La Presse Bisontine 230 - Août 2021
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ESCAPADE DANS CES CITÉS DE CARACTÈRE, PETITS TRÉSORS DE NOTRE RÉGION
12 ITINÉRAIRES POUR S’ÉVADER
Ornans, le joyau de la Vallée de la Loue compte parmi les 59 Cités de caractère Bourgogne-Franche-Comté
(photo Doubs Tourisme)
Elles fêtent leurs 100 ans en 2021 Ces entreprises centenaires, fleurons de notre région p. 4 à 9
Métier : restaurateur d’art Christophe Roussel, pour l’amour du beau p. 42
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2 Retour sur info
ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2021
À l’université, la perte de l’I-SITE est vécue comme “une injustice”
Place à la décision finale aux Vaîtes
C omme la mairie s’y était engagée, 50 citoyens bisontins tirés au sort ont répondu à la question posée par la municipalité, à savoir “Quelles sont vos préconisa- tions pour les Vaîtes ?” Suite à trois réunions de travail, à des échanges avec les architectes urbanistes, les services de la Ville et du Grand Besançon, les associations de défense de l’environnement, une maraî- chère…, les 50 Bisontin(e)s recommandent pour 49 % d’entre eux un aménagement avec des constructions limitées de logements. 36,6 % de ses membres se sont déclarés pour
un aménagement sans construction de nouveaux loge- ments. Pour ce qui est du projet de la future école dont la construction est prévue sur un terrain occupé par deux maraîchères, la convention citoyenne préconise la réhabilitation de l’actuelle école Tristan-Bernard mais pro- pose également dans le même temps la construction d’une école, à taille humaine. Remises à la maire le 4 juillet dernier, les conclusions ont été approuvées par 80 %des participants, 5 % ayant voté contre, 15%se sont abstenus.La décision finale est désormais dans les mains des
Le 30 septembre, Anne Vignot fera voter le projet des Vaîtes remanié à la sauce conférence citoyenne.
Dominique Grevey, président de l’U.B.F.C.
il abandonné ? “On ne s’interdit rien” répond un proche conseil- ler d’Anne Vignot. Quant à l’abandon de toutes les constructions, cela paraît moins probable. n
élus municipaux bisontins. Le 30 septembre, une délibération sera présentée sur l’avenir des Vaîtes, avec on peut l’imaginer, d’importants changements. Le projet de grande école sera-t-
L e jury international chargé de renouveler le label I-SITE et les financements qui vont avec, soit 11 millions d’euros par an pour la recherche, a retiré le précieux sésame aux universités de Bour- gogne et Franche-Comté. L’annonce a été officialisée le 30 juin dernier occasionnant “une forte déception” selon les mots de Dominique Grevey, président de la communauté des sept établissements participant à la gouvernance de l’université de Bour- gogne-Franche-Comté (U.B.F.C.), voire “de l’injustice” pour Macha Woronoff, présidente de l’Université de Franche-Comté. Cette perte signi- fie la disparition de leviers financiers et un recul en termes de visibilité nationale et internationale. En février dernier dans nos colonnes, la présidente et son homologue se voulaient pourtant rassurants. Le jury en a décidé autrement. Pour- quoi ? “Attendons la grille d’analyse du jury mais je crois que notre modèle avec deux sites (Besançon et Dijon) n’a pas retenu l’attention du jury. C’est une forte déception
pour la communauté scientifique, les étudiants…, car nous avions réel- lement progressé” analyse Domi- nique Grevey. Après 2025, les fonds dédiés aux chercheurs disparaîtront. Quant à l’avenir des vingt personnes spé- cialement embauchées pour travailler autour de ce label, il s’inscrit en pointillé. Les signatures des scien- tifiques, elles, ne sont pas remises en cause. Les errements et les luttes intestines du passé entre les deux ex-présidents des universités ont sans doute joué un rôle dans la déci- sion. “On nous fait porter le poids d’un héritage alors que nous ne nous inscrivons pas dans cet héritage. Ces amalgames ont pesé lourd” , regrette Macha Woronoff. Les deux universités ont déposé un dossier dans le cadre du programme d’in- vestissement d’avenir (PIA4). “C’est quand la bête est blessée qu’elle avance” métaphorise Dominique Grevey. La présidente de Région Marie-Guite Dufay déplore cette perte mais annonce “que la collec- tivité restera en soutien.” n
S’évader en restant dans le quartier de Montrapon
T rès active, l’association de promotion de l’infor- mation à Montrapon (A.P.I.M.) propose cet été des circuits de balade. Accessibles
un arrêt, au retour, au jardin partagé de la rue de l’épitaphe” , précise Anne Cuny, présidente de l’A.P.I.M. Attention ici, il fau- dra marcher un peu plus (envi- ron 6,5 km) avec un dénivelé positif de 150 m. L’effort sera récompensé là aussi par une animation musicale. “Nous tenions à soutenir les artistes en cette période de crise, en les rémunérant grâce à la sub- vention obtenue de la Région et de la C.A.F.”, souligne Odile Vuillier, secrétaire de l’associa- tion. Le dernier rendez-vous sera donné le 30 août. Organisé autour de l’observatoire, il inclura la visite intérieure en partenariat avec l’Université de Franche-Comté. Avis aux pas- sionnés d’astronomie ! n
à tous gratuitement, à partir de 6 ans. Ils ne sont pas guides professionnels, mais les béné- voles de l’association se font un plaisir de parcourir les rues
de leur quartier et des alentours avec tous ceux qui le souhai- tent. Débutés en juillet, les ren- dez-vous se poursuivent notamment ce 19 août, avec la (re)découverte de la Grange Huguenet. Le circuit qui prendra son départ à 14 heures de la maison de quartier, évoquera ses anciens propriétaires et s’arrêtera sur les bâtiments marquants du quartier. Déjà proposée l’an dernier à la sortie du confinement, cette balade sera, cette fois, agrémentée de danse et de chants à l’arrivée. Un autre lieu, bien connu des Bisontins, sera mis en lumière le jeudi 26 août en passant par la colline des Montboucons. “Nous nous rendrons à la caborde et découvrirons une vigne encore en activité, avec
André Moulin, Martine Rahon, Anne Cuny et Odile Vuillier (de gauche à droite) font partie des bénévoles impliqués, ici devant l’église Saint-Louis de Montrapon.
