La Presse Bisontine 216 - Janvier 2020

La Presse Bisontine n°216 - Janvier 2020

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l Nancray

La Brasserie du Doubs Lucie Leroux-Morin poursuit la belle aventure

E lle qui a partagé dès le départ chaque instant de la passion de Dimi- tri, sonmari, elle n’ima- gine pas une seule seconde met- tre un terme à la belle aventure professionnelle concrétisée en 2010 par la création de la Bière du Doubs à Nancray. Lamaladie a été plus forte et a emporté Dimitri au printemps dernier, fauché à 35 ans. Depuis six mois, c’est donc épau- lée de son beau-père que Lucie préside désormais aux destinées de cette brasserie artisanale qui produit entre 300 et 350 hecto- litres de bière par an. De la blonde, de la brune, de l’am- brée… Au total, six variétés et leurs déclinaisons saisonnières. Et sans doute bientôt une sep- tième avec une I.P.A. sur laquelle Lucie a commencé à travailler. Sans doute pour une sortie à l’été prochain. “Bien sûr que de reprendre la gestion d’une telle entreprise est compliqué et que la charge qui pèse sur tout chef d’entreprise, je la ressens. Mais jamais je me suis dit “j’arrête tout.” Peut-être trouver quelqu’un un jour prêt à reprendre la bras- serie ? Je ne sais pas, je me pose de légitimes questions et j’ai du mal à me projeter dans l’avenir,

Elle a repris la barre de l’entreprise créée par son mari Dimitri Morin, décédé au printemps. Si elle se pose de légitimes questions sur son avenir personnel, elle est bien décidée à perpétuer la bière de Nancray et ses multiples déclinaisons de saveurs.

quelques cavistes du Grand Besançon et au bar le Pixel notamment (Cité des arts). La bière de Nancray s’écoule éga- lement à travers les comités d’entreprise de plusieurs collec- tivités locales. “Nous ne nous positionnons pas sur la grande distribution car c’est un autre état d’esprit” estime la gérante, très occupée en cette fin d’année à préparer les coffrets-cadeaux. Afin de parfaire ses compé- tences, Lucie a prévu de suivre d’autres formations dans les techniques brassicoles, elle qui a déjà acquis les compétences par des formations agro-alimen- taires. “C’est paradoxal : je me questionne sur l’avenir, mais j’ai toujours envie de me former pour être encore plus compétente.” On retrouve là intact l’état d’esprit du couple. Dimitri, c’était un sourire, un sens du partage et de la cohésion (puisque c’est lui qui avait été à l’initiative de la création de l’association la Brassicomtoise). Toutes ces qualités, c’est aujourd’hui Lucie qui les porte à bout de bras. Pour perpétuer et consolider l’avenir de la Bière du Doubs. n

mais pour l’instant, je continue, tout en essayant de gérer au mieux la partie familiale” confie la jeune femme avec pudeur. La Bière du Doubs est brassée et embouteillée depuis dix ans à Nancray, dans l’ancienne menuiserie que Dimitri et Lucie avaient acquise au centre du village en 2009 avant de décider de transformer les lieux en cen- tre de production. Dans les locaux réaménagés, plusieurs cuves fonctionnent au fond de l’atelier, et le magasin de vente directe accueille ses clients du mercredi au samedi de 16 heures à 19 heures. “La vente en direct

représente 60 % de l’activité” note Lucie Leroux- Morin qui avait décidé en début d’année de quit- ter son précédent emploi de respon- sable qualité dans une entre- prise du Grand Besançon pour consacrer tout son temps à la brasserie. Le reste est écoulé dans les froma- geries locales,

“La vente en direct représente 60 % de l’activité.”

Lucie Leroux-Morin est aux commandes de la Bière du Doubs à Nancray, imaginée et créée par son mari Dimitri.

J.-F.H.

La Brasserie du Pintadier prend ses nouveaux quartiers Jérôme Gloriot et Isabelle Banfi étaient parmi les premiers à s’installer en 2007. Ils quittent aujourd’hui le local installé au rez-de-chaussée de leur habitation pour brasser dans un bâtiment plus grand, rue des Cras. l Besançon Désormais au 3, rue des Cras

qui a participé à créer la Brassicomtoise et diverses actions depuis, comme le calendrier de l’avent. Ainsi structurés, les micro-brasseurs ont pumettre sur pied cette production d’orge avec la collaboration des culti- vateurs locaux. L’idée d’une malterie locale avait aussi germé dans leur esprit, mais finalement mise de côté après une étude de faisabilité. “Il faut d’énormes volumes pour être rentable. Ce qui pourrait en revanche être envisageable à l’avenir, c’est de créer un bar autonome géré par des micro-brasseurs” , poursuit Jérôme Glo- riot dans une même logique de coopé- ration. Malheureusement, le contexte devient “de plus en plus concurrentiel” avec la croissance des installations. “Les nou- veaux entrants s’implantent un peu cavalièrement sur le marché. Selon leur éthique et l’investissement qu’ils se sont mis sur le dos, ils ont besoin de vite rentabiliser, quitte à prendre la place des autres.” Et de regretter également la politique de prix pratiquée. “Il y a pas mal d’exagération sous couvert de l’artisanat.” n S.G. Dans le nouveau local, qui ouvrira au printemps, Jérôme Gloriot aura aussi la place pour faire du vieillissement dans des fûts en bois.

D es bières assez typées, une production limitée à 20 000 litres par an, d’anciennes cuves laitières ou vigne- ronnes transformées…Ces micro-bras- seurs-là ont une démarche atypique et la revendiquent. Leur brasserie, née d’une passion commune, reste à ce jour une activité complémentaire et n’a pas vocation à se développer. “On ne sou- haite pas spécialement augmenter notre capacité de production” , confirme Jérôme Gloriot. “L’opportunité d’acheter ce local s’est présentée, on a juste saisi l’occasion. Cela permettra d’être moins limité en surface et d’être davantage ouvert au public avec l’aménagement d’un lieu de vente et de dégustation.” Le couple qui plébiscite la vente directe recevait jusqu’ici uniquement sur ren- dez-vous. “On travaille surtout avec des particuliers et des associations, et on est référencé chez deux revendeurs dans le quartier, un caviste en ville et quelques bars.” Sa clientèle est consti- tuée de fidèles, à l’image de Jean- Claude, venu voir ce jour-là le nouveau local en travaux avant son ouverture au printemps. “J’aime leurs bières car elles sont amères et sont vendues à un prix correct. Ils fournissaient le Club

alpin français, c’est comme ça que je les ai connus et depuis je passe régu- lièrement commande.” Ici, on promeut la production brassicole artisanale. La gamme de bières blonde, blanche, brune, ambrée, forte et triple est travaillée à l’humeur. “Je me donne une latitude sur chaque fabrication” , remarque Jérôme Gloriot, “il y a parfois de vraies variations entre deux brassins successifs d’une même bière.” Le Pintadier fait également partie des instigateurs de la filière d’orge locale et de “La Commune” : une bière éla- borée par 16 brasseurs à partir d’une même recette, qui tourne chaque année. “On se fixe le même cahier des charges,

avec les mêmes ingré- dients. Cela permet à cha- cun de montrer son tour de main et on voit qu’il y a des différences.” Alors qu’ils auraient pu entrer en concurrence, les pre- miers installés ont choisi très tôt de se fédérer et de s’entraider. “On a com- mencé àmonter des projets avec des commandes grou- pées de capsules, de car- tons…” Une dynamique

À l’origine du projet d’orge local.

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