La Presse Bisontine 221 - Septembre 2020

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besançon

2,

€ 80

SEPTEMBRE 2020

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon

www.presse-bisontine.fr

LA MÉTHODE VIGNOT

p. 24 à 28 Le spectre d’une crise sanitaire Écoles, cantines, université… Une rentrée encore incertaine

p. 6 à 8

Nouveaux élus, et nouvelles rémunérations Combien sont-ils payés ?

drtir à pa 254 500€ e

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

La Presse Bisontine n°221 - Septembre 2020

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Les commerçants ont animé l’été

Méthode Deuxmois tout juste qu’Anne Vignot a enfilé le costume de maire de Besançon, doublé de celui de présidente de Grand Besançon Métropole. Aux yeux de ses concurrents, de droite comme de gauche, ce costume était bien trop large pour ses épaules de militante écologiste. Les observateurs de la vie politique l’avaient découverte lors du précédent mandat en adjointe néophyte, plutôt mal à l’aise quand il s’agissait de développer un argumentaire ou de défendre un dossier en conseil municipal, souvent brouillonne, voire obscure si on veut avoir la dent dure…Son programme aussi avait été traité avec une certaine condescendance par des adversaires ironisant sur la pro- pension de l’élue verte à une certaine naï- veté, sinon incompétence, lorsqu’il s’agira d’empoigner les dossiers chauds de la ville - insécurité en tête - ou d’affronter la crise économique engendrée par la crise sanitaire du printemps. Anne Vignot est aujourd’hui à l’œuvre et les goguenards l’attendent au tournant. Si on pense en général que c’est l’homme - ou la femme - qui fait la fonction, il peut apparaître aussi parfois que la fonction fasse l’homme, en l’occurrence la femme. Anne Vignot a commencé son mandat par des symboles, en baissant sa rémunération, en supprimant la clim dans son bureau ou en se défaisant d’une des voitures officielles attachées à ses fonctions officielles de maire. Derrière ces symboles que d’aucuns prendront pour des gadgets, il faut sans doute y voir autre chose. Sans avoir l’air de rien, la nouvelle maire de Besançon a commencé à imposer un style. Bien sûr, c’est aux actes et à la manière dont elle gérera les grands dossiers structurants pour la ville et la communauté urbaine qu’elle sera jugée crédible, ou pas. Les premiers mois de son mandat seront en cela cruciaux. Sous ses airs faussement naïfs, on perçoit au contraire une sorte de force tranquille de persuasion, et des idées bien claires sur la direction vers laquelle elle veut emmener Besançon. Ses équipes semblent reconnaître en elle une vraie cheffe. Au-delà des symboles de départ, la méthode Vignot pourrait peut-être au final dessiner le contour d’une politique plus audacieuse et moins timorée que celle de ses prédécesseurs. Il lui appartient désormais en cette rentrée de confirmer à tous les Bisontins que le cos- tume est taillé pour elle. n Jean-François Hauser Éditorial

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, eux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. ous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Zone commerciale des Marnières : la C.N.A.C. dit oui à 6 800 m 2 supplémentaires

E n juin dernier, La Presse Bisontine révélait les recours déposés par les groupes Car- refour et Mercialys (Casino) contre la construction de cellules commerciales sur la partie haute des Marnières à Chalezeule, un dos- sier pourtant validé par la commission départe- mentale d’aménagement commerciale le 28 janvier dernier. Il était question de la création d’un ensem- ble commercial d’une surface de vente de 6 800 m 2 comprenant la création de 9 magasins dont deux du secteur alimentaire, sept de l’équi- pement à la personne, ainsi que la création d’un magasin attenant à Brico Dépôt (3 200 m 2 ). Suite à ce recours, la commission nationale (C.N.A.C.) a tranché le 9 juillet dernier. Elle valide la création des 6 800 m 2 au motif que l’auteur du recours, Mercialys, “n’exerce pas dans la

zone de chalandises, que le projet est situé à 4 km du centre-ville et donc qu’il répond aux dispositions du Schéma de cohérence territoriale (S.C.O.T.), qu’il n’impactera pas les équilibres commerciaux à l’échelle de vie du bassin, qu’il est desservi par des transports publics…” Une décision qui va faire réagir les commerçants du centre-ville, mais aussi les écologistes pas forcément enthousiastes à l’idée de bétonner… bien que le terrain était occupé à l’origine par des bâtiments. Les espaces verts représenteront 20 % du projet, soit 3 600 m 2 . La commune de Chalezeule a validé le permis de construire le 13 août dernier. Les travaux portés la “S.C.V.V. Chalezeule” devraient débuter avant la fin de l’année. n

Pas de braderie en juillet au centre-ville de Besan- çon. Celle des 9 et 10 octobre est encore incertaine.

L’ été 2020 ne restera pas dans les annales des commerçants du centre-ville bisontin. Amputée de la braderie de juillet pour cause de crise sanitaire, l’Union des commerçants bisontins (U.C.B.) a pourtant fait son maximumpour sauver l’été. “La braderie de juillet représente 43 % des recettes de l’U.C.B. Nous ne sommes pas encore certains de pou- voir organiser la braderie d’au- tomne prévue les 9 et 10 octobre. Si elle se tient, ce sera peut-être uniquement avec les commerçants séden- taires. Malgré tout, nous avons tenu à marquer notre présence cet été à travers les animations que nous avons mises en place” note Adrien Pourcelot, le directeur de l’U.C.B. Les soldes, eux, ont été plutôt satisfaisants pour de nombreux commerçants qui ont réalisé “un excellent mois de juillet, mais qui n’a fait que compenser un mois

de juin plus calme.” Les places du centre-ville ont vécu au rythme de plusieurs animations coordonnées par l’U.C.B. : la caravane de l’U.C.B. a permis de faire gagner 5 000 euros de chèques-cadeaux et plusieurs centaines de lots. “Nous avons enregistré entre 400 et 500 joueurs par journée” indique Adrien Pourcelot. Le vide-stock a permis aux com- merçants sur plusieurs week- ends d’écouler une partie de leurs marchandises. “Mais ça ne remplace évidemment pas la braderie.” Malgré cet été en demi-teinte, le moral des commerçants n’est pas en berne. Ils gardent cepen- dant une grande inquiétude, celle de voir repartir le virus à la hausse. Concernant la fin de l’année, l’U.C.B. ne sait pas encore si elle pourra orga- niser avec ses partenaires le traditionnel marché de Noël. Le commerce bisontin reste dans l’incertitude. n

Les recours de Carrefour et Mercyalis sont rejetés par la commission nationale d’aménagement commerciale. 9 magasins seront créés.