À tous ceux qui pensent que l’inci- tation générale à se faire vacciner, et surtout l’obligation prochaine pour une partie de la population française de s’y soumettre, relèverait d’une décision inadmissible, allant jusqu’à comparer le régime actuel à une dictature ont perdu la raison, drogués qu’ils sont par une propagande imbécile véhiculée sur les réseaux sociaux par de sombres crétins. Une minorité assourdissante abreuvée d’intox à longueur de journée. Ils oublient certainement qu’un des fon- dements de la République est de protéger sa population. Tout le contraire d’une dic- tature. Ils oublient aussi que la liberté de chacun doit s’arrêter quand elle met en péril celle des autres. Il est fort à parier que ces pseudo-démocrates populistes étaient globalement les mêmes qui tiraient Éditorial Patrimoine
Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser
spécial où beaucoup d’entre nous se recen- trerons sur des vacances de proximité, à la découverte de tout ce que notre pays a à offrir en termes de dépaysement. Et il n’est point besoin de parcourir des cen- taines de kilomètres pour trouver les émo- tions d’une découverte. C’est la raison pour laquelle nous vous proposons dans ce numéro de l’été une petite escapade à deux pas de chez vous à la découverte de quelques-uns de ces villages qui sont pour la plupart membres du réseau des “cités de caractère Bourgogne-Franche-Comté.” Une invitation à la flânerie dans des petits coins qui tous recèlent leurs petits trésors cachés, où les éléments du patrimoine portent tous en eux une singularité qui donne un charme si particulier à ces petits recoins de Franche-Comté. Comme l’invite le judicieux slogan, approprié à cette période encore un peu spéciale, nous vous invitons à travers ce numéro à “sortir chez vous.” Bel été à tous ! n
à boulets rouges contre le gouvernement quand le vaccin tardait à arriver en France. Comme le disait récemment l’écrivain- voyageur Sylvain Tesson, “la France est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer.” Sans doute ces pourfendeurs seraient plus à l’aise dans des pays où l’accès au vaccin est encore impossible ? Ces agités du bocal toujours prompts à twitter des inepties montent-ils au créneau quand un pays exotique les oblige à se faire vacciner avant d’y séjourner ? Il n’en reste pas moins que dans ce contexte tendu ou le pass sanitaire deviendra la règle, une division supplémentaire - en avait-elle besoin ?… - vient fracturer la société française à l’approche de l’au- tomne. Tout cela n’annonce pas une ren- trée apaisée. En attendant, l’heure devrait au contraire être à la détente. Dans ce numéro estival de La Presse Bisontine, nous avons souhaité justement coller à l’actualité de cet été 2021 encore un peu
Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Rédaction : Édouard Choulet, Frédéric Car- taud, Thomas Comte, Jean-François Hauser. A collaboré à ce numéro : Sarah George. Directeur artistique : Olivier Chavalier. Conception pubs : Alexandra Tattu. est éditée par la société “Publipresse Médias” S.I.R.E.N. : 424 896 645 Rédaction et publicité : 03 81 67 90 80 E-mail : redaction@publipresse.fr Crédits photos : La Presse Bisontine,Ass. touris- tique Champagnole Nozeroy Jura,A. Busson, B. Car- deur, C.R.T., L. Hautecœur, J.-F. Lami,V.Metral,Micro- polis, P.Maire-du-Poset, O.T. Nozeroy, O.T. Cœur du Jura, J.-C. Peyramaure,M. Rougnon, C.Tattu,A.Vida. Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Juillet 2021 Commission paritaire : 0225 D 80130 équipe commerciale : Anne Familiari, Aurélie Robbe, Anthony Gloriod.
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4 L’ÉVÉNEMENT
ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2021
100 ANS, ET EN PLEINE FORME !
Entreprises régionales dont le rayonnement dépasse parfois largement les frontières de la
région, elles fêtent toutes cette année leurs cent ans d’existence. Elles sont bravé tous les soubresauts de l’histoire et continuent à innover. Nous vous racontons la belle histoire de ces sagas familiales qui soufflent leur centième bougie, prêtes à affronter un nouveau siècle. C’est aussi une partie du patrimoine régional qu’elles racontent.
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TOUTE LA PROGRAM
L’événement 5
ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2021
l La Rivière-Drugeon Trois générations Romanzini Escargots dans le cercle des entreprises familiales centenaires
Fondée en 1921 par Omer Romanzini et sa sœur Marie-Louise, l’entreprise Romanzini Escargots est toujours fidèle au poste avec un savoir-faire d’excellence, un outil de production moderne et des envies de diversification pour se projeter sereinement vers l’avenir.
L ’histoire de Romanzini Escar- gots se décline sur trois géné- rations. Chacune a pu innover, s’adapter, développer l’entre- prise pour la transmettre dans les meil- leures dispositions à la suivante. Omer Romanzini et sa sœur Marie-Louise arrivent en 1921 à La Rivière-Drugeon où ils ouvrent une petite entreprise de conserves d’escargots. Ils doivent leur savoir-faire à leur oncle Arsène Genre installé aux Fourgs lui-même créateur en 1900 des premières conserves d’es- cargots. Deux raisons expliquent cette instal- lation dans ce village : la présence d’eau en abondance, et la gare. Sans oublier que l’escargot de Bourgogne trouve dans le Haut-Doubs le biotope qui lui convient parfaitement avec un climat humide et des sapinières ombragées. En 1935, le faible niveau d’activité incite Omer et sa sœur à se séparer. Ils procèdent par tirage au sort pour désigner le partant, en l’occurrence la partante.Marie-Louise va alors fonder avec son mari Flavien Jacot une autre conserverie à Fesches-le-Châtel. “Ils étaient suffisamment distants pour ne pas entrer en concurrence. Il n’y a jamais eu de conflit entre eux” , rappelle Corinne Gresset qui dirige aujourd’hui l’entre- prise avec son frère Olivier Romanzini. La technique de conservation aura pour effet d’augmenter la consommation et de réduire le gisement local d’escargots sauvages. Les escargotiers n’auront d’autre choix que de s’approvisionner vers d’autres pays comme la Suisse ou l’Allemagne. En 1963, Roland et Daniel, les fils d’Omer et Juliette Romanzini, prennent le relais. Ils se lancent dans l’escargot préparé, farci et surgelé, prêt à chauffer.
