La Presse Bisontine 216 - Janvier 2020

ÉCONOMIE

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La Presse Bisontine n°216 - Janvier 2020

DOUBS

Un levier d’attractivité pour le territoire “La fréquentation de la Saline royale a augmenté de 30 % depuis 2014” Le Conseil départemental du Doubs et l’établissement public de coopération culturelle

20 000 personnes, la résidence de l’orchestre de Jordi Savall...). L.P.B. : L’achèvement du demi-cercle poursuit aussi un but économique, avec l’augmentation espérée du nom- bre de visiteurs à 160 000 d’ici 2023 ? C.B. : Avec ce projet, la Saline se donne les moyens de concrétiser l’objectif fixé en 2009 lors de la création de l’établissement public de coopération culturelle (E.P.C.C.), qui visait 160 000 visiteurs par an. Mais ce sont surtout les projets des dernières années qui ont porté leurs fruits : nous sommes passés de 95 000 visiteurs en 2014 à plus de 125 000 aujourd’hui. Avec les aménagements paysa- gers de ce “cercle immense”, nous allons à la fois enrichir l’of- fre culturelle (7 nouveaux jar- dins permanents ouverts à l’an- née), mais aussi créer un véritable îlot de biodiversité qui renforcera encore davantage le projet pédagogique et environ- nemental porté par la Saline depuis 2001, qui permet d’as- socier chaque année 400 élèves pour préparer le festival des jar- dins.

France, il est l’un de ceux qui s’autofinance le mieux. L.P.B. : Quelles attentes portez-vous à l’avenir ? C.B. : Tous les partenaires impli- qués portent la même ambition : faire de ce monument un levier de développement culturel, éco- nomique, social et environne- mental au service de notre ter- ritoire. Cette ambition se traduit par un accroissement de la fré- quentation (+ 30 %depuis 2014), par la multiplication des par- tenariats avec les écoles et les acteurs culturels, par la création de nouveaux emplois (+ 12 emplois créés depuis 2014), par

(qui gère les lieux) portent de nombreuses ambitions pour le monument. Explications de la présidente du Département.

L a Presse Bisontine : Pourquoi avoir choisi de soutenir le site depuis son acquisition en 1927 ? Christine Bouquin : La Saline royale est à la fois le chef-d’œuvre et l’un des rares témoignages qu’il nous reste de Claude-Nicolas Ledoux. Ce monument histo- rique est la première architec- ture industrielle à avoir été ins- crite à l’Unesco. Le Département s’investit depuis plus de 90 ans pour préserver ce patrimoine d’exception et assurer sa trans- mission aux générations futures, après l’avoir sauvé de la des- truction en 1927. L.P.B. : Par quelles actions concrètes passe cette politique de soutien ? C.B. : : Depuis l’acquisition, le Département du Doubs a tou- jours assuré les travaux liés à

la restauration du bâti et au patrimoine arboré, avec l’aide de l’État et de la Région.À partir des années 1970, il a continuel- lement apporté son soutien à l’organisation d’événements fédérateurs et à la mise en place d’expositions permanentes. L.P.B. :Quelle enveloppe y est consacrée chaque année ? C.B. : En tant que propriétaire, le Département est le premier partenaire financier de la Saline royale, il apporte 1,5 million d’euros par an. Un montant resté stable ces dernières années. Sachant que sur le bud- get annuel de 6 millions d’euros, l’établissement génère environ 60 % de recettes propres (bil- letterie, librairie, hôtel, restau- rant, centre de congrès). Parmi les monuments comparables en

Christine Bouquin lors de la mise en place de la nouvelle signalétique sur l’A 36, destinée à promouvoir notamment la Saline (photo C.D. 25).

la hausse des retombées écono- miques sur le ter- ritoire (17 millions d’euros par an sur le Doubs et le Jura, + 28 % de 2015 à 2018), et par une plus forte visibilité au niveau local et international (avec notamment le concert de David Gilmour devant

Senans, elle siège au conseil d’administration. Nous avons invité le Département du Jura à nous rejoindre, notamment au vu du grand nombre de par- tenaires et de bénéficiaires de l’action de la Saline sur son ter- ritoire. Nous serions ravis de porter en commun ces projets d’avenir au service des habitants de notre belle région. n Propos recueillis par S.G.

L.P.B. : Dans un contexte budgétaire contraint, l’intégration de nouveaux partenaires n’est-elle pas souhaitable, comme avec le Département du Jura ? C.B. : C’est la convergence des efforts des partenaires, publics comme privés, qui a permis d’ac- compagner le développement de la Saline royale. La ville de Salins-les-Bains fait partie des membres fondateurs de l’éta- blissement public d’Arc-et-

600 à 700 élèves par jour.

