La Presse Bisontine 236 - Février 2022
Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besançon
s * Solde Jusqu'au 8 février 2022 % * -50 jusqu’à
23 et 30 janvier es di l es ertur Ouv manches
2,
€ 80
FÉVRIER 2022
Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon
www.presse-bisontine.fr
N° 236
Les magistrats locaux dénoncent les conditions de travail, indignes pour eux comme pour les justiciables LA JUSTICE BISONTINE BROIE DU NOIR
Julie Fergane, vice-procureure au tribunal judiciaire de Besançon.
lire en pages 4 et 5
Économie LE DOSSIER P. 22 À 27 Gel annoncé des réserves foncières COUP DE FREIN AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DU GRAND BESANÇON
l’ÉvÉnement P. 6 À 8 LA LÉGENDE DE L’HORLO Le lycée Jules-Haag perpétue l’histoire horlogère bisontine
! Soldes % * À’UQSUJ 05-
Jusqu'au 8 février 2022
2 à partir de T4 et T5 26 000€
es les comm e tout Proche d e station Garage et place d clos et terrasse priv Jardin n.fr - www.moyse-promotio
odités nement ative 03.81.60.77.00
Dans les limites des stocks disponibles. Photo non contractuelle. jour dans le département, sur produits signalés par étiquetage spécial en magasin. er *Durant la période légale des soldes, dès son 1
2 Retour sur info - Besançon
La Presse Bisontine n°236 - Février 2022
Un centre Ophtalmologie Express à Besançon Fréquentation de la L.G.V. : la présidente Dufay pointe du doigt la S.N.C.F. Les centres Ophtalmologie Express promettent “d’optimiser le
U n an, un an et demi et parfois même deux ans d’attente pour décrocher un rendez-vous chez son ophtalmologue. La pénurie de méde- cins spécialistes n’épargne évidemment pas Besançon… La maire Anne Vignot avait rendez-vous le 4 janvier dernier à la présentation par les porteurs du projet d’un centre Ophtalmologie Express qui devrait s’implanter à Besançon, sous réserve d’un accord de l’Agence régionale de santé (A.R.S.). Propriété du groupe privé Care Invest basé à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), l’enseigne Ophtalmo- logie Express spécialisée dans les soins oculaires promet “une prise de rendez- vous rapide et efficace” selon ses pro- moteurs. Ce genre de centres est déjà présent dans plusieurs villes de France : Paris, Reims, Lorient, Le Havre, Cagnes- sur-Mer, Metz… L’ouverture de ce futur
temps médical des ophtalmologistes et ainsi de réduire considérablement le délai pour obtenir un rendez- vous.” (photo D.R.).
Besançon. “Une fois toutes ces étapes effectuées et après obtention de notre numéro Finess (N.D.L.R. : Fichier national des établissements sanitaires et sociaux), nous serons à même prévenir la population bisontine de notre ouverture” note le ser- vice marketing et développement du groupe Care Invest. ■
centre de santé à Besançon attend encore le feu vert des autorités sanitaires avant de confirmer son arrivée ici. Après avoir rencontré Anne Vignot début janvier, les porteurs de projets doivent encore pré- senter leur concept à la direction de la Sécurité sociale et au professeur du ser- vice ophtalmologique du C.H.U. de
Comme nous l’avions prédit, aucune célébration n’a eu lieu pour célébrer les dix ans de la L.G.V. le mois dernier (photo D.R.).
E n tant que présidente de l’as- sociation Trans Europe T.G.V., la présidente de Région Marie- Guite Dufay n’a pas manqué de réa- gir au dossier que nous avons consa- cré dans notre avant-dernier numéro (L.P.B. 234, décembre 2021) aux dix ans “peu glorieux” comme nous l’avions présenté, de la ligne L.G.V. dite Rhin-Rhône qui traverse notre région. D’abord, la présidente Dufay reconnaît que “toutes les dessertes annoncées dans le dossier d’appro- bation n’ont pas été créées” , puis souligne néanmoins que “l’ouverture de la première phase de la branche Est a entraîné l’augmentation de la desserte T.G.V. de Besançon (8 allers- retours au lieu de 6) et a ouvert des destinations rapides et directes pour Besançon qui n’existaient pas avant (Francfort, Luxembourg, Montpellier, Marseille) et réduit les temps de par- cours vers Mulhouse ou Bâle.” Mais selon Marie-Guite Dufay, si le niveau de fréquentation est bien inférieur Éditorial Liberté
à ce qui était prévu, c’est à cause de “la dégradation de l’offre de l’ex- ploitant ferroviaire S.N.C.F.” Cette dégradation a d’ailleurs commencé, souligne-t-elle, “dès la mise en ser- vice du T.G.V. Rhin-Rhône où l’offre mise en place était nettement des- sous des objectifs de desserte ini- tiale.” Et l’offre s’est encore dégradée depuis 2015 avec “une baisse constatée de 26 % du nombre de T.G.V. circulant sur la L.G.V. Rhin- Rhône” ajoute M me Dufay à juste titre. Cette dégradation qui “rend l’offre illisible” dit-elle, est “une source d’inquiétude.” Pour la présidente de l’association, il n’existe qu’une solution : la réalisation du deuxième tronçon de cette branche Est (côté Côte-d’Or et côté Belfort-Alsace), seule àmême selon elle de “proposer une offre plus lisible et attractive. Nous continuons donc notre combat pour l’achèvement rapide de cette branche Est” conclut Marie-Guite Dufay. ■
La végétalisation de Besançon se poursuit
L a maire de Besançon et présidente de G.B.M. l’a promis lors de ces vœux à la presse au début du mois : les Bisontins ne reconnaîtront
minérale. Les aménagements prévus, avec la plantation d’une soixantaine d’arbres, permet- tront de lutter contre les îlots de chaleur et de renforcer le confort des usagers de cet espace, notamment lors des périodes de forte chaleur” pré- sentent les services de G.B.M. Ces travaux de végétalisation doivent également permettre de mieux gérer les eaux plu- viales afin qu’elles s’infiltrent naturellement dans le milieu. 600 m 2 seront traités en dés- imperméabilisation sur une sur- face totale de 3 200 m 2 . Grand Besançon Métropole investit 150 000 euros dans cette opé- ration, avec le soutien de l’Agence de l’Eau de Bour- gogne-Franche-Comté. ■
d’espaces publics. Certains chantiers ont déjà démarré et d’autres suivront tout au long du mandat, notamment des secteurs emblématiques comme la place de la Révolu- tion. En ce début d’année, des travaux viennent de démarrer sur le parvis du C.H.R.U. Jean Minjoz pour une durée d’en- viron deux mois. “Ils permet- tront de végétaliser l’entrée de l’hôpital, actuellement très
pas leur ville dans quelques années. Un des chevaux de bataille de l’élue écologiste sera de végétaliser et de dés- imperméabiliser un maximum
Vue de l’état actuel du parvis du C.H.R.U. Jean Minjoz et vue projetée du parvis après les travaux de végétalisation (pho- tos Égis Rail-Lap’s).
