La Presse Bisontine 216 - Janvier 2020

BESANÇON 14

La Presse Bisontine n°216 - Janvier 2020

Quand les élèves luttent pour l’égalité homme-femme L’académie de Besançon a récompensé le travail des élèves et professeurs qui ont œuvré en faveur de l’égalité homme-femme à l’occasion d’une cérémonie le 27 novembre dernier. ÉDUCATION Au lycée Pergaud

L’ académie de Besançon, avec le concours d’autres services (Direction déléguée départe- mentale aux droits des femmes et à l’égalité, Direction régionale de l’agriculture de l’alimentation et des forêts) a élaboré les trophées de la mixité pour l’égalité garçon-fille, il s’agissait de sa quatrième édition. “Cette

sibiliser et faire bouger les mentalités. Dans une vision clairement citoyenne, ce projet implique également de nom- breuses matières en lien avec les pro- grammes scolaires. On y retrouvait le français, les langues vivantes, l’histoire, les arts plastiques, etc. “Nous voulons que chaque action menée soit en lien direct avec ce qui est appris en cours, se baser par exemple sur la littérature en français ou sur des personnages importants en histoire” souligne Patrick Durand, inspecteur d’académie. Une fois de plus, bon nombre d’établis- sements ont souhaité participer et c’est au total 75 établissements pour 80 actions menées sous différentes formes et axes. 19 d’entre eux ont présenté leur travail dans le but de glaner le trophée ainsi que 1 000 euros. En tout, 6 prix ont été remis le mercredi 27 novembre dernier au lycée Louis-Pergaud, 1 par dépar- tement de l’académie, 1 attribué à un établissement agricole et 1 coup de cœur. Le coup de cœur académique récompensait le collège Charles-Masson (Blamont) pour la création entre autres d’une frise qui déconstruit les stéréo-

cérémonie, nous la voulions dans cette période en lien avec la journée de lutte contre les violences faites aux femmes” , explique Dominique Chatté, chargée demission pour l’académie de Besançon. Ce prix a pour objectif de récompenser des actions menées dans les établisse- ments du secondaire (collège et lycée) dont la finalité est de questionner, sen-

Les élèves ont présenté leurs travaux lors de la cérémonie.

types et d’un abécédaire avec des lettres en forme d’émoji. Parmi les autres projets, on peut citer des rencontres avec des troupes de théâ- tre, des rencontres autour de l’orienta- tion et du parcours professionnel, la réalisation de films et d’expositions-

fier que notre mallette accompagne l’ex- position.” Cette édition montre encore le chemin à parcourir sur l’égalité homme-femme mais souligne l’implication des élèves et tout le travail accompli jusqu’àmain- tenant. La lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes est un engagement du quinquennat du président de la Répu- blique, que ce soit le traitement au niveau des salaires ou encore à la pro- tection de ces dernières face aux com- portements discriminants et sexistes. La sensibilisation à cette question doit se faire le plus tôt possible, dans les collèges, les lycées afin de former les citoyens de demain au respect de cette valeur d’égalité quel que soit son sexe. n N.P.

concerts ou encore la créa- tion d’une mallette de jeux venant compléter une exposition “Les filles, osez les sciences”. Éléa, une élève à l’origine du jeu, explique leur démarche : “L’idée est venue d’un constat pour nous qui était que c’est plus facile d’apprendre en jouant que de réciter les informations, on est

75 établis- sements, pour un total de 80 actions.

Les autorités académiques encouragent les initiatives.

EN BREF

ASSOCIATION

Halte aux discriminations Homophobie : les jeunes ont un nouveau Refuge

Déchets Les fêtes de fin d’année induisent souvent beaucoup de déchets. Le Sybert propose différents conseils pour les limiter durant cette période comme offrir des cadeaux non matériels (vacances, spectacles…), ou des cadeaux d’occasion. On peut emballer ces cadeaux différemment (papier kraft, furoshiki…), on peut aussi acheter en vrac ou apporter ses propres contenants. Mais attention, il ne faut pas imbriquer les déchets entre eux, tous les emballages alimentaires peuvent se jeter dans la poubelle jaune et il est possible de composter des agrumes, par exemple. www.sybert.fr Livre Le livre de l’historienne bisontine Brigitte Rochelandet “Besançon au féminin, Histoire de la place des femmes dans la cité” (Éditions Cêtre) est sorti. Il retrace l’évolution de la place des femmes dans Besançon et il expose des faits rarement évoqués qui commencent des chasses aux sorcières du Moyen-Âge jusqu’à aujourd’hui. En vente 18 euros.

