La Presse Bisontine 227 - Avril 2021

18 Besançon

La Presse Bisontine n°227 - Avril 2021

Luc Bruder, joker de “luxe” de la formation Il a dirigé les plus grands centres de formation de foot professionnel français de Sochaux, Saint- Étienne… et du Maroc pour le roi Mohammed VI. Luc Bruder est de retour au Racing où il apporte bénévo- lement son expertise pour structurer la formation. FOOTBALL Racing Besançon Le club fait un avoir de 30 euros aux licenciés

les lycées, mais surtout se déve- lopper dans les quartiers pour proposer des ateliers éducatifs” présente le footballeur. Selon lui, le Racing a une légi- timité pas uniquement sportive dans le milieu du ballon rond. Quel regard porte-t-il sur le foot bisontin ? “La ville est en déficit d’infrastructures, répond celui qui fut pro à Sochaux. Le foot est un formidable vecteur social que nous voulons utiliser plus largement ici en développant également la collaboration avec les autres clubs.” Cinq jeunes - sur les 350 - ont intégré un centre de formation pro, preuve que le Racing a des atouts. Luc est là pour trans- mettre son “savoir” organisa- tionnel… et faire passer un cap à cette institution. n E.Ch. Parcours 1975-77 : joueur pro à Sochaux. De 1977 à 1986, il joue au Racing Besançon et prend la direction du centre de formation. Il dirige les centres de formation D.U. Matra Racing, Sochaux, Le Havre (1996 à 2005), Saint- Étienne, il prend des respon- sabilités au sein de l’union des entraîneurs et cadres tech- niques, puis Toulouse. En 2013, il est appelé par le Maroc pour diriger les Forces armées royales pour trois ans.

histoire tantôt heureuse, tantôt triste à l’image de celle de la saison 1977-1978 où le feu R.C.F.C. passe à deux doigts de l’accession en Division 1 de foot- ball, l’actuelle Ligue 1. Quarante-trois ans plus tard, Luc Bruder regarde avec bien- veillance cette photo qui lui rap- pelle de bons souvenirs. Il était à gauche sur la photo - sans la moustache - avec ses coéquipiers de l’époque nommés Fred Dobraje, GérardMaillard… “Les supporters avaient cru qu’on n’avait pas voulu monter en D1… car nous avions perdu nos derniers matches. Nous étions simplement jeunes et fatigués de la saison !” se souvient celui qui a fait une brillante carrière dans la formation. Le voilà un peu par hasard de retour sur “ses” terres. À la retraite depuis 2019 après une pige comme directeur de la formation des équipes de jeunes du roi MohammedVI auMaroc, il est revenu en France, à Besan- çon, là où son épouse a des attaches familiales. Luc s’est posé un jour dans les tribunes de Léo-Lagrange quasiment incognito durant un match. Quelques mois plus tard, Claude Cuinet (l’actuel prési- dent) l’appelle pour lui deman-

der d’intégrer le conseil d’ad- ministration. L’ex-stoppeur accepte. Son rôle : prendre en charge la formation et les écoles de foot. Tout cela bénévolement : “Yohann Randget, ancien for- mateur, a laissé un bel outil en état de marche, dit le profes- sionnel. Un club comme le Racing ne doit pas se contenter d’avoir des équipes de jeunes compétitives et une équipe pre- mière ambitieuse. Le club doit avoir une mission éducative et être en capacité d’accueillir tous les jeunes.” Celui qui a notam- ment vu passer sous sa direction des joueurs comme Pierre-Alain Frau, Benoît Pedretti (Sochaux), WilliamGallas (Matra Racing), Dimitri Payet, Lassana Diarra (Le Havre) a des idées bien pré- cises en partant d’un constat simple mais inquiétant. “La Ligue régionale a perdu 20 % de joueurs, soit 800 licenciés. Où sont-ils passés alors que nous devions profiter de l’effet Coupe du Monde 2018 ! Au Racing, j’ai présenté un projet de développement. On va se réor- ganiser pour optimiser les heures d’entraînement, travail- ler avec les établissements sco- laires pour développer un sys- tème de classes avec horaires aménagés avec les collèges et

Pour la saison 2021-2022, le Racing pour prouver qu’il veut garder ses joueurs - comme ses entraîneurs - offre un avoir de 30 euros sur la prochaine licence.

