La Presse Bisontine 223 - Novembre 2020
Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besançon
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€ 80
NOVEMBRE 2020
Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon
www.presse-bisontine.fr
Z.I LA LOUVIÈRE - 25660 SAÔNE (Face à Gamm’Vert)
PÔLE VIOTTE : LE CHANTIER DÉRAPE
l Retards et surcoûts l La Ville appelée comme médiatrice entre entreprises et architecte l 1 000 agents : les syndicats demandent des garanties
p. 20 à 26 Suicide assisté, euthanasie… Fin de vie : le débat relancé à Besançon
p. 38-39 Ces créateurs qui incarnent le renouveau de l’horlogerie à Besançon
RETOUR SUR INFO - BESANÇON
La Presse Bisontine n°223 - Novembre 2020
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Première phase de déprogrammation des interventions chirurgicales au C.H.U.
Liberté Au-delà de l’indicible. Le sauvage assassinat de l’enseignant Samuel Paty il y a dix jours a ébranlé la France.Avec les larmes versées et le traumatisme ressenti par lesmembres du corps enseignant français, c’est laNation tout entière qui exprime son dégoût. Les centaines de milliers de personnes qui se sont rassemblées sur les places il y a quelques jours, à Besançon comme partout en France, rappellent évidemment à nos plus mauvais souvenirs les grandes mani- festations de janvier 2015 suite à l’attentat de Charlie Hebdo. Un sinistre bégaiement de l’histoire ? Sauf que…, cinq ans se sont écoulés depuis lemassacre de la rédaction de Charlie et que rien n’avait bougé, ou presque dans l’appréhension de nos diri- geants sur la gangrène intérieure que repré- sente la menace islamiste. La cohésion de façade qui était née suite au drame de Charlie Hebdo s’est vite fracassée contre le mur des divisions idéologiques de notre pays tiraillé entre ses deux extrêmes : la droite de Marine Le Pen qui joue avec les peurs et jongle avec les amalgames, et l’extrême gauche communiste ou mélen- choniste pour qui dénoncer les dérives de l’islam représentait jusqu’ici un blasphème et un crime de lèse-démocratie. Samuel Paty est le nouveau martyr de cette guerre larvée. Sans doute pas le dernier. Mais au regard de l’Histoire contemporaine, son nomsera peut-être associé, il faut désormais l’espérer, au virage enfin pris par la France, en même temps que cette douloureuse prise de conscience, en matière de lutte contre les tentatives des religions, aujourd’hui l’islam, hier c’était le catholicisme, de vouloir substituer leurs règles morales à celles de la République. L’État a commencé à agir. Il était temps. Mais il ne faudrait pas cette fois, au risque de souiller la mémoire de cet enseignant et de toutes les victimes qui l’ont précédé, que l’État flanche dans sa fermeté. L’assassinat de Samuel Paty a sans doute eu le mérite de déclencher, enfin, un début d’unanimité sur la désignation de l’ennemi : non pas l’islam évidemment, mais son parasite l’islamisme. Parallèlement, on ne peut qu’encourager les professeurs, les journalistes et les citoyens à continuer à exprimer ouvertement et hauts les cœurs leur liberté d’expression. Il y va de la survie de notre démocratie. n Jean-François Hauser Éditorial
L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, eux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. ous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. La réponse de Joseph Pinard à l’adjointe à la Culture
A ncien député, élu local et historien, le Bisontin Joseph Pinard a bondi de son siège en lisant l’interview du mois consa- cré dans notre précédent numéro à Aline Chassagne, la nouvelle adjointe à la Culture de Besançon. Cette dernière affirme notamment : “On sait qu’ici aussi l’histoire des femmes a été écrite par des hommes, donc déformée.” “Non Madame l’adjointe à la culture, les hommes ne sont pas a priori disqualifiés pour écrire l’histoire des femmes !” lui rétorque Joseph Pinard qui poursuit : “Il se trouve que j’ai consacré des recherches aux 800 femmes qui, avant 1914, travaillaient dans des conditions déplorables à l’usine des Soieries. J’ai évoqué leur sort dans mon livre “Rebelles et révolté(e)s”. Dans mon ouvrage “La preuve par neuf”, toute une étude concerne l’action du Docteur Baigue au service de celles que l’on appelait “les filles-mères”, sou- vent rejetées par leur famille. Dans “Besançon votre ville”, j’ai publié de nombreux articles relatifs aux femmes à Besançon. Je n’en citerai que deux. Dans l’un, je citais l’adjoint Doussau (par ailleurs cheminot et militant C.G.T.) qui, lors d’une réunion du conseil municipal en 1913 déclarait : “Si des femmes étaient au conseil, qui ferait la cuisine ?”. Dans l’autre, je rappelais le souvenir d’une héroïne de la Résistance, Sœur Baverel religieuse à l’hôpital Saint-Jacques. Et je pourrais évoquer toutes les contributions (articles, chapitres
de livres, conférences) destinées à faire connaître le drame vécu par deux veuves : celles du soldat Bersot fusillé en 1915 pour avoir refusé de porter un pantalon sale et celle de son camarade Cot- tet-Dumoulin condamné au bagne pour avoir protesté contre la sanction frappant son ami. En quoi ai-je, dans tous ces écrits, déformé l’histoire des femmes ?” interroge M. Pinard. L’historien bisontin ne prétend pas pour autant détenir le monopole des travaux de recherche de l’histoire des femmes chez nous. “Mesdames Rochelandet et Toillon, pour ne citer qu’elles, y ont apporté de précieuses contributions. S’agis- sant des hommes, je me tiendrai à deux noms : mon maître, l’abbé Garneret qui a décrit le drame des femmes de paysans, premières victimes de la guerre de 14-18. Et mon collègue et ami Daniel Anthony pour nous avoir fait connaître une grande dame importante pour Besançon au temps des Granvelle, Nicole Bévalot.” Que les femmes aient été, et souvent encore, victimes du machisme est un fait certain recon- naît Joseph Pinard. Mais les choses bougent. Ainsi, au conseil municipal de Besançon, on comptait 0 femme en 1959, 3 en 1965, 9 en 1971, 17 en 1979 et les lois récentes sur la parité ont assuré l’égalité. “Ce n’est pas en passant de l’écrasante domination des hommes à la mas- culinophobie que l’on fera avancer les choses plus vite” conclut l’ex-élu très remonté. n
Seulement 7 patients en réanimation au 23 octobre au C.H.U., mais le Plan blanc est activé.
