La Presse Bisontine 236 - Février 2022

18 Besançon

La Presse Bisontine n°236 - Février 2022

HORLOGERIE

Le Collectif “Histoire des Chaprais” Quand Lip était rue des Chalets, aux Chaprais Témoignage d’un ancien “Lip” qui a travaillé

dans les ateliers de la marque dont le berceau n’était pas à Palente, mais rue des Chalets à la Mouillère.

R oland Vittot, 88 ans, est un ancien “Lip” qui a connu la grandeur et la décadence de la firme horlogère bisontine connue dans la France entière pour son combat social. Il a surtout travaillé dans le berceau de la marque au 4, rue des Chalets à la Mouillère, là où 800 personnes ont fabriqué jusqu’à 180 000 montres en 1952 avant de partir, en 1960, pour Palente. “Quand il a fallu partir là-bas, Lip a mis en place des bus qui nous conduisaient

matin et soir depuis le centre jusque- là bas” raconte l’octogénaire. Convié par l’historien local Jean- Claude Goudot, membre du collectif “Histoire des Chaprais”, Roland nous conduit sur les traces d’un passé méconnu en compagnie de Raphaël Favereaux qui prépare - pour le compte de la Région et de la Ville - un ouvrage sur l’horlogerie à Besançon. “Vous voyez, ici, c’était l’endroit pour se rendre au vestiaire, d’un côté les hommes, de l’autre les femmes, indique l’ancien

De gauche à droite : Jean-Claude

Goudot, Raphaël

Favereaux et Roland Vittot.

72 000 appareils d’automatisation pour matériel électroménager, des compara- teurs, galvanomètres et des télé-mani- pulateurs magnétiques pour l’industrie nucléaire” raconte Raphaël Favereaux dans ses recherches. De ce passé horloger, il ne reste plus rien. Les bâtiments (numéro 5 et 7) qui abritaient les bureaux et les vestiaires ont été convertis en logement. Ceux situés à l’est de la rue ont été trans- formés en commerces, salle de judo, salle cultuelle. Le bâtiment des services d’entretien, de l’infirmerie, à l’angle de la rue Beauregard, est occupé par le centre PierreMendès-France. Ce passé horloger au cœur de la Mouillère va revivre le temps d’une soirée. n E.Ch.

En 1903, la fabrique emploie 110 per- sonnes. Pendant la seconde guerre mondiale, la société transfère son acti- vité à Issoudun (Indre) où elle avait ouvert une fabrique d’armement. L’usine bisontine, réquisitionnée par les forces d’occupation, continue à pro- duire du matériel d’horlogerie et de micromécanique. Fred Lipmann prend la direction de l’entreprise en 1945. L’usine de la rue des Chalets est alors équipée d’un parc de machines neuf et de chaînes de montage, “la produc- tion de montres passe de 80 000 unités en 1946 à 170 000 en 1950, puis 270 000 unités en 1957. Elle monte à 470 000 pièces (montres et mouvements à ancre) en 1959, à laquelle il faut ajouter 136 000 micromoteurs électriques,

employé de son bras droit. Ensuite, on montait l’escalier, on passait sur la passerelle qui enjambait la rue pour rejoindre l’atelier. C’était un peu un labyrinthe.” Son atelier à lui, c’était la mécanique. Il y est entré le 15 mars 1952 comme mécanicien ajusteur, un demi-siècle après qu’Ernest et Camille Lipmann fassent construire (en 1902 et 1903) une manufacture d’horlogerie par pro- cédés mécaniques dans le quartier de la Mouillère, actuellement le numéro 7 de la rue des Chalets. “La rue aurait pu être baptisée Lip mais le conseil municipal de l’époque ne l’a pas fait, car elle était privée” raconte Jean- Claude Goudot dont le collectif organise deux conférences sur ce thème.

Une rare photo de la présence de Lip, rue des Chalets en 1910 (photo C. Chenu).