Cette évolution coïncide avec l’équipe- ment des ménages en congélateurs et le développement des grossistes en sur- gelés. Succès garanti. La question de l’approvisionnement est un souci per- manent car la demande est supérieure à l’offre. La récolte des escargots sau- vages qui s’effectue seulement au prin- temps est tributaire des conditions cli- matiques. La profession va se tourner vers les pays de l’est et d’autres variétés tel l’escargot Lucorum en provenance de Turquie et des Balkans. L’acheminement des escargots vivants s’effectue d’abord par le rail jusqu'à la gare de La Rivière puis, à partir des années soixante-dix par camion non réfrigéré. Toujours à la pointe de l’in- novation, l’entreprise de La Rivière décroche en 1984 un oscar de l’embal- lage avec l’Alvhelix, une barquette plas- tique alvéolée permettant de visualiser les escargots farcis dans les bacs à froid. La troisième génération entre en scène dans les années quatre-vingt-dix avec
Pendant longtemps, le remplissage des boîtes de conserve d’escargots
s’effectue manuelle- ment.
des pays de l’est à partir de 1989. Pour maîtriser leur sourcing et rester com- pétitifs sur le coût de main-d’œuvre, le frère et la sœur optent en 2000 pour une prise de participation majoritaire dans une filiale installée en République tchèque qui transforme les escargots vivants et produit des escargots beurrés. Ils se lancent aussi sur le segment des escargots vendus au rayon frais. Cette gamme va devenir prépondérante tout en étant très délicate à travailler du fait de la concentration des ventes sur les trois semaines avant Noël. L’adap- tation est aussi technique avec le pro- gramme d’extension et de rénovation engagé en 2004 sur le site de La Rivière, portant sa superficie à 3 887 m 2 tout en automatisant et en informatisant les fabrications. L’outil de travail répond alors à la certification I.F.S., référentiel de normes alimentaires. n F.C.
Cap sur la diversification L’ escargotier de La Rivière-Drugeon cherche à se diversifier en produisant des cuisses de grenouilles et des moules farcies. Cette évolution répond à plusieurs objectifs comme l’explique Olivier Romanzini. “C’est une façon d’optimiser les moyens de production. Ces nouveautés complètent nos gammes et nous permettent de nous désaisonnaliser. Cette stratégie est aussi un argument pour fidéliser la clientèle et proposer des nouveautés et conforter le dynamisme de l’entreprise.” n
Olivier et Corinne. Les deux enfants de Roland et Jeannine prennent la direction de l’entre- prise en 1991. “Comme cela s’était déjà passé du temps d’Omer, la transmission s’est opérée très naturellement. Il n’y a pas eu de rupture dans la façon de gérer les affaires” , souligne Oli- vier Romanzini. La bataille de l’appro- visionnement est tou- jours aussi vivace. Elle prend une tout autre dimension avec la libé- ralisation des économies
Toujours la bataille
de l’approvi- sionnement.
En 2004, l’entreprise investit dans un outil de production moderne en misant sur l’automati- sation des tâches les plus pénibles.
Corinne Gresset et son frère Olivier Romanzini dirigent depuis 1991 Romanzini Escargots qui vient d’obtenir le label d’entreprise familiale centenaire.
Repères l Chiffre d’affaires 2021 : 8 millions d’euros dont 11 % à l’export l Production : 43 millions d’escargots transformés chaque année l Deux sites : La Rivière-Drugeon avec 37 salariés l Dolni Podluzi en République tchèque : 35 personnes et 100 saisonniers au printemps
6 L’événement
ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2021
l Agroalimentaire Fromagerie Milleret, à Charcenne Ortolan, Fin fou, Charcennay, les secrets de la famille Milleret
Denis Milleret,
président de la fromagerie du même nom, devant l’usine à Charcenne.
Dernier grand groupe laitier français détenu par la même famille depuis trois générations, la fromagerie Milleret emploie 192 personnes à Charcenne (Haute-Saône), village berceau d’une formidable saga. Un siècle plus tard, les petits-enfants investis- sent 30 millions d’euros dans un nouvel outil de production.
L’entreprise détenue à 100 % par la famille Milleret a résisté aux nom- breuses propositions de rachat de mas- todontes. Les Milleret, depuis trois générations, tiennent bon. La quatrième génération suit les traces avec un neveu, Mathieu, à l’atelier de fabrication, et deux cousin(e)s qui ont rejoint les rangs. Milleret est devenu une marque de fabrique, à savoir un groupe local qui travaille avec son territoire et collecte le lait chez 153 agriculteurs, tous situés dans un rayon de 25 km en moyenne autour de la fromagerie. La firme s’at- tache à rémunérer ses éleveurs à un prix du lait supérieur à la moyenne du marché depuis 14 ans déjà. 2021, année du centenaire,marque une évolution majeure : “Comme en 1975 lorsque mon père a lourdement investi dans l’achat d’un coagulateur révolu- tionnaire pour l’époque, et comme en 1990 lorsque nous avons construit la nouvelle usine pour 100 millions de francs, nous sommes en 2021 à l’aube d’un nouveau grand virage pour notre société…Nous prenons le pari de l’avenir en lançant la construction d’une seconde fromagerie à Charcenne. C’est osé, annonce Denis Milleret, petit-fils d’Henry, le fondateur. L’investissement, c’est ce qui nous fait avancer et nous n’avons pas de compte à rendre à nos actionnaires” ajoute-t-il. Devenue célèbre grâce à l’Ortolan, au Fin fou, au Roucoulons, au Charcennay ou à sa cancoillotte, la fromagerie a sans cesse innové dans son outil de production ou ses méthodes de mar- keting en s’entourant de compétences extérieures. C’est ce qui lui permet de figurer parmi les grands transforma- teurs de lait avec des produits connus et vendus à travers la France entière mais aussi au Canada, aux États-Unis, en Scandinavie et enAllemagne notam- ment. “Tout n’a pas été facile mais nous avons toujours avancé. En 1990, notre bâtiment (N.D.L.R. : l’ancien site du moulin) était devenu obsolète et ne res- pectait plus les normes européennes. La question de l’avenir de la société se posait. Entre frères, cousins, cousines, nous avons réfléchi et lancé la construc- tion de l’usine, au village, là où mon père était aussi le maire” se souvient
La fromagerie, lorsqu’elle était installée sur le site du moulin.