gramme de coupes prévoyant une récolte moyenne annuelle d’environ 7 000 m 3 , le dévelop- pement des études forestières. Les coupes dites “à blanc” ne seront plus généralisées sauf pour les résineux. Elles avaient pu choquer. Une présentation qui fait réagir le chef de l’oppo- sition bisontine (L.R.) Ludovic Fagaut qui interroge la maire de Besançon : “Votre fameux Conseil de la Forêt demande de surseoir, dit qu’il ne faut pas se précipiter à présenter un plan parce que l’on ne connaît pas C omme l’établisse- ment l’avait décidé en mars dernier, et compte tenu de l’aggravation significative de la situation sanitaire en Bour- gogne Franche-Comté, “et bien que le nombre de patients Covid accueillis au C.H.U. de Besançon reste pour l’heure modéré” précise l’établissement, le Plan blanc est déclenché depuis jeudi 22 octobre afin d’anticiper l’augmentation des prises en charge. Au 22 octobre, 23 patients atteints par la Covid étaient accueillis au C.H.U. de Besançon dont 7 patients en réanimation. “Le déclenche- ment du Plan blanc se concrétise par la transforma- tion des organisations exis-
encore toutes les conséquences du réchauffement. Y avait-il urgence à présenter ce plan ? Vous dites avoir pris en compte l’avis des associations mais on ne l’a pas dans le rapport. Pour- quoi ?” interroge Ludovic Fagaut. L’avis des associations n’a pas pu être pris en compte car ces dernières n’ont pas eu le temps nécessaire pour synthétiser leurs observations et les renvoyer à la direction des espaces verts. Le Conseil de la Forêt va se réu- nir tous les ans. n tantes au sein du C.H.U.” explique l’établissement. Au regard de la nécessité d’aug- menter le nombre de lits de réanimation et de médecine, l’hôpital se voit en effet contraint d’engager d’ici quelques jours une première phase de déprogrammation des interventions chirurgi- cales susceptibles d’être reportées. Cette mesure per- mettra de libérer les res- sources humaines néces- saires pour faire face à la situation. Les premiers patients concernés par les déprogrammations seront contactés par les secrétariats médicaux dans les 15 jours à venir. L’établissement dit se préparer depuis plusieurs semaines à cette seconde vague. n
Forêts bisontines : que faire durant les 20 prochaines années ?
B esançon est propriétaire de la forêt de Chailluz (1 615 hectares), du bois d’Aglans (188 hectares) et de 237 hectares d’espaces boisés sur les collines. Ces trois ensem- bles ont jusque-là fait l’objet de
trois aménagements forestiers distincts. Pour leur renouvelle- ment, un document unique regroupant les trois massifs et applicable sur la période 2020- 2039 est proposé. Durant le pré- cédent mandat, alors qu’elle
était adjointe, Anne Vignot a lancé le “Conseil de la forêt”, un organe qui recueille l’avis des utilisateurs pour penser la forêt de demain. “À Besançon, on a une pratique de la forêt importante, résume la maire. Elle a un rôle social, écono- mique, de biodiversité…, mais elle est en souffrance. Nous sommes intervenus de façon importante pour la sécuriser dans le cadre de la crise des frênes. Aujourd’hui, il faut pro- poser un plan qui garantisse son avenir.” Parmi les actions : le rempla- cement des résineux par des essences de feuillus mieux adaptées, le renouvellement des peuplements forestiers vieil- lissants, par une gestion en futaie, associé à un travail de retour à l’équilibre forêt-gibier, le renforcement de l’accueil du public, le maintien de la pro- duction de bois, avec un pro-
est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER
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Y aura-t-il encore de grandes coupes de bois dites “à blanc” comme ici dans le secteur des Petites baraques à Chailluz en 2017 ? Oui pour les résineux (photo archive L.P.B.).
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L’ INTERVIEW DU MOIS
La Presse Bisontine n°223 - Novembre 2020
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BESANÇON
Le contact tracing de la C.P.A.M.
“On a pris un retard énorme sur la prévention et la détection des maladies”
En tant que directeur de la Caisse primaire d’assurance maladie (C.P.A.M.) du Doubs, Lilian Vachon a la lourde tâche d’organiser le suivi le plus précis possible des personnes touchées par le Covid-19 ou exposées à la maladie. Où en est notre département à l’heure où il s’apprêtait à basculer dans le couvre-feu ?
L a Presse Bisontine : Où en est-on, fin octobre, sur le traçage du Covid dans notre département, ce que vous appelez à la C.P.A.M. le “contact tracing” ? ilianVachon : Il s’agit avec cette méthode d’essayer de briser les chaînes de conta- mination. On a affaire à un virus qui a la particularité de se propager très rapidement, dans un contexte où on connaît encore assez mal son mode de transmission. La technique, comme ça s’est pratiqué enAsie, est donc d’essayer de connaître la positivité d’une personne le plus tôt possible afin de pouvoir la contacter ainsi que les personnes qui sont potentiellement à risque, c’est-à- dire les fameux cas contacts en deman- dant à ces derniers de s’isoler pendant sept jours et d’aller faire un test. Nos équipes à la C.P.A.M. disposent de matrices très bien documentées qui leur permettent de donner les bonnes indications aux personnes contactées. Nous organisons leur isolement, nous les accompagnons. Si le télé-travail n’est pas possible pour elles, nous les faisons bénéficier d’un arrêt de travail qu’elles peuvent obtenir directement sur le site A.M.E.L.I. Nous sommes en quelque sorte le niveau 2 du dispositif entre les médecins de ville (niveau 1) qui restent évidemment un maillon très important, et l’Agence régionale de santé (niveau 3) qui elle, à la capacité d’aider à l’isolement via une plate- forme d’appui à l’isolement, et a le pou- voir d’enquêter sur les clusters au-delà de la contamination de 10 personnes dans un même endroit. L.P.B. : Vous avez mis en place un dispositif exceptionnel pour ce tracing ? L.V. : On reçoit les fichiers nationaux de positivité et c’est à partir de là qu’on
nal 40 000 patients zéro en France, et 110 000 fiches quotidiennes avec les cas contacts, soit à peu près un millier pour le Doubs chaque jour. On a donc dûmonter nos effectifs dédiés au tracing à 90 personnes sur la plate-forme dépar- tementale. Pour une moitié, ce sont des collaborateurs de la C.P.A.M., et pour l’autre des renforts en provenance de la C.A.R.S.A.T., de la C.A.F. et de la M.S.A. qui contactent les personnes tous les jours de 8 heures à 19 heures, samedis et dimanches compris. Je met- trais bien une bougie pour que ça n’aille pas beaucoup plus loin que ces chif- fres… L.P.B. : Vous sous-entendez que cette montée en charge est loin d’être terminée ? L.V. : On va finir par atteindre un palier. Sur les trois dernières semaines dans le Doubs, on avait entre 600 et 1 000 fiches à traiter tous les jours. On a les moyens humains de suivre, mais on fait un effort désormais pour augmenter notre “productivité” en automatisant certaines tâches (envoi de S.M.S. préa- lables pour prévenir les personnes qu’elles vont être appelées…). Mais on crée les outils quasiment en temps réel. On doit être aussi dans une logique de traitement attentionné des situations car cela touche une maladie qui peut faire peur pour soi ou pour ses proches. Il y a aussi une part de psychologie dans nos appels. L.P.B. : Cette organisation de vos services au profit de la lutte contre le Covid se fait-elle au détriment de vos autres missions ? L.V. : C’est justement le double challenge qui est face à nous : d’une part monter en compétences par rapport à l’évolution des chiffres et d’autre part arriver à concilier la continuité de notre mission de service public. Sur ce point, nous ne transigeons pas, les délais de trai- tement des dossiers restent dans des standards normaux car on a sanctuarisé ces secteurs. Pour faire face à la montée en charge du contact tracing, nous avons aussi recruté 25 agents en C.D.D. L.P.B. : Vous ferez les comptes plus tard sur ce que coûte ce dispositif ?… L.V. : Clairement, l’enjeu aujourd’hui est de sortir au plus vite de cette situa- tion sanitaire en poursuivant cette stratégie “tester, tracer, isoler”. L.P.B. : On pourrait se poser la question de l’ef- ficacité de la méthode au regard de l’augmen- tation exponentielle des cas de Covid ? L.V. : La montée en charge fonctionne. On avait annoncé l’objectif de réaliser 1 million de tests par semaine, nous sommes aujourd’hui à près d’1,5million sur le plan national. Je rends d’ailleurs
Lilian Vachon est directeur de la C.P.A.M. du Doubs. C’est lui qui coordonne toute la politique de contact tracing de la caisse d’assurance maladie.
