La Presse Bisontine 223 - Novembre 2020
18 BESANÇON
La Presse Bisontine n°223 - Novembre 2020
BESANÇON Projet artistique Des apprentis participent à la création d’un transformer
L es enfants en bas âge en ont fait un de leur jeu favori. Eux ont décidé de passer du jeu à la réalité en désossant entiè- rement une voiture pour en faire un robot à taille réelle. L’idée, un peu folle, végétait depuis quelques années déjà dans l’esprit d’Emmanuel Dumont, professeur d’arts appliqués au C.F.A. bisontin. Sa rencontre avec Dominique Lainé, technicien intermit- tent au Centre dramatique national, achèvera de lancer le projet. Habitué à construire des décors, ce métallier ferronnier d’art de formation, a mis six mois à construire ce géant d’acier. “Nos apprentis carrossier-peintre et mécanicien étaient chargés de démonter le véhicule, offert par Peugeot Sochaux, et ont été associés ici et là à la création.” Une sculpture de 5 mètres de hauteur, réalisée à partir d’une Peugeot 3008, attend d’être installée à l’entrée du C.F.A. Hilaire de Chardonnet. Résultat du mariage réussi des cours d’art, de mécanique et de carrosserie.
Emmanuel Dumont salue le don de Peugeot Sochaux pour la création de ce “robot 3008”.
La colonne de direction et les amor- tisseurs ont ainsi pris place au niveau des bras, tandis que les biellettes de direction figurent les mains et les doigts du robot. La calandre fait, elle, office de poitrine et les pneus servent tantôt d’épaules tantôt de pieds. L’ensemble harmonieux et assez technique a per- mis “d’associer les compétences et de représenter les métiers enseignés au C.F.A. par le biais de l’art” , selon Emma- nuel Dumont qui n’en est pas à son coup d’essai. On se souvient en effet de son initiative de transformation des sous-sols de l’école en lieu d’expression du street-art. Ici, il s’est attaqué à une autre dimen- sion, celle de la sculpture monumentale
avec l’aval du C.F.A. qui a financé sa construction. Il manque aujourd’hui de quoi payer l’étude d’implantation, les travaux de maçonnerie, le levage et l’installation du tronc sur l’assise basse de la sculpture, qui a été conçue en deux parties pour des questions pratiques. L’équivalent de 5 000 à 6 000 euros estime Emmanuel Dumont qui lance un appel aumécénat en direction des industriels, des groupes automobiles ou des entreprises locales du B.T.P. Une cagnotte a également été lancée sur Leetchi. “L’idéal serait de l’installer d’ici les prochaines portes ouvertes du C.F.A. en mars prochain” , résume le professeur d’arts appliqués. n S.G.
L’installation du transformer, qui pèse plus d’1 tonne,
nécessitera une grue de levage.
LITTÉRATURE
Une traversée du XX ème siècle
“Soldata Sana” : un roman choral aux allures de D.V.D. de papier
Bisontin de cœur, Mario Morisi propose dans son dernier ouvrage un nouveau genre littéraire, où le lecteur peut entrer à sa guise par tous les chapitres. Sur fond d’hommage aux jeunes filles immigrées.
qui se déroulent à Besançon : au café de l’Université ou dans un vieux bistrot de la rue Bersot. Difficile pour l’ancien directeur de la M.J.C. de Palente et le fon- dateur du journal satirique L’Écho du Zinc de passer à côté de sa ville de cœur. Il se dit d’ail- leurs “plus Italien que Français et plus Bisontin que tout autre chose.” Le récit de Soldata, qui invite à découvrir l’Italie de l’émigra- tion, transite également par Paris avec des personnages ins- pirés de vraies figures croisées par l’auteur. Des bonus à la fin du livre renvoient vers elles et les lieux visités. n S.G.
C ela pourrait être la revanche de l’écrivain sur la télé. “Soldata Sana”, qui suit l’his- toire de Maria Rosa Jones par le prisme de destins croisés, surprend par son style. Le fil de lecture, composé de consignes de tournage, d’indi- cations visuelles, de passages audio et même de publicités entre certains passages, s’ap- parente en effet plus à un scé- nario qu’un roman. Et c’est là tout le parti pris de l’auteur qui a voulu en faire “la première fic- tion multimédia de l’histoire.” “C’est une série de Netflix bro- chée” , résume Mario Morisi. L’idée lui est en fait venue après un long travail d’archives et de collecte de témoignages. “En accompagnant un jour ma fille à NewYork pour ses études, j’ap- prends qu’un cousin éloigné à travailler dans la police locale (N.Y.P.D.) et qu’une famille de la région italienne d’où je suis
bourse de la Région Franche Comté en 2014, ce livre a pris sept années de travail. “Je me suis documenté sur tout ce que j’ai pu trouver autour du fas- cisme, de la prohibition, du krach de 1929, de la grande dépression, de la criminalité organisée…” Le résultat en est une traversée du XX ème siècle de l’intérieur. L’histoire est racontée par Lana Sektor, une éditrice de biogra- phies installée à Brooklyn. La petite-fille de l’héroïne, Amy Jones, l’engage pour mettre à jour le passé de sa grand-mère. Elle est en relation avec les frères Morisi, deux cousins fran- çais, qui viennent d’apprendre l’existence de cette tante et veu- lent en savoir plus. S’ensuivent alors plusieurs aventures croi- sées entre série télé, docu-fiction et thriller psychologique. Comme dans ses autres ouvrages, Mario Morisi y consa- cre une large place à la Franche- Comté avec plusieurs scènes
originaire y a ouvert un restau- rant devenu célèbre à Manhat- tan. Je décide de pousser les recherches et de m’intéresser à l’histoire de ma tante, une gamine de 17 ans qui a fui Mus-
solini juste avant lamarche de Rome en 1922.” Une odyssée italo- américaine prend alors vie et plutôt que d’en faire une autobiographie, Mario opte pour un format plus déguisé. “Je me suis retrouvé avec une centaine de destins de femmes, d’origines variées, et des milliers d’in- formations à recou- per. J’ai donc écrit des scènes et je les ai montées comme dans un D.V.D.” Soutenu par une
Une auto biographie déguisée.
Mario Morisi ici dans la librairie À la Page.
“Soldata Sana” de Mario Morisi
564 pages - 29,90 euros Disponible à la librairie À la Page (43, rue Mégevand à Besançon)
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