La Presse Bisontine 230 - Août 2021

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édition spéCiale été - août 2021

ORNANS Quand Picasso dialogue pour la première fois avec Courbet LE GOÛT RETROUVÉ DES SORTIES Musée Courbet

Expositions, animations, concerts… Quelques idées de sorties entre le Grand Besançon et le Haut-Doubs pour cet été.

Cela donne une exposition unique au monde à ne pas manquer. Soixante œuvres des deux artistes réunies et juxtaposées dévoilent les liens étroits et féconds entre ces deux figures révolutionnaires de l’art.

Thierry Savatier, historien d’art, est le commissaire de cette exception- nelle exposition.

D e l’avis de Thierry Sava- tier, historien d’art et commissaire scientifique de l’exposition “Courbet - Picasso, révolutions !”, “c’est la première fois au monde que l’on fait dialoguer Courbet et Picasso.” Il fallait bien ce coup de maître pour fêter, après neuf mois de travaux, la réouverture

duMusée Courbet à Ornans qui accueille jusqu’au 18 octobre une soixantaine d’œuvres de deux maîtres. Si Courbet et Picasso ne se sont évidemment jamais côtoyés (Courbet étant décédé en 1877 soit quatre ans avant la nais- sance de Picasso), les deux pein- tres ont un destin pictural lié.

Confronter les œuvres de Gus- tave Courbet (1819-1877) et Pablo Picasso (1881-1973), c’est interroger l’évolution de l’his- toire de l’art, comprendre com- ment l’un a influencé l’autre et également redécouvrir comment ces deux citoyens engagés n’ont jamais renoncé à leurs idéaux pour se conformer aux attentes de leurs époques. À eux deux, ils ont bouleversé les codes de la représentation, de l’impressionnisme jusqu’au cubisme et ses suites. La pre- mière fois que Picasso entend parler de Courbet, c’est en 1900, à l’occasion de l’exposition cen- tennale de l’art français lors de l’Exposition universelle. Courbet s’immisce chez Picasso double- ment à la fin des années qua- rante, par la représentation des “Demoiselles des bords de la Seine”, ainsi que par l’achat pour sa collection personnelle de l’étonnante “Tête de chamois”, bête à cornes rappelant le bes- tiaire picassien. Ces deux œuvres sont visibles dans la partie numéro 5 du parcours de

contemporaine que beaucoup, à l’époque, ne voulaient pas voir. L’exposition a bénéficié du par- tenariat privilégié avec l’éta- blissement public du Musée d’Orsay et de l’Orangerie de Paris, du soutien exceptionnel des Musées Picasso de Paris et de Barcelone, ainsi que celui du Petit-Palais et dumusée de Bâle. Outre cette magnifique exposi- tion temporaire, la partie de l’exposition permanente a été relookée dans le cadre des tra- vaux. Les représentations sont thématiques et non plus chro- nologiques. n E.Ch.

l’exposition intitulée “Picasso regarde Courbet”. “Avec cette exposition, on peut espérer plusieurs milliers de visiteurs, sans doute 40 000” calcule Benjamin Foudral, le directeur et conservateur du Musée et Pôle Courbet. Lui et ses équipes ont bénéficié du sou- tien majeur du Petit-Palais et du Kunstmuseum de Bâle qui ont prêté les deux versions des Demoiselles des bords de la Seine, l’originale de Courbet et la “réécriture” de Picasso. Cette œuvre a littéralement bouleversé les codes par son côté sensuel et subversif. “Il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Ce sont deux femmes, allongées, que l’on appelle au XIX ème siècle des Lorettes (N.D.L.R. : type de jeune femme

élégante vivant de ses relations avec des hommes), qui sont en partie déshabillées.Quand Cour- bet présente cette œuvre, elle apparaît comme scandaleuse.” Picasso a un lien très particulier avec l’érotisme et avec les femmes. Il les a peintes de manière boulimique à la fin de sa vie. Les deux artistes ont éga- lement largement représenté la “misère”, visible avec le tableau de “La Bohémienne et ses enfants” (1853-1854) chez Courbet, et illustrée par les tons azur des portraits de déshérités ou prostituées par Picasso. Ce fut pour les deux artistes une manière de montrer cette réalité

Courbet - Picasso, révolutions ! Jusqu’au 18 octobre - Musée Courbet d’Ornans Ouvert tous les jours de 10 heures à 18 heures, sauf le mardi

Tapisserie de Pablo Picasso, Les Deux amies, a quitté le Musée Picasso à Antibes pour celui d’Ornans.

LEVIER

12 000 euros

La calèche adaptée aux personnes à mobilité réduite

La com’com Altitude 800 investit dans une calèche équipée pour accueillir des personnes handicapées. Elle est utilisée pour des balades au départ du musée-relais du cheval. Les bienfaits de la traction animale.

Les balades ont lieu habituellement le mardi, jeudi et vendredi en fin d’après-midi. “On fonctionne aussi sur réservation.” Coût du projet : 12 000 euros avec des aides du Conseil départemental du Doubs, du Crédit Agricole et de la C.C.A. 800. Un inves- tissement somme toute raisonnable qui participe aussi à l'attractivité du musée et plus largement du territoire de la com’com. “C’est la première calèche du Haut-Doubs équipée pour le tou- risme adapté. Elle servira aussi de trait d’union entre le musée et le site du Rondé où l’on vient juste d’acheter à l’O.N.F. la maison forestière qui sera aménagée en buvette-petite restauration. Il s’agit d’un projet tout aussi écologique que la calèche P.M.R. où l'on veut exploi- ter au mieux les ressources naturelles avec une citerne de récupération d’eau, des panneaux photovoltaïques…” com- plète Éric Bourgeois. n

L e musée du cheval propose depuis des années des balades en calèche tirée par des chevaux comtois. Sauf que le prestataire qui gérait l’activité est parti, laissant le musée dans l’expectative. “Jean- Pierre Gurtner le président de l’asso- ciation “les Amis du Musée” a sollicité la communauté de communes Altitude 800 pour savoir si elle pouvait les accompagner sur un projet de calèche accessible aux personnes à mobilité réduite. Cette demande nous a été faite lors de la dernière assemblée générale de l’association qui a eu lieu en août 2020. Rappelons que la com’com assure le financement du poste de l’agent du patrimoine qui tient le musée” explique Éric Bourgois, vice-président de la C.C.A. 800 en charge du déve-

loppement touristique. La com’com a ensuite étudié la viabilité du projet : recherche dumatériel, analyse du fonc- tionnement, volet budgétaire… Basé en Haute-Marne, le fournisseur a livré début la fameuse calèche qui dispose d’un dispositif de levage per- mettant d’embarquer des personnes àmobilité réduite. Elle peut transporter jusqu’à 15 personnes, dont deux en fauteuil. Son gabarit nécessite une paire d’attelages avec deux chevaux de trait comtois. Les balades en calèche figurent donc toujours au programme des animations dumusée-relais du cheval. “On propose des sorties d’une heure environ dans et aux alentours de Levier en privilé- giant des chemins tranquilles” , annonce Émilie, l’agent du patrimoine dumusée.

Équipée d’un plateau permettant d’embarquer les personnes calèche est déjà opération- nelle au musée relais du cheval. à mobilité réduite, la

Musée relais du Cheval Tél. : 03 81 89 58 74

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