La Presse Bisontine 232 - Octobre 2021

28 Le dossier

La Presse Bisontine n°232 - Octobre 2021

l Commerces À 23 ans, elle invente un nouveau style de café Coline, son café bio et humaniste CES INDÉPENDANTS QUI CROIENT AU CENTRE-VILLE Le café Organic Kawa, situé quartier Battant, sert uniquement des produits bio ainsi que des plats du jour vegan. Il a ouvert l’an dernier. Le choix du quartier est réfléchi.

S ur le bras gauche de Coline est tatouée la planète Terre où l’on entrevoit l’Australie en feu. Plus bas apparaît une feuille de café. Ces deux images incrustées dans sa chair illustrent son engagement pour préserver la planète et son amour pour le café, deux fondements que l’en- trepreneuse met quotidiennement à exécution. À 23 ans, Coline Chapuis a ouvert “Organic Kawa” au 24, rue de la Made- leine en mars 2020, un café pas comme les autres. Ici pas d’alcool. Une seule gamme de café est proposée : il est bio, naturellement. Idem pour le thé. Les sirops le sont aussi. Le cola n’est pas américain mais fabriqué en France. Les plats du jour proposés les jeudis et vendredis sont vegan. Les assiettes comme les verres ne sont pas unis. Logique, Coline a fait de la récup’ pour éviter d’acheter du “neuf ”. Pousser à la consommation, ce n’est pas son truc, “même s’il faut bien payer

son loyer” admet la gérante de ce sym- pathique endroit situé au-dessus de l’église de la Madeleine à Besançon et éclairé par des lumières à led. C’est un coffee-shop à l’anglaise où l’on trouve du bon café, des gâteaux faits maison, “une discussion, des bouquins, et plein d’autres choses qui s’ajouteront au fur

sion pour le café a commencé à 12 ans lorsqu’elle goûte un cappuccino à Nice. “J’ai su de suite que je voulais faire ce métier… sauf que cela m’a fait du mal de voir comment la production de café pollue la planète, exploite les salariés… ” Après avoir vécu à Londres où elle a occupé le poste de “barista” (l’équivalent de barmaid mais pour le café), elle a choisi en 2020 de revenir à Besançon pour lancer son entreprise. Elle a trouvé une torréfactrice à Paris qui lui garantit l’origine des produits. “Si j’ai choisi une gamme de café, c’est pour éviter la surconsommation. En plus, ce café se marie aussi bien avec sans ou lait, ou avec de la glace” dit-elle. Coline ouvre sa porte du mardi au vendredi et le dimanche matin. Elle ne travaille pas le samedi parce que son commerce n’a pas la philosophie d'accueillir des clients venus “consommer pour consommer.” Si elle a choisi Battant, c’est bien évi- demment pour disposer d’un pas-de-

et àmesure d’échanger” explique la maîtresse de maison qui dit vou- loir tendre vers la créa- tion d’un lieu respec- tueux, des hommes, des végétaux, des ani- maux. Le marc de café est donné à son voisin, le cordonnier, qui l’uti- lise comme engrais pour son jardin. Ce lieu, c’est aussi l’his- toire d’une vie. Et il n’est pas “réservé aux bobos” sourit la jeune entrepreneuse. Sa pas-

Du bon café bio, des discussions, des livres.

Coline Chapuis est gérante d’Organic Kawa, rue de la Madeleine, et intégrée depuis peu aux commerces “éco-responsables”.

coffee-shop . Depuis quelques semaines, elle fait partie des 103 commerces “éco- responsables” de Besançon après qu’on l’a incitée à rejoindre ce réseau. Elle ne regrette pas. À découvrir. n E.Ch.

porte dont le prix est plus faible qu’au centre-ville, et parce qu’elle ne “voulait pas se retrouver à côté de grandes enseignes commerciales.” Coline sait ce qu’elle veut, elle assume, mais ne juge personne.Vient qui veut dans son

Organic Kawa, 24, rue de la Madeleine à Besançon

l Coiffure

Il invente la coiffure éco-reponsable, quai de Strasbourg Un coiffeur engagé jusqu’à la racine

Simon Plénat a ouvert un salon de coiffure à Besançon où les produits sont naturels et non testés sur les animaux. Certains clients devenus allergiques aux produits chimiques retrouvent le plaisir d’une coupe chez le coiffeur.

M aître artisan coif- feur, Simon Plénat, 28 ans, a ouvert en août 2020 le salon qui lui ressemble à Besançon. Un lieu de 40 m 2 , simple, mais chaleureux, qui respecte l’hu- main et l’environnement. Fort de son expérience, l’entrepreneur a constaté que les produits uti- lisés jadis dans les salons pour lesquels il a collaboré étaient nocifs pour les cheveux mais aussi pour ceux qui les appli- quent. “J’ai vu de nombreux col- lègues avoir des problèmes de

peau, explique-t-il. Je ne voulais pas le reproduire dans mon salon” dit-il tout en nettoyant

trouvé des produits naturels, fabriqués en France, et non testés sur des animaux. C’est une réflexion qui a été menée sur l’en- semble des produits. Je me suis engagé dans cette démarche car c’est ce que je fais au quotidien.” Les clients sont au rendez-vous. “Ce ne sont pas des activistes qui viennent ici ! Les gens sont sen- sibles à la démarche, bien plus que je ne l’aurais imaginé, ana- lyse-t-il. Certaines personnes n’al- laient plus chez le coiffeur car elles étaient allergiques à un pro- duit : désormais, elles reviennent

le bas de son siège à la pierre d’argent, un produit naturel. Simon a ouvert “Cabelo”, ce qui signifie cheveux en portugais. Son côté “éco-responsable”ne se limite pas aux plantes posées devant l’entrée ou aux ampoules à led. “J’ai cherché et

Certains qui n’allaient plus.

Simon Plénat a

créé Cabelo à Besançon dans une démarche personnelle avant d’être marketing,

Les cheveux sont récupérés et envoyés à une association qui les utilise pour lutter contre les pollutions du milieu aquatique.

réducteurs d’eau pour limiter la consommation du bac où sont réalisés les shampoings. Prix d’une coupe pour homme : 25 euros. Il fait partie des nouveaux com- merçants inclus dans la charte “Éco-responsable” ce qui lui a valu une visite de la maire de Besançon, dans son salon. Avec ironie, l’entrepreneur précise

parce que les produits ne sont pas agressifs.” Le naturel, c’est bien.Mais il ne peut pas concur- rencer le chimique sur les pro- duits de décoloration. Simon a tout de même trouvé un produit de substitution. Les cheveux cou- pés sont envoyés à une associa- tion qui les utilise pour lutter contre les pollutions aux hydro- carbures. Il trie évidemment les déchets, utilise la Pive, la mon- naie locale, a mis en place des

“qu’il est avant tout coiffeur… et qu’il ne laissera pas partir une cliente avec les cheveux mouillés sous prétexte d’économies d’éner- gie.” Simon a trouvé son créneau et sa clientèle. De quoi le confor- ter dans son choix professionnel qui est aussi un choix de vie. La jeunesse entreprend tout en pré- servant la ressource. n E.Ch.

Renseignements : www.coiffure-cabelo.fr

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