Pollution du terrain de l’ex-Pomona :

“Cacher la poussière sous le tapis”

L a PresseBisontine a consa- cré de nombreux articles au devenir des anciens ter- rains Pomona devenus une friche depuis 2008. S.N.C.F.-Réseau, le propriétaire, envisage d’en faire un parking. “Pourquoi pas… ” lâche France Nature Environ- nement 25-90 avant d’émettre ses réserves : “Le site situé rue de la Rotonde à Besançon, en pleine ville, est gravement pollué. Plusieurs études de sol montrent que le sol contient du P.C.B., à forte dose de dioxines, des ben- zènes, du trichloréthylène, des hydrocarbures, métaux lourds, mercure, plomb, zinc, arsenic… Il est évident que ces toxiques finiront dans les nappes phréa-

tiques. Les utilisateurs (S.N.C.F. et Pomona) auraient dû faire faire nettoyer ces sols. Ils ne l’ont pas fait” dit l’association de protection de l’environne- ment, inquiète car ce site a servi de stockage de produits ali- mentaires par le passé. La préfecture a répondu à l’as- sociation. Elle estime que “créer un parking à cet emplacement permet une nette amélioration environnementale du site et de maîtriser les risques sanitaires.” Une réponse qui ne convainc pas les représentants : “Cela revient à cacher la poussière

sous le tapis. F.N.E. 25-90 demande aux pouvoirs publics d’user de leur responsabilité pour dépolluer ce site” propo- sent Gilles Benest et Christian Demouge. Plutôt qu’un parking, F.N.E. aimerait une phyto-remé- diation, une dépollution naturelle grâce aux plantes… qui amè- nerait ici de la verdure dans un univers bétonné. n Ces terrains proches de la gare Viotte sont fortement pollués. Solution de l’État : créer un parking.

est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER

Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Ont collaboré : Sarah George, Bernadette Cordier. Contact publicitaire : Anne FAMILIARI au 06 70 10 90 04 Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Août 2020 Commission paritaire : 0225 D 80130 Crédits photos : La Presse Bisontine, A.P.R.R.,

M. Dornier, G.B.M., La Rodia, Réseau Entreprendre, A. Saba.

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L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n°221 - Septembre 2020

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POLITIQUE

Les premières semaines d’Anne Vignot

“L’économie est évidemment une de mes priorités” L’été n’a pas été calme, et la rentrée s’annonce tout aussi agitée pour la nouvelle maire de Besançon qui a déjà commencé à imposer un style et une méthode. Les années Fousseret sont définitivement derrière… Interview de rentrée.

L es habitués du cabinet du maire n’y retrouveraient pas leurs petits… À la place du bureau occupé pendant près de vingt ans par Jean-Louis Fousseret, une table ovale entourée de fauteuils…Le bureau proprement dit est caché dans un coin de la pièce. Les murs nus n’ar- rivent pas à masquer les traces des climatiseurs que Madame la maire a fait retirer en arrivant. Une de ses premières décisions concrètes. Il fait donc plutôt chaud en cette fin du mois d’août dans le bureau d’Anne Vignot. Mais c’est ça aussi la méthode Vignot. Ne rien imposer, mais montrer la voie à suivre.Autre nouveauté : enfi- ler les habits de maire et de présidente de G.B.M. a sans doute eu pour effet de donner plus d’assurance à celle qu’on raillait jusqu’ici pour sonmanque de clarté et la longueur interminable de ses développements oraux. C’est une Anne Vignot plus concise et posée qui nous accueille… La Presse Bisontine : Cela vous met-il en colère si je vous appelle Madame le maire ?… Anne Vignot : Si j’emploie le terme de Madame la maire, c’est pour faire pas- ser un message, défendre une cause, la place des femmes, dans toute son approche. Pour autant, je ne vais pas m’arc-bouter sur cette question si on emploie le terme “le maire”. Si j’ai voulu insister sur cette tournure de “Madame la maire”, ça fait sans doute réfléchir sur la façon dont le pouvoir est exercé en France. C’est une manière aussi d’entamer le dialogue sur ce thème de la place faite aux femmes. L.P.B. : Toujours dans les symboles, une de vos premières mesures a été de supprimer la climatisation dans votre bureau ! Tous les services devront se plier à ce renoncement ? A.V. : Si je commence par moi, c’est juste pour montrer qu’on peut le faire. Il y a une urgence climatique qui est aujourd’hui indéniable. Il ne suffit pas d’en discuter, il faut agir, je veux juste faire de cet acte symbolique un exem- ple. Je n’imposerai rien évidemment aux services, mais si chacun peut s’in- terroger à son niveau, c’est comme ça qu’on avancera. L.P.B. : Même chose pour les dépenses : après avoir décidé de baisser votre rémunération de maire,vous avez vendu la voiture de fonction qu’utilisait votre prédécesseur. Tout le monde à vélo désormais ?

A.V. : Qu’on soit bien clair : j’ai gardé le véhicule 9 places qui sert à trans- porter du monde quand il y a des réu- nions à l’extérieur, et il y a encore la seconde berline avec laquelle je ferai les grands déplacements que je serai amenée à faire en France quand les voyages en train ne seront pas possibles ou trop compliqués. Il faut rester réa- liste. Et si j’ai voulu que la Ville se sépare d’une des deux berlines en ques- tion, c’est parce que je continue à faire tous les déplacements internes à la ville avec mon vélo électrique, celui que j’utilise au quotidien depuis des années. Mais encore une fois, je ne veux donner de leçon à personne. L.P.B. :Vous n’avez même pas pris de vacances cet été ? A.V. : Je suis juste partie un jour voir mon fils. J’avais prévu de prendre 5 jours mais j’ai finalement considéré que cette année, avec ce calendrier électoral bousculé, était très particu- lière. J’ai donc souhaité profiter de cet été particulier pour me plonger dans les dossiers et rencontrer calmement mes équipes. Je souhaite mettre en place une méthode de travail qui prend du temps.