D ans l’univers ultra-concur- rentiel de l’agroalimentaire, la fromagerie Milleret fait figure de “village gaulois”. Pas de potion magique ici, mais une recette faite de tradition, de savoir- faire, et d’esprit familial pour une société capitalisant près de 75 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel ! En l’espace de cent ans, la société n’a évidemment plus rien à voir avec ses débuts, époque
où Henry, le fondateur, collectait quelques centaines de litres de lait par an dans les fermes du village pour les transformer en fromage dans la cave de la chapelle Saint-Leffond.Après un siècle, la fromagerie demeure ancrée dans ce village de Charcenne (300 habi- tants), à 30minutes de Besançon, entre le clocher de l’église romane et lesméan- dres de la Colombine, le ruisseau qui alimente en eau l’usine.
pense à l’environnement. Elle réduit son empreinte carbone de 37 % avec l’achat de deux pompes à chaleur qui remplacent l’énergie au gaz permettant de réchauffer l’eau dans le cadre de la pasteurisation du lait. Elle lance éga- lement la construction d’un bâtiment d’accueil du public avec salle de vidéo et de dégustation. L’ouverture est prévue en septembre. “Ce bâtiment nous per- mettra de mieux accueillir les visiteurs. C’est une façon de montrer notre trans- parence et de créer des vocations car nous recevons beaucoup de scolaires et d’étudiants” indique Thierry Martin. Le parking sera agrandi et couvert par des ombrières photovoltaïques qui pro- duiront environ 7%de la consommation en énergie de la société. Les 100 bougies posées sur le nouvel Ortolan maxi (500 grammes) auront fière allure. Habitants de Charcenne, salariés et membres de la famille Mil- leret les souffleront en septembre lors de trois jours de festivités. Ici, c’est du fromage qui coule dans les veines. n E.Ch.
Denis Milleret. Trente ans plus tard, lamême question se pose. Le choix de la direction : lancer la construction d’une seconde usine pour unmontant d’investissement éva- lué à 30 millions d’euros, à cinquante mètres de la première. “C’est un signal fort pour la commune, les collectivités en général, pour nos agriculteurs, que de lancer ce projet à Charcenne. Nous aurions pu nous faciliter la tâche en construisant dans une zone industrielle. Construire ici, là où nous habitons, c’est un point d’honneur” commente le pré- sident depuis son bureau où trône la
Jacques et Pierre, la seconde génération des Milleret qui a donné l’impulsion industrielle.
photo de son grand-père. “Ce site va nous permettre d’innover car nous en avons encore sous le pied, ajoute Thierry Martin, directeur général. On veut, avec cette usine, créer autre chose que des fromages à pâte molle à partir de 2024” annonce-t-il sans trop en révéler.La firme centenaire a des idées et
“2021, un virage pour nous.”
Les fromages une fois affinés sont conditionnés puis expédiés à travers la France et le monde entier.
L’atelier de fabrication (photo L. Hautecœur).
Charcenne et sa fromagerie, un duo qui perdure depuis 100 ans.
Repères l Milleret emploie 192 personnes à Charcenne (Haute-Saône), et 30 intérimaires l Elle transforme 120 millions de litres de lait par an l Chiffre d’affaires : 75 millions d’euros
L’événement 7
ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2021
l Agro-alimentaire La célèbre limonade La Mortuacienne Rième Boissons : la sagesse du centenaire
L’entreprise Rième Boissons a été fondée à Morteau en 1921. Du côté des dirigeants, on garde la tête froide, privilégiant une stratégie basée sur une croissance progressive.
Q uand on évoque les sociétés familiales, on dit souvent que la première généra- tion construit, la deuxième déve- loppe, et que la troisième fait péricliter l’entreprise… Rième Boissons est le parfait contre- exemple de cette maxime.Après Marcel-Alcide le pionnier, Jean
le successeur, Didier le petit-fils, c’est Benoît, représentant de la quatrième génération, qui tient fermement la barre de ce navire qui a bravé toutes les tempêtes et continue d’écrire l’histoire artisanale et industrielle deMor- teau. Pour l’occasion, Rième Boissons a sorti plusieurs nouveautés
pétillantes comme cette limo- nade au sapin qui a déjà trouvé son public, ainsi qu’une série collector produite à 50 000 exem- plaires de sa reine des limonades avec une étiquette vintage ins- pirée des années trente. “Pour continuer à fêter ce centenaire, nous préparons encore la sortie d’un nouveau parfum de limo- nade, et plusieurs nouveaux par- fums de sirop sont encore à l’étude. À l’occasion de ce cente- naire, nous mettons également en place des actions de promo- tion, des animations et un jeu- concours pour nos clients” résume Benoît Rième. La société mortuacienne n’a jamais quitté ses locaux histo- riques de la rue de la Louhière depuis le démarrage en 1921. Quand l’arrière-grand-père de Benoît s’est associé avec un copain d’enfance qui deviendra son beau-frère,Adrien Bouhéret, pour lancer ses premières fabri- cations. “Marcel-Alcide Rième revenait de la Première guerre mondiale et la ferme familiale ne permettait plus de faire vivre tout le monde. C’est la raison pour laquelle il a lancé cette acti- vité : la limonade d’abord, puis quelques sirops” relate le suc- cesseur. Une première diversi- fication a lieu quelques
Benoît Rième dirige la société familiale depuis
le début des années 2000.
Jean Rième, le fils du fondateur et grand-père de l’actuel dirigeant,
ici au volant d’un camion de livraison.
Ces bouteilles étaient destinées au marché américain (sous le regard du fondateur).
l’affaire familiale qui marque un tournant pour la société mor- tuacienne. “Mon père est arrivé à un moment où la limonade était passée de mode et où les petites épiceries fermaient les unes après les autres avec l’avè- nement des grandes surfaces. Il a donc pris deux décisions qui ont sans doute sauvé l’entreprise : se diversifier en étendant les gammes de sirops, et se rappro- cher des grandes surfaces pour écouler la production. Ce choix s’est avéré payant.” Un autre souci est survenu dans les années quatre-vingt : la dif- ficulté de trouver de l’eau àMor- teau. Raison pour laquelle Rième a investi dans des locaux dans la région de Besançon, d’abord à Beure en 1986 en reprenant les locaux d’un ancien limona- dier, puis à Besançon en 1998 avec la construction d’une usine de fabrication et d’embouteillage plusieurs fois agrandie depuis rue Ampère. L’arrivée de Benoît aux com- mandes a marqué une nouvelle étape au début des années 2000 avec le développement de l’ex- port. États-Unis, Canada, Alle- magne, Suisse,Angleterre, mais
aussi Vietnam, Corée du Sud… “Nous réalisons désormais 25 % de notre chiffre d’affaires à l’ex- port” observe Benoît Rième. Rième Boissons réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires global de quelque 8millions d’eu- ros pour un volume de produc- tion de 6 millions de flacons par an. L’entreprise emploie 22 per- sonnes, une dizaine à Morteau et une douzaine sur le site de production de Besançon.Actuel- lement, elle fait face à la forte
demande liée à la réouverture récente des cafés-restaurants. Fidèle à sa façon de faire, Rième Boissons grandit à son rythme, sans précipitation. “Nous pro- gressons gentiment, à notre rythme. Nous ne souhaitons pas grandit trop vite au risque de ne pas pouvoir gérer le développe- ment” note Benoît Rième. 100 ans, c’est sans doute aussi l’âge de la sagesse, gage de longé- vité… n J.-F.H.