libertés. Que dire aussi du sort réservé à l’opposant russe Alexei Navalny empêché de s’exprimer par un régime russe de plus en plus autoritaire. Dans certains pays, nous ne serions pas autorisés à écrire ces quelques lignes. Mesurons donc bien le poids de ce mot liberté.Alors oui il est indé- cent aujourd’hui en France de crier au loup parce que provisoirement dans ce pays, et au nom de la liberté de tous, on nous demande un pass à l’entrée d’un cinéma ou d’un musée ou qu’on nous empêche, pour quelques semaines, de manger un sandwich dans un train. Si ces mesures peuvent être contestables, c’est plus sur la forme ou sur leur efficience. Mais les condamner au nom de la liberté est tout simplement indécent. Ceux qui estiment que la France est une dictature insultent l’Histoire et ses morts. En ce début 2022, nous ne pouvons que vous souhaiter une très bonne année, faite d’écoute, de mesure et de tolérance. Un vœu pieux ?… ■ Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser
agitateurs situés aux deux extrêmes de l’échiquier politique si ces derniers mesu- raient vraiment le poids de ces mots. C’est ainsi l’occasion d’évoquer ce que recouvre ailleurs cette notion de privation de liberté. Qu’ils aillent faire un tour en Russie où la Cour suprême, après un travail de sape du président Poutine a ordonné il y a quelques semaines la dissolution de l’O.N.G.Mémorial International reconnue internationalement pour ses travaux de recherche sur les répres- sions de l’époque soviétique. Qu’ils aillent également faire un tour en Chine ces pour- fendeurs de pacotille, et à Hong Kong en particulier, là où les autorités officielles ont voté une loi ultra-répressive sur la sécurité nationale qui a entraîné la disparition en ce début d’année des derniers médias indé- pendants de Hong Kong. Plus globalement en 2021, le nombre de journalistes détenus de façon arbitraire dans le monde a bondi de 20 % par rapport à l’année précédente, portant à près de 500 ces privations de
Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Rédaction : Édouard Choulet, Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser. est éditée par la société “Publipresse Médias” S.I.R.E.N. : 424 896 645 Rédaction et publicité : 03 81 67 90 80 E-mail : redaction@publipresse.fr Directeur artistique : Olivier Chevalier. Conception pubs : Alexandra Tattu. Équipe commerciale : Anne Familiari, Aurélie Robbe, Anthony Gloriod. Crédits photos : La Presse Bisontine, S. Chapuis, C. Chenu, É. Chatelain-Ville de Besançon, Égis Rail-Lap’s, F. Jacoutot, La Joux- Perret, Lycée Jules-Haag, Musée Courbet-P. Gue- nat, Musée du Temps, Paris Musées-Petit Palais. Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Janvier 2022 Commission paritaire : 0225 D 80130 Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arbey, Sarah George.
U n virus tenace et une année d’élec- tion présidentielle : il n’en faut pas plus pour échauffer plus que de raison les esprits. Après des semaines de débats hystérisés, le pass vac- cinal est (bientôt) adopté. Selon ses détrac- teurs, nous ne serions donc pas dans un pays de libertés. L’idée même d’un pass vaccinal serait liberticide… Si en effet les mesures sanitaires prises depuis plus de dix-huit mois ont entravé quelques droits individuels et “emmerdent” certains (!), on ne peut tout de même pas affirmer que de devoir montrer un Q.R. code à l’entrée d’un restaurant restreigne sévèrement nos liber- tés. Bien sûr une partie de cette liberté d’aller et venir est provisoirement rognée. La belle affaire ! Sans doute que les mots “liberté” ou “dictature” ne seraient pas employés à tout bout de champ par certains
ZAC CHALEZEULE Chemin des Marnières CHALEZEULE 03.39.79.01.79 - assistante@cuisinella-besancon.com ma.cuisinella
4 L’interview du mois
La Presse Bisontine n°236 - Février 2022
JUSTICE Julie Fergane, représentante du syndicat de la magistrature “Nous avons un sentiment d’usure, de mal rendre la justice” Alors que le tribunal de Besançon va vivre une année chargée entre le procès Zepeda, les tirs entre dealers à Planoise ou l’affaire Péchier, les magistrats tirent la sonnette d’alarme. Julie Fergane dénonce, comme ses collègues, le décalage entre la noblesse de sa mission et la précarité des conditions de travail.
L a Presse Bisontine : En décembre dernier, fait rarissime, le personnel du tribunal judiciaire de Besançon a débrayé comme d’autres juri- dictions. Pourquoi ? Julie Fergane (vice-procureure, et repré- sentante du syndicat de la magistrature) : Il s’agissait de nous associer aux constats faits dans la tribune parue dans Le Monde (23 novembre) signée par 7 000magistrats et 1 000 fonctionnaires de greffe, laquelle faisait suite au suicide d’une magis- trate.Nous regrettons de ne pouvoir exercer la justice dans des conditions dignes tant pour nous que pour les justiciables. Nous voulons dénoncer l’effondrement annoncé du système si nous restons sur les mêmes effec- tifs et sur les mêmes moyens maté- riels. Nous affirmons que la justice est loin d’être réparée et n’a pas les conditions pour travailler.
L.P.B. : Qu’appelez-vous un manque de moyens pour le tribunal de Besançon ? J.F. : On se fonde sur des chiffres précis, ceux de la C.E.P.E.J. (Com- mission européenne pour l’efficacité de la justice), pour dire que nous sommes sous les moyennes euro- péennes sur le plan des effectifs ! Si on se basait sur cette moyenne désignée par le Conseil de l’Europe, nous devrions disposer a minima sur le ressort du tribunal judiciaire de Besançon d’environ 57 magis- trats, contre 30 actuellement, et de 125 fonctionnaires en effectif théorique, contre 74 aujourd’hui. L.P.B. : Vous manquez de bras. Concrè- tement, comment le manque de moyens matériels se traduit-il à Besançon ? J.F. : Nous avons par exemple récem- ment eu besoin de mettre en place la coopération pénale internatio-
Bio express l Diplômée de l’école de magistrature en 2009 l En 2009, elle rejoint la Cour d’Appel de Colmar comme substitut du procureur, puis devient substitut du procureur à Mulhouse l En 2015, elle est nommée substitut du procureur près le tribunal de Dijon l En 2017, elle est vice- procureure de la République au tribunal de grande instance de Montbéliard l Depuis août 2020, elle est vice-procureure près le tribunal judiciaire de Besançon
Julie Fergane est membre du syndicat de la magistrature, vice-procureure près le tribunal de Besançon.