votre crédibilité puisque la vigie des Vaîtes n’a toujours pas été démontée ? A.V. : Je reste strictement sur les pro- messes que je me suis engagée à tenir, à savoir que ce dossier sera remis à plat et réétudié dans la plus grande transparence. Un groupe d’habitants et un comité d’experts scientifiques seront constitués et c’est à l’issue de leurs conclusions qu’une décision sera prise. J’ai confié à un chercheur bison- tin dont personne ne pourra contester la rigueur et la légitimité le soin de constituer un groupe en toute auto- nomie. Ce groupe sera constitué avant le prochain conseil municipal du 14 sep- tembre. L.P.B. : Il n’empêche que vous avez reçu l’as- sociation “Jardin des Vaîtes” sans pour autant que le préalable du démontage de la vigie soit respecté ? A.V. : J’ai reçu en effet des membres de cette association mais qui ne repré- sentent pas toutes les personnes qui occupent illégalement ce terrain. C’est toute l’ambiguïté de cette situation. Ces personnes qui occupent le terrain ne cherchent pas à établir un vrai dia- logue mais à imposer leur point de vue. En ce qui me concerne, je reste sur le processus que j’ai annoncé, je ne veux pas jouer au chat et à la souris avec ces personnes, j’ai pris un arrêté d’occupation illégale pour rappeler le droit et je refuse d’agir sous la pression de quelques personnes. L.P.B. : Quand espérez-vous sortir de cette impasse ? A.V. : Je me donne six mois, en tout cas moins d’un an pour que l’avis des experts soit consolidé et les décisions définitives prises. L.P.B. : Les projets immobiliers pourraient donc être purement et simplement abandon- nés ? A.V. : Si le comité de scientifiques me dit que pour le territoire, sur le plan urbanistique, hydrologique, de dépla- cements ou du point de vue de la bio- diversité ce n’est pas possible de faire quoi que ce soit, alors oui, je me ran- gerai derrière son avis. Mais s’ils me disent le contraire, il y aura bien un projet. C’est ce qui me différencie de l’association “Jardin des Vaîtes” par exemple qui restera quoi qu’il arrive opposée à toute idée de construction. Personnellement, je suis dans le dia- logue.

Anne Vignot dans son bureau de maire, rue Mégevand.

L.P.B. : Autre sujet chaud de l’été : Planoise. Quelle méthode emploierez-vous pour qu’enfin le calme revienne ? A.V. : Là encore, je reste sur ma ligne de conduite. J’ai déjà rencontré l’en- semble des autorités compétentes (Police nationale, Police municipale, gendarmerie, procureur, services de l’État et de la Ville…) pour coordonner au mieux les choses. Je rappelle que la sécurité est une mission régalienne de l’État et sur ce point, le divisionnaire Michel Klein a engagé un travail de fond qui porte ses fruits. J’ai envoyé récemment un courrier à Gérald Dar- manin afin qu’il envoie encore d’autres renforts à Besançon et comme je m’y suis engagée, j’irai voir le ministre de l’Intérieur s’il le faut. Ensuite, le maire a une autre mission dans ces quartiers et c’est ma priorité à très court terme : c’est l’accompagnement des familles au plus proche afin de répondre à leurs problématiques économiques, sociales, familiales… La grande criminalité reste du ressort de l’État et de la Police nationale. Le deuxième niveau d’in- tervention est la nomination d’un adjoint dédié à Planoise, Yannick Pou- jet, mais sur ce point, j’inverse la méthode par rapport au mandat pré- cédent. L.P.B. : C’est-à-dire ? A.V. : Avant, un adjoint de quartier était un peu le réceptacle de tous les pro- blèmes d’un quartier, une sorte de zone-tampon chargée de recevoir et réorienter toutes les doléances des habitants. Ces adjoints étaient en quelque sorte des travailleurs sociaux mais ce n’est pas leur rôle. Quand je parle d’inversion de méthode, c’est que les politiques de tous les adjoints de cette ville doivent s’adapter aux spé- cificités des quartiers. L’adjoint dédié

au quartier devient alors un grand coordinateur chargé d’identifier les problématiques spécifiques du quartier en question pour adapter ensuite la politique à ces spécificités. Cette méthode, qui est expérimentale ici, devrait changer radicalement la manière d’appréhender les quartiers. L.P.B. : Quels sont les dossiers que vous sou- haitez rapidement voir aboutir en ce début de mandat ? A.V. : Nous les avons tous inscrits sur un grand tableau à partir duquel nous planifierons précisément les choses. Je pourrais très bien faire dans le bling-bling en créant rapidement un bout de piste cyclable et l’inaugurer, mais ce qui m’importe, c’est d’engager un travail de fond, structuré. Dans les priorités, il y aura notamment la ques- tion des mobilités, avec un vrai plan piéton qui a commencé à être travaillé. L’autre priorité, immédiate celle-ci, est de savoir répondre à l’angoisse des parents concernant la rentrée scolaire de leurs enfants et de pouvoir garantir à tous une rentrée dans des conditions optimales de sécurité. Nous sommes en ordre de bataille pour pouvoir accueillir un maximum d’enfants. Je ne veux pas subir cette question en attendant les directives des ministères, je veux être dans l’anticipation. L’autre grande priorité de ce début de mandat sera la mise en place d’un meilleur système de santé dans cette ville à travers notamment des centres de santé dans certains secteurs de la ville. Ce chantier est déjà engagé. Le plan

L.P.B. : D’autant qu’avec l’actualité de l’été - les Vaîtes, Planoise… - le début de mandat est quelque peu agité ! A.V. : Agité à l’image de la période spéciale que nous traversons où toutes les crises se conjuguent : clima- tique, économique, sanitaire, sociale. Ce mandat démarre dans ce contexte-là et la question à laquelle nous devons désor- mais répondre est : comment on met en place les politiques publiques en faisant face à l’ensemble de ces crises ? C’est le système entier qu’il faut contribuer à changer et c’est tout l’enjeu de notre pro- gramme. L.P.B. :Sur le chaud dossier des Vaîtes, n’estimez-vous pas avoir déjà perdu de

“Si j’emploie

le terme de Madame la maire, c’est pour faire pas- ser un mes- sage.”

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pétences sont remontées à l’agglo. Quand Christine Bou- quin que j’ai rencontrée il y a dix jours me demande quelle est la politique de loge- ment que le Département peut envisager pour l’agglo- mération de Besançon, il faut bien que je sois en capacité de lui présenter une politique bien identifiée avec tels objec- tifs en face. D’où la nécessité de cette feuille de route pour toutes les délégations de G.B.M. Je crois que la plupart des élus ont bien compris la méthode. Il est nécessaire que chacun dans sa vice-pré- sidence contribue à faire ter- ritoire. L.P.B. : Sur le plan bisontin cette fois,des élus de l’opposition s’éton- nent du fait que les commissions de travail ne soient toujours pas mises en place. Que leur répon- dez-vous ? A.V. : Je leur rappelle, et ils le savent, que je ne suis élue que depuis la fin du mois de juin et que le prochain conseil

