La Presse Bisontine 224 - Janvier 2021

BESANÇON

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La Presse Bisontine n°224 - Janvier 2021

POLITIQUE

Frank Monneur

“Je compte bien jouer un rôle dans les prochaines échéances électorales”

On aurait pu le penser laminé et défait par la vague qui a emporté Éric Alauzet et sa liste aux dernières municipales. C’est tout le contraire. Enseignant, l’ancien (et futur ?) élu Frank Monneur dit tout le mal qu’il pense de l’actuelle majorité et revient sur les sujets brûlants de l’actualité.

L a Presse Bisontine : La tragédie qui a frappé Samuel Paty il y a bientôt deux mois est encore dans tous les esprits à l’heure où les parlementaires discutent de la loi confortant les principes républicains et au moment où reprenait le procès des atten- tats de Charlie Hebdo. Les enseignants dont vous faites partie sont-ils toujours ébranlés par cet attentat islamiste ? Frank Monneur : Naturellement. Tous les enseignants sont durablement marqués par cette tragédie car jamais on ne pensait qu’un jour en France un pro- fesseur puisse être décapité juste parce qu’il exerçait son métier. L.P.B. :Vous-même aviez montré les caricatures du prophète quelques jours avant cet atten- tat ? F.M. : Oui, comme nombre de mes col- lègues qui utilisent chaque jour tous les outils d’information que nous avons à notre disposition pour dispenser nos cours d’éducation morale et civique. Ces outils pédagogiques, nous les uti- lisons librement et il n’y a jamais eu aucun débat sur ce point avec notre hiérarchie. J’avais montré ces carica- tures sur la base d’un article duMonde sur lequel on a débattu tranquillement avec mes élèves deTerminale, sans que ça suscite la moindre polémique. Il ne s’agissait pas de brandir des caricatures juste pour le geste de les brandir, dès lors que l’utilisation de ces sources documentaires est expliquée correcte- ment. C’est notre liberté pédagogique et nous continuons heureusement à l’exercer. L.P.B. : Il est devenu difficile de défendre la laïcité et les lois de la République ? F.M. : L’incompréhension autour de ces questions-là vient surtout du fait que certaines personnes veulent faire croire que la laïcité est l’ennemie des religions alors qu’au contraire, c’est la laïcité qui défend la liberté du culte et qu’elle

mosquée, c’est une entorse à la laïcité et ce, uniquement à des fins électora- listes. C’est inadmissible. L.P.B. : En désignant ces partis, vous visez aussi leurs membres locaux ? F.M. : Évidemment. Même si elle n’est pas membre de ces trois partis mais elle en est proche, je pense par exemple à Barbara Romagnan qui deux jours après l’assassinat de notre collègue elle défendait le C.C.I.F., qui n’est autre qu’une officine des islamistes radicaux, en disant que l’interdire reviendrait à ajouter de la discrimination à la dis- crimination. En disant cela, elle semble avoir plus de compassion pour ceux qui piétinent les valeurs de la Répu- blique, et en premier lieu la laïcité, que pour celles et ceux qui sont victimes de terroristes islamistes. Cette mou- vance islamo-gauchiste est dangereuse et anti-républicaine. L.P.B. : Ces propos sévères concerneraient donc une bonne partie des élus bisontins de l’actuelle majorité municipale ? F.M. : Bien sûr. Je considère d’ailleurs ainsi Anne Vignot qui trois jours après cet événement organisait une confé- rence de presse surréaliste avec son premier adjoint Abdel Ghezali au cours de laquelle ils ont été totalement inca- pables de nommer les choses telles qu’elles sont en parlant de “folie” et sans oser qualifier cet acte d’attentat islamiste. Ne pas nommer les choses, c’est un grand manque de courage poli- tique. L.P.B. : La gauche est donc toujours aussi mal à l’aise avec ces questions ? F.M. : Voilà plus de vingt ans qu’on nous dit de ne pas mettre de l’huile sur le feu avec cette question des dérives isla- mistes et si cette façon de faire avait réussi, on n’en serait pas là aujourd’hui. À gauche, seules deux personnes ont été clairvoyantes sur cette question : c’est Jean-Pierre Chevènement et Manuel Valls. Sur ces sujets concernant l’ordre républicain, ce sont des gens en qui je me reconnais. L.P.B. : La France n’est donc pas une société multiculturaliste selon vous ? F.M. : Non, la France, ce ne sont pas des communautés qui vivent les unes à côté des autres. La France est faite de personnes qui peuvent être d’origines différentes mais pour autant partagent des idées communes. Les dérives com- munautaires ne sont plus acceptables dans ce pays. La loi actuellement en discussion est indispensable, il est grand temps de réagir, sinon notre modèle républicain est en grand dan- ger.

