La Presse Bisontine 236 - Février 2022
Le portrait 39
La Presse Bisontine n°236 - Février 2022
BESANÇON
Un ancien de l’équipe de France de football
Claude Quittet, un défenseur toujours d’attaque Avec le maillot de l’équipe de France dont il fut capitaine, il a joué aux côtés d’Aimé Jacquet ou de Jean-Michel Larqué. À 81 ans, Claude Quittet coule sa retraite à Besançon où il a terminé sa carrière de joueur professionnel en 1976 après avoir fait les beaux jours de Monaco, Nice et Sochaux.
S ur l’une des poutres en bois de son garage, Claude Quittet a gardé quelques trésors à l’image de cette paire de crampons en cuir. Ce sont les premiers qu’il a pu s’offrir à ses débuts en tant que footballeur professionnel, au Football club de Sochaux-Montbéliard. Le gosse originaire de Mathay, pas fétichiste pour un sou, sait d’où il vient et ne l’a pas oublié. Claude est modeste. C’est d’ailleurs pour cela qu’Aimé Jacquet, le sélectionneur vain- queur avec l’équipe de France de la Coupe du Monde 1998, a accepté, pour Claude, de témoi- gner dans le livre hommage que Stéphane Mathey lui consacre (à paraître en avril, aux éditions Cêtre). La parole de l’ancien sélectionneur est très rare mais “pour Claude, Aimé Jacquet a accepté” relate Stéphane Mathey, l’auteur de l’ouvrage, qui se sou- vient, à 9 ans, avoir vu jouer Claude Quittet pour la première fois sous les couleurs bisontines. “C’était un événement qu’un joueur ayant porté le maillot de l’équipe de France un an plus tôt
joueur pro, j’en avais fait un objec- tif ” témoigne celui qui n’aime toujours pas perdre comme en attestent ses amis avec qui il tape la pétanque. Le club phare de la région recrute ce grand gaillard d’1,80 m, athlétique et capable de sauter 1,70 m en ciseau au certificat d’études. Des qualités qu’il doit rapidement mettre à exécution puisqu’à 17 ans seulement, il dispute son premier match professionnel face à l’Olympique de Marseille en 1958. Le Bisontin s’en souvient comme si c’était hier : “L’entraî- neur est venu me voir quelques heures avant le match et m’a dit : “Gosse, tu joues avec nous ce soir.” Je n’ai pas eu le temps dire ouf ” raconte l’ex-footballeur qui ce jour-là a parfaitement tenu sa place. Rapidement, ses qualités de relance au sein de la défense en font une pièce maîtresse de l’équipe sochalienne avec laquelle il joue à Bonal 314 matches en D1 et en D2, pour 23 buts mar- qués, et une finale de Coupe de France perdue (1967). Le 27 septembre 1967, il est sélectionné pour la première fois avec l’équipe de France contre
signe au R.C.F.C. (Division 2). Pour sa première apparition, il marque deux buts sur coup franc face à Tours !” se souvient-il. Fils d’ouvrier, Claude a débuté le foot comme tous les gamins de sa génération : dans une pâture où les pulls servaient de poteaux de buts. À 14 ans, il demande à son père - alors chef d’atelier aux cycles Peugeot -
Le Bisontin Claude Quittet fut capitaine de l’équipe de France. Séquence souvenirs.