arbres et la végétalisation est un autre chantier que je qualifierais de prioritaire, et celui-ci est également lancé. L.P.B. : Et l’économie ?… A.V. : C’est évidemment une de mes priorités, et bien que cette compétence soit dévolue à G.B.M. j’ai nommé plusieurs conseillers délégués direc- tement rattachés à moi pour gérer les problé- matiques de commerce et d’économie. Nous avons structuré fortement ces questions au sein de municipalité. Cela ne m’empêche pas d’entendre des choses hallucinantes, voire des choses qu’on me fait dire sur un supposé désintéressement pour toutes ces questions économiques. Ces ques- tions sont évidemment au cœur des préoccupa- tions de cette ville. L.P.B. : Les associations bisontines, qu’elles soient dans le domaine sportif, culturel ou autre ont-elles des raisons de s’inquiéter au sujet d’une éventuelle baisse des sub- ventions liées au contexte économique compliqué ? A.V. : À ce propos, j’ai justement demandé à l’ad- jointe Carine Michel de lancer une grande étude sur la situation financière de toutes les associa- tions de cette ville afin de soutenir celles qui seraient atteintes structurellement dans leur trésorerie. L.P.B. : En tant que présidente de G.B.M., vous avez demandé à tous les vice-présidents de la communauté urbaine de vous présenter leur feuille de route. Certains élus du Grand Besançon y voient un excès d’autorité… A.V. : Ce serait au contraire étonnant qu’un élu ne s’astreigne pas à se donner une feuille de route pour ce mandat ! Un vice-président a une délégation signée par la présidente, et tous les vice-présidents se sont engagés à travers une charte dans un projet de territoire. Il est bien normal de vouloir savoir comment ensemble on va permettre que ce projet de territoire aboutisse ! Le vrai enjeu de G.B.M. est justement de faire territoire maintenant que de nombreuses com-

“Il n’y a aucun retard à l’allumage, nous sommes dans la bonne temporalité.”

municipal servira justement à définir le contour de ces commissions. Nous avons une nouvelle équipe, un nouveau programme, une nouvelle organisation…Nous avons déjà engagé un vrai travail de fond en à peine deux mois. Il n’y a aucun retard à l’allumage et je rassure l’oppo- sition : tout le monde recevra dans les tout pro- chains jours des invitations à des groupes de travail qui sont la préfiguration des futures com- missions. Nous sommes dans la bonne tempo- ralité. Que tout le monde soit rassuré… n Propos recueillis par J.-F.H.

La Presse Bisontine n°221 - Septembre 2020 L’ÉVÉNEMENT

NOUVEAUX ÉLUS, NOUVELLES RÉMUNÉRATIONS

La majorité municipale reste sur la même enveloppe financière en termes de rémunérations de ses élus à la Ville et à Grand Besançon Métropole. Précision de taille : la maire et présidente de la communauté urbaine Anne Vignot réduit ses indemnités et frais de représentation pour impliquer davantage le reste de l’équipe… Une façon de montrer l’exemple. Elle réduit (aussi) de 35 % les salaires de son cabinet.

l Indemnités Un choix politique La maire baisse “ses” salaires Anne Vignot diminue de 1 061 euros ses indemnités mensuelles à la Ville. En contrepartie, elle augmente de 40 euros par mois les conseillers municipaux délégués qu’elle souhaite présents sur le terrain. Une majoration qui vaut aussi pour l’opposition.

Indemnités perçues par les élus de la majorité

L a nouvelle maire de Besan- çon Anne Vignot a diminué de 1 061 euros bruts ses indemnités de maire et les frais de représentation qui Zoom Ce que dit la loi sur le cumul des mandats Lorsqu’un élu exerce plusieurs mandats électoraux ou certaines fonctions locales, l’ensemble des indemnités de fonction qu’il perçoit ne peut dépasser un plafond indemnitaire fixé à une fois et demie le montant de l’indemnité parlementaire (soit 5 623,23 x 1,5 = 8 434,84 euros par mois au 1er janvier 2020). En cas de dépassement, ce montant fait l’objet d’un écrêtement puis d’un reversement au budget de la personne publique concernée. Aucun élu de Besançon ou du Grand Besançon n’est concerné par cette limite maximale. n

vont avec pour un mandat qui ne sera pas au rabais dit- on dans la majorité. Anne Vignot refuse également les 300 euros par mois correspondant aux frais de représenta- tion à la Ville mais aussi à Grand Besançon Métro- pole (lire ci-contre). L’élue touche donc 4 578,21 euros bruts mensuels pour la Ville de Besançon, soit 18 % de moins que son prédécesseur, mon- tant officialisé le

sionnelle” explique lamaire de Besançon qui a passé un été studieux, à Besan- çon. Grâce au rabais sur son salaire, Anne Vignot offre donc 40 euros de plus par mois (+ 24 %) aux 22 conseillers muni- cipaux délégués qui composent sa majo- rité municipale. Au final, l’enveloppe pour le versement des indemnités au maire, adjoints, conseillers municipaux délégués s’élève à 35 150 euros par mois, et 46 711 euros avec les membres de l’opposition, qui au passage, bénéficient également d’une hausse. Les 15 élus de la minorité émar- gent à 289 euros mensuels contre 233 euros si Anne Vignot avait gardé l’indemnité initiale. Au total, ce sont 560 400 euros par an qui sont dévolus au paiement des 55 élus de la Ville de Besançon. Les seize adjoints seront indemnisés chacun 1 885 euros, les 22 conseillers munici- paux délégués 675 euros. Marqueur politique, volonté de trans- parence, cette annonce a occasionné quelques commentaires dans laminorité municipale. Éric Alauzet (L.R.E.M.) a salué “l’effort personnel” de la maire. Les 11 élus d’opposition de droite se sont abstenus lors du vote. n E.Ch.

Elle refuse les frais de représentation :

Indemnités perçues par les élus de la minorité

300 euros par mois.

15 juillet dernier lors du conseil muni- cipal. Elle pourrait émarger comme la loi le lui permet à 5 639,63 euros. Si cette décision n’implique pas d’éco- nomie sur le budget final de la collec- tivité, elle est un véritable marqueur politique : “J’ai baissé mes indemnités pour augmenter celles des conseillers municipaux délégués afin qu’ils soient présents sur le terrain, et aussi parce que ce travail impacte leur vie profes-

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l Grand Besançon Métropole

Moins d’indemnités mais davantage de responsabilités

La baisse à Besançon n’est pas compensée par une hausse à G.B.M. Rien ne bouge à Grand Besançon Métropole. La présidente touche 2 793 euros (bruts), les 15 vice-présidents 1 627 euros et 912 euros pour les 17 conseillers communautaires délégués.

Fonction Taux Indemnité brute (% de l’IB terminal de mensuelle la fonction publique) Président 71,83 2793,76 1 er Vice-Président 41,84 1627,32 2 ème Vice-Président 41,84 1627,32 3 ème Vice-Président 41,84 1627,32 (…) CDD 1 23,46 912,45 CDD 2 23,46 912,45 CDD 3 23,46 912,45

La rémunération de la présidente, des vice-présidents, et conseillers communautaires délégués.