Frank Monneur, 49 ans, a ses idées sur la laïcité et le respect

des lois républi- caines.

le moment de soutenir cette majorité présidentielle dans les difficultés actuelles. Pour ces prochaines régio- nales, une alliance me paraîtrait natu- relle, c’est celle de L.R.E.M., du P.-S. et du MoDem. Le P.-S. qui est sur le porte-bagages de l’extrême gauche à Besançon est sans doute un peu dés- œuvré…À Dijon, François Rebsamen travaille bien avec des gens duMoDem et de L.R.E.M. et ça ne gêne personne. Marie-Guite Dufay doit bien se rendre compte que c’est plutôt constructif. Je lance cette idée aussi dans le but que cette région ne passe pas à l’extrême droite ou à la droite trop conservatrice incarnée par sa tête de liste Gilles Pla- tret. L.P.B. : Un mot sur Éric Alauzet qui a quitté le navire municipal par la petite porte… F.M. : Il a eu raison de partir, lui qui s’était préparé à devenir maire de Besançon et président de cette agglo- mération. Il a bien senti qu’il n’était plus à sa place dans ce petit groupe d’opposition et il sait surtout qu’il a un travail énorme à l’Assemblée natio- nale avec les crises actuelles que le pays a à gérer. L.P.B. : Pour terminer, comment jugez-vous l’action de G.B.M. pour venir en soutien à l’éco- nomie locale ? F.M. : Ce pouvoir local est incapable de venir au secours dumonde économique. Le Grand Besançon présidé par Anne Vignot ne consacre que 2 millions d’eu- ros pour le soutien économique de notre territoire sur un budget total de 304 millions d’euros, ce n’est pas à la hauteur ! Pour rappel, l’État, avec un budget annuel de 300milliards d’euros, mobilise plus de 150 milliards d’euros pour le soutien économique. Mais que peut-on espérer, ici à Besançon, de la part d’élus qui participent aux mani- festations des samedis après-midi et qui entravent l’activité commerciale de ce mois de décembre ? n Propos recueillis par J.-F.H.

L.P.B. : Qu’est-ce qui justifie une telle accu- sation ? F.M. : Cette municipalité est dans l’an- gélisme et la culture de l’excuse vis- à-vis des délinquants et des voyous. Les dealers coupables de règlements de comptes à Planoise ? La seule excuse de l’équipe municipale est de dire que c’est parce qu’on a créé des ghettos dans ces quartiers et que leur taux de chômage est élevé. C’est cela que j’ap- pelle la culture de l’excuse. C’est en plus une aberration sociologique que d’affirmer des choses pareilles. Tout comme il est faux de dire que les écoles n’ont pas de moyens, notamment dans les quartiers, là où justement on a dédoublé les classes. L.P.B. :Vous n’attendez rien non plus de l’adjoint à la sécurité Benoît Cypriani ? F.M. : Benoît Cypriani comme adjoint à la sécurité, c’est une erreur de casting majeure. Pour lui, la sécurité et l’ordre républicain sont des gros mots. Je pense que sa philosophie de vie serait plutôt d’aller élever des chèvres sur le plateau du Larzac. C’est une vraie faute poli- tique qu’a commise Anne Vignot en le nommant à ce poste. Il n’est ni crédible, ni convaincu, ni motivé sur ce sujet. Je pense même que c’est quelqu’un qui n’a jamais aimé l’uniforme et la hié- rarchie. L.P.B. : À vous écouter, on imagine que vous ne vous contenterez pas d’être un simple observateur de la vie politique locale pendant six ans ? Après l’échec que vous avez subi aux côtés d’ÉricAlauzet, comptez-vous redevenir un acteur de la politique ? F.M. : Il est clair que j’ai encore envie de mouiller le maillot. J’ai été évidem- ment déçu que l’on ne gagne pas ces municipales. En 2021, il y a d’autres échéances, notamment les régionales, et je compte bien y jouer un rôle. L.P.B. :Avec l’étiquette L.R.E.M. que vous assu- mez. Elle n’est pas trop lourde à porter ? F.M. : Sans doute, mais c’est justement

L.P.B. : La droite, voire l’ex- trême droite, ne diraient pas autre chose ! F.M. : Il faut justement que la République se ressaisisse de ces ques- tions si on ne veut pas qu’elle tombe aux mains des extrêmes. Si on veut rester une nation forte, ouverte et tolérante comme je le souhaite, il faut être capable aussi d’être fort sur ces principes et ces valeurs. J’ai l’espoir en cela de voir Emmanuel

“Le P.-S. est sur le porte- bagages de l’extrême gauche à Besançon.”

Macron incarner ces valeurs et je n’hé- site pas à dire que Gérald Darmanin est également dans cet état d’esprit. Cela ne sert à rien de faire des mou- linets avec les bras comme l’autre fois le Parti de gauche à Besançon qui fai- sait une manifestation pour dénoncer les stigmatisations. Le meilleur moyen de combattre l’extrême droite est jus- tement de lutter contre ces sépara- tismes. L.P.B. : Quel regard portez-vous sur les premiers mois de l’équipe municipale en place à Besan- çon ? F.M. : Cette gauche extrémiste est une équipe hors sol sur de nombreux sujets, et surtout qui ne prend aucune décision sur ces sujets d’une importance pour- tant cruciale. Comment peut-on encore occulter cette question de l’armement de la Police municipale alors que 56 % des électeurs bisontins l’ont approuvé si on cumule le score des deux listes arrivées deuxième et troisième de cette élection ? Au lieu de cela, on brasse du vent, on élude la question. J’affirme aussi que le moral des policiers muni- cipaux avec qui je discute souvent est en berne car ils savent qu’il ne se pas- sera rien avec cette municipalité. Pire : j’estime que cette municipalité met en danger nos policiers.

est l’acceptation de toutes les religions. Certains se permettent des entraves à ces notions fondamen- tales et restent très ambi- gus par rapport à l’islam politique. L.P.B. : Vous visez qui ? F.M. : Clairement les gens de la France insoumise par exemple, puis une bonne partie des com- munistes et des Verts radicaux. Quand on voit récemment qu’à Mon- treuil, la municipalité communiste cherche à préempter un terrain pour y construire une

“J’estime que cette municipalité met en danger nos policiers.”

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