pris l’épidémie sans ce travail de tra- cing. Cette méthode aura sans doute un effet positif sur le lissage de la courbe des contaminations. L.P.B. : Comment évolue dès lors la situation dans notre département ? L.V. : Nous étions plutôt, avec le Nord Franche-Comté, dans une évolution modérée par rapport aux départements proches comme le Jura ou la Côte d’Or, mais il est clair qu’on s’est approché rapidement du seuil d’alerte maximal fin octobre. Malgré les mesures res- trictives du gouvernement, la dyna- mique n’est pas encore cassée. C’est la raison pour laquelle il faut sans cesse répéter ce message de la responsabilité individuelle de chacun. Les masques, l’aération des pièces, l’hygiène des mains… Tout cela fait appel à des logiques qu’on connaissait déjà au Moyen-Âge mais qu’il faut sans cesse répéter et rappeler. Tout cela si on veut éviter un nouveau confinement. L.P.B. : Pourra-t-on justement éviter un recon- finement de la population du Doubs ? L.V. : Je ne suis pas à même de répondre à cette question, je sais juste qu’il vau-
drait mieux éviter un reconfinement. Pour des raisons économiques que d’au- tres expliqueraient mieux que moi, mais aussi pour des raisons de santé publique. Les effets sanitaires du pre- mier confinement ont été catastro- phiques pour les conséquences induites qu’il a eu sur la santé. Le taux de vac- cination des enfants était en chute libre, les détections des cancers n’ont pas pu se faire et on a pris un retard énorme sur la prévention et la détection des maladies. Cette période aura eu tout de même un effet, que je qualifie- rais de positif : la montée en régime des télé-consultations. L.P.B. : À quelle échelle pour le Doubs ? L.V. : Leur nombre a littéralement explosé. Dans les premières semaines de l’année 2020, on en dénombrait envi- ron 50 par semaine. Dans la première semaine d’avril, on est arrivé à un total de 10 000 télé-consultations ! En cumulé depuis le début de l’année, nous dépassons les 100 000 télé-consultations dans le Doubs. Actuellement, nous sommes encore à un rythme de près de 1 500 par semaine. n Propos recueillis par J.-F.H.
hommage aux labo- ratoires ici dans le Doubs pour leur engagement. Les chaînes de contami- nation sont-elles pour autant bri- sées ? Non. Sauf qu’on arrive désor- mais à détecter de plus en plus de per- sonnes testées posi- tivement qu’on avait auparavant repérées comme cas contacts. Au printemps et pendant l’été, on se questionnait car on trouvait beaucoup de personnes posi-
prend contact avec les personnes concernées et leurs contacts. Cette méthode a été mise en place fin avril et elle est devenue pour nous une mission d’utilité publique qui repose sur des techniques d’enquê- teurs sanitaires. Nos brigades sanitaires ont été opérationnelles dès la mi-mai, elles comp- taient une trentaine de collaborateurs.Mi-août, ça a commencé à se ten- dre à nouveau et on a réarmé ces plateformes avec une montée en charge progressive, sui- vant le rythme effréné des augmentations.Au 23 octobre, nous comp- tions sur le plan natio-
“Sans doute un effet positif sur le lissage de la courbe.”
“On est désormais
à 1 500 télé- consultations par semaine.”
tives et on ne savait pas d’où elles sor- taient. Aujourd’hui, en travaillant sur les boucles de contamination, si on réussit à détecter un nouveau patient positif au moment où il est cas contact, alors on gagne du temps, et sans doute des contaminations, car ce patient aura été isolé. D’un côté, la pertinence de cette méthode est rassurante. On ne sait pas dire quelle tournure aurait
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LOGEMENT
Le “Permis de louer”
Besançon s’attaque au logement insalubre et énergivore Il s’agit de moderniser 520 logements privés de la Boucle et de Battant à travers la distribution de primes financières pour lutter contre le mal-logement et éviter les passoires énergétiques. Si le propriétaire bailleur refuse, des pro- cédures coercitives seront engagées. Une annonce qui suscite des critiques.