taire. Ils seront 40 de plus, soit 80 magistrats, à arriver dans les juri- dictions à partir de septembre 2023. Cela nous paraît en termes d’ambi- tion insuffisant car c’est seulement pour une année. Le syndicat que je représente demande un plan de recrutement sur dix ans en prenant en compte les départs en retraite. La hiérarchie judiciaire réclame un doublement des effectifs dans les années à venir. Au point où en est, toute aide est bonne à prendre. À Besançon, nous avons reçu le soutien de deux juristes assistants de caté- gorie A, et deux de catégorie B contractuels depuis un an. L.P.B. : Ces aides sont les bienvenues tout de même ? J.F. : Elles sont précieuses mais leur statut interroge. Pour les B contrac- tuels, il y a une grande précarité (les contrats durent 3 ans), d’où la grande difficulté à en recruter. Ce sont des rustines car ils n’ont reçu aucune formation. Ces gens sont mis en dif- ficulté car ils sont formés sur le tas. L.P.B. : Quelle est la journée-type d’une vice- procureure ? J.F. : C’est l’intérêt de mon métier : il y a toujours des surprises. Vous arrivez le matin et vous pouvez être en continu jusqu’à 21 heures pour ensuite passer la permanence à un collègue. Cela nécessite beaucoup d’engagement personnel. L.P.B. : Lorsque vous avez choisi ce métier, vous mesuriez la tâche, immense ? J.F. : Évidemment. J’ai signé pour ce contrat dans lequel on ne compte pas ses heures ! Ce qui crée l’usure,
peut pas se contenter de cela. L.P.B. : Et pourtant, la justice chronomètre mais n’écoute pas toujours bien… J.F. : Oui. Nous sommes par exemple sur 7 minutes d’écoute pour un juge aux affaires familiales alors que des per- sonnes attendent ce rendez-vous de leur vie depuis des mois voire des années. Ce n’est évidemment pas compris par les justiciables. L.P.B. : La justice est mal rendue à Besan- çon ? J.F. : Nous avons
nale qui nécessite de traduire un certain nombre d’actes dans toutes les langues de l’Union européenne. Le ministère n’a pas de traducteur dédié : on fait donc une réquisition d’un traducteur, que l’on paie souvent avec beaucoup de retard, si bien que cela ne les incite pas à travailler avec nous. Nous en sommes à supplier les autorités étrangères d’accepter l’an- glais ! On travaille avec notre dic- tionnaire… ce qui provoque des délais qui ne sont pas toujours compréhen- sibles par une autorité étrangère. L.P.B. : Sans compter cette imprimante qui vous lâche… J.F. : Le parc des imprimantes per- sonnelles n’est pas renouvelé. La mienne fait une trace grise (rires) au milieu de la feuille depuis un an que je suis là. Si je veux un document officiel, je l’imprime à l’autre bout du couloir sur celle de la permanence, laquelle n’est peut-être pas disponi- ble. Ça n’a l’air de rien, mais si vous accumulez ces détails matériels sur une journée de travail, ça devient lourd. L.P.B. : Ce n’est pas un caprice de magis- trat ? J.F. : Non. Il y a un sentiment d’usure car on participe à la dégradation du service public sans voir des amélio- rations malgré notre volonté. Il faut le dénoncer car cet équilibre ne tien- dra bientôt plus. L.P.B. : Que doit-on penser des délais d’au- dience avec certaines dates fixées à 2023 ? J.F. : Lorsque vous jugez plusieurs années après les faits, il y a une inci- dence sur le choix de la peine. On ne
“Un grain de sable donne
l’impression de ne pas pouvoir faire face.”
effectivement le sentiment de mal la rendre. Au tribunal correctionnel ne sont motivés les jugements que lorsqu’il y a un appel. Le reste, ce sont des motivations types générées par un logiciel. Voilà la justice que nous rendons alors que nous sommes pied au plancher. L.P.B. : Depuis ce coup de colère, suivi par les avocats, que vous a répondu le ministère de la Justice ? J.F. : Il y a eu des annonces de recru- tements comme les 380 places sup- plémentaires à l’école de magistra- ture, ou le doublement des magistrats recrutés par concours complémen-
En décembre, les magistrats et les fonctionnaires ont dénoncé leurs conditions de travail.
L’interview du mois 5
La Presse Bisontine n°236 - Février 2022
les choix et de restrictions budgétaires, une façon tardive de prendre en compte les départs en retraite. L.P.B. :Votre charge de travail ne va pas diminuer sachant que de lourds procès sont programmés au tribunal de Besançon. L’année sera passionnante judiciairement, mais fatigante. J.F. : (rires). L’activité correctionnelle du tribunal Besançon est 20 % plus impor- tante que celle de Dijon alors que nous sommes huit magistrats au Parquet (ils sont 10 à Dijon). Cinq postes sont vacants au siège. Ils seront compensés par l’ar- rivée de 3,5 magistrats mais il manque encore trois postes de fonctionnaires. La question se pose d’obtenir plus demoyens au pénal ainsi que des greffiers. Le dossier Zepeda (l’affaire Narumi) nécessitera un important travail de pré- paration et de logistique, tout cela à charge constante. Il faudra absorber - ou pas - le dossier Péchier (N.D.L.R. : l’anesthésiste bisontin mis en examen pour 29 empoisonnements) si une ordon- nance de mise en accusation est procla- mée et enfin le dossier des tirs de Planoise qui est tentaculaire. L.P.B. : Par rapport à ce que vous avez décrit, on peut parler d’une déliquescence du service public. Quels dossiers pourraient en pâtir ? J.F. : Sans doute nous traiterons moins vite des dossiers comme les escroqueries sur Internet ou des contentieux complexes sans trouble à l’ordre public. Pour les justiciables, ce n’est pas entendable. n Propos recueillis par E.Ch.
c’est lorsqu’il faut pallier le remplace- ment d’un collègue, d’une vacance de poste, car on sait que le moindre grain de sable vous donne l’impression de ne pas pouvoir faire face. L.P.B. : Comment tenez-vous ? J.F. : Tout le monde est dévoué. Personne ne compte ses heures ni son adaptabilité. En revanche, il n’existe pas de conflit générationnel entre des jeunes magis- trats qui voudraient moins travailler et les anciens qui auraient pu être cor- véables comme certains ont pu le dire par le passé. Même en y mettant toutes nos forces, nous n’arrivons pas à offrir un service suffisant : voilà ce que dit le mouvement. L.P.B. : À quel moment cela a dérapé ? J.F. : Je ne sais pas. Lorsque j’ai débuté en septembre 2009, nous étions déjà sur ce constat. Le corps de magistrats n’a pas beaucoup bougé en termes d’ef- fectifs mais les missions, elles, ont explosé. L.P.B. : Qui met la pression aux magistrats : la hiérarchie, les justiciables, la police ? J.F. : La Police, c’est notre partenaire de travail, les policiers comprennent nos difficultés. Pour montrer l’indépendance de la justice, il faut qu’elle dispose de moyens afin qu’elle puisse travailler sur des dossiers de fraudes économiques ou d’autres dossiers complexes.
présidentielle, qu’espérez-vous ? J.F. : Les états généraux de la Justice se sont télescopés avec notre motion. Ce télescopage du calendrier politique avec notre action et le décès de notre collègue n’était évidemment pas prévu. On pensait que notre action allait passer sous silence et nous sommes heureux de voir que cela a été largement repris par la presse et les concitoyens.
