La Presse Bisontine 216 - Janvier 2020

DOSSIER I

La Presse Bisontine n°216 - Janvier 2020

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l Pouilley-les-Vignes Bientôt un point de vente C.U.C. : trois lettres bien connues du milieu brassicole local

groupement de la Brassicomtoise depuis ses débuts, Benjamin a vu la filière locale progressive- ment se développer. “Quand j’ai commencé en 2013, j’étais le 18 ème artisan brasseur à m’implanter en Franche-Comté, maintenant on est bientôt proche de la cen- taine.” Le développement de sa gamme de bières blonde, blanche, ambrée, I.P.A., triple ou de saison l’a amené à s’installer dans une maison au centre de Pouilley- les-Vignes (30, rue de Lausanne), où il a fait aménager sa cuverie. Un petit point de vente en direct devrait s’y ajouter d’ici le prin- temps, avec l’embauche d’un salarié pour lui prêter main- forte. Si l’activité prend une grosse partie de son temps et a nécessité quelques investissements, il est plutôt confiant sur les perspec- tives d’avenir. “C’est devenu une vraie habitude de consommation. Les gens délaissent le pastis à l’apéritif pour une bonne bière artisanale. Si jusqu’ici on choi- sissait sa bouteille de vin avec soin et on prenait toujours la même bière, désormais, ce n’est plus le cas.” Il ne croit pas vrai- ment non plus à l’arrivée à satu- ration dumarché. “Il reste encore un peu de place et on bénéficie aussi de l’engouement actuel pour les circuits courts”, estime- t-il. Sa philosophie se base d’ailleurs sur une fabrication 100 % arti- sanale, dans les règles de l’art

Comme beaucoup de micro-brasseurs, Benjamin Robert a commencé à brasser pour ses proches avant de se lancer dans le grand bain. Sa brasserie C.U.C. produit aujourd’hui 50 000 litres par an.

D es premiers brassins réalisés dans la grange de sa mère à Pirey, à la livraison aujourd’hui des bars bisontins, des festivals de musique et des cavistes locaux,BenjaminRobert a fait du chemin. Celui qu’on

surnomme “Cuc” (nom donné depuis à sa petite entreprise) peut se targuer de répondre à une vaste demande. “Je cher- chais une autre orientation après un passage dans le bâtiment et l’aménagement paysager” , explique-t-il. La fabrication de

bières artisanales s’est naturel- lement imposée à lui. “Durant mes études, j’ai fait une année à Lille et on trouvait déjà là-bas à l’époque une grande diversité de productions, comparé à Besançon où rien ne s’était encore développé.” Membre du

Les bières C.U.C. sont non pasteurisées et refermentées naturellement en bouteilles.

brassicole. Son réseau de distri- bution se limite volontairement aux acteurs locaux, excluant “une logique de code-barres” et les sollicitations de la grande

peu enclin jusqu’à présent car les approvisionnements en matière première n’étaient pas cohérents. Faire venir du sucre bio de très loin n’était pas logique à mon sens, mais on commence à en trouver plus localement, issu de culture de betteraves bio en Allemagne et en Alsace.” Il apprécie sur le même principe de pouvoir compter sur la filière locale d’orge, qui fédère aujourd’hui huit cultivateurs haut-saônois et envoie les récoltes par péniche à la frontière belge, en attendant la création d’une malterie locale. n S.G.

distribution. À la fois par conviction personnelle et aussi “parce que ma clientèle, qui milite pour ce côté terroir, n’y serait pas favorable.” Lemicro-brasseur envisage égale- ment une conver- sion bio courant 2020. “J’y étais

“C’est devenu une vraie habitude de

consom- mation.”

La Gangloff passe à la vitesse supérieure Laurent Fumey, installé aux Tilleroyes, a totalement renouvelé ses équi- pements pour augmenter la capacité de production de la bière Gangloff, une ancienne marque bisontine qu’il a relancée en 2016. l Besançon 400 hectolitres Benjamin Robert écoule deux tiers de sa production en fûts de 30 litres et un autre tiers en bouteilles, principalement à destination des professionnels.

T rois ans après la renaissance de la bière Gangloff à Besançon, son créateur Laurent Fumey ne s’avoue pas encore vainqueur. “Il y a des moments de doute et on n’est toujours pas sûr de réussir notre pari, mais nous y croyons fort et pour cela, nous avons investi dans de nou- veaux équipements grâce à des aides européennes et nous serons sans doute contraints de trouver des locaux plus grands dès l’an- née prochaine” commente le chef d’entreprise qui pour l’instant a gardé une activité à temps partiel en tant que formateur. Car la bière ne paie encore pas son homme… Avec la nouvelle installation, Laurent Fumey gagne déjà en productivité. “Avant, je faisais 250 litres à la

clinique Saint-Vincent). La Gangloff, bière certifiée bio- logique, est distribuée essen- tiellement à l’échelle de la région, dans le réseau Biocoop notamment et dans d’autres enseignes bio, ainsi que dans un réseau de cavistes locaux (Feuvrier, Jura Boissons…), et dans certaines grandes surfaces jouant le jeu de la production locale comme Hyperboissons ou lesmagasins U duGrand Besan- çon. On peut trouver également la Gangloff dans certaines enseignes spécialisées de Mar- seille, de Bordeaux ou encore du Luxembourg. “J’essaie de tra- vailler avec des gens qui ont une certaine éthique” résume le bras- seur bisontin. La montée en charge de la pro- duction ne suffit pas pour autant

fois. Désormais, je peux produire 2 000 litres dans un seul brassin. Au lieu de brasser huit fois de suite, je ne le fais plus qu’une fois.” En 2018, la Gangloff, avec ses différentes variétés, a été pro- duite à 250 hectolitres (soit 25 000 litres). “Cette année, on va être aux environs de 400 hec- tolitres. Avec le nouvel équipe- ment, on pourrait monter jusqu’à

Laurent Fumey est à la tête de la Brasserie Gangloff depuis trois ans. Il pourrait se diversifier dans la limonade et le whisky.

à atteindre les objectifs chiffrés que Laurent Fumey s’était fixés. “Mon point d’équilibre se situe à 800 hectolitres par an.À partir de ce volume, je pourrai envisa- ger de salarier un ouvrier bras- seur et de me consacrer davan- tage à la commercialisation” ajoute M. Fumey, montrant que si tout le monde peut prétendre avec un peu de bonne volonté et une base technique devenir

brasseur, le chemin est toujours long pour rentabiliser une telle activité. “Même si le marché de la bière artisanale a un grand potentiel, sans doute que sur la quantité de brasseurs qui se sont lancés récemment dans la région, certains vont disparaître. Pour durer, il faut d’abord être constant dans ses productions, et au-delà, pour durer, je pense qu’il faut aussi avoir un vrai

esprit d’entrepreneur” dit-il. Afin d’asseoir un peu plus sa notoriété et de mettre à profit ses nouveaux équipements, Lau- rent Fumey envisage de lancer d’autres productions que la bière. “On fera sans doute un peu de limonade, et pourquoi pas une activité complémentaire avec du whisky” confie le bras- seur bisontin. n J.-F.H.

1 500 hectolitres par an mais ensuite, il faut que le marché suive” note Lau- rent Fumey depuis sa bras- serie installée chemin de Serre à Besançon (à l’arrière de la

“Mon point d’équilibre se situe à 800 hectolitres.”

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