D ans le cadre du pro- gramme Action Cœur de Ville (A.C.V.), Besan- çon expérimente une politique de lutte contre l’habitat indigne et de prévention du mal logement intitulée “Permis de louer”. Concrètement, les appar- tements indignes du centre-ville dont les performances énergé- tiques sont classées entre F et G ne pourront plus être loués. “Il sera nécessaire d’obtenir l’au- torisation préalable de mise en location (A.P.M.L.) dite “Permis de louer” sur la durée de l’Opé- ration programmée d’améliora- tion de l’habitat et de renouvel- lement urbain (O.P.A.H.-R.U.)” présente Anne Vignot, la maire. Cette décision concerne unique-
ment les bailleurs privés. “On vise à moderniser 520 logements à travers la distribution de primes financières incitatives et la conduite de procédures coer- citives sur “les cas bloqués” iden- tifiés” poursuit la Ville qui a écrit au ministère de la Tran- sition écologique pour l’autoriser
Zoom Quel risque en cas de refus ? Si un bailleur décide de louer sans l’aval de la collectivité, il s’expose à une amende de 5 000 euros qui peut ensuite grimper jusqu’à 15 000 euros. Les aides spécifiques pour aider les bailleurs proviennent de l’enveloppe budgétaire Action cœur de ville qui s’élève à 1,29 million d’euros dont le per- mis de louer peut prétendre à une partie. n
Un bailleur qui souhaite louer dans la Boucle ou à Battant devra montrer patte blanche. Si son appartement est insalubre ou une passoire énergétique, il ne pourra pas le mettre sur le marché.
logements énergivores sera interdite dans la Boucle et à Battant (soit une consommation maximale de 330 kWh/m 2 /an). Tous les bailleurs qui souhaitent louer leur logement devront remplir un formulaire qui sera examiné par un expert. Il sera chargé de donner, ou non, l’au- torisation. Les critiques n’ont pas tardé. Pour le groupe Les Républicains,
cette décision demande des pré- cisions et des critères clairs : “Qu’en est-il du travail avec l’ar- chitecte des bâtiments de France lorsque l’on sait qu’un isolement par l’extérieur est interdit dans l’hyper-centre, voire le double vitrage ?Avez-vous travaillé avec l’A.D.I.L. du Doubs ? Quels sont les critères énergétiques ?” inter- roge le chef du groupe, Ludovic Fagaut qui estime que ce dossier
“flotte.” Anne Vignot répond qu’une réunion doit avoir lieu avec l’architecte des bâtiments de France. Un travail avec l’Agence de l’urbanisme Besan- çon Franche-Comté (A.U.D.A.B.) a étémené. Quant aux locataires dont le logement sera interdit à l’occupation, ils seront repris en priorité par les bailleurs sociaux. n E.Ch.
à lancer cette expérimenta- tion visant à conditionner les mises en location de logement au respect du principe de “décence” éner- gétique. La location des
“Avez-vous travaillé avec l’architecte des bâtiments de France ?”
La Presse Bisontine n°223 - Novembre 2020 L’ÉVÉNEMENT
CHANTIER DU PÔLE VIOTTE : DES TENSIONS, DES RETARDS, DES SURCOÛTS
Le plus grand chantier en cours en ce moment à Besançon est sans doute le plus complexe de ces dernières années. Les bâtiments en construction près de la gare Viotte seront livrés avec 6 mois de retard dans le meilleur des cas pour les 800 agents de l’État, un an et demi pour les 200 agents de la Région Bourgogne-Franche-Comté. Entre certaines entreprises et l’architecte, le dialogue jusque-là très difficile va-t-il se renouer ? L’aménageur l’espère. Il a fait appel à la Ville de Besançon pour jouer le rôle de médiatrice.
Grand chantier, grands problèmes 800 agents de l’État, 200 de la Région, devaient poser leurs cartons d’ici la fin d’année dans les bâtiments du Pôle Viotte à Besançon. Le déménagement est repoussé suite à des aléas de chantier et à des relations délicates entre la maîtrise d’ouvrage et des entreprises. Tout cela aura un coût. l Chantier Premiers surcoûts entre 1,2 et 1,7 million d’euros
Le cabinet d’architectes dévoile une partie du bâtiment de la Région et la vue sur Besançon, magnifique. Reste à terminer l’intérieur des cellules.
A u sol, douze carottes de béton jonchent le sol du bâtiment “A” après qu’un compa- gnon a perforé la dalle fraîche- ment coulée. Il a fallu “casser” le neuf pour permettre l’arrivée de gaines dont l’emplacement avait été oublié. À qui la faute ? L’entreprise nous indique ne pas avoir reçu l’ordre de service de la maîtrise d’œuvre. L’archi- tecte évoque de son côté une volonté du client de dernière minute qu’il a bien fallu assouvir comme ce restaurant interad- ministratif, non prévu à la base. Un peu plus loin, un membre du cabinet d’architecture déplore de faire “la police” : “On réclame depuis des mois que la faille entre les bâtiments A4 et A5 soit recouverte car la pluie abîme la
Franche-Comté qui l’achète en V.E.F.A. (vente en l’état futur d’achèvement) pour 200 colla- borateurs, une brasserie de 500 m 2 , des cellules commer- ciales et enfin 14 logements de “haut” standing au 8 ème étage avec vue imprenable sur le cen- tre bisontin. L’immense construction patine : sixmois de retard (auminimum) pour le site de l’État, sans doute un an pour la Région. À qui la faute ? Une personne chargée de l’ordonnancement, du pilo- tage et de la coordination du chantier (O.P.C.) a été débar- quée, des entreprises sont poin- tées du doigt par l’architecte pour “leur manque d’implication et de souci architectural” (lire par ailleurs). Dans le même temps, ces sociétés retenues
déplorent l’absence de “fiches travaux” claires et précises qui doivent être délivrées par le cabinet architectural. Une situa- tion compliquée qui a abouti à une visite de chantier début octobre en présence du préfet, de l’architecte, de Sedia l’amé- nageur, de la maire de Besan- çon. Pour sortir le chantier de l’or- nière, il a été demandé à laVille d’assister aux prochaines réu- nions en qualité d’observateur neutre. Une visite que l’opposi- tion municipale saisit au bond pour demander lors du conseil municipal d’octobre des préci- sions à la maire de Besançon, qui n’a pas la main sur ce dos- sier. “On entend des dissensions entre l’architecte et les entre- prises ? Que savez-vous et com-
ment expliquer un surcoût évalué entre 1,2 et 1,7 million d’euros ? Comment allez-vous gérer l’accès au site et le stationnement ? Il faut par exemple augmenter le cadencement des trams vers Viotte et penser à la fermeture de la ligne ferroviaire des Hor- logers l’an prochain pour tra- vaux” estime Ludovic Fagaut (Les Républicains). Il reste quelques mois supplémentaires pour analyser tout cela et redres- ser la barre. “Le Signal” terminé, ces soucis seront vite oubliés. Avec ses tuiles bleues spéciale- ment conçues pour l’occasion, le site promet de rayonner sur la Boucle mais chacun aujourd’hui se regarde en chien de faïence pour savoir qui paiera les travaux modificatifs. n E.Ch.
contexte qui prend une autre importance dans cette construc- tion d’envergure qu’est le Pôle Viotte à Besançon, à proximité de la gare. Rappel du contexte. Sur l’ancien site Sernam, il a été décidé en 2016 - sur décision du Premier ministre Manuel Valls - la construction d’une “Cité admi- nistrative” dont Jean-Louis Fousseret, maire à l’époque, revendique une partie de la paternité. Il s’était battu pour que ce site soit choisi afin d’évi- ter le départ des fonctionnaires vers Dijon. Ce n’est pas un bâtiment mais cinq qui sont construits afin que l’État puisse loger 800 de ses agents ! Sont également en cours de construction un bâtiment pour la Région Bourgogne-
structure. Cela nous empêche de poursuivre le chantier à l’inté- rieur. On réclame, mais rien ne bouge. Il n’y a pas assez de monde sur le chantier” dit-il.