L.P.B. : Le syndicat de la magistrature est taxé d’être parfois être poli- tisé, à gauche notam- ment. Que répondez- vous ? J.F. : Le mouvement est déconnecté des syndicats et de la politique. Si le syn- dicat prend la parole, c’est parce que nous sommes soumis au droit de réserve. L.P.B. : Que pensez-vous de votre ministre de tutelle Éric Dupond- Moretti ? J.F. : Il ne peut pas être tenu pour seul responsable de tous les problèmes de la justice. Simplement, on pointe un défaut d’anticipation dans
“L’activité est 20 % plus impor- tante qu’à Dijon avec moins de magistrats.”
L.P.B. : À moins de quatre mois de l’élection
6 L’ÉVÉNEMENT
La Presse Bisontine n°236 - Février 2022
“L’HORLO”, 160 ANS, TOUJOURS DANS SON TEMPS
Le lycée Jules-Haag fête le 160ème anniversaire de sa création et les 90 ans du bâtiment de la rue Labbé. Institution d’abord municipale, puis nationale, l’établissement symbolise l’enracinement de la culture horlogère au cœur de Besançon. “L’Horlo” comme la nomment les anciens a façonné l’histoire bisontine et influencé des parcours de vie de nombreux étudiants et professeurs. Rétrospective et vision d’avenir.
l Proviseur Un lycée entre passé et modernité “Ici, plus qu’ailleurs,
on ressent un poids historique” Proviseur du lycée, Laurent Cagne a souhaité avec ses équipes marquer l’anniversaire en associant les élèves à la rénovation de la lunette astronomique, au projet d’horloge géante et à la création d’un musée.
Laurent Cagne, proviseur, dans le “grand escalier”.
1 0 heures, le temps de la pause entre deux cours. Quelques lycéens pia- notent sur leur smartphone quand d’autres grillent une cigarette devant le porche d’entrée du lycée Jules-Haag dominé par quatre étages. Ce bâtiment à l’architecture remarquable, style Art Déco, a été pensé et construit par Paul Guadet, entre 1925 et 1932, rue Labbé à Besançon. Sous la tête de cette génération de lycéens dont certains n’ont peut-être jamais prêté attention aux détails architectu- raux, des bas-reliefs deVermare incrustés dans la pierre dévoilent un dessinateur sur sa planche de travail, un mécanicien devant sa machine, un horloger sur son établi, un bijoutier et un électricien au travail, un mathématicien devant son tableau. Cela vaut le coup d’œil. Car une fois la porte d’entrée franchie dont les motifs sont des échappements à ancre et des balanciers, un morceau du patri- moine bisontin classé au titre des Monu-
ments historiques se dévoile. Tout cela a été raconté dans le livre “L’Horlo” édité par le musée du Temps lors du 150ème anniversaire. Dans le couloir menant à la salle des professeurs, cette photo d’époque du Président de la République Albert Lebrun venu inau- gurer le 2 juillet 1933 l’établissement précède le bureau du proviseur. Une façon de marquer le temps. Comme ses prédécesseurs à la tête du lycée, Laurent Cagne a accepté une évi-
nement. Le chef d’établissement dit “mesurer le poids historique de cet éta- blissement XXL.” Dès son arrivée, il a imaginé un plan pour fêter dignement ces 160 ans en col- laboration avec les proviseurs adjoints, les équipes pédagogiques, et les élèves. “On a par exemple décidé de créer un cabinet des curiosités, une sorte de musée qui va regrouper toutes les pièces qui ont été réalisées ici et qui sont disséminées dans le lycée ou au musée du Temps qui va nous les restituer.” Les travaux ont déjà débuté. On trouvera par exemple lamontre “à remonter le temps” fabriquée par Pierre Taillard, un ancien élève. Avec les élèves de B.T.S., est programmée la réfection de la lunette astronomique puis la création avec l’horloger bisontin Philippe Lebru d’une horloge monumen- tale (lire par ailleurs). Ce dernier projet est soumis aux fonds financiers qu’il faudra soulever. “Ce travail fédère les équipes” ajoute le proviseur.
pelle et que vous avez des informations à faire connaître, merci de nous joindre à l’adresse cdi.lyc.haag.besancon@ac- besancon.fr” demandent Cylian Le Gorrec et Nolan Poncet, deux élèves chargés de la communication de ce projet. Historique, le lycée a su vivre en son temps et s’est modernisé avec l’arrivée ces derniers jours d’une machine à com- mande numérique dernier cri. “Ce lycée était à la fois un ascenseur social et une grande famille” conclut François Jacoutot, ancien élève et proviseur. C’est sans doute le plus beau plaidoyer. La journée portes ouvertes est prévue samedi 12 mars. n E.Ch.
À l’image d’Anne Lescalier, professeur d’histoire-géographie, des professeurs profitent du riche passé pour travailler avec les élèves sur la Résistance. Lors de cette année scolaire, des classes par- ticipent au concours national de la Résis- tance et de la Déportation dont le thème est “La fin de la guerre : les opérations, les répressions, les déportations et la fin du III ème Reich (1944-1945)”. Les lycéens sont à la recherche d’informations concernant d’anciens élèves ayant pris part à la résistance, ou s’étant engagés dans l’armée, ou ayant été déportés. Des recherches ont déjà été menées, elles sont consultables sur le site www.jules- haag.fr/histoire. “Si un nom vous inter-
dence. C’est à “L’Horlo” qu’il a été affecté et non dans un quelconque lycée ordinaire. Originaire de Chalon-sur- Saône, il a été désigné en septembre dernier proviseur d’un lycée de 2 100 élèves, 1 800 pour Jules-Haag, 300 pour le site Marceau (ex- Montjoux). 310 professeurs encadrent les élèves et 450 agents assurent le fonction-
1 800 élèves sur le site Labbé.
L’événement 7
La Presse Bisontine n°236 - Février 2022
l Histoire Une école municipale puis nationale L’histoire de l’horlo et de Jules-haag
La fin de construction de l’école, dans les années trente (photo F. Jacoutot).
Le général de Gaulle est le second président de la république à venir au lycée.
François Jacoutot est entré comme étudiant en 1968 puis fut nommé professeur et directeur des travaux jusqu’en 2003. Il collectionne des cartes postales de Besançon et du lycée.
En fin d’année, l’usine Lip offrait un repas à certains élèves. Ici dans les années cinquante.
