La Presse Bisontine 221 - Septembre 2020

ÉVÉNEMENT L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n°221 - Septembre 2020

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l Élus

Que font-ils de leurs indemnités ? “En 19 ans de mandat, j’ai reversé 250 000 euros au P.C.F.”

tion financière mais pour “faire progresser les idées” , assure-t- il. “J’ai été syndicaliste, on se retrouve souvent dans l’opposi- tion. L’intérêt d’un élu local est de pouvoir construire des projets, de rencontrer des personnes qu’on n’aurait jamais pu croiser. C’est enrichissant personnelle- ment.” Si le P.C.F. n’est pas le seul à demander une contribu- tion à ses élus, il est le seul à demander autant. Lors du der- nier mandat, c’était environ 45 % des indemnités que Chris- tophe Lime reversait à son parti. En cas d’élection au poste de maire, député, sénateur voire ministre, l’élu est censé garder la même somme que son ancien salaire. Une façon d’éviter aux militants un changement de vie. Christophe Lime y voit un autre avantage : “Ne pas s’ac- crocher au pouvoir pour l’argent” dit-il. Jeune retraité, le vice-président de Grand Besançon Métropole en charge de l’eau et de l’assai- nissement aura davantage de temps à donner à la collecti- vité… sans en tirer un sou de plus. n E.Ch.

Au nouvel élu de chiffrer ses frais de déplacements, le coût éventuel d’une imposition sup- plémentaire, d’un forfait télé- phone… Il indique ensuite son chiffre final au parti, lequel cal- cule les frais de représentation. “On ne s’enrichit pas ! , coupe le Bisontin. C’est un gros inves- tissement en temps. Il ne faut pas compter les nombreuses réu- nions chaque soir. On comprend pourquoi les

“On connaît la règle au Parti communiste français. On rap- pelle cela d’ailleurs à chaque élection lorsque des nouveaux camarades siègent. C’est d’ail- leurs ce que nous avons fait pour ces municipales” explique Chris- tophe Lime. Pour ce nouveau mandat, il tou- chera 1 627,32 euros bruts par mois pour sa délégation de vice- président en charge de l’eau et l’assainissement à G.B.M. et 675 euros pour celle de conseil- ler municipal délégué, soit au total 2 302 euros bruts qui ne viennent pas directement dans sa poche. Il faut en effet retirer les cotisations sociales et la complémentaire “retraite” si l’élu en a choisi une. D’après son calcul, ce sont environ 600 euros en moins qu’il déduit. Ensuite, l’élu communiste joue le jeu de la redistribution en reversant une somme au P.C.F. que ce dernier utilise pour fonc- tionner. C’est un versement qui est “individualisé” précise Christophe Lime. Comme le veut la logique du parti, les élus communistes ne doivent ni gagner ni perdre d’argent avec leur fonction électorale.

Les communistes lèguent une (bonne) partie de leurs indemnités au parti comme le veulent ses statuts. L’élu local bisontin Christophe Lime y voit un atout : ne pas s’accrocher au pouvoir pour l’argent. Les indemnités sont soumises aux cotisations sociales.

C’ est l’équivalent d’une maison. En 19 ans de mandat, le conseiller muni-

250 000 euros au Parti commu- niste français, chiffre qu’il a cal- culé suite à notre sollicitation. Un “don” qui ne l’émeut pas :

cipal de Besançon et vice-pré- sident de Grand Besançon Métropole Christophe Lime a redonné l’équivalent de

ouvriers ou les employés sont de moins en moins représentés. Sauf avoir un patron conciliant, il devient difficile pour ses per- sonnes de s’enga- ger dans un man- dat ce qui pose un vrai problème de représentativité” analyse le bris- card de la poli- tique. Si Christophe Lime s’est engagé en politique locale, ce n’est pas pour la “motiva-

“On ne s’enrichit pas financière- ment.”

Au P.C.F., les élus versent une partie de leur indemnité au parti. L’exemple de Christophe Lime (ici à droite) en discussion avec Julien Sorlin, nouvelle élue (P.-S.), sous le regard de Françoise Presse (E.E.L.V.).