Rième Boissons
années plus tard avec l’arri- vée du fils du fondateur qui s’est lancé dans la distribution d’eaux miné- rales dans les pharmacies et les épiceries du Haut-Doubs. C’est l’arrivée de Didier dans
grandit à son rythme, sans précipitation.
Le futur fondateur Marcel-Alcide Rième, au temps de la Première guerre mondiale.
Une partie de la collection des étiquettes d’époque.
8 L’événement
ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2021
l Pontarlier
Quatre magasins Laborier, 100 ans de bonheur en couleur En un siècle d’existence, cette institution pontissalienne a connu bien des évolutions, des changements,
Avec 33 ans d’expérience dans la boutique, Jean-Yves Bonnet a réussi à redonner
des développements. Toujours fière de son indépendance, elle est restée fidèle à son cœur de métier et a su conserver cette dimension familiale qui participe aussi à sa réussite.
L a notion de service n’est pas qu’un vague slogan marketing chez Laborier Peintures. Sitôt l’annonce du premier confine- ment en mars 2020, Jean-Yves Bonnet qui a repris l’entreprise en 2011, pro- posait à son personnel de poursuivre le travail sur la base du volontariat et dans le respect des règles sanitaires. “Ils ont tous répondu présents. C’était essentiel pour nous d’être présents auprès de nos clients professionnels qui n’avaient guère d’autre choix que de continuer le travail. En restant indé- pendant, on n’est pas soumis aux déci-
sions de grands groupes qui ont privi- légié le chômage partiel et les aides de l’État au détriment des besoins de leurs clients” commente le patron. Cette solidarité s’est avérée payante. La crise sanitaire n’a guère pénalisé les enseignes spécialisées dans tout ce qui touche la décoration intérieure. “Les gens avaient plus de temps pour bricoler. Le fait d’être plus souvent à la maison leur a aussi donné l’envie d’investir dans un cadre de vie plus confortable. Au final, on n’a pas trop subi de baisse d’activité en 2020. Nous adhérons à la Fédération nationale de
des couleurs à l’enseigne séculaire.
Après l’installation rue Gambetta, la maison Laborier migrera
dans l’artère principale de Pontarlier.
la Décoration qui a su trouver les bons arguments pour défendre nos intérêts auprès des pouvoirs publics. On tra- vaillait le plus possible en mode drive, avec toutes les précautions pour limiter les risques de contamination” , poursuit Jean-Yves Bonnet, digne héritier d’une capacité d’adaptation qui explique aussi la pérennité de la maison Labo- rier. Tout commence en février 1921 quand Jules Laborier ouvre sa droguerie rue Gambetta. Les débuts d’une saga fami- liale qui sera ensuite prolongée par ses deux fils Raymond et Robert Labo- rier dans les années quarante. À cette époque, les zones commerciales ne menaçaient pas encore l’avenir du com- merce du centre-ville. Le développe- ment des enseignes se faisait intra- muros avec l’objectif de s’implanter dans l’artère principale de Pontarlier. La maison Laborier s’installe dans un premier temps au 52, Grande rue puis
la zone des Grands Planchants où il transfère aussi la droguerie du cen- tre-ville. Quand le bâtiment va, la déco- ration intérieure suit le mouvement. “On a pu se développer sur une zone très porteuse” , reconnaît le dernier diri- geant. Trop à l’étroit rue Willy-Brandt, il déménage en 2015 dans un local plus vaste au 3, rue Pierre Mendès-France toujours dans la zone des Grands-Plan- chants. L’expansion se poursuit avec l’ouverture d’un quatrième magasin à Morteau en 2019 avec la reprise de Salvi Peintures. “En un siècle, on est toujours resté fidèle à nos standards qui consistent encore aujourd’hui à proposer des solutions de revêtements, de peintures, papiers peints, du sol au plafond. On continue également avec la droguerie et l’outillage. On ne vend pas de carrelage, car c’est à mon sens, un tout autre métier.” Avec 33 ans d'ancienneté dans la bou- tique Laborier, Jean-Yves Bonnet estime qu’il a lui aussi apporté sa pierre à l’édifice en se félicitant de pouvoir compter sur des salariés fidèles et com- pétents. “J’ai la chance d’avoir une équipe formidable. On a grandi en res- tant dans l’ambiance et le fonctionne- ment d’une vraie entreprise familiale.” n F.C.
élit domicile au 87, rue de la République où elle restera jusqu’en 2007. La troisième génération de dirigeants entre en lice à la fin des années quatre-vingt avec le gendre François Perret qui reprend le flambeau avec son épouse “Monette” Laborier. “François a ouvert en 1992 un second dépôt rue Jean-Mermoz plus facile d’accès pour les artisans. Le magasin du centre-ville est alors dédié à la droguerie et aux loisirs créatifs” , se souvient Jean-Yves Bonnet recruté en octo- bre 1992 pour s’occuper de ce magasin pro.
Avant Jean- Yves Bonnet, c’est François Perret qui dirigeait l’entreprise Laborier.
Le “marchand de couleurs” comme le surnomment ses clients.
La maison Laborier, c’est aujourd’hui quatre maga- sins à Pontar- lier, Besançon, Dole et Mor- teau. Une équipe de 16 salariés en
Les années 2000 marquent une nou- velle étape avec le développement de plusieurs succursales. La série com- mence en 2001 avec la reprise d’une enseigne existante à Besançon. L’oc- casion de mettre un pied dans la capi- tale. En 2005, Laborier s’installe à Dole. Le “ marchand de couleurs” comme le surnomment ses clients investit en 2007 dans un nouveau bâtiment sur
comptant Jean-Yves Bonnet le patron.