Réponse des entreprises incri- minées : “On a besoin du lift (ascenseur) pour monter nos maté- riaux au qua- trième étage !” Ces deux exem- ples applicables à de nombreux chantiers prou- vent la difficulté de dialogue entre lamaîtrise d’œu- vre et une partie des entreprises retenues. Un
Aussi une brasserie, des commerces, des logements d’exception.
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l Architecture Brigitte Métra se défend “On m’a déjà demandé plus de 100 modifications” Celle qui a construit la Philharmonie de Paris donne sa vision des faits et défend son projet architectural du pôle Viotte.
bien, mais ce n’est pas le même coût. J’ai produit plus de 100 fiches travaux modificatives, ce qui est énorme. C’est au client d’assumer. Je n’ai jamais vu un tel mépris de l’architecture de certaines entreprises mais j’ai la prétention de mener mes pro- jets à bien même si certains cherchent à me dénigrer. Ce site sera un projet phare pour Besan- çon. L.P.B. : Est-ce aux entreprises de régler les problèmes techniques comme la ventilation de la future brasserie ? B.M. : Je n’ai eu les précisions de la brasserie qu’en juillet ! Aupa- ravant, je ne savais rien. Est- ce à moi de donner la taille des gaines ? Non. Un architecte est à l’image d’une passoire : il doit filtrer les demandes de son client. S’il n’a pas les ingrédients, il ne peut rien faire. n Propos recueillis par E.Ch.
R are femme architecte de sa génération à s’être fait un nom seule avec son agence, l’élève du célèbre Jean Nouvel et Bisontine d’origine Brigitte Métra réagit. La Presse Bisontine : Pourquoi ces dif- ficultés d’exécution ? Brigitte Métra : Parce que les entre- prises ne sont pas sous le coup de pénalités de retard, parce que le pilotage a été mal fait, ainsi que les approvisionne- ments. Je râle car je demande davantage demonde sur le chan-
pour Besançon les tuiles bleues (elles rappellent les clochers comtois), des rideaux à ailettes
tier. Là où l’on doit compter sur 100 personnes, il y en a 30. Je n’ai jamais vu cela. L.P.B. : Les entreprises déplorent votre manque de clarté dans les exécu- tions… B.M. : Je suis face à un groupe local d’entreprises qui veut plus d’argent. Surtout, les besoins n’ont pas été spécifiés. Je dois construire à 1 200 euros du mètre carré, ce qui est peu. Le budget est serré pour tout le monde, il a été à mon avis sous- évalué par Sédia. Moi, je suis là pour l’intérêt général, j’ai créé
orientables. On me demande de nombreuses modifications comme un res- taurant admi- nistratif, un local pour l’in- formatique, des matériaux bio- sourcés pour un bâtiment, épaissir l’isola- tion. Je le veux
“Je n’ai jamais vu un tel mépris de l’architecture.”
Brigitte Métra (photo archive L.P.B.).
l Zoom Tuyaux mal placés : 80 000 euros en plus Brigitte Métra ne comprend pas pourquoi nous évoquons le cas des tuyaux mal positionnés et des radiateurs. C’est évident qu’ils ne reflètent pas la qualité architecturale. Un avis technique défavorable sur le positionnement des radiateurs à ailettes, jugé en “appui précaire”, a nécessité de poser l’ensemble des tuyaux à l’horizontale et non à la verticale. Un surcoût estimé à 80 000 euros et une perte de temps car il a fallu répéter l’opération sur de nombreux étages.
Il a notamment fallu revoir toutes les études de ventilation de la future brasserie.
l Le monte-charge est prévu, pas les réservations L’État a ajouté la création d’un restaurant administratif. Il a fallu prévoir un monte-charge et les réservations électriques. L’emplacement a bien été réservé mais pas celui pour accueillir les fourrures. Environ 9 500 euros en surcoût ont été présentés. Pour le bâtiment B, des reprises d’études sont néces- saires ainsi que des plans d’exé- cution, ce qui retarde son avan- cement.
l La façade reçoit un avis technique défavorable Le 18 septembre, un bureau de contrôle a émis un avis défavo- rable sur la façade rideau du bâti- ment A1. Le cabinet d’architectes estime ce dossier réglé. Ces avis sont importants. À Besançon, l’exemple du toit de la Cité des Arts (chantier à 46 millions d’eu- ros) où s’infiltre de l’eau depuis 8 ans fut un épineux dossier où il a fallu identifier les responsa- bilités de cette “malfaçon”. La facture des travaux de reprise (qui vont s’achever) ne sera pas payée par le Grand Besançon mais par trois sociétés extérieures.