B esançon s’impose après la Révolution comme le lieu de l’horlogerie : sur 310 849 montres fabriquées en France en 1866, la ville en fournit 305 435 ! La nécessité d’une école se fait criante mais l’État refuse de mettre la main à la poche. La municipalité se résout à fonder sa propre école, indispensable pour que Besançon devienne “le marché industriel de la France et de l’Europe”. L’ouverture est officielle le 1 er février 1862, avec 7 élèves, dans une salle aménagée au premier étage de l’ancien grenier au blé, situé rue des Boucheries et donnant sur la
place du Marché (actuelle place de la Révolution). L’école devient nationale en 1921. Louis Trincano, directeur emblématique, dirigera l’école d’avril 1912 jusqu’en 1944. Il suivra, avec Edmond Labbé, à la construction. En 1974, l’école est transformée en lycée technique d’État et reçoit son appellation “Jules Haag” en hommage au scientifique, ensei- gnant de mécanique. En 1988, les formations horlogères quittent Besan- çon pour Morteau. Le lycée Jules-Haag devient polyvalent et se centre sur les métiers de la micro- mécanique et la microtechnique. n
Publi-information Bodyhit, votre instant coaching personnalisé
Leader français du coaching personnalisé et de l’électrostimulation, l’enseigne Bodyhit est présente à Besançon, au cœur de la Boucle au 4, rue Morand. Votre nouveau partenaire forme et minceur. B odyhit a ouvert ses portes en septembre dernier à Besançon et déjà l’enseigne a ses adeptes inconditionnels. Il faut dire que le concept a tout pour plaire : un petit cocon en plein centre-ville, chaleureux, convivial et à dimension humaine où chacun reçoit un accueil personnalisé, avec un coach dédié à chaque séance. Bodyhit est le grand spécialiste français de l’électrostimulation et son succès est tel que l’enseigne a ouvert près
L’électrostimulation est également très efficace pour soulager les douleurs au dos. Et comme nous n’accueillons au maximum que deux per- sonnes en même temps, les contacts restent très limités en ces temps de précautions sani- taires” précise le responsable. Bodyhit est également spécialisé dans la cryo- lipolyse, une technique qui permet d’éliminer les cellules graisseuses (ventre, poignées d’amour, dessous de bras…) grâce au froid. “En une séance d’une heure, la personne perdra déjà 30 % de son pli graisseux” ajoute Laurent Mougnard. Bodyhit propose des formules d’abonnements ou des packs de plusieurs séances. Poussez la porte du 4, rue Morand, le concept vous séduira à coup sûr… n 20 minutes d’électrostimulation avec un coach, c’est l’équivalent de 4 heures de sport.
Atelier de construction mécanique (1930).
Anne Lescalier, professeur d’his- toire, travaille chaque année sur la résistance et la déportation avec le nom des anciens élèves qui ont perdu la vie. Atelier d’horlogerie 1885-1886, rue des Boucheries. Collection privée.
de 120 studios partout en France en moins de trois ans. “Bodyhit, c’est d’abord du coaching personnalisé pour de la remise en forme grâce à l’électrostimulation”
“De la remise en forme grâce à l’électrostimulation.”
Collection Musée du Temps.
résume Laurent Mougnard, le créateur et manager de la salle bisontine. Les séances d’une durée de 20 minutes équivalent à 4 heures de sport classique. Et les résultats sont au rendez-vous : “En six semaines, les effets sont déjà visibles. Grâce à notre équipe- ment et nos machines Miha Bodytec, huit groupes musculaires travaillent simultanément.
4, rue Morand à BEsAnçon 06 65 96 74 68 - www.bodyhit.fr
ACCEssIBLE dE 8 à 20 hEurEs
8 L’événement
La Presse Bisontine n°236 - Février 2022
l Projet
Avec les B.T.S. C.I.M.
Musée Le cabinet
La lunette astronomique sera restaurée Elle servait, par le passé, à mesurer le temps.
Pierre-Yves Zabé, Laurent Cagne, et Philippe Rouillier, devant la coupole et une vue sur Besançon à couper le souffle.
l’époque, les étudiantsAnne Coi- caud et Justin Jamar ont par- ticipé à cette collaboration pour permettre aux Américains de rénover leur machine. La lunette bisontine a été démontée, des pièces ont été modélisées, et des mesures ont été délivrées aux astronomes bénévoles améri- cains, ravis de cette collabora- tion. Rénovée, la lunette pourrait être mise à disposition des élèves. n E.Ch. des curiosités Parce que le lycée a de nom- breuses pièces d’horlogerie réa- lisées par ses élèves, il crée au quatrième étage un musée, ou plutôt un cabinet des curiosités. C’est une façon de mettre en valeur des objets disséminés ici où là dans l’établissement comme cette montre à remonter le temps imaginée par Pierre Taillard, élève et enseignant, ou encore l’horloge à Fénon instal- lée dans le bureau du proviseur, ou encore la pendule électrique de Léon Hatot, lequel a déposé le brevet A.T.O. n
C’ est une des pépites, cachées, du lycée Jules-Haag.Désaffec- tée, la lunette astro- nomique abritée sous une coupole métallique mobile va être res- taurée par les élèves de B.T.S.
Conception et industrialisation en microtechniques (C.I.M.) et leurs professeurs.À quoi servait- elle ? À mesurer le temps. Au début du XX ème siècle, alors que l’école était abritée dans le bâtiment du grenier d’abondance, elle disposait déjà d’un observa- toire dû à son directeur,Auguste Fénon, et équipé d’une lunette méridienne pour montrer com- ment prendre l’heure aux élèves grâce aux observations astrono- miques. Les horlogers n’ont plus besoin de cet outil mais le lycée, lui, a choisi de la remettre en valeur. “Nous sommes aux pré- mices du projet dont l’objectif est de rendre fonctionnel cet équi-
pement dont les optiques ont été démontées, tout en la gardant dans son jus” présente Pierre- Yves Zabé, professeur et coordi-
nateur du B.T.S. C.I.M., qui travail- lera avec son col- lègue de sciences physiques, Philippe Leichtnam, sur ce projet. L’équipe sait où elle va. En 2019, elle a aidé une association astronomique basée aux États-Unis qui disposait de la même lunette, de la marque Prin. À
En 2019, les élèves l’ont démontée.
La lunette astronomique.