L’événement 9
ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2021
l Villers-Sous-Chalamont
Anniversaire
La Petite Épicerie fête elle aussi ses 100 ans Hébergée dans un bâtiment construit en 1921 par la famille Girod, La Petite Épicerie, aujourd’hui tenue par Alika Bertrand ne cesse de développer les services à la popula- tion, afin de mettre l’humain au centre de ses préoccupations. Ce qui sera également une des valeurs de la petite fête organisée pour le centenaire le 25 juillet.
H istoriquement, la petite épicerie du vil- lage se tenait juste à côté de celle d’au- jourd’hui, puisque cette dernière occupe l’espace de ce qui était l’agrandissement de la première épicerie, tenue par la famille Girod, dont Patrice, 92 ans et Bernard, 88 ans, les frères, qui après leurs parents, se sont affai- rés avec leurs conjointes dans cette aventure familiale pendant 48 ans. Ils habitent encore au village et seront présents pour la rétros- pective prévue à l’occasion de l’anniversaire. “C’est une chance de les avoir au village, leurs enfants ont grandi dans l’épicerie, comme ma fille. Il est normal et ça me fait plaisir de leur rendre hommage. C’était une institution à l’époque. Patrice et Bernard faisaient les tournées, et leurs femmes Suzanne et Jeannette s’occupaient du magasin. Il y a encore des clients de leur géné- ration que je sers à domicile” ,
naires producteurs et fourmille d’idées pour améliorer le quoti- dien des habitants du secteur et des gens de passage. “J’ai créé une licence 3, ouvert un espace restauration. Nous travaillons sur la terrasse en ce moment et le gros projet est de trouver le financement pour rénover la sta- tion-service, qui profite aux par- ticuliers comme aux profession- nels, qui peuvent régler autrement que par carte bancaire, pour des pleins de camions, demotos,d’au- tos, de tondeuses…C’est logique de maintenir ce service enmilieu rural” , souligne Alika Bertrand qui se bat pour la sauvegarder. “La clientèle est variée, et nous allons développer l’accueil des touristes, en ouvrant davantage l’été, et pourquoi pas mettre en place des circuits vélos avec d’au- tres associations, sans oublier notre station de trail altitude 800 - Entre Loue et Lison” , pour- suit Alika, par ailleurs enca- drante et responsable au Comité Régional Bourgogne-Franche-
annonce Alika Bertrand l’ac- tuelle tenancière, depuis 2013, troisième repreneur depuis que le commerce a été vendu par la famille fondatrice il y a 25 ans. “Nous sommes des forestiers, des voyageurs. Pour les enfants, nous avons eu envie de nous ancrer sur ce territoire et de créer un lieu d’accueil agréable : produits locaux, bio, vrac depuis le début, même si à l’époque on nous regar- dait avec des gros yeux ! Nous proposons aussi des produits de moyenne distribution pour que chacun trouve son bonheur, et
un spectacle de rue avec la Com- pagnie équestre voisine Jehol (15h45). “Quand on est à son compte, c’est toute sa vie qui passe là-dedans ! Je souhaite que chaque personne puisse mettre une image derrière chaque pro- duit et son producteur” , conclut Alika Bertrand. n M.T. Patrice Girod, qui a investi dans un nouveau camion acheté en 1950 dont les portes ont été mises “aux couleurs du magasin” à Pontarlier. Patrice, Bernard, Jeannette et Suzanne Girod, les enfants des fondateurs de la Petite Épicerie autour d’Alika Ber- trand qui la tient depuis 8 ans.
des multiservices (dépôt gaz, pain, pâtisserie, tabac, livraisons à domi- cile, relais colis Chronopost, nou- velle activité avec la Française des Jeux)” , présente la gérante, qui apprécie avoir de plus en plus de nouveaux parte-
Le 25 juillet, rétrospective en présence de la famille Girod.
16 h 30, La Lue et Jean-Michel Trimaille avec leur Chahut Tour, et à 20 heures, Lionel Aymonier. À 14 heures prendra place la rétrospective des 100 ans de la Petite Épicerie, en présence de la famille Girod, avec une belle collection de photos. Suivront une présentation des produc- teurs partenaires (15 heures) et
Comté du Clubs Alpin du Haut- Doubs. Le 25 juillet, à partir de 11 h 30 et jusqu’à 23 heures, trois concerts d’artistes locaux se suc- céderont autour d’une buvette et petite restauration sous cha- piteau et de promenades en calèches et jeux pour petits et grands : à 12 h 30 Lor & Gil, à
SECRETS ET TRÉSORS DE NOS PETITES CITÉS DE CARACTÈRE 10 Dossier Spécial été édition spéciale été - août 2021
Du Haut-Doubs au Grand Besançon en passant par la vallée de la Loue, nous vous proposons cet été de partir à la découverte de ces petites cités qui font le charme de notre région. Chacune a son caractère, ses richesses patrimoniales et ses anecdotes secrètes. En cet été 2021 où il est à nouveau conseillé de “sortir chez vous”, suivez le guide, vous ne le regretterez pas ! (photo d’introduction B. Cardeur).
Nos petites cités ont du caractère ! PATRIMOINE pierrefontaine-les-Varans et nans-sous-ste-anne ?
non plus adhérer les communes de plus de 10 000 habitants. C’est ainsi que Morteau par exemple a pu intégrer le réseau il y a quelques années, étant située sous la barre des 10 000 habitants. Parmi les postulantes pour la fin de cette année, deux com- munes du Doubs - Nans-sous- Sainte-Anne et Pierrefontaine- les-Varans - ont manifesté leur intérêt. Tout comme Offlanges et Giromagny (Territoire-de- Belfort), Filain (Haute-Saône) ou encore Arnay-le-Duc (Côte- d’Or). “ L’A.D.N. de l’association depuis sa création, c’est la pro- motion du patrimoine bâti ou immatériel ainsi que la mise en valeur de ce patrimoine. Le patri- moine seul ne suffit pas” prévient le président. À partir de là, l’appartenance à ce réseau est bénéfique à plu- sieurs titres selon M. Rigault : “On échange sur nos bonnes pra- tiques, on
Maire de Druyes-les- Belles-Fontaines (Yonne), Jean-Michel Rigault est le nouveau président du réseau. Il a un vice-président franc-comtois en la personne de Frédéric Henning, maire de Pesmes (Haute-Saône).
