La Presse Bisontine 218 - Mars 2020

32 LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n°218 - Mars 2020

Il écrit à l’U.N.E.S.C.O. pour contrecarrer le projet éolien Le parc éolien en projet à Lantenne-Vertière et Pouilley-Français sera dans le cône de vue de la Citadelle de Besançon. Cela est-il suffisant pour déclasser le site du patrimoine mondial ? C’est l’avis d’un opposant au projet. ÉOLIENNE La Citadelle peut-elle perdre son inscription ?

port ? “Les éoliennes de Doubs Ouest 1 et Doubs Ouest 2 du haut de leurs 240 mètres seront visibles depuis la Citadelle de Besançon. L’U.N.E.S.C.O. délivre un label pour autant que le site soit respecté. Or, les éoliennes sont antinomiques à la charte. J’ai donc écrit en août 2019 au Président de Grand Besançon Métropole et à l’U.N.E.S.C.O.

Dubrovnick aussi. Ce sujet se tra- vaille avec l’U.N.E.S.C.O. mais il n’est pas un frein” dit-il. Même son de cloche du côté d’Alexandra Cor- dier qui imagine un transport par câble. “Les sites classés ne sont pas des sanctuaires” dit-elle. À Lan- tenne-Vertière, le

pour leur faire part de ce projet afin qu’ils prennent en compte l’arrivée des éoliennes. Le même sujet se pose pour la Chapelle de Ronchamp et l’Abbaye de Baume-les-Messieurs” commente Jean-Paul Borsotti. Médecin neurologue à Dijon, il est connu pour s’opposer aux éoliennes sur le volet santé. Ces mâts seront visibles depuis la Tour de la reine de la Cita- delle. Ils se trouveront à 15 km à vol d’oiseau dans l’axe de Pla- noise. “Il existe effectivement une zone tampon à proximité des sites ayant une valeur universelle qui impose de respecter un cône de vue. Seul un comité d’experts peut juger” indique Pascal Curie, conseiller municipal au Patri- moine, membre du réseau Vau- ban et de l’association des Bien Français Patrimoine Mondial (B.P.M). Ce dernier s’inquiète davantage des projets de télé- phériques ou de télécabine por- tés par des candidats aux muni- cipales à Besançon, que des éoliennes. Un non-argument pour Ludovic Fagaut, candidat qui propose un transport par télécabine des Prés-de-Vaux à la Citadelle. “Un grand nombre de villes classées ont des téléphériques comme Coblence ou Jérusalem qui est en passe d’en construire un,

E n juin dernier, après enquête publique, le Pré- fet du Doubs a validé la création du parc éolien Doubs Ouest 1 et Doubs Ouest 2. Sur le premier projet, quatre

n’ont pas encore débuté dans l’attente de l’épuisement des recours judiciaires. Il reste une épine de taille à écarter, l’ins- cription de la Citadelle au patri- moine mondial. Quel est le rap-

éoliennes être construites à Lantenne-Vertière, deux à Mercey-le-Grand. Sur le second, six aérogénérateurs sont prévus à Pouilley-Français et un à Concordray. Les travaux doivent

“Seuls des experts peuvent trancher”

maire, Thierry Malesieux, s’in- terroge. “Nous n’avions pas connaissance de ce courrier.Nous sommes à 20 km de Besançon et avant de voir les éoliennes, les visiteurs ont les immeubles de Planoise dans leur axe de vision. Avec ce projet éolien, notre com- mune prévoit une transition éner- gétique d’envergure pour la popu- lation, un développement des déplacements en mode doux” indique-t-il. Le maire de Pouil- ley-Français n’a pas souhaité commenter ce sujet. À quelques jours des municipales, le dossier éolien est brûlant, Pouilley-Fran- çais souhaitant des garanties financières du Grand Besançon Métropole sur les retombées fis- cales futures. n E.Ch.

Les futures éoliennes de

Pouilley- Français

seront visi- bles depuis la Citadelle par temps clair.

SPORT ET ÉCOLOGIE Un terrain d’entraînement, le Doubs Le réchauffement climatique vu de leur kayak

Tous deux kayakistes de haut niveau et pagayant aux quatre coins du monde, Marlène Devillez et Nicolas Caussanel ont vu leur “terrain de jeu” se modifier au cours des 20 dernières années. Ils ont eu l’idée e réaliser un film documentaire “Rivières, les sentinelles du changement climatique” qui en dresse le constat.

M arlène Devillez, c’est 18 ans de kayak free-style et un pal- marès impressionnant (vice- championne du monde en 2017 et 2019, triple championne d’Europe et 11 fois championne de France) et une profession, toujours en rapport avec l’eau : hydrogéologue. Nicolas Caussanel, champion d’Europe de kayak extrême, quant à lui, est guide de rivière. Tous deux, de par leur pratique sportive et professionnelle, ont un regard pri- vilégié sur le niveau d’eau des rivières. “Résidant à Besançon,mon terrain d’en- traînement est majoritairement le Doubs. Mais depuis quelques années, je suis obligée de me déplacer dans toute la France pour trouver des conditions pro- pices” précise Marlène.Aux premières loges, ils ont pu mesurer les change- ments climatiques qui impactent direc- tement le niveau d’eau : tantôt des crues violentes, tantôt des cours d’eau totalement asséchés !

C’est cet état des lieux qu’ils ont voulu restituer à travers un filmdocumentaire de 26 minutes. De novembre 2018 à août 2019, ils ont pris leur baluchon, kayak et caméra, du Chili à la Norvège en passant par Besançon. Ils sont allés à la rencontre d’acteurs locaux (scien- tifiques dans le domaine de l’environ- nement, habitants, agriculteurs…) et ont pagayé sur les mythiques Raun-

Marlène Devillez au bord du Doubs asséché à l’été 2018.

daselvi (rivière majes- tueuse mais tumultueuse de Norvège) et le Rio Puelo et Futaleufu au Chili. “On est sûrement plus apte à faire attention à l’eau lorsqu’on a vécu des émo- tions fortes au sein de rivières que l’on a aimées” souligne Marlène. Ce film, savoureux mélange entre sport et éco- logie, a pour objectif de montrer la beauté des rivières, mais aussi et sur-

Au festival “Grandes Heures

du festival “Grandes Heures Nature” en juin prochain.Mais aujourd’hui, ils souhaitent plus que tout promouvoir le fruit de leur travail et le diffuser au plus grand nombre. L’appel est lancé ! n F.T.

du Doubs, de Haute-Saône et du Ter- ritoire de Belfort, ainsi que quelques entreprises de Franche-Comté, leur ont aussi apporté leur soutien. Des pro- jections sont déjà programmées dans quelques salles de la région et au sein

tout, de dresser un bilan sans être alar- mistes et de proposer des solutions. Pour ces deux kayakistes, il est un outil pour une prise de conscience, autrement qu’avec des chiffres : “L’idée est de mon- trer qu’on peut tous faire quelque chose, même à un petit niveau !” Pour lancer ce projet un peu fou, Mar- lène et Nicolas ont pu compter sur la participation financière de plus de 200 particuliers, suite à un appel aux dons lancé sur Internet. Les Départements

Nature” en juin.

Projection du film en avant-première dans le cadre du Festival “Grandes Heures Nature” + initiation kayak, le 13 mai et pendant le festival du 5 au 7 juin prochains. www.riviereslessentinelles.fr et page Facebook

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