l Anne Vignot appelée en arbitre, mais prudente La maire de Besançon a accepté de nous recevoir pour évoquer son rendez-vous avec l’architecte. “Elle m’a exprimé les mauvaises relations avec des personnes du chantier, la façon de concevoir cette réalisation dans le prix. J’en- tends les discordes. J’ai demandé que l’on reparte à zéro, que le chantier avance” dit Anne Vignot qui n’est pas responsable du chan- tier. L’État va créer un nouveau parking pour des voitures. Faut- il s’inquiéter de l’accès au quar- tier ? “Je suis inquiète car le site n’est pas prévu pour. La préfecture
a fait un plan de déplacement. Je vais en discuter avec elle et la Région.” Quant à l’expérimenta- tion de la gratuité des transports pour les agents, elle dit non. Davantage de trams versViotte ? “Nous avons un plan de mobilité qui reprend l’ensemble des mou- vements et des densifications à l’échelle du Grand Besançon.” Pour l’instant, il n’est pas ques- tion d’augmenter le cadencement. À noter que l’association “Vivre aux chaprais” a réalisé une étude sur le stationnement dans ce quartier. Son constat : “de 129 places en 2004, il en reste moins de 100 en 2020 dans les 7 rues les plus proches de Viotte.” n
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8 L’ÉVÉNEMENT
La Presse Bisontine n°223 - Novembre 2020
l Sedia
Le pilote donne un nouveau cap “Sedia prendra en charge les surcoûts”
deux mois en raison de la Covid puis il y a eu une reprise pro- gressive. On est aujourd’hui à 85 % d’activité des entreprises pour un chantier qui va rede- venir normal. Nous avons mis des renforts en maîtrise d’ou- vrage. Nous sommes là pour mettre de l’huile dans les rouages. Le bâtiment A (État) qui devait être livré en octo-
Brigitte Métra évoque la réalisation de plus d’une centaine de décisions modificatives après le changement d’avis des clients. Les entreprises annoncent quant à elles de nombreux travaux supplémentaires. Qui prendra en charge ce surcoût évalué pour le moment entre 1,4 et 1,7 million d’eu- ros ? V.F. : Les surcoûts, Sedia les pren- dra en charge. Nous avons déjà bien remis à niveau certains points. Les entreprises qui pré- senteront des surcoûts supplé- mentaires seront payées. Quant aux honoraires de l’architecte, c’est également normal de les indemniser. Encore une fois, nous sommes là pour mettre de l’huile. Nous avons changé par exemple changé d’O.P.C. (per- sonne chargée de l’ordonnan- cement, du pilotage et de la coor- dination des chantiers). L.P.B. : Pourquoi avoir fait appel à la Ville de Besançon ? V.F. : Nous lui avons demandé de l’aide pour qu’elle joue le rôle d’élément neutre. Elle assistera aux réunions de chantier. Avec tout cela, le chantier va repartir sur de nouvelles bases. n Propos recueillis par E.Ch. La menace du blocage Les syndicalistes aimeraient une expé- rimentation de la gratuité des transports ou une réduction de l’abonnement pour les agents de manière à les inciter à prendre le bus, le train, le tram, pour venir au Pôle Viotte, une adaptation du nombre de bus, davantage de navettes à la gare d’École-Valentin, davantage de trams vers la gare Viotte. Une réunion doit se tenir en préfecture d’ici la fin de l’année et avec la Ville. S’ils ne sont pas entendus, ils menacent un blocage du site par une grève. n
Aménageur et constructeur du Pôle Viotte, Sedia par la voix de son P.D.G. Vincent Fuster joue l’apaisement. Une négociation est en cours avec la Région et l’État pour éviter des pénalités de retard.
L a Presse Bisontine : Pourquoi ce chantier est-il si complexe ? Vincent Fuster : Rappelons que c’est le chantier le plus impor- tant pour Besançon ces der- nières années, qu’il a été pensé à Viotte pour son côté multimo- dal et pour permettre le main- tien des services de l’État à Besançon. Certains ont ten- dance à l’oublier. Il concerne beaucoup d’entreprises locales et fait appel à de nombreux intervenants, d’où sa complexité. Pour Sedia, c’est une opération risquée car sans aucune parti- cipation financière des collec- tivités pour la construction du bâtiment. Nous investissons 40 millions d’euros hors taxes pour la construction des bâti- ments, 10 millions pour les V.R.D. (via la filiale Territoire 25). Ce chantier est complexe. L.P.B. : La Covid n’explique pas à lui seul le retard. Quel est le nouveau planning ? Qui va payer les pénali- tés ? V.F. : Le chantier a été arrêté
bre 2020 le sera pour une partie fin juin 2021. Pour celui de la Région (B), la livraison est prévue fin 2021. Nous avons effective- ment signé des contrats et nous négocions les pénalités. L’État semble valider 9 mois sans aucune pénalité et nous sommes en dis- cussion en ce moment avec la Région.
Négociation avec la Région pour
éviter les pénalités.
Sedia dit vouloir mettre “de l’huile dans les rouages” dans ce chantier d’envergure et d’importance pour Besançon.
L.P.B. : L’architecte
l Revendications Du côté du personnel “Plus le déménagement approche, plus l’inquiétude grandit chez les agents”
800 fonctionnaires d’État, 200 de la Région, vont investir à partir de juin prochain (si tout va bien) le site. S’ils ont obtenu un parking et un restaurant administratif, les syndicats ne sont pas encore convaincus. Ils proposent des pistes de réflexion favorisant le report modal.
L’économie serait évaluée à 400 000 euros de fonctionnement locatif par an. n E.Ch. 1 : L’intersyndicale est composée d’U.N.S.A., de la C.G.T., la C.F.D.T., F.O., la C.F.T.C. et la F.S.U.
G râce à l’intersyndicale (1), les agents du futur Pôle Viotte bénéficieront d’un res- taurant inter administratif (R.I.A.) et d’un parking de 50 ou 100 places. Le chiffre doit être précisé. C’est peu par rapport aux 800 personnes qui vont intégrer entre juin et octobre 2021 le futur bâtiment A, mais c’est déjà mieux que rien ! Pour le restaurant, c’est une véritable avancée car “lorsque nous l’avions réclamé, se souvient François De Pas- qualin (représentant U.N.S.A.), on nous avait répondu qu’il y avait assez de res- taurants à proximité. Vous imaginez si 800 agents devaient se rendre aumême moment dans ces restaurants ! Impos- sible” dit-il, sans compter le surcoût lié aux frais de repas, bien moins chers dans un R.I.A. que chez un privé. Les 800 fonctionnaires sont-ils rassurés pour autant ? Pas vraiment à écouter leurs représentants qui ont analysé la situation en matière de circulation. “Nous avons étémis devant le fait accom- pli. Ce quartier, on le connaît, c’est un entonnoir. Lematin lorsque les véhicules de service par exemple de la D.R.A.A.F., de la D.R.E.A.L., de la D.D.T., de la Région…devront sortir enmême temps,
deuxième tram qui l’emmène jusqu’à la gare. C’est une heure de trajet supplé- mentaire par jour ! Sur l’année, elle va passer 20 jours dans les transports. Son cas n’est pas isolé.” Évidemment, des agents seront favorisés géographique- ment par ce déménagement. Le déménagement n’a pas que de mau- vais côtés. Le personnel va bénéficier de logements flambant neufs. “Pour évi- ter les pertes de temps dans les transports, de plus en plus d’agents vont demander le télétravail, craint François De Pas- qualin. Notre rôle est d’accueillir et ren- seigner les usagers. Quel service va-t- on leur rendre s’ils ont des difficultés pour venir jusqu’à nous, et s’il n’y a per- sonne pour les recevoir ?” interroge le représentant syndical. Christian Jac- quemard (C.G.T.) va plus loin : “On se demande si le choix du bâtiment n’est pas une volonté de déstructurer les ser- vices de l’État.” Les syndicats voient d’autres avantages au regroupement comme la possibilité de travailler en équipe avec d’autres pôles, ensuite de générer des économies. L’État n’aura en effet plus à débourser de coûteux loyers comme elle le fait actuellement pour l’Agence régionale de santé, la D.R.A.A.F., la D.R.E.A.L.
