La Presse Bisontine 223 - Novembre 2020

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

La Presse Bisontine n°223 - Novembre 2020

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Première phase de déprogrammation des interventions chirurgicales au C.H.U.

Liberté Au-delà de l’indicible. Le sauvage assassinat de l’enseignant Samuel Paty il y a dix jours a ébranlé la France.Avec les larmes versées et le traumatisme ressenti par lesmembres du corps enseignant français, c’est laNation tout entière qui exprime son dégoût. Les centaines de milliers de personnes qui se sont rassemblées sur les places il y a quelques jours, à Besançon comme partout en France, rappellent évidemment à nos plus mauvais souvenirs les grandes mani- festations de janvier 2015 suite à l’attentat de Charlie Hebdo. Un sinistre bégaiement de l’histoire ? Sauf que…, cinq ans se sont écoulés depuis lemassacre de la rédaction de Charlie et que rien n’avait bougé, ou presque dans l’appréhension de nos diri- geants sur la gangrène intérieure que repré- sente la menace islamiste. La cohésion de façade qui était née suite au drame de Charlie Hebdo s’est vite fracassée contre le mur des divisions idéologiques de notre pays tiraillé entre ses deux extrêmes : la droite de Marine Le Pen qui joue avec les peurs et jongle avec les amalgames, et l’extrême gauche communiste ou mélen- choniste pour qui dénoncer les dérives de l’islam représentait jusqu’ici un blasphème et un crime de lèse-démocratie. Samuel Paty est le nouveau martyr de cette guerre larvée. Sans doute pas le dernier. Mais au regard de l’Histoire contemporaine, son nomsera peut-être associé, il faut désormais l’espérer, au virage enfin pris par la France, en même temps que cette douloureuse prise de conscience, en matière de lutte contre les tentatives des religions, aujourd’hui l’islam, hier c’était le catholicisme, de vouloir substituer leurs règles morales à celles de la République. L’État a commencé à agir. Il était temps. Mais il ne faudrait pas cette fois, au risque de souiller la mémoire de cet enseignant et de toutes les victimes qui l’ont précédé, que l’État flanche dans sa fermeté. L’assassinat de Samuel Paty a sans doute eu le mérite de déclencher, enfin, un début d’unanimité sur la désignation de l’ennemi : non pas l’islam évidemment, mais son parasite l’islamisme. Parallèlement, on ne peut qu’encourager les professeurs, les journalistes et les citoyens à continuer à exprimer ouvertement et hauts les cœurs leur liberté d’expression. Il y va de la survie de notre démocratie. n Jean-François Hauser Éditorial

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, eux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. ous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. La réponse de Joseph Pinard à l’adjointe à la Culture

A ncien député, élu local et historien, le Bisontin Joseph Pinard a bondi de son siège en lisant l’interview du mois consa- cré dans notre précédent numéro à Aline Chassagne, la nouvelle adjointe à la Culture de Besançon. Cette dernière affirme notamment : “On sait qu’ici aussi l’histoire des femmes a été écrite par des hommes, donc déformée.” “Non Madame l’adjointe à la culture, les hommes ne sont pas a priori disqualifiés pour écrire l’histoire des femmes !” lui rétorque Joseph Pinard qui poursuit : “Il se trouve que j’ai consacré des recherches aux 800 femmes qui, avant 1914, travaillaient dans des conditions déplorables à l’usine des Soieries. J’ai évoqué leur sort dans mon livre “Rebelles et révolté(e)s”. Dans mon ouvrage “La preuve par neuf”, toute une étude concerne l’action du Docteur Baigue au service de celles que l’on appelait “les filles-mères”, sou- vent rejetées par leur famille. Dans “Besançon votre ville”, j’ai publié de nombreux articles relatifs aux femmes à Besançon. Je n’en citerai que deux. Dans l’un, je citais l’adjoint Doussau (par ailleurs cheminot et militant C.G.T.) qui, lors d’une réunion du conseil municipal en 1913 déclarait : “Si des femmes étaient au conseil, qui ferait la cuisine ?”. Dans l’autre, je rappelais le souvenir d’une héroïne de la Résistance, Sœur Baverel religieuse à l’hôpital Saint-Jacques. Et je pourrais évoquer toutes les contributions (articles, chapitres

