La Presse Bisontine 233 - Novembre 2021

Le dossier 25

La Presse Bisontine n°233 - Novembre 2021

Vers une nécessaire réforme en profondeur de l’Église l Saint-Ferjeux La place des femmes, la sexualité… À la paroisse Saint-Ferréol à Besançon, on estime qu’il est

nécessaire de “secouer le cocotier.” Le prêtre et le diacre prépa- rent l’organisation d’une réunion publique avec les paroissiens.

L e rapport sur les abus sexuels dans l’Église, restera-t-il lettre morte ? Au sein de la paroisse de Saint-Ferréol-Saint-Fer- jeux, on ne cache pas ses réserves. “Je crains qu’après en avoir pris plein la figure avec ce rapport, les évêques et de manière générale les catholiques laissent passer le choc en courbant le dos et qu’il ne se passe pas grand-chose derrière…” Ce sentiment évoqué par Dominique Marcoux, diacre de la paroisse, est par- tagé par d’autres. Si bien qu’avec le prêtre de la paroisse, le père François Boiteux, il est prévu d’organiser à l’at- tention des fidèles de ce secteur ouest de Besançon une réunion publique au cours de laquelle seraient évoquées les suites de ce rapport. Pour Domi- nique Marcoux, il est “nécessaire de secouer le cocotier. Il ne suffira pas d’indemniser des victimes ou de faire des célébrations de pardon, ni même d’élever une stèle à Lourdes en hommage aux victimes, ce qui est prévu. Ce qu’il faut, c’est revoir la structure même de l’Église” estime le diacre. Selon lui, il est donc nécessaire de revoir en profondeur certains des piliers ancestraux de l’Église qui ont instauré une hiérarchie des clercs sur les laïcs,

une hiérarchie des hommes sur les femmes et une hiérarchie des parents sur leurs enfants. “Pendant trop long- temps la parole des enfants a été décon- sidérée. Quand dans le temps un enfant osait dire qu’un curé l’avait touché, il prenait une baffe de ses parents. Il faut aujourd’hui que nos évêques prennent à bras-le-corps ces nécessaires chan- gements de la structuration même de l’Église” avance Dominique Marcoux qui a basé une de ses dernières homé- lies sur cet indispensable travail d’ ag- giornamento que doit engager la hié- rarchie catholique. Extraits : “Le

Dominique Marcoux, diacre de la paroisse Saint- Ferréol à Besançon.

rapport de la commis- sion Sauvé ne nous épargnera pas de réflé- chir à une nouvelle façon de penser l’Église sur des thèmes tels que le rôle de l’évêque et la confusion de ses pou- voirs, le statut du prêtre et de son autorité par- fois mal ajustée, la morale sexuelle, ses impasses et ses tabous, le droit canonique et l’absence de procès équitable et plus lar- gement la place des

“L’Église s’est trop longtemps appuyée sur la docilité du peuple.”

ne pas confier la responsabilité d’une paroisse à un laïc ?” interroge M. Mar- coux, sachant sans doute que ce genre de propositions iconoclastes ne sera pas partagé par tous… Le diacre soulève également la question de la sexualité avec une moralité de l’Église tellement raide sur ce point qu’elle a abouti à tant de dérives. n J.-F.H.

sacralisation de leur ministère donne encore à certains un sentiment de toute- puissance. L’Église s’est trop longtemps appuyée sur la docilité du peuple de Dieu.” Le diacre suggère certaines évo- lutions qui pourraient participer à une plus saine normalisation des rapports entre les religieux et leurs ouailles. À l’heure où l’implication des laïcs est plus que jamais nécessaire, “pourquoi

laïcs, et notamment des femmes, dans les organes de décision.” Selon le diacre bisontin, l’évêque ne peut plus cumuler par exemple son pouvoir de gouverneur du diocèse, son pouvoir judiciaire et son pouvoir paternel sur les prêtres. DominiqueMarcoux soulève également le problème de l’emprise spirituelle que les hommes d’Église peuvent avoir sur les paroissiens. “J’estime que la

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