cela va créer un énorme bouchon. Pour sortir du bâtiment, seulement trois véhi- cules passent en même temps au feu vert devant la gare !” dit-il. Les agents devront s’armer de patience. L’autre inquiétude concerne l’accès au site pour ces travailleurs. “Deux tiers des agents vivent dans la couronne bisontine. On nous a vendu ce pôle Viotte parce qu’il était proche de la gare, c’est vrai, mais on supprime des arrêts de train et en 2021 la ligne des horlogers va être sup- primée pendant plusieurs mois pour travaux. C’est un vrai souci” insiste Christian Jacquemard pour la C.G.T. Les syndicalistes prennent l’exemple d’un agent de la D.R.A.A.F. qui habite Thise et travaille rue de Belfort pour
montrer comment ce déménagement l’impacte au quotidien. “Jusqu’à pré- sent, cette personne met 7 minutes pour se rendre à son poste. Pour venir à Viotte, elle va prendre sa voiture pour se garer sur le parking Carrefour où elle prendra le tram. Il faut 30minutes pour rejoindre le site car au ParcMicaud, elle devra prendre un
Les usagers seront-ils les bienvenus ?
François De Pasqualin, à droite, (U.N.S.A.) et Christian Jacquemard (C.G.T.).
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La Presse Bisontine n°223 - Novembre 2020
FONCIER
Besançon multiplie les acquisitions Pourquoi la Ville acquiert du terrain à tour de bras ? Besançon achète ou préempte des terrains ou parcelles boisées. 59 850 m 2 ont été acquis sur les collines de Rosemont, Bregille, Planoise. La plupart du temps, ces parcelles n’ont pas de propriétaires connus et pour lesquelles les contributions foncières n’ont pas été acquittées depuis plus de trois ans.
Au niveau de la colline du Rosemont, des acquisitions foncières sont réalisées sur les terrains dont les propriétaires ne sont pas identifiés.
O ui, à Besançon, il existe encore des parcelles de terrain pour lesquelles le propriétaire a disparu.
nus des friches. Ce qui est visi- blement perdu pour un ne l’est pas pour tous. LaVille de Besan- çon saute sur l’occasion et acquiert des terrains qui joux- tent ses espaces communaux. Pour en faire quoi ? Pour l’ins- tant, pas grand-chose si ce n’est les classés en zone N, c’est-à- dire Naturelle. C’est sur les col- lines de Besançon, du Rosemont en particulier, que les acquisi- tions foncières sont réalisées. Au total, ce sont environ 6 hec- tares (59 850 m 2 ) qui couvrent les secteurs du Chemin des Ragots (Bregille), Chemin du Fort de Planoise, Chemin de l’Œillet, Chemin de laMalcombe et aux lieux-dits Échenoz Saint- Paul, Montoille, Reviremont, Échenoz-de-Velotte, Chaux-de- Velotte, Sabana Dessous, Champs-Nardin, Chamuse (Rosemont), Port Douvot (Pla- noise). Au total, ces 44 parcelles entrent
Éloignement géographique, indi- visions, successions expliquent en partie pourquoi des carrés de champ ou de bois sont deve-
dans le régime juridique des biens vacants et peuvent être acquises par la commune, à titre gratuit. Ce sujet a rapidement été évoqué lors du dernier conseil municipal le 10 octobre puisqu’une ligne budgétaire de 210 000 euros a été inscrite pour des acquisitions futures. Une somme qui interpelle Guillaume Bailly, membre de l’opposition (Les Républicains), spécialisé dans les questions agricoles et e n v i r o n n e m e n t a l e s : “210 000 euros pour quoi faire ? , interroge le nouvel élu. J’aime- rais des précisions sur le devenir de ces parcelles. ” La réponse de Besançon est globale à défaut d’être précise : “Nous réalisons des réserves foncières sur les col- lines de Besançon pour protéger
seront inconstructibles” coupe Anthony Poulin, adjoint en charge des finances et respon- sable du groupe Europe Écolo- gie-Les Verts à Besançon. Un argument qui fait réagir un rive- rain du quartier du Chemin de Valentin où une zone située entre la voie ferrée et cette rue a été classée “Naturelle”. On trouve là-bas un campement sauvage et un paintball à ciel ouvert ainsi qu’une usine dés- affectée. Pour défendre lamairie, ce terrain squatté ne lui appar- tient pas. Il n’empêche, la Ville devra faire la police dans ces zones pour faire respecter la loi et ne pas les laisser à l’abandon. Elle a comme allié son troupeau de chèvres. n E.Ch.
des espaces. Ils vont servir ensuite à nos chèvres et nos moutons qui interviendront là. C’est une belle dynamique en matière de bio- diversité” répond la maire de Besançon.
Classées en “zone naturelle”, ces parcelles sont inconstruc- tibles…à moins que la Ville ne décide de modi- fier son Plan local d’urba- nisme pour les rendre construc- tibles. “Ce n’est absolument pas notre volonté. Tant que nous serons là, elles
“Ces espaces serviront à nos chèvres et nos moutons.”
Anthony Poulin, adjoint aux finances, responsable du groupe E.E.L.V. au conseil municipal.
EN BREF
TRAVAUX
Le chantier est terminé 10 millions d’euros pour le lycée Pasteur
Calendrier Des personnes
malveillantes, se présentant comme éboueurs ou agents de collecte du Grand Besançon, font actuellement du porte à porte pour vendre des calendriers. Plusieurs usagers ont déjà alerté les services de Grand Besançon Métropole. Il est donc demandé aux Grand Bisontins d’être particulièrement vigilants en ce moment, car il s’agit de démarches purement frauduleuses. En cas de doute, ne pas hésiter à contacter la Direction Gestion des Déchets au 03 81 41 55 35. Théâtre Vous souhaitez faire du théâtre ? Le Théâtre Alcyon propose un atelier de recherche théâtrale qui pourra lancer des projets de créations. L’Atelier s’adresse à tous, jeunes (à partir de 16 ans) et moins jeunes, professionnels ou amateurs. L’Atelier se déroulera tous les lundis de 20 heures à 22 h 30. Les réalisations de spectacles qui pourront en être le prolongement se feront sous forme de stages. La participation à l’Atelier est de 40 euros par mois, 25 euros en tarif réduit. La cotisation annuelle d’inscription et d’assurance est de 25 euros. Rens. 06 58 81 19 19 ou via theatre-alcyon@outlook.fr
L’établissement de 1 200 élèves a bénéficié d’une vaste opération de réhabilitation. Plus de 3 000 m 2 de locaux ont été remis à neuf.