EN BREF

PATRIMOINE

La boucle est bouclée La Saline Royale formera bientôt un cercle

Restos du cœur Il n’y a pas que l’aide alimentaire aux Restos du cœur, il existe aussi l’aide pour remplir sa cuve de fioul. Les professionnels s’imposent de retirer de leurs bénéfices 25 centimes par m 3 de fioul livré dont Philippe Lassout, livreur à Saint- Vit. Cette année encore, de nombreuses familles bénéficiaires de l’aide des Restaurants du cœur ont pu être aidées à hauteur de 300 euros Le Conseil européen de la recherche (E.R.C.) a désigné le 10 décembre les 301 lauréats de ses bourses “Consolidator Grant” 2019 qui bénéficieront d’une enveloppe totale de 600 millions d’euros. La France se classe en troisième position des récipiendaires avec 43 projets récompensés cette année. Parmi eux, Sarah Benchabane, chargée de recherche C.N.R.S. à l’institut F.E.M.T.O.-S.T. est lauréate d’une bourse d’un montant d’1,99 million d’euros pour son projet “uNIQUE - Nanophononique” pour le traitement de l’information quantique. par famille. Recherche

“U ne utopie est un projet réa- lisable, qui n’a pas encore été réalisé” , disait le scien- tifique Théodore Monod. Celle de Claude-Nicolas Ledoux s’apprête à prendre corps. La cité idéale, imaginée par l’architecte, devait former un cercle autour de la manufacture de sel où vivraient dans la concorde les ouvriers. Deux siècles plus tard, elle est enfin amenée à se concrétiser.À ceci près qu’il ne sera pas question ici de construire de nouveaux bâtiments (bains publics, habitations, église…) mais d’aménager un écrin paysager. “Se lancer dans une continuité architec- turale aurait été trop ambitieux et irréa- lisable” , concède Hubert Tassy, directeur de la Saline, qui voit dans ce projet végétal “une expression contemporaine de l’hé- ritage de Claude-Nicolas Ledoux.” De la même façon que se pose la question pour la cathédrale Notre-Dame de recréer à l’identique ou de se réinventer, on a fait le choix ici de s’inscrire “dans la durée. On travaille pour les générations futures et la préservation de ce patrimoine unique.” D’un point de vue pratique, il y avait aussi besoin de plus d’espace. “Nous avons augmenté de façon significative notre fréquentation (lire plus haut). L’idée est d’avoir une nouvelle accroche pour maintenir ce niveau et un lieu adapté pour l’organisation de nos grands évé- nements” , note Hubert Tassy. Un empla- cement, dans le pourtour ou au sein même de l’extension, sera ainsi dédié à

Le projet d’achèvement du demi-cercle existant est arrêté. C’est l’agence Mayot et Toussaint qui a été sélectionnée parmi 19 candidatures. Les travaux devraient débuter dès et été pour une ouverture au public en 2021.

l’accueil de grosses manifestations comme le concert de David Gilmour, qui avait réuni 20 000 personnes en 2016. Plus globalement, ce projet de “Cercle immense prévoit de réaménager sur près de 15 hectares les jardins et espaces extérieurs aux bâtiments, dans et hors du mur d’enceinte. Les jardins éphé- mères, qui accueillent depuis 20 ans le Festival des jardins, déménageront ainsi dans le nouveau demi-cercle. Ils seront remplacés par des jardins permanents à l’intérieur de l’actuelle Saline. Un jardin pédagogique représentant les éco- systèmes jurassiens (reculées, karst, tourbières…) verra également le jour, ainsi qu’une prairie et une nouvelle pro- menade comestible longée d’arbustes fruitiers. L’accès se fera par le biais de passerelles belvédères enjambant le mur d’enceinte. Un réaménagement des allées rayonnantes, telles qu’elles existaient à l’époque de lamanufacture, est également prévu dans la partie existante. Pour un coût total estimé de 2,5 millions d’euros (dont 1,3 million sur la partie paysagère), financé en partie par le mécénat. De grands noms figuraient parmi les finalistes de l’appel d’offres comme le cabinet Base ou le paysagiste Érik Dhont, mais c’est donc l’agence dijonnaiseMayot et Toussaint qui a été retenue fin novem- bre. Elle s’est notamment adjoint les services de Gilles Clément (créateur du tiers paysage), pour mener à bien ce pro- jet, sachant que ce sera la première fois qu'un site Unesco sera transformé. n S.G.

Le nouveau demi-cercle végétal prendra place derrière le mur d’enceinte et les écuries sur un terrain attenant, propriété du Département du Doubs (image Mayot et Toussaint).

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