La Presse Bisontine 224 - Janvier 2021

L’ INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n°224 - Janvier 2021

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“ pour qu’il s’évade un peu” disent-elles… C’est assez surprenant. R.S. : Le phénomène d’empathie envers lui existe bel et bien, c’est évident, y com- pris venant de personnes de haut niveau, qui ont été touchées par cette histoire. On lui transmettra ces messages mais on va rapidement mettre un message sur notre site Internet pour rediriger ces personnes vers le centre de détention de Dijon. L.P.B. :Après l’affaire Daval, quelles autres affaires vous occupent ? L’affaire Péchier, du nom de cet anesthésiste bisontin soupçonné d’empoi- sonnement, va-t-elle bientôt connaître son épi- logue ? R.S. : On a beaucoup d’affaires à l’extérieur de la région Bourgogne-Franche-Comté, plus de 30 % désormais. Nous avons bientôt un gros procès d’assises à Nîmes avec un policier condamné en première instance à perpétuité, accusé d’avoir tué sa femme. Quant à l’affaire Péchier, pour nous c’est un dossier plus que majeur pour lequel j’ai la conviction qu’on a atteint le summum de l’injustice. C’est un dossier très complexe, loin d’être bou- clé. J’espère que son épilogue sera pour 2021. L.P.B. : Les projecteurs mis sur l’affaire Daval boostent-ils l’activité de votre cabinet ? R.S. : Cette médiatisation joue sans doute un peu pour nous amener le genre d’af- faires comme celle de Nîmes, hors région. Mais ce cabinet composé de cinq associés à parts égales, majoritairement féminin, est bien dimensionné et nous n’aspirons pas à le voir grossir outre mesure. n Propos recueillis par J.-F.H.

obtenu l’acquittement. Mais dans notre affaire Daval, il faut reconnaître que ce genre d’agissements ne lui ressemblait tellement pas qu’on a nous-mêmes été surpris. L.P.B. : Vous aviez sans doute eu les premiers doutes dès le jour où la gendarmerie a fait ses premières constatations ? R.S. : Sa personnalité nous a trompés, mais pas ses paroles. Évidemment que les doutes sont vite arrivés.Mais le geste criminel est tellement aux antipodes de la personne de Jonathann Daval qu’on a été surpris, il faut le reconnaître. On aurait tellement aimé que ce ne soit pas lui le meurtrier… L.P.B. : Les éléments de preuve sont vite arri- vés… R.S. : Oui, on a les a vite eus et c’est là qu’on a commencé à subir l’exécution médiatique de Jonathann Daval. On a donc essayé comme on a pu d’humaniser ce garçon aux yeux de tout le monde mais face à la violence des faits qui se sont produits, tout cela ne fait pas le poids.

peine de 25 ans de réclusion, plus clémente que prévu ? O.S. : On a bien senti pen- dant les débats contra- dictoires que la person- nalité de Jonathann Daval ne cachait pas celle d’un monstre et les jurés ont fini par le compren- dre. Un témoin parmi d’autres, comme un des meilleurs amis de Jona- thann lui a répété pen- dant le procès qu’il l’ai- mait toujours malgré ce qu’il avait fait. Et le sup- port technique, les exper- tises sur lesquelles on avait beaucoup travaillé avec notre juriste Élise Gheidene et qui ont été déterminantes pour

“Avec l’affaire Péchier,

on atteint le summum de l’injustice.”

exclure cette hypothèse de viol post-mor- tem ont permis de progresser. Au fur et à mesure de la semaine, on a senti l’am- biance changer. L.P.B. : Quelles ont été pour vous les suites de ce procès hors normes ? Recevez-vous encore des messages au sujet de votre client ? O.S. : Nous avons reçu des dizaines de messages et nous continuons à en rece- voir, de personnes, de femmes notam- ment, qui souhaiteraient entrer en contact avec Jonathann Daval. Des per- sonnes qui disent que Jonathann les a émues. D’autres qui souhaitent lui envoyer des choses à manger en prison et qui se renseignent sur ses goûts, ou encore des personnes qui nous envoient des vidéos de danse à son attention,

L.P.B. : Comment en est-on alors arrivé à cette

M tres Ornella Spatafora et Randall Schwerdorffer ont été deux des acteurs majeurs du procès Daval.

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