Bio express l Naissance le 12 mars 1941 à Mathay l Marié, père de deux enfants l Il signe sa première licence à Valentigney, à 14 ans l À 16 ans, il signe au F.C. Sochaux-Montbéliard l Il dispute son premier match en D1 face à Marseille à seulement 17 ans et restera à Sochaux jusqu’en 1969 l De 1967 à 1973, il sera sélectionné 16 fois en équipe de France, dont quatre sélections en tant que capitaine l À Nice de 1969 à 1973, à Monaco de 1973 à 1974 puis au Racing Club Franc-Comtois (Racing Besançon) de 1974 à 1976. Il travaille ensuite pour Adidas l Retraité, il vit avec sa femme Colette à Besançon
de famille en a subi les consé- quences.” Colette, sa femme, l’a suivi. Elle a posé avec Grace Kelly et le Prince lorsque son mari jouait pour l’A.S. Monaco. “Chaque semaine, on se retrouvait au Palais, on mangeait avec le Prince et on jouait avec ses enfants. De grands moments” raconte Claude qui a serré la main du général De Gaulle lors de la finale de Coupe de France perdue. Claude a peu gagné : la Coupe Drago (1963 et 1964) et le Trophée des Champions (1970). Après Monaco, c’est à Besançon qu’il atterrit. Il affrontera Michel Platini au printemps 1975, qui fait ses débuts à Nancy. Modeste, attachant, Claude laisse un excel- lent souvenir à Léo-Lagrange et continue à suivre les matches des Rouges. Ce qui l’énerve dans le foot actuel, ce sont les déchets trop nombreux. “Certes, tout va plus vite, mais des joueurs ne sont pas capables de faire une passe dans les pieds.” Quant à la finan- ciarisation de ce sport, il l’a moins connue. À la fin de sa carrière, il a travaillé pour la marque Adi- das. Le 12 mars, il fêtera son anni- versaire. En cadeau, un très beau livre retraçant son parcours l’at- tend. Cet ouvrage où 123 anciens professionnels parlent de lui dévoile la facette de ce défenseur souvent comparé à Beckenbauer, dont le décès de son fils David - à l’âge de 33 ans - a marqué sa vie. Discret et attachant, Claude est tout sauf un footeux au melon démesuré. C’est aussi un farceur qui avait caché sur la plage de Salvador de Bahia les vêtements du sélectionneur de l’époque (Georges Boulogne), lequel était rentré en slip à l’hôtel… n E.Ch.
l’Allemagne. Une fierté immense que celui de porter la tunique de l’équipe nationale avec des joueurs comme Aimé Jacquet, Jean-Michel Larqué, Roger Lemerre, Hervé Revelli, Marius Trésor, Raymond Domenech.Tou- jours dans son garage, une photo de l’équipe de 1973 retrace cette épopée où le Franc-Comtois aux cheveux longs fait le bonheur de la défense française. Claude est alors au top de sa forme. “C’était un esthète du ballon, un gentle- man qui n’a écopé durant ses 16 ans de carrière que de deux car- tons jaunes” expose Thierry Mathey, son biographe et ami. Claude quitte Sochaux pour Nice. À l’époque, ce n’est pas courant de quitter son club. “Trois diri- geants de Peugeot m’avaient convoqué dans leur bureau… J’avais préparé mes arguments quand l’un d’eux a dit : “Si Claude veut partir, on le laisse. Plusieurs clubs me courtisaient comme Saint-Étienne, Bordeaux, Nantes.” Avec sa femme Colette, il part pour le soleil de Nice et la Baie des Anges, une belle ville, certes, “mais avec des supporters assez durs” dit-il. Il lui est arrivé un soir de défaite de devoir quitter le stade par une porte dérobée. Le public niçois est en effet connu pour ne rien pardonner. Durant cette période, il joue avec l’équipe de France un match dont le souvenir ne le quitte pas : “Il me fait toujours dresser les che- veux ! C’était au Maracana à Rio, face au Brésil. Il y avait 100 000 spectateurs, c’était inoubliable” se souvient le défenseur qui ne parviendra pas à refouler les drib- bles chaloupés des Brésiliens. La France perd. “Il faut dire que ce n’était pas la plus grande époque de l’équipe nationale, argumente le joueur. Les entraîneurs défi- laient.” La consécration sera le brassard de capitaine dont on lui confie la charge. Sa vie, il l’avoue, est 100 % foot : “Je vivais foot si bien que ma vie
d’intégrer le club de foot de Valen- tigney qui évolue à l’époque en Division d’Hon- neur. “À 15 ans, j’étais titulaire et je me retrouvais avec des gars de 25 voire 30 ans” se souvient l’oc- togénaire. Pré- coce, il se fait une place dans l’équipe avant d’aller frapper à la porte du Foot- ball club de Sochaux-Mont- béliard, au culot. “Je savais que je voulais devenir
Avec le Prince
de Monaco, et De Gaulle.
Claude Quittet capitaine de l’équipe de France contre l’Irlande le 19 mai 1973. Debouts de gauche à droite, Adams, Domenech,
Carnus, Quittet, Rostagni, Trésor. Accroupis ;
Livre à réserver aux éditions Cêtre, www.editions-cetre.com ou au 06 77 08 50 59
Floch, Michel, Hervé Revelli, Larqué, Bereta.
Made with FlippingBook Ebook Creator