La Presse Bisontine 224 - Janvier 2021
BESANÇON 16
La Presse Bisontine n°224 - Janvier 2021
TRANSPORT
Les conséquences de la crise sanitaire
AU MOINS 3 MILLIONS D’EUROS DE PERTES DE RECETTES POUR GINKO
Ginko est touché par la baisse des recettes. Grand Besançon Métropole et le délégataire Kéolis engagent une négociation pour partager ce déficit. La collectivité annonce qu’elle ne réduira pas l’offre. Tenable ?
T ous les réseaux de trans- ports publics en France sont durement touchés par la baisse de fréquentation due à la crise sanitaire. Celui du Grand Besançon n’échappe pas à la règle. La fré- quentation a chuté à 18 % lors du premier confinement, 55 % actuel- lement. “On résiste toutefois mieux que les autres car nous avons de nombreux abonnés” précise Marie Zéhaf, vice-présidente des trans- ports à Grand Besançon Métro- pole. Ginko - géré par le délégataire Kéolis - perd un quart de ses recettes, soit environ 3 millions d’euros, un déficit qui pourrait avoisiner les 5 millions d’ici la fin d’année. D’ordinaire, le service génère
que Kéolis a réalisé des économies de coûts d’exploitation. La collec- tivité devra néanmoins abonder. À quelle hauteur ? Réponse début 2021. “Si ce déficit n’est pas inquié- tant pour le moment, il le deviendra si la situation perdure durant plu- sieurs années” témoigne un res- ponsable à G.B.M. C’est d’autant plus vrai que le ver- sement mobilité, contribution ver- sée par les entreprises du Grand Besançon, est en chute libre (- 1,8 million d’euros). L’État vien- dra-t-il à la rescousse de tous les réseaux de transports ? Les sommes sont colossales. Grand Besançon Métropole a choisi de reconduire son offre avec autant de kilomètres parcourus à l’an- née… quoi qu’il en coûte. n E.Ch.
12 millions d’euros de recettes par an via la vente de titres de trans- port, somme perçue par Kéolis qui le reverse ensuite à Grand Besan- çon Métropole, l’autorité organi- satrice. Le délégataire perçoit alors un intéressement sur un objectif
de recettes. Cette année, c’est donc la douche froide. Vu qu’il n’a pas atteint la barre, ce dernier doit verser une compensation à la collectivité… sauf que l’exercice 2020 ne ressemble à aucun autre. Des négociations sont engagées pour aboutir à un consensus sachant
Une baisse également d’1,8 million du versement mobilité.
Le réseau Ginko affiche une perte d’un quart de ses recettes commerciales.
ATTRACTIVITÉ
Des pistes d’amélioration recherchées
l Parkings, tram et bus à 1 euro Grand Besançon a choisi une tarification exceptionnelle à 1 euro pour les parkings avec barrières du centre-ville (en surface ou souterrain), et 1 euro sur le réseau Ginko jusqu’au 3 janvier pour aider le commerce de centre-ville. Kéolis prend 5 500 euros à sa charge, G.B.M. 9 500 euros. l Achat de nouvelles rames Changement de stratégie. Il n’est plus question pour G.B.M. de rallonger les rames des trams C.A.F. (23 mètres actuellement) mais d’en acheter de nou- velles. “L’achat de nouvelles rames répond à trois problématiques : la capa- cité, l’attractivité (notamment pour des- servir la gare Viotte), le confort” indique Kéolis. l Moins de bus, autant de km Le nouveau réseau de septembre 2018 a entraîné une réduction notable du parc de bus en 2019 (moins 27 bus), qui traduit, à nombre de kilomètres équi- valents, l’optimisation du service pro- posé. l Tram à Franois ? Selon nos informations, il n’est plus question de poursuivre le tram à Châ- teaufarine. Une autre éventualité : l’em- mener jusqu’à la gare de Franois. Ce n’est pas pour demain. l Contrôles Plus de 270 000 usagers ont été contrô- lés en 2019 (+ 65 % par rapport à 2018). 5 890 procès-verbaux ont été dressés contre 3 867 en 2018.
