La Presse Bisontine 225 - Février 2021

La Presse Bisontine n°225 - Février 2021 L’ÉVÉNEMENT

NOCES DE BOIS POUR LA BOURGOGNE ET LA FRANCHE-COMTÉ

Il y a 5 ans, quasiment jour pour jour, les anciennes Régions Bourgogne et Franche-Comté unissaient leurs destins au sein d’une seule et même collectivité territoriale. Poussive au démarrage, la fusion est désormais en marche. Tandis que la présidente de l’exécutif défend le bilan de l’opération, celle-ci suscite toujours auprès de ses opposants critiques et déceptions. De bonne guerre à quelques mois seulement des élections régionales.

l Bilan

L’explosion de la dette Un résultat perdant-perdant selon l’opposition

Cinq ans après sa mise en œuvre, l’opération de fusion des régions ne convainc toujours pas l’opposition de droite qui a dressé un sévère réquisitoire d’une opération qu’elle juge largement contre-productive.

En tant que président de la commission des finances à la Région, Alain Joyandet

À quelques mois seule- ment des prochaines élections régionales - repoussées en juin au lieu de mars à cause de la crise sanitaire -, il est de bonne guerre de voir l’opposition s’agiter sur le thème de la fusion décidée en son temps par un gouvernement socialiste. Et même si Alain Joyandet ou François Sauvadet ne seront plus les chefs de file de l’opposition (c’est le L.R. Gilles Platret, maire de Chalon-sur- Saône qui défendra les couleurs de la droite républicaine), ils ont tiré leur propre bilan de l’opération fusion. Le premier grief de l’opposition régionale concernant la fusion des régions, c’est une “explosion” des dépenses de fonctionnement. “Alors qu’elles auraient dû se réduire avec la fusion, ces dépenses n’ont cessé d’augmenter, argumente le L.R. haut-saônois Alain Joyandet. Elles étaient de 292 euros par habitant en 2015. Elles sont passées à 353 euros en 2018 pour être aujourd’hui de 391 euros, soit une augmen- tation de 99 euros par habitant ou de 34 % en 5 ans. Elles sont supérieures à la moyenne natio-

nale par habitant de l’ordre de 25 %” avance-t-il. L’opposant prend l’exemple d’autres régions qui, selon lui, ont “réduit sensi- blement leurs dépenses de fonc- tionnement : Auvergne-Rhône- Alpes, Ile-de-France, Hauts-de-France.” Logiquement, trois Régions gérées par la droite. Toujours par la voix d’Alain Joyandet, l’opposition régionale fustige la “sensible augmentation de la masse salariale” de la Région. Pour illustrer ce constat, il se réfère à des exemples récents qui ont d’ailleurs déjà donné lieu à plusieurs passes

effectués pour la réorganisation des services. De lamême manière, pour la mise en œuvre du plan de relance régional, 37 personnes seront recrutées dans le cadre de “contrats de projets”, pour un coût annuel de l’ordre de 1,771 million d’euros” détaille M. Joyandet qui enfonce le clou : “La Bourgogne-Franche-Comté est en tête des régions pour le nombre de fonctionnaires par habitant, avec un taux d’admi- nistration record de 0,14 % - le plus élevé de France.” Deuxième principal grief : le manque d’ambition en matière d’investissements. L’opposition estime que notre région “a pris du retard. En comparaison avec les autres régions, les dépenses d’investissement de la Bour- gogne-Franche-Comté ont été beaucoup plus faibles. Si elles avaient augmenté avec la même dynamique, elles seraient aujourd’hui plus élevées de 50 millions d’euros, en rythme normal hors Covid.” L’impact de la crise sanitaire sur les finances régionales et le plan de relance de 100 millions d’eu- ros voté par l’exécutif risquent également selon les

(à droite) dresse un réquisitoire

sévère sur les bienfaits de la fusion (photo archive L.P.B.).

élus de droite de mettre à mal les principaux indicateurs finan- ciers de la région fusionnée, “ qu’il s’agisse de la dette, de la capacité à la rembourser, de l’épargne brute comme nette. C’est la suite logique d’une gestion calamiteuse sur laquelle j’ai à maintes reprises alerté depuis le début du mandat” juge Alain Joyan- det. Le territoire de l’ex-Franche- Comté a-t-il tiré les bénéfices de cette fusion ? Au contraire, cette fusion aurait été “pénali- sante pour les Francs-Comtois” estime la droite, revenant sur une des premières décisions de la majorité qui avait été d’har-

moniser (à la hausse) les tarifs des cartes grises, un des seuls leviers fiscaux dont dispose la Région. Le tarif unitaire du che- val fiscal passa d’un coup de 36 à 51 euros pour les habitants de l’ancienne Franche-Comté, “pour un montant total d’impôts supplémentaires d’environ 20 millions d’euros par an. Pour la mandature, c’est un prélève- ment de près de 120 millions d’euros en plus sur les seuls foyers francs-comtois” plaide la droite. La crise du Covid vient renforcer les doutes de l’opposition sur la gestion de la Région fusionnée. “Dans le budget 2021,M me Dufay

a décidé d’inscrire des dépenses massives pour afficher une hausse des investissements de 37,8 % par rapport à 2020 ! L’ap- pel massif à l’emprunt dans ces prévisions surréalistes ferait augmenter notre dette de 29,3 % d’un seul coup !” Cinq ans plus tard, l’opposition se pose la question de l’avenir de cette fusion entre la Bour- gogne et la Franche-Comté. “C’est un autre sujet qui viendra bientôt dans les débats, j’en suis sûr, mais le moment n’est pas venu. L’histoire pourrait bégayer…” estime Alain Joyan- det. n J.-F.H.

d’armes au sein de l’as- semblée régio- nale à Di jon. “En octo- bre 2019, 7 cadres dédiés à l’ingénierie territoriale ont été recrutés. Quelques mois auparavant, c’était une trentaine de recrutements qui avaient été

“En tête des régions pour le nombre de fonctionnaires.”

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