La Presse Bisontine 231 - Septembre 2021

LE DOSSIER 24

La Presse Bisontine n°231 - Septembre 2021

VRAIE SOLUTION OU IMPÔTS DÉGUISÉS ? RADARS FIXES :

Les contrôles de vitesse menés par les gendarmes comme ici sur l’A 36 à hauteur de Marchaux sont semble-t-il mieux perçus par les automobilistes que les radars fixes dont certains lieux d’implantation interrogent. Est-ce pour la sécurité ou la rentabilité qu’ils ont été installés à certains endroits ? “La mode du tout-radar ne fonctionne plus” l Vitesse La politique du tout-radar mise en cause

La Cour des comptes épingle l’État dans sa politique de sécurité routière. Malgré les 80 km/h et le tout-radar, le nombre de morts ne baisse plus depuis 2013. La juridiction réclame un travail sur la qualité des infrastructures routières et les véhicules.

E ntre Besançon et Pon- tarlier, pas moins de six radars fixes sont instal- lés, prêts à flasher au moindre kilomètre/heure dépassé. Ce chiffre ne compte pas la zone de radar autonome, c’est-à-dire le tronçon dans lequel un radar mobile peut être garé sur le bas- côté comme c’est le cas réguliè- rement dans une zone limitée à 70 km/h à Étalans. Ce tronçon ne mesure qu’une centaine de mètres mais a déjà piégé de nom- breux étourdis pensant que la zone était toujours limitée à 80. Entre Besançon et Morteau, soit 60 km, ce sont également six radars fixes, dont deux radars- tronçons, qui sont installés. Bref, le conducteur a davantage l’œil sur son compteur que sur la route. Le nombre de ces engins a explosé dans le Doubs et en France, pays qui compte aujourd’hui 4 000 radars pour 1 million de kilomè- tres de routes, alors que le nombre de morts, lui, ne diminue plus depuis 2013 indique la Cour des comptes dans sa politique publique de sécurité routière publiée en juin dernier. Un camouflet pour l’État. Elle suggère de changer de méthode, notamment en décro-

dra surtout les mesures polé- miques telles que la privatisation des voitures-radars, la fin de l’oreillette avec le téléphone ou l’interdiction de teinter ses vitres. “La fin de l’oreillette au volant a eu l’effet inverse. Nous l’avions annoncé : on s’aperçoit que les personnes ont repris leur télé- phone dans les mains en condui- sant” dit l’association. Si aucun automobiliste ne peut se déclarer contre la sécurité rou- tière, comment faire diminuer ces chiffres ? “Il faut créer une police de la route” répond 40 mil- lions d’automobilistes qui estime que les gendarmes, comme les policiers, n’ont plus le temps et l’énergie pour réaliser les contrôles qui demeurent bien plus efficaces et pédagogiques que les radars fixes. Parmi les autres axes : lutter contre l’ad- dictologie, l’alcool et les stupé- fiants qui représentent jusqu’à la moitié des accidents mortels. L’État va-t-il insuffler une nou- velle politique moins axée sur la répression de la vitesse, plus sur les comportements et la qualité des infrastructures ? Année pré- électorale oblige, rien ne devrait bouger d’ici 2022. n E.Ch.

chant du tout-radar. S’ils ont prouvé leur efficacité durant les premières années de leur instal- lation, les contrôles fixes mar- quent le pas. Des conclusions qui vont dans le sens de ce que mar- tèle l’association “40 millions d’automobilistes” depuis des années. “J’ai bu du petit-lait en lisant ce rapport, métaphorise Pierre Chasseray, son porte- parole. La mode de la “radaro- thérapie” à tout prix ne fonctionne plus depuis longtemps ! Les radars sont une fausse bonne idée : on freine devant, on accélère après. Le Danemark et d’autres pays ont d’autres politiques qui fonctionnent.

l’état des infrastructures” analyse le délégué général de 40 millions d’automobilistes. Le triptyque de l’association est le suivant : un automobiliste rai- sonnable dans une voiture entre- tenue sur une route entretenue. La France est en Europe le der- nier pays à appliquer une amende et le retrait d’un point sur le per- mis de conduire pour une vitesse supérieure de moins de 10 km/h. Pour de nombreux Français, le radar est devenu une taxe dégui- sée. La très impopulaire mesure des 80 km/h prise par Édouard Phi- lippe n’a pas eu l’effet escompté. “On nous avait promis 450 vies par an sauvées avec les 80 km/h… il y en a eu 10. La France n’arrive toujours pas à passer sous le seuil des 2 000 morts par an, ce que Manuel Valls avait annoncé alors qu’il était Premier ministre” poursuit Pierre Chasseray. Le pays compte envi- ron 3 000 morts sur ses routes, le Doubs entre 20 et 25 selon les années (lire par ailleurs). Pourtant, l’État redouble d’ingé- niosité : entre 2006 et 2019, pas moins de 304mesures de sécurité routière ont été mises en place. À l’instar des 80 km/h, on retien-

450 vies devaient être épargnées… seulement 10 l’ont été.

Arrêtons l’obses- sion sur la répression du facteur “vitesse” et soyons plus efficaces sur les causes de mor- talité routière laissées-pour- compte depuis des années : la conduite sous empire alcoo- lique, sous l’em- prise de stupé- fiants, ou encore

Pour Pierre Chasseray (40 millions d’automobilistes), l’histoire de cette Bisontine flashée à 33 reprises par le radar-tronçon des Mercureaux confirme le côté non-pédagogique des radars fixes.

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