région. Leur point commun ? Un patrimoine remarquable et, par conséquent, des atouts tou- ristiques indéniables. En cette période où le tourisme de proxi- mité n’a jamais aussi été encou- ragé, ce tour des Petites cités de caractère est sans doute une des idées originales de l’été. Sur les 59 communes titulaires du précieux label, deux tiers sont franc-comtoises. Jean- Michel Rigault, le président du réseau depuis cette année, est le maire de Druyes-les-Belles- Fontaines (en Puisaye, micro- région de l’Yonne), la première commune de Bourgogne à avoir intégré le réseau. “Le réseau continue à progresser. La preuve de l’intérêt que les communes portent à ce réseau, c’est que tous les ans nous avons de nouvelles candidatures qui arrivent.Mais les postulants doivent répondre à une charte très précise. Il ne s’agit pas seulement d’avoir un panneau distinctif à l’entrée de sa commune. Et une commune n’est pas labellisée à vie. Tous les trois ans, nous faisons le tour des communes” note Jean- Michel Rigault. Ne peuvent pas
Au total, elles sont 59 réparties sur l’ensemble de la Bourgogne-Franche-Comté. Le réseau des Cités de caractère Bourgogne-Franche-Comté ne s’endort pas sur le passé. Le nouveau président du réseau est un Bourguignon, pour la première fois.
U n brin de chauvinisme : c’est en Franche-Comté qu’est né le réseau des Petites cités de carac- tères. Comtoises au départ, elles
sont désormais Cités de carac- tère de Bourgogne-Franche- Comté, un réseau riche de 59 communes réparties dans les huit départements de la grande
Zoom l Le réseau a été créé en en 1989 à l’initiative de l’ancien maire de Pesmes et sénateur de la Haute-Saône Bernard Joly, aujourd’hui décédé. Les Petites cités comtoises de caractère, son nom d’alors sont devenues en 2016, anticipant la fusion des Région, l’association des Cités de Caractère de Bourgogne-Franche-Comté qui regroupe aujourd’hui 59 communes de l’espace rural. l Ces petites agglomérations sont dotées du label “Cités de Caractère” car elles présentent toutes les traces historiques d’une activité urbaine et ont un patrimoine urbain, architectural et paysager de premier ordre. L’association a pour but de préserver, valoriser et promouvoir ce patrimoine qu’elle veut faire vivre. l Trois nouvelles communes ont été labellisées cette année : Guérigny (Nièvre), Coulanges-la-Vineuse et Cravant-Les Deux Rivières (Yonne).
villages de France”, à l’image de la commune de Lods en vallée de la Loue, seul village du Doubs à cumuler les deux étiquettes, ou avec le label “Station verte”, complémentaire également. Mais l’atout principal du label “Cités de Caractère Bourgogne- Franche-Comté” reste la fré- quentation touristique. Les der- nières communes à avoir intégré le réseau dans le Doubs, comme Grand’Combe-Chateleu et Le Bizot le confirment : ce réseau est aussi un pourvoyeur de visi- teurs. n J.-F.H.
aussi faciliter l’obtention de sub- ventions car nous avons noué des partenariats avec la région et avec la D.R.A.C.” L’association s’apprête d’ailleurs à recruter un chargé de mission spécialisé dans l’aménagement du terri- toire et dans l’urbanisme. “Il sera notamment chargé d’aider les communes du réseau dans le cadre de l’appel à projets natio- nal “Petites villes de demain” pour celle qui voudraient y pos- tuler.” Ce label attaché au patrimoine peut parfois se cumuler avec d’autres comme “Les plus beaux
“Le patrimoine
mutualise cer- tains services, on communique ensemble, on met à disposi- tion des com- munes adhé- rentes un architecte conseil quand elles ont des pro- jets de rénova- tion, etc. L’ap- partenance au réseau peut
seul ne suffit pas” prévient le président.
12 Dossier Spécial été
ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2021
ORNANS
En compagnie d’un guide
Les petits secrets de la Venise du Doubs
On l’appelle parfois la “Petite Venise du Doubs” à cause de ses maisons les pieds dans la Loue. Ornans, c’est aussi une cité de caractère au patrimoine remarquable. Visite guidée.
N otre guide du jour est Claude Hugel. Un Ornanais fou de sa ville et de son patrimoine qui maîtrise sur le bout des doigts, l’histoire et les personnages qui ont fait d’Ornans cette cité au charme indéniable, petite capitale de la vallée traversée de
part en part par la Loue. C’est sur le site de l’ancien château d’Or- nans, le plus vieux vestige de la cité, que nous avons rendez-vous ce jour-là, histoire d’embrasser en un clin d’œil depuis ce promontoire rocheux, toute l’histoire d’Ornans. “On voit très bien depuis ce
l’office de tourisme. En compagnie de ce guide bénévole pas- sionné et passionnant, vous découvrirez ce que les touristes pressés ne voient peut-être pas. “La perle d’Ornans, c’est son patrimoine bâti et surtout ses bâti- ments du XVI ème siècle, l’âge d’or de la Franche-Comté” poursuit le spécialiste. On doit beaucoup en effet à Nicolas Per- renot de Granvelle (le père du cardinal),
belvédère qu’Ornans était autrefois une ville-rue construite le long de la Loue. On comprend vite que la ville s’est déve- loppée ensuite autour des industries dont il subsiste quelques fleurons de renommée internationale comme Alstom, Guillin ou Rivex” décrit Claude Hugel, président de la l’association Pays d’Ornans Patri- moine et qui assure des visites commen- tées régulièrement pour le compte de
Une vue de la cité de caractère depuis le site de l’ancien château médiéval (photo C. Tattu). Certains bâtiments (tout à gauche) étaient des tanneries qui ont fonc- tionné jusqu’au début du XX ème siècle.
