La Presse Bisontine 223 - Novembre 2020
LE GRAND BESANÇON 32
La Presse Bisontine n°223 - Novembre 2020
VORGES-LES-PINS 300 m2 de panneaux photovoltaïques Ces agriculteurs qui agissent face au changement climatique La Chambre d’agriculture régionale organisait une visite
construit un nouveau bâtiment en 2009 en faisant d’abord le choix d’une ossa- ture bois pour l’intégration paysagère et en décidant d’installer 300 m 2 de panneaux photovoltaïques sur le toit” résume Guillaume Devaux. Ainsi chaque année depuis une dizaine d’an- nées, les panneaux du G.A.E.C. pro- duisent 33 000 kWh revendus à E.D.F. 60 centimes le kWh. “Nous avons signé un contrat sur 20 ans avec E.D.F. Pour nous, c’est un investissement à long terme. Le bâtiment est financé sur 15 ans, quand l’emprunt sera terminé, ce sera une bonne opération pour nous. C’est une démarche à la fois écologique et économique” ajoute l’exploitant. Le bâtiment de séchage solaire pour le foin est le deuxième volet des solu- tions d’adaptation au changement cli- matique adoptées par le G.A.E.C. du Ranch.Après avoir suivi les formations “Découverte du séchage” et “Optimiser son séchoir” proposées par la chambre d’agriculture Doubs et Territoire de Belfort, Guillaume Devaux a donc investi avec son G.A.E.C. dans ce récent bâtiment qui permet un séchage en vrac dont le principe est de travailler par accumulation : les nouvelles coupes de fourrages, humides, viennent recou- vrir les précédentes déjà séchées. Ce système permet donc de se passer d’une
début octobre au G.A.E.C. du Ranch pour illustrer ce thème de plus en plus présent dans la réflexion des agriculteurs qui investissent.
1 95 hectares de terres, 57 vaches allaitantes pour environ 500 000 litres de lait à comté livré à la fromagerie de Lavernay, 85 montbéliardes au total, quelques che- vaux en pension : bienvenue au G.A.E.C. du Ranch sur les hauteurs de Vorges-les-Pins, chez Guillaume et
Régis Devaux. Les deux cousins accueillaient le 7 octo- bre dernier une délégation en visite sur cette ferme montrée en exemple pour avoir su investir dans dès 2009 dans des équipements destinés à lutter, à son échelle, contre les effets des chan- gements climatiques. “Nous avons
Guillaume et Régis Devaux, associés du G.A.E.C. du Ranch à Vorges-les-Pins.
grande partie de la manutention et de la logistique nécessaires pour les balles rondes. La sous-toiture du bâtiment permet de constituer un caisson où l’air ambiant s’échauffe et surtout s’as- sèche, ce qui lui permet ensuite de cap- ter l’humidité du fourrage. “Nous avons également installé une cuve de 250 m 3 pour la récupération de l’eau de pluie” ajoute l’agriculteur. Cet équipement permet de soulager un peu les réseaux dans une période où les conflits d’usage sont de plus en plus fréquents. Le président de la Chambre régionale d’agriculture Christian Decerle présent à la visite illustre le propos en prenant l’exemple de cette dame qui lui a dit récemment : “J’ai appris qu’une vache pouvait boire jusqu’à 120 litres d’eau par jour : il va falloir que ça s’arrête !” Preuve que la pédagogie reste plus que
jamais nécessaire, tout comme les pro- grès à poursuivre enmatière de bonnes pratiques. Le président de la Chambre départementale Daniel Prieur, égale- ment présent lors de cette visite n’a pas manqué de rappeler que dès 2007, la chambre du Doubs avait décidé d’en- gager des actions autour de la maîtrise des énergies dans l’agriculture. Si le changement climatique est à juste titre au cœur des préoccupations actuelles, “on ne parle pas assez de ces agriculteurs qui inventent de nouvelles manières de travailler” ajoute Christian Decerle. Or, ce sont eux qui sont parmi les premiers impactés par l’évolution du climat avec ses conséquences concrètes : diminution des rendements, difficultés d’approvisionnement en eau et fourrage de moindre qualité. n J.-F.H.