l Histoire Le plein-emploi L’Horlo et ses glorieux anciens
L es nostalgiques en par- lent comme d’un temps béni, celui où du jour au lendemain on pouvait changer d’entre- prise et trouver un patron. Dans le hall de l’école d’horlo- gerie en fin d’année, les employeurs de la France entière venaient faire leur mar- ché auprès des jeunes diplô- més. Les années soixante bat- taient leur plein et avec elles, le plein-emploi. Besançon n’échappait pas à l’euphorie. Un jeune Bisontin à cette époque avait alors le choix entre les études classiques au lycée Victor-Hugo ou Saint-Joseph, ou des études technique à l’école d’horlo. Ce dernier choix, les parents du jeune Jean-Louis Fousseret l’ont fait pour lui. Nous sommes à la fin des par la suite sont passés par l’Horlo. Parmi eux, un certain Jean-Louis Fousseret. Des chefs d’entreprise, mais aussi des hommes politiques. Beaucoup de Bisontins ayant pris des responsabilités
l Projet Signée Philippe Lebru Une horloge monumentale de 50 m de long et 14 m de haut La cour intérieure du lycée
E ncore un immense challenge pour le créateur bisontin Philippe Lebru, connu notamment pour avoir installé l’horloge sur la façade du musée des beaux-arts de Besançon ou celle qui trône dans le hall de la gare Besançon Franche-Comté T.G.V. aux Auxons. Cette fois, c’est encore un autre défi qui l’attend : la création d’une méga-horloge de 50 m de long et 14 m de hauteur qui sera installée sur la façade de la cour intérieure du lycée Jules-Haag à l’occasion de cet anniversaire. Le proviseur et le proviseur adjoint ont déjà entrevu l’esquisse ébauchée par Philippe Lebru et sont séduits. “L’horloge sera conçue et fabriquée au cours de cette année anniversaire et sera ins- tallée en 2023” confie son concepteur. Reste un obstacle de taille à franchir : son finan- cement. 500 000 euros seront nécessaires pour permettre la réalisation de ce garde-temps hors gabarit. “Pour le financement, nous sommes en train d’élaborer une stratégie pour trouver des mécènes, publics ou privés, qui puissent apporter des fonds nécessaires à la réalisation de ce projet. Je ne peux pas me permettre de mettre en péril l’équilibre de mon entreprise, ce mode de finan- cement permettra aussi à chaque donateur de s’approprier un bout de cette horloge qui intégrera un pan du patrimoine bisontin” note le fondateur d’Utinam. Cette horloge sera installée sur la barre du A que forme le bâtiment de Jules-Haag, dans le respect de son architecture des années trente. financer son coût de 500 000 euros, un appel aux mécènes sera lancé. Jules-Haag sera dotée de cette horloge hors du commun. Pour
Jean-Louis Fousseret aura passé 35 ans technicien dans le privé grâce à sa formation à l’Horlo.
Jean-Louis Fousseret est embauché chez Kelton Timex, un des fleurons locaux de l’hor- logerie qui employait alors près de 3 000 salariés. “KeltonTimex faisait de l’horlogerie, mais aussi des produits techniques comme les Polaroïd. Je travail- lais au bureau d’études pour cette branche technologique.” Le début de carrière du salarié Fousseret sera interrompu par le service militaire (18 mois au service de transmission base-sol de la B.A. 116 à Luxeuil-les-Bains où il appren- dra l’électronique). À son retour à Besançon, Jean- Louis Fousseret intégrera le siège bisontin de l’entreprise d’électronique américaine N.C.R. (quai Veil-Picard). Il y restera trente ans, du 31 juillet 1967 au 1er juin 1997, le jour où il a intégré l’Assemblée nationale en tant que député ! De l’Horlo, Jean-Louis Fous- seret garde “le sens pratique, du pragmatisme, de l’observa- tion, et de la rigueur.Autant de choses qui m’ont servi ensuite en tant qu’élu” dit-il. n J.-F.H.
années cinquante, le jeune ado termine son certificat d’études. Son père travaillait juste en face de l’actuel Jules-Haag, aux Compteurs Schlumberger, là où a été édifié des années plus tard l’imposant bâtiment de la Chambre de commerce et d’industrie. Un millier d’ou- vriers travaillaient alors aux Compteurs. “Mes parents m’ont incité à suivre cette filière tech- nique à l’Horlo, j’y suis resté jusqu’à l’obtention de mon diplôme d’État en 1964.” Dès sa sortie d’école, le jeune
L’horloge sera signée Philippe Lebru de la société bisontine Utinam.
“Sur cette barre va s’installer un système d’hor- logerie à quatre ensembles avec les heures, les minutes, des pendules chaotiques et des pendules désynchronisées. Pour avoir un ordre d’idée, l’aiguille des minutes mesurera 12 mètres !” confie Philippe Lebru. Une webcam pointée sur l’horloge permettra à tous les curieux de la visualiser en temps réel. Cette horloge monumentale sera vue (et enten- due) chaque jour par les près de 2 000 élèves de Jules-Haag pour qui elle va rythmer et sonner les journées de travail. Elle sonnera aussi comme un hommage quotidien au savoir- faire horloger qui s’est révélé pendant de longues décennies entre ces murs. n J.-F.H.
Vincent Fuster (ancien vice-président du Département), comme Robert Spepourjine (ancien maire de Pirey) sont eux aussi passés par l’Horlo.
10 Besançon
La Presse Bisontine n°236 - Février 2022
POLITIQUE
Ses vœux à la presse Anne Vignot annonce des “trains de projets d’ici 2025”
“V ous allez voir sortir les pro- jets par trains, par rames en 2023, 2024 et 2025 !” a promis Anne Vignot lors de ses vœux à la presse le 7 janvier dernier, estimant qu’on a “un territoire positif, plein d’atouts, il s’agit mainte- nant de révéler tous ses atouts.” Ces promesses et ce ton conquérant, Anne Vignot les emploie aussi pour tenter de faire taire des oppositions munici- pales qui clament depuis bientôt deux ans qu’il ne se passe rien depuis les dernières élections municipales. Anne Vignot affirme au contraire vouloir “transformer la ville.” Quels sont les chantiers voirie qui seront engagés dès cette année ? - Place de Lattre-de-Tassigny (ou place du Jura) : aménagement par désim- perméabilisation et végétalisation pour réduire l’effet de chaleur urbaine et favoriser l’infiltration des eaux plu- viales. Ce chantier visera aussi à “créer un espace de centralité convivial en entrée de ville” estime Anne Vignot. - Îlot République (rues de la République, Proudhon et Gambetta) : une concer- tation est prévue au second semestre 2022 pour la requalification de l’en- semble du secteur (avec là encore, dés- imperméabilisation et végétalisation des voiries et de l’espace public). - Une concertation citoyenne sur le futur nouvel aménagement de la place de la Révolution sera engagée cette année avec les habitants “en vue d’un nouvel aménagement au premier semes- tre 2023.” - Pont de la République : la suppression de la circulation sur ce pont est prévue menés en 2022 ? Revue d’effectifs sur les projets concernant l’espace public. À tel point que les Bisontins ne reconnaîtront pas leur ville, promet l’élue. Quels seront, déjà, les principaux dossiers
Anne Vignot et les élus de la Ville et de G.B.M. ont présenté les grandes orientations de l’année 2022.