D ans la salle d’honneur du club V.I.P. du Racing Besançon avenue Léo- Lagrange, les photos de l’équipe première sont soigneu-

sement accrochées au mur. Celles en noir et blanc des années soixante-dix cohabitent avec celles des années 2000 en couleur. Certains narrent une

Luc Bruder ici dans la salle V.I.P. du Racing Besançon.

SANTÉ

Immunothérapie Bientôt une issue thérapeutique pour une des leucémies les plus mortelles

L’équipe de recherche bisontine U.M.R. 1098, rattachée à l’Établissement français du sang, a reçu un important financement de l’Institut national du cancer (INCa) et de la Direction générale de l’offre de soins. Ce qui va lui permettre de voir aboutir ses travaux avec le développement d’un nouveau médicament innovant.

C ela fait plus de six ans qu’ils y travaillent. Les porteurs du projet “CAR123” vont pouvoir passer à la phase de recherche clinique avec administration aux patients au sein du C.H.U. de Besançon. Une avancée majeure pour toutes les per- sonnes souffrant de “leucémie pDC”, une forme rare et très agressive pour laquelle les labo- ratoires de cytologie et d’immu- nologie du P r Francine Gar- nache-Ottou sont devenus un centre de référence en France. “Nous centralisons tous les diag- nostics, qui sont assez difficiles à établir” dit-elle. Jusqu’ici, le corps médical se trouvait dans une impasse avec comme seul traitement : une chimiothérapie

agressive avec greffe de moelle osseuse, peu adaptée à la médiane d’âge de survenue de cette maladie orpheline qui est de 60 ans. Offrant par ailleurs des chances de survie limitées. “30 nouveaux cas sont recensés chaque année et touchent aussi parfois des enfants.” L’équipe de recherche bisontine s’est alors mise en quête d’un traitement reposant sur la tech- nologie innovante des CAR-T cells. Cette nouvelle forme d’im- munothérapie consiste à préle- ver les lymphocytes T d’un patient (chargés de défendre l’organisme), pour les repro- grammer afin qu’ils soient en mesure de reconnaître et détruire les cellules cancéreuses. “La thérapie développée se fait

L’équipe espère soigner son premier patient d’ici 2022.

fasse ses preuves sur le long terme. “Les trois thérapies par CAR-T cells déjà commerciali- sées en France, ciblant des lym- phomes, donnent des résultats étonnants chez ceux qui étaient en impasse thérapeutique” , signale le P r Éric Deconinck, qui se veut confiant tout en restant prudent. n S.G.

tutelle), promet ainsi la pour- suite d’une aventure médicale d’avenir née à Besançon. Toute l’innovation de ce projet tient aussi dans le fait qu’il ait été développé de façon académique, en dehors de la filière indus- trielle. Ce qui laisse espérer des coûts raisonnables et un accès général à la population. Reste à ce que le traitement

marqueur, elles pourraient répon- dre à ce traitement. On peut aussi faire d’autres CAR-T cells dirigés contre d’autres marqueurs, cela ouvre potentiellement plein de portes.” Un autre projet de trai- tement est d’ailleurs porté à l’E.F.S. par les D rs Deschamps et Ferrand. Le financement obtenu ici (signe du soutien des autorités de

avec l’identification d’un mar- queur tumoral ciblé” , précise le P r Éric Deconinck, co-porteur du projet et chef du service d’hé- matologie du C.H.U. de Besan- çon. Elle se montre d’autant plus importante qu’elle pourrait ser- vir, à terme, à plusieurs autres types de leucémie. “Si d’autres leucémies aiguës ont le même

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