F idèle à sa logique,Anne Vignot n’a pas com- pensé la baisse de ses indemnités à Besançon par une hausse à Grand Besan- çonMétropole. Élue avec 86 voix sur 123 à la tête de G.B.M., la maire de Besançon maintient les indemnités à l’équilibre. La loi lui permettait d’aller un peu plus haut. Au total, ce sont 42 715,21 euros par mois qui sont versés au titre des indemnités, soit une enve- loppe équivalente au précédent mandat. L’enveloppe globale de 44 144,63 euros par mois fixée par la loi est donc respectée. Les 15 vice-présidents perçoi- vent 1 627 euros (bruts) par mois. Sont concernés Gabriel

nard (Politique de la Ville, Besançon), Catherine Barthelet (Projet de territoire, maire de Pelousey), Christophe Lime (Eau, Besançon), Michel Jassey (Culture, maire de Devecey), Jean-Paul Michaud (S.C.O.T., maire de Thoraise), Christian Magnin-Feysot (Contrat local de santé, maire de Chalezeule). Les conseillers communautaires délégués perçoivent 912 euros. Le transfert des compétences des communes à la communauté urbaine n’a donc pas entraîné de majoration des élus commu- nautaires. L’organe qui détient désormais les compétences les plus importantes est celle qui rémunère le moins. n E.Ch.

Baulieu (premier vice-président, maire de Serre-les-Sapins),Nico- las Bodin (Besançon), Pascal Routhier (en charge de l’habitat, maire de Saint-Vit), Lorine Gagliolo (développement dura- ble, Besançon),Yves Guyen (voi- rie, maire d’École-Valentin), Marie Zéhaf (transport, Besan-

çon), Daniel Huot (déchets, maire de Mami- rolle), Aurélien Laroppe (P.L.U.I., Besan- çon), Benoît Vuillemin (attractivité et rayonnement, maire de Saône), Marie Éteve-

1 627 euros (bruts) pour un vice- président.

La communauté urbaine concentre la majorité des compétences… mais ce n’est pas celle où les indemnités sont les plus élevées.

l Déclaration Patrimoine et intérêts Maire et adjoints doivent montrer patte blanche

La déclaration de patrimoine et l’ensemble des intérêts du déclarant doivent être portés à la connaissance de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique.

L a loi du 11 octobre 2013 relative à la transparence de la vie publique prévoit que certains présidents et vice-présidents d’E.P.C.I., ainsi que certains de leurs collaborateurs de cabinet, doivent dépo- ser des déclarations de patrimoine et d’intérêts auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, dans les deux mois qui suivent leur entrée en fonction. Cette mesure ne s’applique que pour le Grand Besançon et la Ville et non pour les 67 autres communes.

de l’administration les différents biens ou intérêts possédés par l’élu. De quelles déclarations parle-t-on ? La déclaration de patrimoine, c’est la photographie de ce que possède le décla- rant à la date de la déclaration : biens immobiliers, placements financiers, comptes bancaires mais aussi emprunts et dettes. La déclaration d’intérêts regroupe l’en- semble des intérêts du déclarant résul- tant, notamment, de son activité pro- fessionnelle et de celle de son conjoint, de ses participations financières, de ses fonctions dirigeantes au sein d’or- ganismes publics ou privés ou de ses activités bénévoles. À noter que la Haute autorité contrôle la reconversion professionnelle des maires et des présidents d’E.P.C.I. pen- dant les trois années qui suivent la cessation de leurs fonctions. Un garde- fou qui ne concerne pas Jean-Louis Fousseret, désormais à la retraite. n Comme la loi l’impose, Anne Vignot doit déclarer son patrimoine et éventuels intérêts

Pour le Grand Besan- çon et la Ville, Anne Vignot doit dans les deux mois après son entrée en fonction dépo- ser une déclaration de situation patrimoniale et une déclaration d’in- térêts. Ses adjoints à la Ville de Besançon doi- vent également le faire. Un délai supplémen- taire exceptionnel compte tenu de la crise sanitaire a été accordé jusqu’au 24 août pour porter à connaissance

Ses biens immobiliers, placements, emprunts, dettes.

liés à sa profession ou à des activités bénévoles.

ÉVÉNEMENT L’ÉVÉNEMENT

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l Élus

Que font-ils de leurs indemnités ? “En 19 ans de mandat, j’ai reversé 250 000 euros au P.C.F.”

tion financière mais pour “faire progresser les idées” , assure-t- il. “J’ai été syndicaliste, on se retrouve souvent dans l’opposi- tion. L’intérêt d’un élu local est de pouvoir construire des projets, de rencontrer des personnes qu’on n’aurait jamais pu croiser. C’est enrichissant personnelle- ment.” Si le P.C.F. n’est pas le seul à demander une contribu- tion à ses élus, il est le seul à demander autant. Lors du der- nier mandat, c’était environ 45 % des indemnités que Chris- tophe Lime reversait à son parti. En cas d’élection au poste de maire, député, sénateur voire ministre, l’élu est censé garder la même somme que son ancien salaire. Une façon d’éviter aux militants un changement de vie. Christophe Lime y voit un autre avantage : “Ne pas s’ac- crocher au pouvoir pour l’argent” dit-il. Jeune retraité, le vice-président de Grand Besançon Métropole en charge de l’eau et de l’assai- nissement aura davantage de temps à donner à la collecti- vité… sans en tirer un sou de plus. n E.Ch.

Au nouvel élu de chiffrer ses frais de déplacements, le coût éventuel d’une imposition sup- plémentaire, d’un forfait télé- phone… Il indique ensuite son chiffre final au parti, lequel cal- cule les frais de représentation. “On ne s’enrichit pas ! , coupe le Bisontin. C’est un gros inves- tissement en temps. Il ne faut pas compter les nombreuses réu- nions chaque soir. On comprend pourquoi les

“On connaît la règle au Parti communiste français. On rap- pelle cela d’ailleurs à chaque élection lorsque des nouveaux camarades siègent. C’est d’ail- leurs ce que nous avons fait pour ces municipales” explique Chris- tophe Lime. Pour ce nouveau mandat, il tou- chera 1 627,32 euros bruts par mois pour sa délégation de vice- président en charge de l’eau et l’assainissement à G.B.M. et 675 euros pour celle de conseil- ler municipal délégué, soit au total 2 302 euros bruts qui ne viennent pas directement dans sa poche. Il faut en effet retirer les cotisations sociales et la complémentaire “retraite” si l’élu en a choisi une. D’après son calcul, ce sont environ 600 euros en moins qu’il déduit. Ensuite, l’élu communiste joue le jeu de la redistribution en reversant une somme au P.C.F. que ce dernier utilise pour fonc- tionner. C’est un versement qui est “individualisé” précise Christophe Lime. Comme le veut la logique du parti, les élus communistes ne doivent ni gagner ni perdre d’argent avec leur fonction électorale.