EN BREF

LYCÉE

Action solidaire Des élèves bisontins mobilisés pour les sans-abri Une collecte de denrées alimentaires et une tombola

Folk Le C.A.E.M. de Besançon propose à des musiciens amateurs de se rencontrer pour jouer ensemble et préparer l’animation musicale d’un bal folk lors d’un événement qui se tiendra à Byans-sur- Doubs le 5 juin prochain. Ce projet s’adresse aux enfants comme aux adultes. Pour toute précision, appeler le C.A.E.M. au 03 81 51 21 36. Théâtre La compagnie bisontine Bacchus organise un stage de théâtre pour enfants et adolescents du 14 au 18 février à Besançon, au Centre diocésain (20, rue Mégevand). Inscription obligatoire Inscriptions et renseignements au 06 76 28 53 04 ou au 03 63 35 70 78 ou sur cie.bacchus@gmail.com Métabief Du ski à Métabief au départ de Besançon en bus, c’est avec Doubs Tourisme. Réservation au 03 81 21 29 80 ou sur www.samediauski.com

sont organisées par les terminales du Bac pro S.P.V.L. (service de proximité et de vie locale) du lycée Condé, en lien avec l’association L’Ami de pain. Le tout sera distribué dans la rue ce 9 février.

D e la vie dans la rue, ils connaissent peu de choses.Mais lorsque que leur professeur les a fait travailler sur le thème de la pré- carité alimentaire, ces lycéens ont vite identifié les besoins. “Les sans-abri font partie des publics les plus touchés. Ils ont des difficultés à trouver de quoi se nourrir. C’est comme ça qu’on a eu l’idée de cette collecte” , résu- ment Marie-Laure, Charles, Pauline et Marie. Une action solidaire qui s’inscrit dans le cadre de leur chef-d’œuvre, nou- velle épreuve issue de la réforme du baccalauréat. Restait à nouer contact avec une association locale et à entraîner la générosité des autres élèves et des personnels du lycée derrière eux. Durant tout le mois de janvier, la dizaine de jeunes concernés a ainsi mul- tiplié les appels. “On est passé dans les classes, on a fait un

La démarche, chapeautée par leur professeur de pratiques professionnelles, Claire Khyar, aboutira à une distribution le 9 février après-midi à Battant. Au point de rencontre habituel de l’association “L’ami de pain”, qui vient en aide aux sans-abri bisontins, en distribuant une fois par semaine nourriture, vêtements, croquettes et soins vétérinaires. Et leur mobilisa- tion pourrait ne pas s’arrêter là. “L’association “Les Compa- gnons de la rue’’ nous a égale- ment contactés pour qu’on par- ticipe à une marche.” Un second groupe d’élèves tra- vaillait, lui, sur l’organisation d’une course à pied pour collecter des fonds. Avec là encore un beau soutien des commerçants bisontins qui ont offert 70 lots (livres, tee-shirts, coffrets, bons de réduction…). Mais la crise sanitaire a joué les trouble-fêtes et mué l’événement en tombola.

message audio diffusé sur les haut-parleurs, on a placardé des affiches et on a créé une page Instagram” , énumèrent-ils. La collecte porte aussi bien sur les denrées de première nécessité, que les produits d’hygiène ou les aliments pour les compa- gnons à quatre pattes des S.D.F. Si le démarchage des grandes

enseignes alimen- taires s’est montré décevant, les jeunes se réjouis- sent néanmoins de la générosité de certains “comme le magasinHuber- land de Beure, qui nous a fait un gros don de croquettes et de produits pour chiens.” Plusieurs pharmacies leur ont également offert masques et gels.

Lutter contre la précarité alimentaire.

Les terminales du Bac pro S.P.V.L. ont voulu venir en aide aux sans-abri.

passer un oral. Une façon de conclure sur l’apport humain et professionnel de cette expé- rience. n S.G.

“Elle se tiendra sans doute fin mars au lycée. On reversera tous les bénéfices” , précisent Maëlys, Djeliya, Sanah et Gwenaëlle. Les élèves devront également

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