de livres, conférences) destinées à faire connaître le drame vécu par deux veuves : celles du soldat Bersot fusillé en 1915 pour avoir refusé de porter un pantalon sale et celle de son camarade Cot- tet-Dumoulin condamné au bagne pour avoir protesté contre la sanction frappant son ami. En quoi ai-je, dans tous ces écrits, déformé l’histoire des femmes ?” interroge M. Pinard. L’historien bisontin ne prétend pas pour autant détenir le monopole des travaux de recherche de l’histoire des femmes chez nous. “Mesdames Rochelandet et Toillon, pour ne citer qu’elles, y ont apporté de précieuses contributions. S’agis- sant des hommes, je me tiendrai à deux noms : mon maître, l’abbé Garneret qui a décrit le drame des femmes de paysans, premières victimes de la guerre de 14-18. Et mon collègue et ami Daniel Anthony pour nous avoir fait connaître une grande dame importante pour Besançon au temps des Granvelle, Nicole Bévalot.” Que les femmes aient été, et souvent encore, victimes du machisme est un fait certain recon- naît Joseph Pinard. Mais les choses bougent. Ainsi, au conseil municipal de Besançon, on comptait 0 femme en 1959, 3 en 1965, 9 en 1971, 17 en 1979 et les lois récentes sur la parité ont assuré l’égalité. “Ce n’est pas en passant de l’écrasante domination des hommes à la mas- culinophobie que l’on fera avancer les choses plus vite” conclut l’ex-élu très remonté. n

Seulement 7 patients en réanimation au 23 octobre au C.H.U., mais le Plan blanc est activé.

gramme de coupes prévoyant une récolte moyenne annuelle d’environ 7 000 m 3 , le dévelop- pement des études forestières. Les coupes dites “à blanc” ne seront plus généralisées sauf pour les résineux. Elles avaient pu choquer. Une présentation qui fait réagir le chef de l’oppo- sition bisontine (L.R.) Ludovic Fagaut qui interroge la maire de Besançon : “Votre fameux Conseil de la Forêt demande de surseoir, dit qu’il ne faut pas se précipiter à présenter un plan parce que l’on ne connaît pas C omme l’établisse- ment l’avait décidé en mars dernier, et compte tenu de l’aggravation significative de la situation sanitaire en Bour- gogne Franche-Comté, “et bien que le nombre de patients Covid accueillis au C.H.U. de Besançon reste pour l’heure modéré” précise l’établissement, le Plan blanc est déclenché depuis jeudi 22 octobre afin d’anticiper l’augmentation des prises en charge. Au 22 octobre, 23 patients atteints par la Covid étaient accueillis au C.H.U. de Besançon dont 7 patients en réanimation. “Le déclenche- ment du Plan blanc se concrétise par la transforma- tion des organisations exis-

encore toutes les conséquences du réchauffement. Y avait-il urgence à présenter ce plan ? Vous dites avoir pris en compte l’avis des associations mais on ne l’a pas dans le rapport. Pour- quoi ?” interroge Ludovic Fagaut. L’avis des associations n’a pas pu être pris en compte car ces dernières n’ont pas eu le temps nécessaire pour synthétiser leurs observations et les renvoyer à la direction des espaces verts. Le Conseil de la Forêt va se réu- nir tous les ans. n tantes au sein du C.H.U.” explique l’établissement. Au regard de la nécessité d’aug- menter le nombre de lits de réanimation et de médecine, l’hôpital se voit en effet contraint d’engager d’ici quelques jours une première phase de déprogrammation des interventions chirurgi- cales susceptibles d’être reportées. Cette mesure per- mettra de libérer les res- sources humaines néces- saires pour faire face à la situation. Les premiers patients concernés par les déprogrammations seront contactés par les secrétariats médicaux dans les 15 jours à venir. L’établissement dit se préparer depuis plusieurs semaines à cette seconde vague. n

Forêts bisontines : que faire durant les 20 prochaines années ?

B esançon est propriétaire de la forêt de Chailluz (1 615 hectares), du bois d’Aglans (188 hectares) et de 237 hectares d’espaces boisés sur les collines. Ces trois ensem- bles ont jusque-là fait l’objet de

trois aménagements forestiers distincts. Pour leur renouvelle- ment, un document unique regroupant les trois massifs et applicable sur la période 2020- 2039 est proposé. Durant le pré- cédent mandat, alors qu’elle

était adjointe, Anne Vignot a lancé le “Conseil de la forêt”, un organe qui recueille l’avis des utilisateurs pour penser la forêt de demain. “À Besançon, on a une pratique de la forêt importante, résume la maire. Elle a un rôle social, écono- mique, de biodiversité…, mais elle est en souffrance. Nous sommes intervenus de façon importante pour la sécuriser dans le cadre de la crise des frênes. Aujourd’hui, il faut pro- poser un plan qui garantisse son avenir.” Parmi les actions : le rempla- cement des résineux par des essences de feuillus mieux adaptées, le renouvellement des peuplements forestiers vieil- lissants, par une gestion en futaie, associé à un travail de retour à l’équilibre forêt-gibier, le renforcement de l’accueil du public, le maintien de la pro- duction de bois, avec un pro-

est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER

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Y aura-t-il encore de grandes coupes de bois dites “à blanc” comme ici dans le secteur des Petites baraques à Chailluz en 2017 ? Oui pour les résineux (photo archive L.P.B.).

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