La Presse Bisontine 226 - Mars 2021
16 Besançon
La Presse Bisontine n°226 - Mars 2021
COMMERCE
Regain d’intérêt La fermeture des centres commerciaux de Valentin et Châteaufarine profite-t-elle au centre-ville ?
Si on constate un flux supplémentaire de clients ici et là dans les rues de la Boucle, en semaine et surtout le week-end, le bilan reste pour l’heure mitigé selon les secteurs d’activité.
“I l y a des files d’attente qu’on ne voyait pas avant devant certains magasins, surtout en téléphonie” , observe Adrien Pourcelot, “mais il est trop tôt pour en dire plus.” Le directeur de l’Union des commerçants de Besançon n’a pas encore de remontées fiables sur l’éven- tuel report de la clientèle en centre- ville. “Nous avons posé la question à l’opérateur de transport Kéolis pour savoir s’il y avait plus de passagers dans les bus ou les trams, mais il ne peut pas se prononcer pour l’heure.” Quinze jours seulement après la déci- sion du gouvernement de fermer les centres commerciaux non alimentaires de plus de 20 000 m², la tendance de consommation reste à préciser. Dans les magasins, les impressions sont plutôt mitigées. Chez Courir (spé- cialisé dans la vente de chaussures), on voit ainsi clairement une différence avec un afflux supplémentaire de clients. “Il y a un déport de notre clientèle de Châteaufarine sur notre boutique du centre-ville” , indique un salarié. Tandis que d’autres commerces, qui ne possèdent pas forcément de seconde antenne dans ces galeries marchandes,
ne remarquent pas spécialement de changement. “L’activité est comparable au mois de janvier et février 2020, avec même une petite baisse en plus à cause des horaires restreints du couvre-feu” , note t-on chez Trott’menu. Didier Pernot qui gère la librairie B.D. Fugue Café, dans la Grande rue, ne constate pas plus de visites, sans s’en plaindre cependant. “On s’en sort bien depuis la fin du premier confinement
et la réouverture fin novembre. L’effet Covid amène certains clients à prendre deux ou trois albums de plus par pré- caution, au cas où on serait reconfiné.” Les libraires ne sont pas les plus à plaindre, selon lui. Seul son espace bar reste fermé, “mais on s’aperçoit que ce n’est pas ça qui fait le plus de valeur ajoutée finalement” , concède le gérant. Au final, la fréquenta- tion est certes un peu plus importante, mais
La fréquentation un peu plus importante ne se traduit pas systématique- ment par des achats.
Des impressions mitigées selon les commerces.
diffère selon les secteurs. Les Passages Pasteur (restés ouverts car en dessous de la surface réglementée), attirent aussi sans doute la clientèle habituelle des galeries marchandes. Le regain d’intérêt porté au centre-ville est en
tomne, passée entre les gouttes. Reste que plusieurs mouvements sont atten- dus dans l’année à venir, à l’image de la fermeture annoncée de Celio rue des Granges. n S.G.
tout cas un plus. “Si ça permet de se le réapproprier sur le long terme, ce serait bien” , note Adrien Pourcelot. Le mois de décembre, qui faisait suite à unmois de fermeture, lui avait déjà été profi- table. Tout comme la braderie d’au-
EN BREF
RECHERCHE
La science à l’épreuve du mensonge Comment reconnaître un menteur ?
Sable Un épisode de poussières sahariennes est survenu samedi 6 février dans le Doubs. Le phénomène, impressionnant pour la couleur qu’il a laissée enneigés, n’est pas non plus passé inaperçu sur les capteurs de surveillance de la qualité de l’air. C’est ainsi qu’à Lons-le- Saunier, et Besançon, la qualité de l’air a été qualifiée de “mauvaise” par Atmo-B.F.C. En concentrations importantes, ces particules, bien que d’origine naturelle, peuvent entraîner une gêne respiratoire pour les populations les plus sensibles. Pompiers Le lieutenant-colonel Bruno Guinchard, médecin sapeur- pompier volontaire depuis plus de 40 ans au S.D.I.S. du Doubs est parti mi-février pour une durée de 15 jours à Mayotte pour une mission d’appui au médecin-chef du S.D.I.S. 976, dans un contexte sanitaire très préoccupant. dans le ciel et sur certains massifs
Le Bisontin Jean-Julien Aucouturier a mené une série d’expériences pour comprendre comment nous décidons, à partir de la voix de notre interlocuteur, s’il est honnête ou pas.
oreilles de vos interlocuteurs, ou à l’inverse d’être plutôt men- songer ou incertain. “La voix a naturellement cette propriété de donner un niveau de certitude sur ce qui est dit” , résume le chercheur, qui tra- vaille aujourd’hui au sein du laboratoire F.E.M.T.O.-S.T. “C’est ce qui est d’ailleurs assez fou chez l’espèce humaine. On a déve- loppé une façon de communiquer qui permet de passer de l’infor- mation, mais aussi de donner de l’information sur l’informa- tion.” En clair, notre voix traduit notre hésitation, dans la mesure où mentir demande systématique- ment un effort mental. “Cela suppose d’allier deux versions de la réalité” , souligne Jean- Julien Aucouturier. Ses recherches, initiées à l’I.R.C.A.M.* à Paris où il était rattaché jusqu’ici, ont été récem- ment publiées dans la presti- gieuse revue scientifique "Nature Communications". “On a fait écouter à des personnes plus de 1 500 prononciations aléatoires d’un même mot, qu’on a généré via un logiciel, en leur demandant s’il leur semblait avoir été prononcés de façon cer-
V oilà qui devrait intéresser pas mal de monde. Pinoc- chio n’est finalement pas le seul à se trahir lorsqu’il ment, en voyant son nez s’al- longer. D’après les travaux de Jean-JulienAucouturier (menés avec Louise Goupil), nous nous fions tous à une seule et même
Jean-Julien Aucouturier est rattaché au département AS2M (Automatique et Systèmes Micro- Mécatroniques) de F.E.M.T.O.-S.T.
signature acoustique lorsqu’il s’agit de juger de la certitude ou de l’honnêteté d’un discours, qui repose sur une diction rapide, une intensité forte au milieu du mot et une hauteur qui descend en fin de mot. En adoptant cette recette, vous vous assurez de paraître fiable aux
taine ou honnête.” La double cas- quette du Bisontin (spécialiste en sciences cognitives et déten- teur d’une thèse en informa- tique) l’amène à s’intéresser aux neurosciences sous l’angle de l’ingénierie. Un nouvel axe à F.E.M.T.O.-S.T., appelé à se ren- forcer autour d’un espace de recherche dédié. “Ça sera com- plémentaire avec le laboratoire de neurosciences de l’Université. Nos prochains travaux associe- ront sans doute de l’imagerie cérébrale et iront vers des appli- cations pour la santé.”
Dans l’immédiat, ces premiers résultats ont permis de forma- liser ce qui était jusque-là sup- posé. Ils ont également montré que cette signature acoustique était perçue de la même façon dans plusieurs langues (français, anglais, espagnol) et qu'elle était traitée de façon “automatique” par le cerveau. n S.G.
Les travaux menés montrent que l’intensité, la vitesse et la hauteur de voix influent automatiquement sur la perception de fiabilité.
*Institut de Recherche et Coordination Acoustique-Musique
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