La Presse Bisontine 223 - Novembre 2020

LE GRAND BESANÇON 30

La Presse Bisontine n°223 - Novembre 2020

THISE

Environnement Vingt trous dans le parapet pour permettre aux hérissons de passer Depuis la création d’un mur en béton entre la piste cyclable et la R.D. 683 à hauteur de la pis- cine de Chalezeule, un couple a constaté la mort de nombreux hérissons sous les roues des voitures. Il a alerté. Grâce à F.N.E. 25-90 et au Département, une solution a été trouvée.

L es mauvaises langues diront que les responsables du chantier auraient pu y penser plus tôt. Association de protection de l’en- vironnement, France Nature Environ- nement 25-90 salue la rapidité dont a fait preuve le Département du Doubs

pour réduire la surmortalité de héris- sons observée le long de la route dépar- tementale R.D. 683 à hauteur de la pis- cine de Chalezeule observée depuis la création de la piste cyclable. Rappel des faits : en juin 2019, le Dépar- tement réduit d’une voie la route dépar-

tementale pour permettre à l’Agglo- mération du Grand Besançon de créer une piste cyclable qui relie le pont de Chalèze à la piscine, soit environ 1 km pour 650 000 euros hors taxes. L’Agglo construit un muret en béton d’1 mètre pour sécuriser des véhicules les cyclistes, piétons, poussettes, sur 1 km de lon- gueur. Bien vu. Sauf que le parapet est tellement haut que la faune ne peut plus passer pour rejoindre le Doubs d’un côté, la plaine de Thise de l’autre. Les animaux tombent face à un mur. Ils retournent… et se font percuter. C’est un couple de Bisontins, Lionel et Isabelle Tournier, qui donne l’alerte un peu avant le confinement : “Nous pas- sons régulièrement sur cette route. On a vu une première fois un hérisson écrasé, puis deux, puis encore d’autres. On a donné l’alerte en appelant France Nature Environnement” relate Lionel Tournier. Association déjà impliquée dans le recensement de ce mammifère, F.N.E. 25-90 vient sur place. “Le hérisson est

Gilles Benest (F.N.E. 25-90), à droite, accompagné d’Isabelle et Lionel Tournier assistent au perçage des trous dans la paroi, sur la route départementale.

long. Ils permettront aux hérissons, mais aussi aux mustélidés, de ne plus rester piégés devant le mur en béton. “C’est notre pierre à l’édifice, image Isa- belle. Nous sommes agréablement sur- pris de la rapidité de mise en œuvre qui sera efficace l’an prochain, au prin- temps” dit-elle. Pour l’hiver, les hérissons entrent en léthargie pour mieux res- sortir au printemps. Ils passeront alors sous ces “tunnels” sécurisés. n E.Ch.

un indicateur de biodiversité, il faut le préserver” résume son vice-président Gilles Benest. Il contacte le Départe-

ment, chargé des routes, qui rapidement lui donne une réponse positive. Le 22 octobre, une entreprise sous-trai- tante terminait la per- foration de 20 trous sur environ 400 mètres de

20 trous sur 400 mètres de long.

Les trous dans la paroi une fois réalisés.

SANTÉ

Une meilleure prise en charge Échinococcose alvéolaire : la surveillance franc-comtoise gagne en efficience La Franche-Comté reste toujours le principal foyer de cette maladie rare qui affecte une trentaine de personnes chaque année, soit deux fois plus qu’au cours de la précédente décennie. Explications.

environnemental. Les informa- tions circulent plus rapidement, les cas sont diagnostiqués plus systématiquement. “La plupart du temps, c’est suite à d’autres examens car 60 % des patients ont un diagnostic d’échinococcose alvéolaire sans symptôme. En les détectant plus tôt, on anticipe alors la prise en charge.” Jenny Knapp souligne aussi qu’on ne meurt plus de cette maladie en France, ce qui n’est pas le cas partout en Europe. L’échinococcose se soigne le plus souvent par traitement en pre- nant une substance médicamen- teuse appelée albendazole. Il peut aussi y avoir une interven- tion chirurgicale avec ablation de la partie du foie contaminée par le ténia. Comment expliquer aussi que 60 % des cas soient concentrés dans cinq départe- ments : Doubs, Haute-Saône, Jura,Vosges et laHaute-Savoie ? “C’est d’abord une question de climat. Les œufs du ténia res- ponsable de la maladie, sont dis- persés dans la nature par les crottes du renard. Ils sont très résistants au froid mais ne sup- portent pas la dessiccation liée à la chaleur, d’où l’utilité de cuire les petits fruits ou pissenlits entre 60 et 70 °C pour détruire les œufs du parasite.” Jenny Knapp conseille aussi de vermifuger les chats et chiens susceptibles comme le renard d’être des hôtes définitifs du ténia Echinococcus multilocu- laris. n F.C.

intègre un volet moléculaire axé sur la recherche du parasite dans l’environnement par son A.D.N. “Dix ans, c’est le temps nécessaire pour obtenir des résul- tats probants” , confirme le Dr Jenny Knapp, ingénieure de recherche au laboratoire de parasitologie du C.H.U. de Besançon qui est aussi le Centre National de Référence (C.N.R.) des échinococcoses. Les trois missions essentielles de ce C.N.R. sont la surveillance épi- démiologique à travers la gestion du registre national, l’expertise biologique et l’information aux professionnels de santé et au grand public. Au 31 décembre 2019, 811 cas de patients atteints d’échino- coccose alvéolaire sont enregis- trés au registre national. “Entre 1997 et 2007, on recensait en moyenne une quinzaine de nouveaux cas chaque année. Entre 2008 et 2018, on passe à 33 nouveaux cas en moyenne. Ce doublement ne signifie pas obligatoirement une recrudes- cence de la maladie mais reflé- terait plus d’efficacité dans l’identification du pathogène” , poursuit Jenny Knapp. L’ingé- nieure de recherche rappelle que le laboratoire de parasito- logie est devenu officiellement C.N.R. des échinococcoses en 2012. La gestion de cette maladie mobilise aussi d’autres struc- tures comme le laboratoire Chrono-environnement, ce qui permet de combiner médical et

L e fait de retirer le renard de la liste des nuisibles sur 117 communes du département du Doubs inquiète ceux qui craignent une recrudescence de l’échinococcose

tection du renard aurait un impact sur l’évolution de la maladie. C’est tout l’intérêt d’ail- leurs de l’étude C.A.R.E.L.I. pour CAmpagnol, REnard et LIèvre qui se propose d’analyser

alvéolaire. Cette maladie grave est provoquée par un petit ténia, Echinococcus multilocularis et se transmet à l’homme par le renard. Impossible aujourd’hui de savoir si une éventuelle pro-

sur 10 ans dans le Doubs l’im- pact du renard sur son milieu qu’il soit protégé, chassable ou inscrit dans la liste des nuisi- bles. Ce dispositif de recherche action

Évolution des cas d’échinococcose alvéolaire entre 1982 et 2019. (Source C.N.R..échinococcoses).

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