Les communistes lèguent une (bonne) partie de leurs indemnités au parti comme le veulent ses statuts. L’élu local bisontin Christophe Lime y voit un atout : ne pas s’accrocher au pouvoir pour l’argent. Les indemnités sont soumises aux cotisations sociales.

C’ est l’équivalent d’une maison. En 19 ans de mandat, le conseiller muni-

250 000 euros au Parti commu- niste français, chiffre qu’il a cal- culé suite à notre sollicitation. Un “don” qui ne l’émeut pas :

cipal de Besançon et vice-pré- sident de Grand Besançon Métropole Christophe Lime a redonné l’équivalent de

ouvriers ou les employés sont de moins en moins représentés. Sauf avoir un patron conciliant, il devient difficile pour ses per- sonnes de s’enga- ger dans un man- dat ce qui pose un vrai problème de représentativité” analyse le bris- card de la poli- tique. Si Christophe Lime s’est engagé en politique locale, ce n’est pas pour la “motiva-

“On ne s’enrichit pas financière- ment.”

Au P.C.F., les élus versent une partie de leur indemnité au parti. L’exemple de Christophe Lime (ici à droite) en discussion avec Julien Sorlin, nouvelle élue (P.-S.), sous le regard de Françoise Presse (E.E.L.V.).

Dans les satellites, l’élu reçoit des indemnités Exemple au Sybert où le président(e) touche 1 154 euros bruts par mois pour être à la tête d’un syndicat qui emploie 70 salariés. Les 8 vice-présidents sont également rétribués. l Syndicats L’élu peut-il cumuler d’autres rémunérations ?

l Cabinet 35 % en moins pour le Dir’cab Le cabinet du maire également au régime Le nouveau directeur de cabinet a accepté d’être payé moins que son

organise la vie du cabinet chargé de donner un cap politique. Un travail de l’ombre, certes, mais une tâche immense qui implique une présence à chaque instant. Un direc- teur de cabinet ne peut pas percevoir plus de 90 % du salaire du directeur général des services de la collectivité. Jonathan Debauve, 33 ans, passé par le ministère de l’Éducation nationale et de la Justice en charge de la com- munication est loin de ce seuil maxi- mal. Il est payé 35 % de moins que son prédécesseur comme l’a souhaité sa cheffe. Dans la lignée de sa décision qui la prive de 1 061 euros par mois, Anne

Vignot a en effet demandé cet effort de réduction à son dir’cab. Il est payé 4 000 euros nets par mois. En 2019, l’ex-directeur de cabinet de Jean- Louis Fousseret, cadre A, possédait un indice de 1 208 de la fonction publique territoriale, soit environ 1 400 euros de plus. Le chef de cabinet est de son côté indemnisé 3 500 euros par mois (nets), 3 000 euros pour les quatre conseillers techniques du maire, qui, à la diffé- rence du précédent mandat sont tous rémunérés la même somme. L’ensem- ble de ces postes sont des contrats à durée déterminée. n E.Ch.

I l gravite dans l’ombre d’Anne Vignot, jamais très loin, toujours présent. Jonathan Debauve est le nouveau directeur de cabinet du maire de Besançon, un chef d’or- chestre qui conseille, aiguille, filtre les informations qui doivent parvenir jusqu’à l’élu, trouve les solutions, prédécesseur. Il émarge à 4 000 euros nets par mois. Les quatre conseillers techniques sont tous désor- mais au même salaire.

P our un élu, être désigné pré- sident de l’orchestre Victor- Hugo ou de l’hôpital Minjoz comme le fut Jean-Louis Fous- seret n’engendre pas une rémunération supplémentaire. Idem : aucune indem- nité pour participer aux réunions des S.E.M. (société d’économie mixte). En revanche, la présidence d’un syn- dicat donne lieu à rétribution. C’est d’ailleurs au bon vouloir du comité syndical qui le décide à chaque renou- vellement de mandature. Exemple avec le syndicat mixte de

la présidente, 551 euros pour les 8 vice- présidents et 400 euros pour les 2 conseillers syndicaux délégués. Un montant inférieur de près de 20 % au maximum autorisé par la loi. Ces 1 154 euros ne semblent pas “volés” en comparaison de l’investissement en temps et la responsabilité. “L’in- vestissement de l’élu, pour quelque mandat politique que ce soit, dépend de l’élu, commente CatherineThiébaut, présidente sortante et ex-adjointe à Besançon. Cela dit, le Sybert est une structure gérant des équipements impor- tants, 18 installations classées protection de l’environnement, 33millions d’euros de budget annuel, près de 70 salariés directs et 28 personnes en insertion au centre de tri. Pour ma part, j’ai consacré beaucoup de temps, quasiment tous les jours, pour prendre les meilleures déci- sions de gestion possibles, développer le Sybert pour l’intérêt général au service du public, en essayant d’être toujours disponible pour les services” conclut celle qui prépare son départ et la tran- sition avec son successeur. Reste à savoir ce que décidera le prochain conseil syndical en termes de barème d’indemnités… n

Besançon et sa région pour le traitement des déchets (Sybert). Présidé par Catherine Thiébaut jusqu’en septembre, il va changer de responsable. Cyril Devesa (Besançon - Europe Écologie-Les Verts) est pressenti pour le présider. Lors de la der- nière mandature, les 67 délégués syndicaux ont voté en mai 2014 une reconduction à l’identique des indemnités que per- cevaient les élus desman- dats précédents, à savoir 1 154 euros (bruts) pour

De 400 à 1 154 euros.

À seulement 33 ans, Jonathan Debauve possède une solide expérience politique. Il est le directeur de cabinet d’Anne Vignot.

E.Ch.

BESANÇON

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EN BREF

SÉCURITÉ Après l’intervention de la police Planoise, le jour d’après Marqué par l’interpellation d’un suspect suite aux règlements de compte par armes à feu, l’été à Pla- noise, bien que “tranquille”, ne fait pas oublier ses maux. Le nouvel adjoint référent l’a - déjà - mesuré.

