La Presse Bisontine 233 - Novembre 2021

L’événement 7

La Presse Bisontine n°233 - Novembre 2021

l Négociations

l Réaction Le leader de l’opposition “On peut avoir des doutes sur ce retrait de Vinci”

Le prix de vente a dégringolé

14 millions d’euros, la fourchette basse pour le C.H.U. Le montant de la promesse de vente signée en décembre 2019 était déjà bien loin du prix espéré au départ par le C.H.U. propriétaire des lieux.

tigation clinique. La direction générale, la D.R.H., les finances, la communication, l’informatique sont quant à elles remontées à Minjoz en mai dernier. Saint-Jacques a aujourd’hui des allures de ville- fantôme. Le projet de réaménagement global du site Saint-Jacques était estimé à plus de 200 mil- lions d’euros. Après la rupture des discussions avec Vinci, il ne manque donc plus qu’un opérateur pour engager cet investissement colossal. Rap- pelons qu’il était prévu dans le calendrier initial qui s’étalait jusqu’en 2027, la construction de logements neufs, et une “Cité des savoirs et de l’inno- vation” incluant des start-up, des logements, des résidences services, des commerces… n J.-F.H.

L a Presse Bisontine : L’éviction de Vinci, bonne ou mauvaise nouvelle ? Ludovic Fagaut : Je remets la faute sur la Ville qui à cause de ses atermoiements sur les mul- tiples conditions suspensives à la promesse de vente a certainement refroidi Vinci. Ce coup d’arrêt brutal est évidemment un mauvais signal pour le développement de notre cœur de ville. Et il y aura sans doute un contentieux, avec pénalités à la clé. L.P.B. : Craignez-vous que ce retrait remette en cause l’ensemble du projet ? L.F. : On est à l’abri de rien. Et on peut avoir des doutes sur ce retrait de Vinci. Je pense que la Ville ne veut pas d’un opérateur privé mais est-ce encore aujourd’hui aux pouvoirs publics Ludovic Fagaut voit comme un nouveau mauvais signal la fin de l’engagement de l’opérateur. Selon lui, ce n’est pas à la collecti- vité publique de porter ce projet.

de supporter de tels projets ? Je ne le pense pas. Si Vinci n’a pas les reins assez solides, comment G.B.M. pourrait les avoir ? L.P.B. : Que préconisez-vous maintenant ? L.F. : Il n’y a pas d’autre choix que de retravailler complètement le projet. Il faut que le C.L.A. puisse venir se réinstaller au cœur de ville, il faut y installer un village de start-up dans l’économie innovante, et sans doute un centre

D es 11 candidats ayant répondu à l’ap- pel d’offres, le C.H.U. en avait retenu 5, puis a travaillé avec 3, pour ne garder au final qu’un seul lauréat, l’aménageur A.D.I.M., une filiale du géant mondial du B.T.P. Vinci qui devait donc débourser 14 millions d’euros pour devenir propriétaire des 5,3 hectares du site Saint- Jacques. “Le pari est gagné” se félicitait alors Chantal Carro- ger, la directrice générale du C.H.U. Minjoz en décem- bre 2019. Avant de déchanter un an et demi plus tard. Au démarrage du projet, le C.H.U. évoquait une enveloppe globale de 30 à 40 millions d’eu- ros pour le foncier. L’établis- sement propriétaire des lieux avait déjà dû revoir ses ambi- tions à la baisse. “Notre priorité était de pouvoir financer par cette vente le déménagement des derniers services de l’hôpital de Saint-Jacques à Minjoz. Ce sera chose faite” disait encore Chantal Carroger.

Restent actuellement sur Saint-Jacques encore plusieurs services : psychiatrie de l’adulte, de l’enfant et de l’ado- lescent, consultation de géné- tique humaine,médecine légale et victimologie, exploration du sommeil, centre de ressources autisme, réseau de prévention et de prise en charge de l’obé- sité ou encore centre d’inves-

des congrès avec un auditorium à haut niveau acoustique. Mais quelle perte de temps encore dans ce dossier ! Et quelles pertes de finances publiques déjà engagées dans les études ! Saint-Jacques risque vite de devenir une friche intra-urbaine. C’est un désastre pour l’image de Besançon aux yeux des inves- tisseurs et des aménageurs, et c’est un très mauvais signal, un de plus, pour le développement de notre territoire. n Propos recueillis par J.-F.H.