Présidente de Région, présidents de chambre, professionnels et services de l’État étaient là pour partager les solutions.
SERRE-LES-SAPINS
Ateliers intergénérationnels
Les ateliers cuisine
Manger local, cuisiner soi-même C’est un des objectifs du Plan alimentaire territorial de l’agglomération bisontine. Mais il reste beaucoup de chemin à faire pour coller aux nouveaux objectifs des consommateurs.
devraient être renouvelés à d’autres endroits de l’aggloméra- tion dans le cadre du Projet alimentaire territorial.
L a “Maison dumieux vivre” à Serre-les-Sapins porte encore mieux son nom en ce jour d’automne où le fumet d’un velouté de potimar- ron au vert de radis embaume la cuisine aménagée dans cet espace public récemment ouvert par la mairie. Dans la cuisine, une brigade junior faite d’en- fants du secteur accompagnés d’adultes qui s’active à couper des légumes, émincer des oignons et ciseler des aromates, le tout sous le regard d’un chef cuisinier, Benoît Rotschi (ex- Mungo Park). Cet atelier-cuisine intergéné- rationnel à la fois ludique et éducatif basé sur l’apprentissage des produits de saison est une des animations lancées par Grand BesançonMétropole dans le cadre du Projet alimentaire territorial (P.A.T.) que la collec-
tivité a initié il y a maintenant trois ans. “À travers ce genre d’ateliers, on souhaite créer du lien autour de l’apprentissage, la transmission et les échanges entre individus et entre généra- tions. Nous visons le public de 0 à 99 ans des deux communes de Serre-les-Sapins et Franois” résume SophieTissot, présidente de l’association Familles Rurales Franois-Serre. “Notre but, c’est de promouvoir le fait maison et les producteurs locaux” ajoute- t-elle. Familles Rurales réfléchit également au projet d’installer un marché de producteurs locaux à Serre-les-Sapins un dimanche par mois. Mais un tel projet, plein de bonnes intentions sur le papier, ne suffit pas. “On peut bien sortir tous les projets qu’on veut : si on n’agit pas localement, on oublie l’essentiel” note Françoise
Presse, l’élue chargée de la mise en œuvre de ce P.A.T. C’est la raison d’être de ces ateliers du goût lancés par G.B.M. (ici en collaboration avec Familles Rurales) qui devraient se renou- veler tout au long de l’année à plusieurs endroits de l’agglo- mération bisontine. “On a encore un travail énorme à faire sur ce plan, admet Christian Morel,
c’est devenu difficile de se posi- tionner sur de l’export alors qu’ils peuvent faire de la production locale à débouchés locaux.” Mais le chemin est encore long quand on sait qu’à ce jour, 98,55 % des aliments consom- més dans le Grand Besançon sont issus de productions non locales et que même si la surface complète de l’agglomération était exclusivement destinée aux cultures et à l’alimentation, seuls 24 % des besoins en nour- riture pourraient être couverts. Paradoxe : comment concilier ce souhait de développer les cir- cuits courts et la provenance locale quand on sait que chaque année, les surfaces agricoles diminuent de 76 hectares à l’échelle de l’agglomération ? Soit la capacité à nourrir environ 200 personnes. n J.-F.H.
agriculteur à Saône et vice- président de l’association Terres en ville. Mais on avance : aujourd’hui, 30 % des jeunes agriculteurs qui s’installent sont sur des projets de diversifica- tion. Ils com- prennent que
98,55 % des aliments sont issus de productions non locales.
Benoît Rotschi, ex-chef du Mungo Park à Besançon et cuisinier à domicile, a assuré cette première animation.
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