- Aménagements cyclables et sécuri- sation des rues Weiss et de Trépillot par la création d’un axe cyclable allant du boulevard et de la rue de Vesoul dans le prolongement de la rue Midol. Travaux prévus au second semestre. - La place Olof Palme à Palente sera aménagée de façon définitive cette année et, aux Clairs-Soleils, la place des Lumières sera redynamisée avec “des fonctions sociales nouvelles” promet la Ville. - La place Leclerc : des travaux d’amé- nagement paysager y seront menés dès ce mois-ci, avec un renforcement du fleurissement et la mise en place d’une strate arbustive. - Désimperméabilisation des cours d’école : après Brossolette notamment, deux nouvelles cours d’école seront concernées cette année : Dürer (entre janvier et mai) et Pierre et Marie Curie également dans l’année. Besançon consacrera 10 millions d’euros par an à la rénovation de ses écoles. n J.-F.H.
dès le premier semestre et ce, afin de permettre une libre circulation des piétons, des cyclistes et du tram en toute sécurité. Des premiers travaux et aménagements devraient intervenir dès les prochaines vacances de février. - Modification du plan de déplacement et de la vitesse sur le secteur nord-est de la ville, entre la rue de Vesoul et le
Les autres chantiers de 2022
l Démarrage des travaux dans 4 écoles après travaux de rénovation énergétique : groupe scolaire Jules-Ferry, écolemater- nelle Boulloche, école maternelle Ken- nedy et école maternelle Kergomard. l Capteur CO2 : 70 capteurs mobiles ont été commandés, ce qui correspond à un par école. l Cantines : à la rentrée prochaine, 120 places de restauration scolaire seront ouvertes. En parallèle, la Ville a acheté des préfabriqués pour permettre d’en- gager des travaux d’extension dans cer- taines cantines scolaires. l Travaux au jardin des sciences : les travaux du nouveau jardin botanique vers l’observatoire vont démarrer pour une ouverture au public à l’été 2023. 1 600 m² de serres nouvelles seront construits. l Les travaux de rénovation du musée de la résistance et de la déportation seront lancés cette année. l L’accès à la Citadelle sera revu dès cette année avec l’installation d’œuvres culturelles pour jalonner la montée à pied ou à vélo. Le bus sera l’alternative
boulevard. Des aména- gements auront lieu dès le premier semes- tre sur ce sujet. - Rue de l’Épitaphe. Cette artère straté- gique entre le boule- vard et le campus va bénéficier d’aménage- ments cyclables et pié- tons où la vitesse sera également limitée. Cette rue sera aussi végétalisée. Les tra- vaux démarreront au début de l’été, pour trois mois.
Suppression de la circulation sur le pont de la République.
possible, l’accès en voiture sera interdit (sauf pour les personnes handicapées). l La rénovation totale du toit du gymnase des Montboucons sera effectuée cet été et ce gymnase sera équipé d’un espace V.I.P. l Aménagement des locaux nouveaux du S.N.B. (Sport nautique bisontin) au cœur du futur pôle outdoor des Prés- de-Vaux. Ces travaux démarreront au second semestre. l Saint-Jacques : l’étude d’aménage- ment des espaces publics a été confiée au groupement T.E.R. et s’étendra sur toute l’année 2022. l Planoise : la démolition de 350 loge- ments sur les secteurs Picasso, Van Goghet Champagne dans le cadre du N.P.R.U. l Déchets : déploiement de 95 nouveaux conteneurs à déchets recyclables à l’échelle de G.B.M. et création de station enterrées. l Tramway : achat mutualisé de 24 rames à plus grande capacité (avec Brest et Toulouse) dont 5 à 8 destinées au réseau Ginko pour une mise en ser- vice prévue en 2024. n 120 places nouvelles seront ouvertes dans les cantines scolaires à la rentrée de septembre (photo archive L.P.B.).
La place Leclerc sera végétalisée dès cette année.
La rénovation partielle du gymnase des Montboucons est aussi au programme.
Besançon 11
La Presse Bisontine n°236 - Février 2022
CIRCULATION Palente, Point du Jour, Combe Saragosse À l’est de Besançon, un itinéraire bis devenu un enfer 5 000 véhicules par jour se déportent sur le chemin
Pour la première fois, les associations et collectifs du secteur parlent d’une même voix. Ici, le chemin de Palente.
du Point du Jour, des Relançons, de Palente, non dimensionnées pour absorber un tel flux.
I ls portent plutôt mal leur nom les chemins du Point du Jour, des Relançons et de Palente.Aux heures pendulaires, ils devraient être bap-
ture a été proposée sans concertation, sans proposition de solution adaptée, dit cette dernière, ce qui nous a conduits à lancer une pétition signée par 250 personnes en 5 jours.” À la suite de cette réaction des habi- tants, une étude de circulation devait être lancée, à laquelle les associations devaient être conviées. “Aucune d’elles n’a été sollicitée” déplorent les repré- sentants. Concernant les mesures, Claude Lambey estime qu’il faut “favo- riser la circulation des véhicules sur les voiries adaptées comme le boulevard et la rue de Vesoul en rétablissant les ondes vertes (feux tricolores) et dissuader par du mobilier les automobilistes de passer par nos chemins.” Tous attendent de participer à l’étude de circulation avant qu’elle ne soit ficelée. Le secteur est ne veut pas être abandonné sur la voie de garage. n E.Ch.
provisoires chemin des Relançons pour ralentir les véhicules “qui doivent rouler à 30 km/h” rappelle Jean, conscient qu’elles sont plus souvent bien au-delà. En février dernier, une délégation de riverains a rencontré Marie Zéhaf, en charge de la voirie et des transports, “qui a annoncé l'expérimentation d’une interdiction de la circulation sur les
témoigne Jean-PierreAndréosso. Nous étions à 4 087 véhicules par jour en 2019 et en 2021, nous sommes à 5 000” indique le président de l’association de Palente. Avec Jean Lièvremont et Claude Lambey pour l’association “Mieux vivre Ensemble” et le collectif des habitants de la Combe Saragosse et Vallon du Jour représenté par Gérald Santi, tous dénoncent une situation insécure et intenable dans ce secteur de l’Est bisontin. Ce n’est pas Anne Fouillot, du chemin des Relançons, qui prétendra le contraire. Par trois fois, en moins d’un an, trois voitures ont traversé le rond- point des Relançons pour s’encastrer dans le mur de sa maison et celle de son mari. Heureusement, elle n’était pas dans son jardin lors du dernier incident.À cet endroit, le Grand Besan- çon a réagi en urgence : il a construit un grand trottoir et créé des chicanes
tisés “l’autoroute du bord de Chailluz”. Si le développement de la circulation sur les axes secondaires n’est pas nou- veau à Besançon, il s’est “amplifié ! ,
Cette voiture s’est encastrée dans le mur d’une maison, chemin des Relançons. Grand Besançon a depuis sécurisé le rond-point.
Relançons” raconte l’as- sociation Mieux Vivre Ensemble, ce qui n’a pas tardé de faire réagir des habitants, notamment ceux de la Combe Sara- gosse et du Vallon du Jour, qui par effet boome- rang, auraient dû suppor- ter le flot de véhicules sur un secteur “sans trottoirs et déjà étroits” précise Éli- sabeth Flénet, du chemin de la Selle. “Cette ferme-
“Rétablir la fluidité sur le boulevard.”