“C’est un désastre pour

l’image de Besançon.”

l Urbanisme Les conséquences de la vente avortée “Cela ne remet pas en cause la grande bibliothèque”

La promesse de vente avait été signée en décem- bre 2019 entre A.D.I.M. et le C.H.U. de Besançon. Les sourires étaient encore de rigueur (photo archive L.P.B.).

paiera ? Pour l’instant, pas de réponse. Besançon va interroger “ses” interlocuteurs que sont les opé- rateurs publics que sont Aktya, la Sédia B.F.C. ou Territoire 25, dans l’espoir que ces der- niers reprennent “le bébé”. “Nous allons faire tout pour que ça aille le plus vite possible” poursuit l’élu. Il le faudra car l’hôpital et la collectivité devront rapidement se pencher sur la sécurité des 6 hectares du site. Une fois libéré (fin 2024), il sera livré à lui-même. Besançon pourrait alors pren- dre à sa charge - comme elle l’a fait avec la Rhodia-Ceta alors que le site ne lui appar- tenait pas encore - le coût de la surveillance. n

L’adjoint à l’urbanisme Aurélien Laroppe veut interroger un consortium pour reprendre le site.

l Réaction L’élu chargé du dossier en 2020 “Je suis à moitié surpris que Vinci se retire” L’ancien élu bisontin Dominique Schauss a durant la précédente mandature participé aux négociations entre l’hôpital et Vinci.

“O bjectif pour la ville : que Saint- Jacques ne devienne pas une friche urbaine” annonce l’adjoint à l’urbanisme à la ville de Besan- çon Aurélien Laroppe. Preuve en est, Besançon engage 900 000 euros dans la création d’un parc urbain sur une zone de Saint-Jacques qui lui appar- tient. “Nous sommes pro-actifs sur ce dossier puisque nous avons lancé des travaux sur la partie que nous maîtrisons” indique l’adjoint. Concernant la grande biblio- thèque qui doit s’installer non

loin de l’ancienne maternité, ce projet communautaire n’est pas remis en cause. Aurélien Laroppe et Anne Vignot vont participer à de nou-

velles réunions avec Vinci et l’hôpital pour répondre à des interrogations comme le rem- boursement des frais d’études engagées par Vinci. Le chiffre de ces dernières n’a pas été com- muniqué. Qui

Vinci voudra récupérer le coût de ses études.

L a Presse Bisontine : Jean-Louis Fousseret vous avait confié ce dossier Saint-Jacques lorsque vous étiez élu. Avez-vous été surpris par le retrait de Vinci de la vente alors que celle-ci était annoncée pour la fin d’année ? Dominique Schauss : Ce n’est pas la première fois qu’un grand groupe fait cela, mais ça ne les excuse pas. Je n’ai été qu’à moitié surpris de la méthode des “grands groupes” qui consiste à lancer des hameçons et si le projet ne va pas au bout, tant pis… L.P.B. : Connaissez-vous les montants des pénalités ? D.S. : Non. Il y a dans les promesses de vente beaucoup de conditions suspensives qui peuvent annuler la vente comme un poste de dépense qui grimpe. L.P.B. : Pensez-vous aux prix des fouilles archéologiques ou au désamiantage, visiblement sous-évalué par Vinci ? D.S. : Je n’ai pas d’information à ce sujet. La seule chose que je peux dire, c’est que nous avions, avec Jean-Louis Fousseret, été surpris du faible montant, environ 50 000 euros à l’époque, provisionner pour les fouilles archéo- logiques par Vinci.

L.P.B. : Y a-t-il eu des erreurs lors des premières négo- ciations ? D.S. : On peut toujours réécrire l’histoire. À l’époque, tout démarre d’une estimation des Domaines évaluant le site de Saint-Jacques à environ 40 millions d’euros. L’hôpital, à juste titre, a voulu faire jouer la concurrence et a lancé un appel d’offres au plus offrant. Cela a abouti à un prix de vente à 14 millions d’euros. L’hôpital était déçu. Ce qui me chagrine dans cette annonce, au-delà des détails techniques, c’est queVinci ne veuille pas parier sur Besançon. Ce n’est pas un bon signal mais il y a des alter-

natives possibles pour que le projet ne tombe pas à l’eau. L.P.B. : Lesquelles ? D.S. : Le recours aux outils comme Territoire 25, la Dédia, Aktya qui peuvent avec le concours d’investisseurs privés reprendre le dossier. Il faut montrer l’enthousiasme pour ce projet urbain et écono- mique. n Recueilli par E.Ch.

“Surpris à l’époque par le faible montant des fouilles.”

Aurélien Laroppe, adjoint à l’urbanisme à la Ville de Besançon.

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