l Maintenance L’internalisation de la maintenance tram- way au sein de l’entreprise n’a pas eu d’effet négatif sur la disponibilité des rames, qui est très bonne. l Les parkings-relais ne marchent pas 38 500 voitures ont stationné sur les P + R en 2019. Les plus fréquentés sont “Hauts du Chazal” et “Micropolis” avec respectivement 37 % et 31 % de la fré- quentation globale. Les autres (Fort- Benoît notamment) sont déserts. l Absentéisme De gros problèmes d’absentéisme, notamment des personnels de conduite, avaient été identifiés en 2015, 2016 et 2017 (sous Transdev). Le nouveau délé- gataire a réussi à inverser la tendance à partir 2018. Cette tendance positive se confirme sur 2019. l Incivilités Selon l’élu Ludovic Fagaut (L.R.), les incivilités dans les trams et les bus sont minimisées. En 2019, en cumul, le nom- bre de faits d’incivilités enregistrés est similaire à celui de 2018 (140 faits contre 132) pour un réseau transportant 26 mil- lions de voyageurs par an. Le nombre d’agressions a augmenté sur la popu- lation de conduite, des agents demaîtrise et des vérificateurs (22 faits contre 12 en 2018), “cela a été en lien avec le lan- cement des opérations de fraude et uni- quement en milieu d’année” dit G.B.M. Les incivilités sur le réseau tramway sont supérieures au bus (60 contre 48 en 2018). n
Le réseau a gagné… 0,09 km/h en vitesse commerciale La vitesse commerciale des lignes urbaines de bus est de
propre qui relie Viotte à la faculté de la Bouloie est vic- time de son succès ou “mal adaptée” selon Laurent Croi- zier, conseiller municipal d’opposition (L.R.E.M.- MoDem) qui regrette que des étudiants à l’arrêt du Palais des Sports voient pas- ser des bus bondés sans pou- voir y monter, faute de place. “Un travail est mené avec l’Université de Franche- Comté pour modifier ou adapter le début des cours” indique Marie Zéhaf, vice- présidente de G.B.M. en charge des transports. Un chantier de longue haleine qui était déjà annoncé l’an dernier. Quelques problèmes de sur- charge sont constatés sur les lignes de tram sur le par- cours Parc Micaud-Hauts du Chazal ou sur la branche Pôle Orchamps-Fontaine Argent. “Les rames actuelles, de 23 m, ne peuvent pas tou- jours répondre aux besoins de nos clients, qui sont régu- lièrement obligés de laisser passer plusieurs rames pour pouvoir monter dans un véhi- cule” , convient Kéolis. D’où l’idée d’en acheter de nou- velles. n
voiture vous y conduit plus vite…reste ensuite à trouver une place de stationnement, faisant du tram un moyen de transport concurrentiel. Depuis la reprise de déléga- tion, Kéolis cherche à amé- liorer la vitesse commerciale des bus et du tram. Les bus circulent à 16,4 km/h, soit une vitesse qui n’a pas changé (+ 0,09 km/h). Pour le tram, de nombreux tra- vaux ont été engagés avec le séquençage des feux mais aussi l’ouverture et la fer-
meture automatique des portes qui ont permis, à chaque arrêt, de gagner pré- cieuses secondes. “Il y a eu également un lissage des vitesses qui a permis de gagner en confort pour tous, voyageurs et conducteurs, mais aussi de préserver le matériel” indique le déléga- taire. Résultat, la vitesse commerciale du tramway est évaluée à 19,01 km/h, “chiffre qui arrive à son optimum” selon le Grand Besançon. Il existe encore des points d’amélioration non pas sur la vitesse mais sur la des- serte, notamment au niveau du Pôle Viotte à Besançon. Beaucoup d’usagers - par beau temps - préfèrent des- cendre à pied au centre-ville (environ 10 minutes) plutôt que d’attendre une rame qui passe toutes les 12 minutes. Il ne s’agit pas de problème de vitesse commerciale mais de fréquence. Kéolis va tra- vailler sur ce sujet “en valo- risant les lignes de bus 3 et 5 avec un affichage sur l’abri- bus “Gare Viotte” pour indi- quer le centre-ville” indique le directeur marketing de Kéolis. On le sait, la ligne 3 en site
16,44 km/h (en 2019) et 19,01 pour le tram
qui semble être à son maximum. Explications.
D epuis le Pôle des Orchamps, il faut 33 minutes pour rejoin- dre l’hôpital Minjoz en tram. Sauf bouchon, la
Les contrôles se sont renforcés depuis l'arrivée de Kéolis.
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