La délégation départementale de l’association Le Refuge s’est installée dans un nouveau local, au 34, rue Ronchaux. Elle y accueillera les victimes d’homophobie ou de transphobie et organisera des événements.

Nicolas Louisot, délégué départemental (au milieu avec les lunettes), se réjouit de l’ouverture de ce local dans le contexte actuel de violences homophobes et transphobes

E n rupture avec sa famille, Frédérick, 18 ans, aurait pu se retrouver livré à lui- même s’il n’y avait pas eu sur sa route “Le Refuge”. “Plus les années passaient et pire c’était ! Cela devenait de plus en plus compliqué. Je ne pouvais plus vivre avec eux.” L’annonce de son homosexualité, mal accueillie par ses proches, a créé un climat conflictuel avec son frère. Ce qui l’a conduit un jour à quitter définitivement le foyer familial. “C’est ma grand-mère qui m’a orienté vers cette asso- ciation.Au départ, pour un suivi de jour, puis j’ai opté pour un hébergement temporaire pendant deux mois et demi.” Aujourd’hui “grandi mentalement et plus autonome, il a pu renouer le dia- logue avec sa famille et a trouvé un logement au C.R.O.U.S. “Le Refuge m’a soutenu quand ça n’allait pas bien. Celamériterait d’être plus connu.” Créée en 2003, cette association

nationale accompagne en fait des jeunes âgés de 18 à 25 ans en situation d’isolement, du fait de leur orientation sexuelle ou de genre. Des garçons et des filles souvent victimes d’insultes et de persécutions dans leur quo- tidien ou bien au sein même de leur entourage. “Ce ne sont jamais de belles histoires. Cer-

récurrentes à Besançon.

tains ont fait de la rue, d’autres ont été violentés” , indique Nicolas Louisot, le délégué départe- mental du Doubs, qui remarque un accroissement des demandes. “Les actes homophobes ont augmenté en flèche depuis les manifestations contre le mariage pour tous. Pour beaucoup de familles, cela ren- voie encore à un

réalisées chaque année. “Ce type d’aide fait partie des choses que nous aimerions déve- lopper et pour lesquelles on a demandé une subvention, pour bénéficier d’un travailleur social” , précise Nicolas Louisot, qui doit se contenter pour l’heure de l’im- plication d’une vingtaine de bénévoles. Ce nouveau local rue Ronchaux permettra déjà “une meilleure qualité d’accueil et d’accompagnement.” La déléga- tion n’avait jusqu’ici pas de pied- à-terre, hormis un bureau prêté par la Ville au centre Mendès- France.

échec potentiel d’éducation alors que l’homosexualité ne devrait plus être considérée comme une maladie ou quelque chose d’anor- mal.” Pour leur venir en aide, la délé- gation locale, en place depuis 2014, offre un soutien social et psychologique, une écoute et une médiation familiale. Elle propose également depuis trois ans, un hébergement temporaire au sein d’un appartement-relais à Besançon. Jusqu’à trois jeunes peuvent y être accueillis, comme Frédérick, “le temps de se recons- truire.” 800 à 1 000 nuitées sont

Des permanences d’ouverture au public y sont organisées le mercredi de 18 heures à 20 heures et le samedi de 14 heures à 16 heures “Ces horaires sont adaptés à ceux qui n’ont pas encore fait leur coming out, qui pourront prétexter une sortie en ville pour venir trouver conseil discrètement.” Outre le suivi des jeunes, ce lieu sera aussi un espace d’échanges cul- turels avec la mise en place d’événements d’ici 2020 (café débat, rencontres littéraires...). n

“Ce ne sont jamais de belles histoires.”

S.G.

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