C ette “étude” en marbre de Carrare, petite sculp- ture de Louis Hertig datant du début du siècle denier, installée au creux d’une petite niche dans un des longs couloirs sillonnant le vieux lycée
bisontin en aura vu passer des générations d’élèves. Ce couloir, comme d’autres, vient de faire l’objet d’une vaste opération de restructuration pour laquelle la Région Bourgogne-Franche- Comté a engagé plus de 10 mil-
Les salles d’arts appliqués ont été entièrement
redimen- sionnées.
d’isolation en toiture. De quoi redonner à cet ancien couvent des Cordeliers racheté par laVille de Besançon en 1901 une nouvelle jeunesse. Il est un des principaux lycées de Besan- çon avec “1 260 élèves cette année” précise Yannick Lucas. “Mais l’addition successive de bâtiments et d’usages a fait de ce chantier une opération très complexe car notre challenge était aussi de respecter l’ensem- ble des éléments qui nous ont été laissés en héritage” observe Olivier Tardy, l’architecte res- ponsable des travaux. n J.-F.H.
décentralisation en 1982” ajoute la Région. Ces travaux, qui se sont étalés sur plusieurs années se sont déroulés en site occupé, en neu-
lions d’euros. “Cette opération concerne une surface de 3 278 m 2 ” précisent les services de la Région qui ont inauguré cette phase de travaux le 15 octobre dernier, guidés par le proviseur Yannick Lucas. “Ce chantier a permis la refonte com- plète des ailes I, J, K, la reprise de la cour devant le bâtiment et entre les ailes I et K à l’arrière du bâtiment. Les façades de ces trois ailes ont également été ravalées. Une partie de ces bâti- ments date du XVIIIè me siècle et ces locaux n’avaient, pour cer- tains, pas bénéficié d’investis- sements importants depuis la
tralisant successi- vement chaque aile pour une année scolaire. Le chantier a per- mis également de s’approcher au maximum du niveau bâtiment basse consomma- tion avec 160 mm d’isolation sur les murs et 300 mm
Premiers gros travaux depuis la décentra- lisation en 1982.
À gauche, Yannick Lucas, le proviseur de Pasteur dans les nouvelles salles du troisième étage.
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“Nous voulons être un contre-pouvoir contre cette idéologie partisane” Ludovic Fagaut et ses partisans ont créé l’association Besançon maintenant qui a pignon sur rue place de la Révolution. Volonté de refaire la campagne, préparation des échéances suivantes, souhait de marquer à la culotte la majorité ? Les explications de Ludovic Fagaut. POLITIQUE Association Besançon Maintenant
L a Presse Bisontine :À quoi va servir cette nouvelle association lancée début octobre et que vous présidez ? Ludovic Fagaut : Une dynamique est née pendant la campagne avec une équipe, un projet et une envie de dynamiser ce territoire. Hélas, à peu de chose près, l’élection n’a pas donné le résultat escompté. Mais l’attente des Bisontins est toujours là. Cette association poli- tique et citoyenne qui compte une bonne soixantaine d’adhérents dès son lancement poursuit l’objectif de conti- nuer à garder du lien avec les habitants de cette agglomération. Et on entend trop souvent les électeurs dire que les candidats, on ne les voit que pendant la campagne. C’est aussi une manière de contrecarrer cette idée. Le local s’ap- pelle d’ailleurs “Place des Bisontins”. Ce local est ouvert tous les après-midi de la semaine. Pour communiquer, nous reprendrons régulièrement la web T.V. que nous avions lancée pen- dant la campagne. Cette association aura aussi une vocation citoyenne avec
des actions que nous engagerons au profit des Bisontins comme bientôt ce Noël des enfants, une collecte de jouets que nous organiserons en partenariat avec des associations locales. L.P.B. : C’est aussi pour vous une manière de préparer le terrain pour les élections suivantes, municipales entre autres ? L.F. : Besançon Maintenant a engagé
plein dedans ! On a franchement l’im- pression que cette équipe est à la tête non pas d’une ville et d’une agglomé- ration, mais d’une association de mili- tants ! Quand on entend l’adjointe à la Culture qui veut continuer à lutter contre le capital et le patronat, on a l’impression de rêver. On refuse cette supercherie. Même chose pour la soi- disant co-construction que la maire de Besançon a annoncée. Ce ne sont que des mots, il n’y a rien derrière. Sans parler de la grande méconnaissance des dossiers dont font preuve certains élus. C’est à peine croyable… L.P.B. : Vous évoquez quels dossiers par exem- ple ? L.F. : Je cite un exemple récent. En com- mission à G.B.M., on étudiait un dossier de subvention à l’O.C.A.B. (Office du commerce et de l’artisanat) pour le prochain marché de Noël. Un dossier de 10 000 euros aurait dû être “plié” en deux minutes. Or, la conseillère déléguée en charge du commerce sem-
une vraie dynamique pendant la campagne, cela ne doit pas s’arrêter. Il faut faire vivre nos idées et continuer à lut- ter contre cette politique partisane et idéologique qui a cours depuis l’élec- tion de M me Vignot à la tête de cette aggloméra- tion. L.P.B. :Vous craignez vraiment une dérive idéologique de l’actuelle majorité ? L.F. : Mais on est déjà en
“La conseillère semblait découvrir le dossier en lisant le rapport.”
Ludovic Fagaut préside cette association qui comptait à son lancement une soixantaine d’adhérents.
dossiers comme les Z.A.C. des Hauts du Chazal,Vauban et le dossier Viotte ! Je n’appelle pas cela piloter une ville. Cela conforte d’autant plus l’existence de cette nouvelle association “Besançon Maintenant” qui sera un outil au service du projet de territoire bisontin. Pour construire un projet fort contre l’idéo- logie partisane qui règne dans cette ville depuis six mois. n Propos recueillis par J.-F.H.
blait découvrir le dossier en lisant le rapport. C’était assez surréaliste mais ça ne nous rassure pas du tout sur la capacité de cette nouvelle équipe à gérer les affaires.Même constat quand on évoque la sécurité avec un adjoint qui semble refuser de s’emparer du sujet. Je pourrais multiplier les exem- ples, comme l’adjoint à l’urbanisme qui n’est même pas présent au dernier conseil alors que sont évoqués de gros
Espace Valentin / Besançon (face station-service Carrefour)
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