait passer des messages. Ce sont 28 ans de d’une vie professionnelle à Besançon, rangés dans des boîtes à chaussures, qui ont été offerts” témoigne Jean-Philippe. Avec ses deux sœurs et sa maman qui réside toujours à Saône, la famille Faille a choisi de faire don de ce “patrimoine” à la Ville qui l’a mis en valeur en 2014 après quasiment deux années de tra vail. “Mon père, bien qu’en retraite depuis 1985, recevait de nombreuses demandes de personnes qui recher chaient des photos, soit d’une manifes tation, soit d’un événement particulier. Il prêtait ses négatifs, relate le fils. Il partait du principe qu’il avait été payé pour faire ce travail lorsqu’il était le

photographe de L’Est Républicain, et bien que les photos lui appartiennent, ils les partageaient sans demander de contrepartie financière” , relate Jean Philippe. Après le décès de son papa, en juin 2007, les demandes ont continué à affluer au domicile de Bernard, à Saône. “Pas unmois sans une demande, se souvient Jean-Philippe. Sachant qu’on ne voulait pas en faire des conserves (il sourit), nous avons proposé que tout le monde puisse y avoir accès.” Replonger dans ce grand album (numé rique), c’est découvrir le Doubs d'antan comme les vendanges à Beure, les devoirs à la lueur de la lampe à pétrole, l’incontournable conflit Lip dont Ber nard Faille fut l’un des grands témoins, ou encore celui de la grève de la Rho dia-Ceta. “Malheureusement pour la grève de la Rhodia, il manque quelques photos” regrette Jean-Philippe.

Vendanges à Beure, octobre 1966.

“Un vrai engouement des Bisontins” Pierre-Emmanuel Guilleray est conser vateur à la bibliothèque municipale de Besançon. C’est lui, qui, il y a une dizaine d’années, s’est rendu dans le garage de Madame Faille à Saône pour prendre connaissance des boîtes à chaussures dans lesquelles étaient entreposés les négatifs. “Heureusement pour nous, Bernard Faille indiquait les dates et les thèmes des reportages. Nous avons pu ainsi faire ce catalogue après deux ans de travail et de numé risation. C’est une mine” explique le conservateur de la bibliothèque, qui confirme “l’engouement” des Bisontins pour ce genre de photos d’époque. Ces images sont libres de droit. Il faut, pour les utiliser, mentionner le crédit suivant : Bernard Faille/Est Républi cain/Mémoire vive Ville de Besançon. n Consulter les 98 000 photos : memoirevive.besancon.fr, rubrique bibliothèque, rechercher dans les fonds, fonds privés, plan de classement des collections, iconographie, Photographies Faille. Elles sont classées par date.

Il reste des milliers de pépites ou d’images fortes comme le premier coup de bulldozer à Planoise. À l’époque, une ferme cultivait les terres. Bernard Faille immortalise la vente des vaches avant la destruction de la ferme. Il photographie également les derniers lavoirs sur le Doubs. Des images pas si vieilles et si lointaines à la fois. Laquelle préfère Jean-Philippe ? “Dif ficile à dire, peut-être celle des scaphan driers plongeant dans le Doubs pour l’élargir” répond le fils qui a participé à la réalisation du livre “Doubs regards” en 2015, ouvrage qui compile 176 photos de son photographe de père. n E.Ch.

La foire comtoise, mai 1961.

Du motocross aux Montboucons.

François Mitterrand,

candidat à la présidentielle, tient une

réunion en novembre 1965 à la Brasserie universelle (actuelle Brass’ Éliande).

Bernard Faille a commencé sa carrière comme photographe à L’Équipe. Ici, sur le Tour de France cycliste 1956.