Mutualité Française Suite à la crise sanitaire, une action de solidarité a été lancée par les comités de direction de la Mutualité Comtoise par le don de jours de congé et de R.T.T. 103,5 jours ont ainsi été collectés, représentant un montant monétisé de 27 000 euros. Ce montant global a été versé, au prorata des effectifs, à chacun des deux C.S.E. (Comité Social Économique) de l’entreprise. Cette action solidaire de l’encadrement vient saluer la mobilisation des salariés qui ont montré, pendant la crise liée au Covid-19, l’ampleur de leur engagement pour l’entreprise et ses patients, résidents et Journées portes ouvertes les 5 et 6 septembre au Squash Club Vesontio (10, rue de l’Avenir), présidé par Tony Mazzolini, amoureux de squash et jouant dans ce club depuis 32 ans. Le club proposera sur ces deux journées de 10 heures à 18 heures, des séances de découverte gratuites au squash et au badminton. À 16 heures, une exhibition de squash sera proposée par les deux meilleurs joueurs bisontins. clients. Squash

L a torpeur de l’été réserve parfois des surprises, comme cette arrestation mi-août d’un suspect jugé comme “clé” dans les sombres affaires de règlements de compte dans le quartier de Pla- noise, précédée le 6 juillet par l’annonce du préfet de l’arrivée de 14 agents de la paix dont tous ne sont pas dévolus au commissariat de Besançon. Les “chouffes” sont là mais moins visibles comme au 6, rue de Picardie où la chaise pliante posée devant une armoire élec- trique a laissé place à l’inscrip- tion à la peinture noire : “Alain, balance. Sale traître”. Certains ont parlé. Ils ont fait tomber quelques têtes, rapidement rem- placés par d’autres. “Depuis l’ar- rivée de nombreux C.R.S. cet été, c’est quand même plus calme. Je peux même dire que c’est incroyablement calme, comme

quoi l’armement fait peur aux délinquants” nous confie un habitant arrivé ici il y a 10 ans. Un équilibre fragile qui aurait pu se rompre avec le coup de poing asséné par un policier bisontin à un mineur de 16 ans, le 30 juillet dernier. La scène, filmée par un riverain, a conduit à la saisie de l’I.G.P.N. par le préfet et un retrait immédiat

Interpellation rapide des forces de l’ordre à Planoise cet été. Une scène qui ne choque même plus les jeunes.

let 2019 du commissariat ave- nue du Parc, où l’État a recruté 15 policiers supplémentaires, est loin de satisfaire tout le monde. Yannick Poujet sera-t-il l’homme providence ? Si vous ne le connaissez pas, c’est le nouvel adjoint référent du quartier de Planoise. “Le ras-le-bol des habi- tants face au manque de pré- sence des élus, on l’a entendu, on l’entend, dit-il. Je suis dans le quartier pour rencontrer, écou- ter, proposer des solutions et aiguiller. Depuis mon arrivée en juin, j’ai déjà rencontré beau- coup d’habitants. Ils savent où me trouver. Pour le moment, on

a parlé d’insécurité” dit-il. Les mêmes problèmes revien- nent : rodéo urbain, incivilités. Que peut-il faire ? “Je suis l’in- terlocuteur privilégié de la mai- rie pour ce quartier et son deve- nir. Ma mission n’est pas uniquement de régler des pro- blèmes de tranquillité publique, mais de penser au devenir de Planoise dans le cadre du N.P.R.U. pour en faire un éco- quartier” répond l’adjoint. Il n’est pas dupe. Il ne fera pas de fausse promesse : “C’est uto- pique de dire que je rencontrerai les 17 000 habitants mais je m’engage à répondre à toutes les demandes de rendez-vous,

des particuliers, des associa- tions. Et ensuite je verrai com- ment la Ville peut les aider. Attention, la municipalité seule ne pourra pas tout faire et ne pourra sans doute pas toujours répondre favorablement mais ce sera un travail collectif.” Bien qu’il n’habite pas Planoise, Yan- nick Poujet y passera une bonne partie de son temps pour, dit-il, “proposer des solutions techniques mais surtout écou- ter.” Il sera l’oreille de Planoise. Il devra être aussi une main, capable d’accompagner les plus faibles. n

de la voie publique du fonctionnaire le temps de l’enquête. Une décision saluée par lamaire Anne Vignot. Mal- gré ces renforts et cette arrestation sur fond de trafic de drogue, les habi- tants sont per- plexes. Le senti- ment d’insécurité est toujours fort. L’ouverture en juil-

Les “balances” rasent les murs.

E.Ch.

FESTIVAL

Livres dans la Boucle s’adapte aux conditions sanitaires La plume… et le masque Le festival du livre bisontin sera cette année étalé dans le temps et dans l’espace afin de garantir aux visiteurs et aux auteurs des conditions sanitaires optimales. Sauf retournement de situation, 180 auteurs sont programmés sur trois week-ends.

À moins d’un mois de la manifes- tation, tout a été pensé pour assurer la tenue du festival Livres dans la Boucle, un salon qui s’est imposé en quelques années parmi les rendez-vous littéraires majeurs de la rentrée en France. Mais comme il était inimaginable d’installer un chapiteau avec des milliers de per- sonnes rassemblées autour des stands d’auteurs, pas plus que d’envisager des salles de lecture ou des rencontres bondées, les organisateurs avaient décidé dès avant l’été de “diviser” le salon en trois week-ends au lieu d’un habituellement. La 5 ème édition des Livres dans la Boucle se déroulera donc les 19 et 20 septem- bre, 26 et 27 septembre, et 3 et 4 octobre à Besançon. Il sera construit autour de trois pôles associant chacun un espace de rencontre et un espace de dédicaces dédié à une librairie. Les espaces de rencontre seront prévus pour accueillir entre 50 et 100 per- sonnes au maximum dans des salles ayant des capacités au moins deux fois supérieures, permettant ainsi d’assurer la distanciation physique nécessaire. “Cet étalement dans le temps et l’espace devrait permettre d’accueillir environ

180 auteurs, et de proposer une soixan- taine de rencontres. On est à peu près dans les mêmes proportions que les éditions précédentes. Dans cette nouvelle organisation, les auteurs et visiteurs, même nombreux, seront dispersés et devraient pouvoir savourer cette rentrée littéraire dans de bonnes conditions, malgré le contexte…” note Christine Bresson, directrice de la communication de Grand Besançon Métropole orga- nisatrice du salon. Cependant, toutes les rencontres s’organiseront sur réser- vation préalable, “afin également d’avoir une traçabilité des personnes inscrites au cas où” ajoute l’or- ganisatrice.

Pas de grand chapiteau cette année, mais des rassemblements dispersés à plusieurs endroits de la ville.