Marc VERNIER, Béatrice ZILL, Valérian GRUFFAT et Arnaud VIRET vous présentent leurs Meilleurs Vœux pour cette nouvelle année
Nous restons à votre service pour vos projets immobiliers (estimation, achat, vente)
03 81 57 95 49
31 boulevard Diderot 25000 Besançon
www.mv- immobi l ier.fr
12 Besançon
La Presse Bisontine n°236 - Février 2022
SPORT
Tir sportif Les “France” en ligne de mire
de tir de Besançon organise avec la Fédération française, les 44 èmes Cham- pionnats de France de tir sportif à Micropolis. Une manifestation d’en- vergure, qu’elle avait déjà accueillie il y a 8 ans, et qui comptera plusieurs milliers de compétiteurs venus de toute la France. Un événement, le premier championnat de France de la saison et le plus grand de tir en salle de l’an- née, qui demande une préparation par- ticulière en ces temps de crise sanitaire. “Les préparatifs ont été compliqués” rappelle Catherine Demoly, responsable communication du club. “Nous avons commencé à travailler sur l’événement en 2019, car rappelons-le, il devait déjà se dérouler en février 2021.” Mais la pandémie a fait son chemin… “La logis- tique pour Micropolis est importante. Il y a un budget de 180 000 euros pour cet événement, financé par la Fédération, laVille, le Département, les inscriptions et les exposants. Le championnat de France est la deuxième plus grosse orga- nisation européenne avec le champion- nat de Bavière. ” En termes de retom- bées économiques, le chiffre est loin d’être anecdotique : on peut les estimer à 550 000 euros pour laVille de Besan- çon et son agglomération. Pour réussir l’organisation de ce qui reste la plus grosse concentration de tireurs en France sur une semaine, la Société de tir de Besançon pourra s’ap- puyer sur 300 bénévoles mobilisés pour accueillir 2 500 tireurs et autant d’ac- compagnateurs. “Nos licenciés répon-
Du 14 au 19 février, Micropolis accueille les championnats de France de tir sportif. Arbalète, carabine, pistolet, il y en aura pour tous les goûts. De grands noms de la discipline, comme Franck Dumoulin champion olympique ou Océanne Muller cham- pionne du monde seront présents dans la capitale comtoise.
L ors des Olympiades, la première médaille d’or est souvent remise au champion olympique de tir au pistolet. Pas étonnant quand on sait que le baron Pierre de Coubertin en a été 7 fois champion de France. Le tir sportif (5 425 licenciés en Franche- Comté au 31 août dernier) est le troi-
sième sport individuel pratiqué dans le monde, après le tennis et le golf. C’est dire si la discipline, où le mental est fondamental, est loin d’être ano- nyme. Elle va devenir familière pour les Bison- tins. Du 14 au 19 février prochain, durant les vacances scolaires, la Société
Michel Petetin le président du club, et Jean Vieille-Petit, président de la Ligue régionale de tir de Franche-Comté.
manquer. “Les écoles de tir se sont vidées. La Fédération a proposé la gra- tuité des licences et le club aussi a sou- tenu ses licenciés.” Des gestes appré- ciés. n A.B. Les principaux rendez-vous l Mercredi 16 février, finale carabine à 17 heures et 18 h 30 l Vendredi 18 février : finale vitesse à 12 h 30 et finale pistolet à 18 h 30 l Samedi 19 février : finale dames pis- tolet à 18 h 30 Accès à Micropolis libre et gratuit durant toute la compétition. Finales retransmises sur la chaîne Youtube FFTir-TV
dront présents” se félicite Michel Pete- tin, le président du club et du comité d’organisation local de l’événement, présélectionné pour les Jeux Olym- piques de Barcelone en 1992. “Ils sont 250 et nous sont restés fidèles malgré la crise sanitaire. Une confiance dont
nous sommes fiers.” Et une fidélité qui, elle aussi, aurait pu disparaître ces dernières années. “Nous avons eu deux années blanches” poursuit Michel Petetin qui se fera une joie d’accueillir le prési- dent de la Fédération de tir sportif Michel Baczyk durant toute la semaine. Entre eux, les sujets de discussion ne vont pas
Le président de la fédération sera présent.
Catherine Demoly, responsable communication du club de tir de Besançon.
THÉÂTRE
Un texte toujours actuel Les Mémoires d’Hadrien sur le devant de la scène
La compagnie Bacchus, qui signe l’unique adaptation théâtrale autorisée par Gallimard du chef-d’œuvre de Marguerite Yourcenar, fait l’unanimité à chaque représentation. Prochaine date, le 8 février au théâtre Ledoux.
titude du contexte sanitaire, la compagnie Bacchus continue de créer. “On reprend “La dernière bande” de Samuel Beckett et on va jouer “La Nuit juste avant les forêts” de Bernard-Marie Kol- tès : un monologue d’une actua- lité incroyable” , précise Jean Pétrement. On garde ici plus que jamais le goût de la scène, même si l’éloignement forcé des planches a eu un impact. “Il y a une nette baisse de fréquenta- tion. C’est désespérant mais le Covid n’est pas seul en cause. Les plateformes de streaming et la peur des contaminations écar- tent un peu plus les spectateurs” , note la comédienne Maria Ven- dola, qui regrette dans le même
D ans les notes de son ouvrage “Mémoires d’Hadrien”, Marguerite Yourcenar avoue avoir voulu mettre en dialogue son texte. Sans l’avoir finalement fait. Son roman, écrit à la pre- mière personne, est présenté comme une longue lettre de l’em- pereur romainHadrien adressée à Marc-Aurèle. Il n’en fallait
turgique autour de quatre per- sonnages. Hadrien et Plotine bien sûr, mais aussi deux per- sonnalités inventées : Élixa (jeune esclave grecque) et Antoine (fils de bonne famille). “On m’a laissé entendre que je n’aurais jamais le droit de l’adapter. Je l’ai quand même écrite et contre toute attente, on m’a donné l’autorisation.” Sa pièce prend la forme d’un huis clos, dans lequel la mort de l’Empereur n’est pas déter- minante. On y parle davantage de relations au pouvoir, à l’amour, de la jeunesse avec l’ex- périence, aux choix que l’on fait dans la vie… “Ce texte a plein de résonances contemporaines.” Présenté cette année au Festival d’Avignon dans une troisième version, le spectacle rencontre à chaque fois un franc succès. “La directrice du centre culturel du lycée français de New-York nous l’a commandé pour la sai- son prochaine.” Il doit à nouveau être joué à Besançon ce 8 février, puis àVesoul les 27 et 28 février. En parallèle et malgré l’incer-
pas plus à Jean Pétrement, dont c’est l’un des livres de chevet, pour s’en emparer et essayer de dramatiser l’ensemble. “Je l’ai lu au moins dix fois. J’avais envie de le transmettre et de le partager” , explique le directeur artistique de la compagnie bison- tine. Avec “un immense respect pour les mots de l’auteur” , il a ainsi créé une situation drama-
temps la frilosité des programmateurs. La compagnie Bacchus se voyant aujourd’hui reprocher “un registre trop intelligent” dans un contexte déjà anxiogène. “Aujourd’hui, ce ne sont plus les artistes qui font la culture, ce sont les producteurs. On ne prend plus de risque” , conclut-elle amère. n S.G.
D’autres créations à venir.
L’adaptation théâtrale de Jean Pétrement a été saluée par la critique.
Jean Pétrement et Maria Vendola de la compagnie Bacchus.
Made with FlippingBook Ebook Creator