La Presse Bisontine 223 - Novembre 2020

BESANÇON 14

La Presse Bisontine n°223 - Novembre 2020

RECHERCHE

Deux chercheurs à la pointe de l’immunothérapie

Covid-19 : les patients immunodéprimés passeront le cap grâce à leur découverte

Les docteurs Marina Deschamps et Christophe Ferrand (E.F.S.) ont imaginé un traitement curatif pour armer les cellules immunitaires contre la Covid-19. Leur projet nommé Covi-TRaC a reçu un financement dédié. La complexité du médi- cament et sa mise en œuvre ne permettront pas de le déployer à large échelle.

I ls font partie des pionniers de l’immunothérapie en France, dont une des appli- cations permet de lutter contre certains types de cancer, la leucémie par exemple. Le prin- cipe de cette thérapie innovante consiste à stimuler le système immunitaire du patient pour détruire la tumeur cancéreuse. Les recherches des docteurs Marina Deschamps et Chris- tophe Ferrand, de l’Unité mixte de recherche U.M.R. 1 098 RIGHT, hébergée au sein de l’éta- blissement français du sang (E.F.S.) à Besançon, ont déjà fait l’objet de nombreux articles dans nos colonnes. Mais aujourd’hui, c’est dans un autre champ d’application que les chercheurs bisontins ont réa- lisé une découverte d’importance, là où on ne les attendait pas. Ils ont imaginé un traitement qui

prendra la forme d’un médica- ment contre la Covid-19 en iso- lant une cellule, en l’armant, en la dirigeant contre l’attaque du S.R.A.S.-Cov-2. Leur projet a été retenu pour un financement d’amorçage devant quinze autres. Attention, cette découverte ne sera sans doute jamais destinée à tous les patients mais à une

pourrait coûter “à la louche” plus de 300 000 euros par patient ! Comment en sont-ils arrivés jusque-là ? Lors du confinement, Marina était chez elle àAntorpe (Saint-Vit), Christophe à Dam- pierre (Jura voisin). “Ce fut une période prolifique pour mûrir des idées provenant de recherches préexistantes et des communica- tions scientifiques sur la Covid- 19, prolifiques durant cette période, car on avait le temps pour le faire mais surtout les moyens techniques car nos col- lègues à l’E.F.S. de Besançon, qui participent à l’étude Coviplasm ont pu nous fournir les échan- tillons. C’est un travail d’équipe” poursuit Marina Deschamps. Les deux scientifiques ont utilisé leurs solides connaissances dans le domaine de l’immunothérapie antitumorale cellulaire et des cellules CAR-T pour imaginer

Les Docteurs Marina Deschamps et Christophe Ferrand.

cohorte très faible que sont les per- sonnes transplan- tées, les personnes immunodépri- mées…, afin de pouvoir leur faire passer un cap cri- tique Pourquoi ? Parce que leur trou- vaille est “un trai- tement sur-mesure” explique Marina Deschamps. Un traitement qui

“La cellule fonctionne comme un G.P.S.”

ble. Nommé “Covi-TRaC”, ce dispo- sitif revêt un double intérêt : thé- rapeutique d’abord, scientifique ensuite. Cette recherche permet- tra aussi de comprendre la déré- gulation du système immunitaire provoquée par le virus. La recherche bisontine demeure à la pointe. n E.Ch.

ce processus adapté. Comment ça marche ? “On a besoin de la cellule dumalade pour lui fabri- quer son propremédicament, vul- garise Christophe Ferrand. On isole les lymphocytes T (globules blancs) présents dans le sang pour identifier les gènes qui ont reconnu la maladie, en utilisant des technologies de biologie molé- culaire. Ces gènes sont ensuite

transférés vers des cellules “T” que nous armons. Comme des G.P.S., elles sont guidées dans le corps pour tuer la cellule infectée” poursuit le chercheur de l’E.F.S. Dit comme cela, tout paraît sim- ple. Cette technique devrait don- ner de bons résultats, en parti- culier pour les patients immunodéprimés, pour lesquels un vaccin ne serait pas applica-

SANTÉ

Pour dépister les cancers du sein Le C.H.U. de Besançon s’équipe d’un mammographe 3D dernière génération

Cet appareil offre un plus grand confort d’examen et davantage de précision dans le diagnostic. Il est en fonction depuis un mois, plusieurs patientes en ont déjà bénéficié. L’hôpital bisontin est le seul à ce jour à en être équipé.

L es femmes qui ont eu à faire ce genre d’examen, le savent. Il peut s’avérer douloureux. Pour autant, les radiographies du sein sont primordiales dans le suivi oncologique et dans le dépistage. “Ces images ren- dent possible la détection de lésions ou d’anomalies de la glande mammaire” , rappelle le D r Lucie Revel, radiologue au C.H.U. Minjoz.

Avec l’acquisition de ce nouvel équi- pement, l’hôpital bisontin fait un pas de plus dans l’amélioration de la qualité des soins apportés. “L’ergonomie a été repensée pour faciliter le positionnement des patientes. L’idée est d’apporter plus de confort avec notamment des supports repose mains, mais aussi une télécom- mande d’auto-compression pour la patiente.” Un vrai plus selon Nathalie Perruche, une des manipulatrices de l’équipe, habituée à lire l’inquiétude dans leurs yeux. “Devenir actrice leur permet de mieux gérer la douleur et on se rend compte qu’elles vont davantage comprimer le sein que nous ne le ferions, avec à la clef une meilleure image.” Cette dernière génération d’appareil a en outre l’avantage de limiter les doses d’irradiation. Ce qui n’est pas négligeable pour les femmes amenées à faire plusieurs mammographies. Elle montre aussi des avancées sur le plan technologique “comme le fait de lui associer un logiciel d’intelligence arti- ficielle, qui vient en appui du radiologue pour la lecture et l’interprétation des examens” , souligne Lucie Revel. “Celui- ci nous calcule un score de risque en faisant un détourage des anomalies.” Le mammographe se charge en fait de

L’équipe de radiologues et de manipulatrices(teurs).

comparer les radiographies avec une base de données et permet un diag- nostic plus précis. Une approche qui a l’avantage, par rapport aux anciennes versions, de réduire les faux positifs

diagnostic du cancer du sein et le dépis- tage organisé. 2 000 mammographies y ont été réalisées en 2019. “Un peu plus de 50 % des femmes viennent dans le cadre du dépistage organisé. On aimerait arriver à 70 % pour améliorer le pronostic et leurs conditions de vie, avec des économies à la clef derrière sur le système de santé” , conclut Lucie Revel, qui rappelle que les dépistages sont remboursés pour les femmes de 50 à 74 ans et doivent se faire tous les deux ans. L’arrivée de ce mammo- graphe, très médiatisée, a aussi amené plusieurs appels pour des dépistages individuels. Une ligne téléphonique directe a depuis été mise en place pour prendre rendez-vous avec le centre de sénologie. n S.G.

et les rappels inutiles, mais aussi de diminuer le temps de lecture des clichés. Ce qui devrait faciliter la prise en charge de plus de patientes. Le C.H.U. bisontin, qui est le seul à en être équipé à ce jour (l’hôpi- tal de Nancy devrait prochainement le rejoin- dre), souhaite devenir un acteur de référence dans la région pour le

Des outils de détection plus performants.

Une plateforme d’intelligence artificielle vient en appui du radiologue pour l’interprétation des images.

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