“Comme un empire dans un empire”. Parmi les autres temps forts, les pas- sionnés d’orthographe auront droit à la dictée lue cette année par la roman- cière Carole Martinez. “La dictée orga- nisée le 19 septembre sera limitée à 80 personnes mais elle sera également retransmise en direct sur le site du salon” précise la directrice. L’ouverture du salon en musique le 18 septembre avec Olivia Ruiz et son roman “La commande aux tiroirs de couleurs” sera un autre temps fort du salon littéraire, tout comme sa clôture toujours en musique avec la chanteuse Barbara Carlotti. Autre temps fort (le 4 octobre), avec la lecture par le comé-

dien Hippolyte Girardot du roman de Boris Vian “J’irai cracher sur vos tombes”. Côté B.D., un beau plateau est également annoncé avec notamment la présence attendue de Pierre-Henry Gomont, figure montante du 9 ème art. D’autres grands noms du roman fran- çais sont annoncés comme le fantasque Alexandre Jardin, Grégoire Delacourt, Serge Joncour, Irène Frain, Isabelle Carré et bien d’autres dont la venue est espérée. Le masque sera de rigueur pour toutes les rencontres et les ani- mations en lieu clos. Les 30 000 visi- teurs habituels sont toujours en ligne de mire. n J.-F.H.

Olivia Ruiz et son roman “La commande aux tiroirs de couleurs”.

Malgré le contexte, la rentrée littéraire natio- nale s’annonce chargée avec pas moins de 500 romans annoncés. Ce qui explique la diversité des auteurs attendus à Besançon, au premier rang desquels la jeune romancière Alice Zéni- ter qui présidera cette édition 2020 à l’occasion de la sortie attendue de son nouveau roman

L’organisation du salon espère que la situation sanitaire ne se dégradera pas d’ici là. Tous les détails sur https://www.l ivresdanslaboucle.fr/

BESANÇON

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ÉCONOMIE

Une ouverture après le 30 octobre ?

Les patrons de boîtes de nuit s’impatientent Le Q.G., le Teasing, l’Antonnoir et toutes les autres disco- thèques ou bars de nuit bisontins ont multiplié les initiatives afin d’obtenir le droit de rouvrir les portes de leurs établissements en formule bar uniquement. Les pertes s’annoncent colossales.

patron duQ.G. “Voir notre bateau couler lentement, c’est dur…” ajoute dépité celui duTeasing. Et la reprise au cours de l’été de l’épidémie de Covid-19 en France n’est pas là pour les rassurer… Pour ces deux plus grosses boîtes de nuit de Besançon (ils ont une jauge de 700 personnes chacun), le bilan financier est lourd : plus de 150 000 euros par mois à elles deux. “Et de grosses pertes pour l’État en termes deT.V.A., d’impôts sur les sociétés, etc.” ajoute Cédric Constantin. Entre mars à décembre, ils évaluent donc leurs pertes à plus de 700 000 euros. Ce qu’ils réclament, c’est une égalité de traitement avec les bars et restau- rants déjà autorisés à ouvrir, et surtout ils mettent en avant les risques sani- taires encourus par les organisations de “free parties” ou de fêtes sauvages sans aucun contrôle. “Si on constate en ce moment certains débordements le soir dans Besançon, ce n’est pas un hasard” émet Jérôme Casas du Q.G.

I ls gardent l’espoir, car ce sont des entrepreneurs avant tout,mais leur moral est au plus bas après quatre mois de fermeture et un chiffre d’af- faires réduit à néant. Les patrons de boîtes de nuit bisontins n’ont toujours pas réussi à faire entendre leur cause auprès des autorités locales, malgré plusieurs réunions en préfecture et une rencontre début juillet avec la nou- velle maire de Besançon Anne Vignot. Pour l’instant, les autorités s’en tiennent aux directives gouvernementales qui ont annoncé une possible réouverture des établissements de nuit…fin octobre. Une perspective qui angoisse ces chefs d'entreprise employant au total plus d'une centaine de salariés sur la ville. “On vit tous le même calvaire” résume Cédric Constantin, directeur duTeasing, la boîte de nuit de Chalezeule. Depuis la mi-mars, les 10 salariés du Teasing sont en chômage partiel et la quinzaine d'extras employés en renfort

habituellement n'ont plus de ressources. Même chose pour les 25 employés du Q.G. et pour tous les salariés dumonde de la nuit à Besançon (l’Antonnoir, le Bristol, le Privé, le Styl…) dont les portes restent désespérément closes depuis quatre mois. “L’angoisse monte d’autant que nous n’avons aucune visi- bilité sur une éventuelle date de réou- verture. On parle officiellement de fin octobre, certains évoquent même la mi- mars 2021. Cette situation n'est pas tenable” ajoute Matthieu Garny, le gérant du Q.G. Lemoral de ces patrons d’établissement de nuit joue au yo-yo depuis un mois. “On nous a dit mi-juin de nous tenir prêts à rouvrir car la situation sanitaire était bonne, on nous a dit que ce serait sans doute possible de rouvrir après la fin de l’état d’urgence sanitaire le 10 juil- let et le lendemain, un décret ministériel tombait pour nous dire que la réouver- ture n’était pas possible !” résume le

Jérôme Casas et Matthieu Garny du Q.G., et Cédric Constantin du Teasing.

vaise réputation qui colle aux disco- thèques depuis des années. “Nous conti- nuons à souffrir de manière totalement injustifiée d’une mauvaise image de marque. On nous met sans cesse sous pression” disent-ils. Le seul espoir qu’ils nourrissent en cette fin d’été : “Que le préfet nous donne l’autorisation d’ouvrir sous forme de bar. Et, avant tout, qu’on nous aide à passer cette période par des aides financières exceptionnelles. Un ballon d’oxygène, juste pour survivre.” Sans quoi, certains établissements ris- quent bien de devoir mettre la clé sous la porte… À l’échelle nationale, 800 des 1 600 établissements de nuit seraient ainsi menacés de disparition. n J.-F.H.

ciation, etc.) serait totalement en confor- mité avec les exigences sanitaires. C’est notre travail toute l’année de contrôler les éventuels débordements, alors qu'on nous laisse rouvrir !” Certaines villes (Angers, Tours…) ont déjà permis au début de l’été à leurs établissements de nuit de rouvrir en mode bar. “Alors pourquoi pas ici ?” Ces patrons de discothèques craignent aussi la rentrée de septembre avec le retour des étudiants qui n’auront pas d’autres solutions que de faire la fête n’importe où, avec les risques que ces situations comportent. Au final, c’est un sentiment d’amertume qui domine chez ces professionnels de la nuit, persuadés de pâtir d’une mau-

qui estime que “le gouver- nement est en train de cau- tionner les fêtes sauvages en distribuant du gel et des masques dans cer- taines free parties , alors que le protocole de sécurité que nous proposons depuis plusieurs semaines (pré- réservations, fermeture des espaces danse, aménage- ment des espaces détente pour respecter la distan-

Ils veulent “un ballon d’oxygène, juste pour survivre.”

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Lancement de la 2 ème tranche

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