La Presse Bisontine 230 - Août 2021

42 Le portrait

ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2021

ARTISANAT D’ART

De Cussey-sur-Lison à Besançon

Christophe Roussel, le ressusciteur d’objets Cet artisan d’art redonne tout son lustre

à l’ancien. œuvres d’art ou simples objets de décoration sont sublimés dans son atelier. L’ébéniste de formation est aussi artiste-peintre à ses heures perdues. Portrait d’un artiste.

E ntrer dans l’atelier-bou- tique de Christophe Rous- sel, c’est comme faire un bond dans le passé avec cette impression un peu étrange que ce passé a été revisité. Là un angelot fatigué semble avoir retrouvé une seconde jeunesse, ici unmiroir daté est prêt à reprendre vie. On est ici dans une sorte de caverne d’Ali-Baba où l’encaus- tique et l’odeur de cire auraient remplacé celle de l’encens. Entre les objets hétéroclites et les tubes de peinture s’accrochent auxmurs des tableaux. Car en plus d’être restaurateur d’art, Christophe Roussel est artiste-peintre. Enfant, il savait déjà ce qu’il vou- lait faire, mais ne connaissait pas le nomdumétier… “Je disais juste que je voulais faire des meubles, mais pas des portes…Sans connaî- tre le nom “d’ébéniste d’art”. Et c’est bien cette voie que j’ai suivie” raconte Christophe Roussel, ébé- niste et restaurateur d’art. Un de ses grands-pères passionnés d’his- toire lui avait sans doute inculqué

semaine après, on me proposait déjà du travail” dit-il. Commence alors pour le jeune adulte une longue période d’itinérance, de petits boulots et de grands projets, de Paris à la Nouvelle-Calédonie, en passant par la découverte de l’Australie, de l’Indonésie, de la Thaïlande. Revenu en France après ces années de liberté, l’ébéniste d’art entre comme commercial dans une société de produits pour le bois. Jusqu’au jour où il débarque à Marseille. Coup de foudre pour la cité phocéenne. C’est là que Christophe Roussel a créé son premier atelier d’ébéniste d’art. “Cette ville m’a attiré, lamer, l’état d’esprit, son côté cosmopolite, le métissage des couleurs.” L’artisan d’art y passera quinze ans avant de revenir aux sources amé- nager son atelier à Cussey-sur- Lison, là où ses parents étaient installés auparavant. “Je suis revenu également accompagner les dernières années de ma maman” dit-il pudiquement. Le bouche-à-oreille a rapidement fonctionné et Christophe Roussel a enchaîné les demandes de res- tauration, de particuliers comme de collectivités locales. Il y a trois ans, pour des raisons purement pratiques, Christophe Roussel s’est installé dans un nouvel ate- lier, au cœur du Besançon histo- rique, en haut de la rue Battant. C’est là qu’il reçoit habituellement ses élèves (la période Covid l’en a évidemment empêché) à qui il dispense l’art de restaurer les tableaux et les vieux objets. Dès septembre et si la situation sani- taire le lui permet, il reprendra ses cours du soir au 107, rue Bat-

Christophe Roussel dans son atelier- boutique du haut de la rue Battant à Besançon. À gauche, une magni- fique Vierge à l’enfant qu’il vient de restaurer.

tant. “J’apprends aux amateurs à restaurer un meuble, à créer des objets de décoration, à dorer à la feuille. Ces disciplines sont une ques- tion de passion et de patience” note- t-il. Parallèlement à son activité pro- fessionnelle, Christophe Roussel s’est fait une réputation en tant qu’artiste-peintre. Obtenant même un prix dès 1992 au salon des artistes indépendants qui se tenait au Grand Palais à Paris. “Je ne suis même pas allé à la remise des prix, j’ai pensé qu’ils s’étaient trompés de bonhomme !…” sourit l’intéressé pour qui la peinture qu’il exerce toujours est une sorte d’exutoire par rapport à son métier de base qui reste l’artisanat d’art. “Je rêve d’ailleurs de mourir dans mon ate- lier d’une crise cardiaque !” ajoute- t-il hilare. Perfectionniste, Christophe Roussel a appris au fil des ans toutes les techniques de restauration utilisées entre le XVII ème et le XIX ème siècle,

le travail sur la polychromie, la sculpture, la dorure à la feuille d’or, toutes les essences de bois, les colles d’os, de peau, de nerf, et même cer- taines techniques qui remontent à l’Égypte ancienne qu’il tient de la tradition du compagnonnage… “Je respecte à chaque fois la valeur de l’objet et plus que ça, le travail des anciens.” Certains des petits trésors qu’il restaure, il les déniche dans les brocantes, “parfois même à Emmaüs !” avoue-t-il. En cemoment, c’est unemagnifique Vierge à l’enfant dorée à l’or fin que l’artisan termine de restaurer. “Cette sculpture confiée par une commune du Jura tombait littéralement en poussière. Je l’ai entièrement res- taurée et refait intégralement la dorure à la feuille d’or. Elle est prête à retrouver son église d’origine” note Christophe Roussel sans pour autant dévoiler le nom de la com- mune concernée, sécurité oblige. “Un tel objet, il me faut le temps d’en prendre possession, de l’observer.

Je lui parle, je lui demande de m’ai- der. Je considère presque la restau- ration d’un objet comme le sauvetage d’une personne.” Pour les collectivités comme pour les particuliers, ce sont souvent des pièces uniques qui pas- sent entre les mains de l’artisan d’art. Ce curieux de tout qui a accumulé les expériences et les connaissances met également un point d’honneur à vouloir les transmettre.À 57 ans, même s’il est encore loin de poser les pinceaux, Christophe Roussel prépare déjà le terrain. Un de ses jeunes stagiaires aurait selon lui le profil idéal pour assurer la trans- mission. “Transmettre, c’est le plus beau des cadeaux” reconnaît-il. Son grand œuvre sera sans doute un jour de pouvoir tourner définitive- ment la clé de sa boutique en sachant qu’à l’intérieur quelqu’un poursuit son travail. Pour que conti- nuent à vivre les objets et la passion du beau. n J.-F.H.

Bio express l Christophe Roussel a 57 ans. l Ébéniste d’art de formation, il est restaurateur d’art. l Sa deuxième passion : la peinture. l Ses autres centres d’intérêt : la bonne chère, le bon vin, “la vie !” dit-il. l Son atelier est au 107, rue Battant à Besançon. La plupart des objets qu’il restaure sont en vente dans son magasin.

cette appétence pour les choses anciennes et le lus- tre des siècles pas- sés. Le jeune homme d’alors a donc suivi la voie classique : un C.A.P. d’ébé- niste à Champa- gnole, puis très vite, l’entrée dans la vie active. Un peumalgré lui. “Je pensais pouvoir un peu “glander” après la fin de mes études. Mais une

“Transmettre, c’est le plus

beau des cadeaux.”

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