HISTOIRE
Les illustres personnages qui ont fait Ornans
L a cité de la Loue est asso- ciée à plusieurs person- nages historiques qui ont contribué à sa prospérité. Outre les Perrenot de Granvelle qui lui ont donné ses lettres de noblesse, plusieurs autres célé- brités ont façonné l’histoire d’Or-
nans. Le premier d’entre eux fut Othon IV au XIII ème siècle. C’est ce comte de Bourgogne qui a fait édifier la chapelle Saint-Georges sur le site de l’ancien château. “Othon tirera profit du commerce du sel de Salins qui transitait
par Ornans. Othon va épouser en secondes noces Mahaut d’Ar- tois qui lui donnera accès à une bonne partie de la Lotharingie. Mahaut d’Artois s’installera ensuite à Salins pour gérer les rentes du sel” note ClaudeHugel. Pierre Vernier, qui a donné son nom à une des artères princi- pales et au collège public de la ville est un autre personnage associé à l’histoire d’Ornans. Ce mathématicien du XVI ème siècle est à l’origine d’un nouveau sys- tème de mesure qui porte son nom : le vernier, origine du pied à coulisse. Un autre personnage associé à Ornans et Étienne de Grospain. C’est cet Ornanais qui a désarmé François Ier à l’issue de la bataille de Pavie en 1525, revanche malheureuse de Mari- gnan pour le roi de France. Enfin, Ornans est évidemment associé au peintre Gustave Cour- bet dont la maison dite natale se situe juste à côté du musée qui porte son nom, entièrement rénové en 2011 (et en 2021 avec de nouveaux éclairages) et qui accueille en ce moment l’incon- tournable exposition Courbet- Picasso. n
L’hôtel Étienne de Grospain, un des plus authentiques d’Ornans…
…Avec son escalier en colimaçon en pierre de taille.
En enfilade, la rue Saint-Laurent où s’alignent quelques beaux hôtels particuliers.
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Ornans depuis la Roche du Mont (photo J.-F. Lami).
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Une des images les plus célèbres d’Ornans avec ses maisons les pieds dans l’eau (photo C.R.T.). Claude Hugel, président de l’association Pays d’Ornans Patrimoine depuis le site de l’ancien château.
futur ministre de Charles Quint, né à Ornans d’une modeste famille issue d’un maréchal-ferrant d’Ouhans, près de la source de la Loue. “On lui doit énormé- ment, confirme Claude Hugel. Ce sont les Granvelle notamment qui financeront la reconstruction de l’église Saint-Laurent qui était quasiment en ruine.” De bâtiments publics en hôtels particu- liers, Claude Hugel balade ainsi le visiteur
au rythme des anecdotes dont son récit fourmille.Vous croyez connaître Ornans depuis longtemps ? Redécouvrez la cité de caractère avec Claude Hugel. La visite vaut le détour. n J.-F.H. Des anciens hôtels particuliers ont été parfaitement réhabilités.
L’office de tourisme Loue-Lison (bureau d’Ornans) organise des visites commentées d’Ornans tous les mardis soir de l’été à 20 heures. Inscriptions à l’office
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L’ancien village vigneron se réveille LODS Vallée de la Loue Peuplé de près de 1 500 habitants au temps glorieux de la vigne, Lods a doucement périclité. Le regain d’intérêt pour la vie en campagne est peut-être en train de relancer le bourg des bords de Loue.
Y olande Mabille, que tout le monde surnomme ici Yoko, est Lodoise, née au village. Elle a entraîné dans son sillage au sein du cercle très large des amoureux de Lods son mari Pierre, Amiénois d’origine, qui a pris les rênes de l’as- sociation culture et tourisme lodois pendant de longues années, Pierre s’oc- cupe désormais de l’association Saint- Théodule qui organise plusieurs ani- mations au cours de l’année afin d’animer le village et de récolter des fonds pour la restauration de l’église. Il est même depuis peu le diacre de la paroisse. Yolande, elle, gère le musée de la vigne, témoin du passé viticole de la commune dominant la Loue.Tous les deux font vivre à leur manière le patrimoine de cette commune double- ment classée dans le réseau des “Cités de Caractère Bourgogne-Franche- Comté” et des “Plus beaux villages de France.” Pourtant de prime abord, quand on arrive d’Ornans, on est un peu dubitatif sur la qualité patrimoniale du village.
Mais il faut s’élever de la route dépar- tementale et monter les rues du vieux village perché pour mieux compren- dre. Lods est un ancien village de vignerons qui a connu son apogée au milieu du XIX ème siècle. “Le village a compté jusqu’à 1 400 habitants en 1850. Nous ne sommes plus que 230” indique Yoko Mabille. De ce passé, il subsiste de nombreuses maisons vigneronnes cachant en sous-sol des caves parfois immenses dans lesquelles les vieux foudres, ces tonneaux de vignerons, subsistent encore. La mémoire de la vigne est d’ailleurs entretenue dans le petit musée qui lui est dédié, à ne pas manquer quand on arpente le vil- lage. Seul regret : aucun café pour déguster un petit verre en terrasse dans les ruelles du village, pas de bou- langerie ni d’épicerie. Pour se restaurer, il reste un établissement, l’Hôtel-res- taurant de France en bas du village. Un temps assoupi, Lods semble vouloir se réveiller. Des maisons qui étaient en vente depuis plusieurs décennies
Yolande “Yoko” Mabille, connaît le patrimoine de Lods mieux que quiconque.
Lods renaît. Cette maison en vente depuis longtemps a été rachetée. Elle fera bientôt chambre d’hôtes.
Et de là, on embrasse tout le village d’un coup d’œil, remarquant au passage les anciennes forges qui elles aussi ont fait vivre le village pendant plusieurs siècles. À noter que deux autres communes de la vallée de la Loue ont intégré le réseau des “Cités de Caractère” : outre Ornans et Lods, il y a aussi les voisines Vuillafans et Mouthier-Hautepierre. À visiter dans la foulée ! n J.-F.H.
connaît les moindres recoins de sa com- mune d’origine. Lui apporte les petites anecdotes humoristiques qui donnent du sel à la visite.Avec eux, aucun détail n’échappera aux visiteurs, des petites sculptures nichées sur les façades des maisons vigneronnes jusqu’aux pierres percées et aux fontaines fleuries qui ponctuent la balade. Si l’on veut la vue carte postale de Lods, il faut alors redescendre au niveau de la route, traverser le pont.
parfois trouvent désormais preneurs. L’une d’elles est en travaux et deviendra bientôt une chambre d’hôtes. Un autre projet est en cours, tandis que l’ancien restaurant de laTruite d’Or a été trans- formé en gîte de groupe. Une bonne nouvelle pour la vie du village, une moins bonne pour sa tranquillité.Mais on ne peut pas tout avoir… Pierre et Yoko Mabille assurent régu- lièrement des visites du village à la belle saison ou sur demande. Elle
L’église Saint- Théodule
date du XVIII ème siècle.
Parmi les choses à voir, le musée de la vigne.
Pierre Mabille, également spécialiste du patrimoine, est aussi diacre de la paroisse. Ici dans la belle église Saint-Théodule avec son retable baroque et ses vitraux qui retracent la vie du village.
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