Dans les satellites, l’élu reçoit des indemnités Exemple au Sybert où le président(e) touche 1 154 euros bruts par mois pour être à la tête d’un syndicat qui emploie 70 salariés. Les 8 vice-présidents sont également rétribués. l Syndicats L’élu peut-il cumuler d’autres rémunérations ?

l Cabinet 35 % en moins pour le Dir’cab Le cabinet du maire également au régime Le nouveau directeur de cabinet a accepté d’être payé moins que son

organise la vie du cabinet chargé de donner un cap politique. Un travail de l’ombre, certes, mais une tâche immense qui implique une présence à chaque instant. Un direc- teur de cabinet ne peut pas percevoir plus de 90 % du salaire du directeur général des services de la collectivité. Jonathan Debauve, 33 ans, passé par le ministère de l’Éducation nationale et de la Justice en charge de la com- munication est loin de ce seuil maxi- mal. Il est payé 35 % de moins que son prédécesseur comme l’a souhaité sa cheffe. Dans la lignée de sa décision qui la prive de 1 061 euros par mois, Anne

Vignot a en effet demandé cet effort de réduction à son dir’cab. Il est payé 4 000 euros nets par mois. En 2019, l’ex-directeur de cabinet de Jean- Louis Fousseret, cadre A, possédait un indice de 1 208 de la fonction publique territoriale, soit environ 1 400 euros de plus. Le chef de cabinet est de son côté indemnisé 3 500 euros par mois (nets), 3 000 euros pour les quatre conseillers techniques du maire, qui, à la diffé- rence du précédent mandat sont tous rémunérés la même somme. L’ensem- ble de ces postes sont des contrats à durée déterminée. n E.Ch.

I l gravite dans l’ombre d’Anne Vignot, jamais très loin, toujours présent. Jonathan Debauve est le nouveau directeur de cabinet du maire de Besançon, un chef d’or- chestre qui conseille, aiguille, filtre les informations qui doivent parvenir jusqu’à l’élu, trouve les solutions, prédécesseur. Il émarge à 4 000 euros nets par mois. Les quatre conseillers techniques sont tous désor- mais au même salaire.

P our un élu, être désigné pré- sident de l’orchestre Victor- Hugo ou de l’hôpital Minjoz comme le fut Jean-Louis Fous- seret n’engendre pas une rémunération supplémentaire. Idem : aucune indem- nité pour participer aux réunions des S.E.M. (société d’économie mixte). En revanche, la présidence d’un syn- dicat donne lieu à rétribution. C’est d’ailleurs au bon vouloir du comité syndical qui le décide à chaque renou- vellement de mandature. Exemple avec le syndicat mixte de

la présidente, 551 euros pour les 8 vice- présidents et 400 euros pour les 2 conseillers syndicaux délégués. Un montant inférieur de près de 20 % au maximum autorisé par la loi. Ces 1 154 euros ne semblent pas “volés” en comparaison de l’investissement en temps et la responsabilité. “L’in- vestissement de l’élu, pour quelque mandat politique que ce soit, dépend de l’élu, commente CatherineThiébaut, présidente sortante et ex-adjointe à Besançon. Cela dit, le Sybert est une structure gérant des équipements impor- tants, 18 installations classées protection de l’environnement, 33millions d’euros de budget annuel, près de 70 salariés directs et 28 personnes en insertion au centre de tri. Pour ma part, j’ai consacré beaucoup de temps, quasiment tous les jours, pour prendre les meilleures déci- sions de gestion possibles, développer le Sybert pour l’intérêt général au service du public, en essayant d’être toujours disponible pour les services” conclut celle qui prépare son départ et la tran- sition avec son successeur. Reste à savoir ce que décidera le prochain conseil syndical en termes de barème d’indemnités… n

Besançon et sa région pour le traitement des déchets (Sybert). Présidé par Catherine Thiébaut jusqu’en septembre, il va changer de responsable. Cyril Devesa (Besançon - Europe Écologie-Les Verts) est pressenti pour le présider. Lors de la der- nière mandature, les 67 délégués syndicaux ont voté en mai 2014 une reconduction à l’identique des indemnités que per- cevaient les élus desman- dats précédents, à savoir 1 154 euros (bruts) pour

De 400 à 1 154 euros.

À seulement 33 ans, Jonathan Debauve possède une solide expérience politique. Il est le directeur de cabinet d’Anne Vignot.

E.Ch.

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