La Presse Bisontine 216 - Janvier 2020

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La Presse Bisontine n°216 - Janvier 2020

ÉDUCATION Nouveaux enjeux pour l’éducation “Nous voulons prendre en compte les besoins de chaque élève”

L’autre obstacle qui s’est dressé (et qui se dresse encore) est la hausse consi- dérable de la demande, que ce soit pour la cantine du midi (+ 17 % entre 2014 et 2017) ou pour le périscolaire (X 2 entre 2014 et 2018). Le début de l’année scolaire a étémarqué par cette demande en augmentation. Enfin, en plus de nos propres interro- gations, il fallait répondre aux inter- rogations des usagers qui au départ n’étaient pas clairement définies, n’ayant pas de recul nécessaire pour bien comprendre ce qu’implique la réforme. Malgré ces difficultés, les efforts vont dans le bon sens et le parcours culturel ainsi que les activités du périscolaire rencontrent un vif succès et les asso- ciations se sont investies et ont permis une offre riche et variée. L.P.B. :Quelles sont les principales propositions, notamment la cité éducative, pour la nouvelle période 2019- 2022 ?

Voté début décembre au conseil municipal pour la période 2019-2022, le nouveau P.E.D.T. (Projet éducatif de territoire) entend corriger (et consolider) ses bases et développer de nouveaux partenariats.

L a Presse Bisontine :L’actualité de l’édu- cation tourne autour de la question du projet éducatif de territoire qui a été voté en conseil municipal, comment le définir en quelques mots ? Yves-Michel Dahoui : La notion de projet éducatif de territoire (P.E.D.T.) a vu le jour lors de la réforme Peillon en 2013, il s’inscrit dans une refonte globale des nouveaux rythmes scolaires avec un retour aux 4,5 jours par semaine. Conformément au code de l’Éducation, il s’agit d’un document mis en place par la municipalité et qui permet aux collectivités locales une meilleure com- plémentarité de l’éducation pour chaque élève pendant et après l’école. Cela passe par l’organisation des temps de midi (temps de pause méridienne, can- tine) mais aussi d’un accueil périscolaire le soir et d’un temps d’aide aux devoirs. L.P.B. : Quels sont les principaux enjeux d’un tel projet ? Y.-M.D. : Quand la réforme a été adoptée, il y avait tout une organisation à créer de toutes pièces. Il fallait mettre en place un service de Périscolaire, repen- ser les différents temps de la journée et également la prise en compte de tous les élèves dans la réussite éducative. Tous ces points sont passés par la créa- tion de 21 postes de directeurs d’accueil de loisirs multisite et la structuration du périscolaire dans chaque école avec

le recrutement de 450 animateurs et de 60 référents. Nous avions aussi la volonté d’intégrer le monde associatif dans l’optique d’ouvrir aux élèves des portes qu’ils n’auraient peut-être pas ouvertes, que ce soit dans l’art, le sport, etc. La notion de partenariat était très importante et travailler ensemble une nécessité. Enfin, pour une meilleure égalité entre tous, nous avons mis en place un par- cours culturel en 2014 en lien avec l’Éducation nationale pour que chaque élève reçoive un bagage culturel en allant découvrir les musées, la Rodia, le Conservatoire… pendant le temps scolaire pour que personne “n’y échappe”. Cette réforme était l’occasion de mêler plusieurs ambitions au sein d’unmême projet. L.P.B. : Comment la municipalité a appréhendé la mise en place du P.E.D.T. et quel bilan peut- on tirer de cette première phase ? Y.-M.D. : Lamise enœuvre de ce P.E.D.T. a été je pense compliquée à mettre œuvre pas seulement pour Besançon, mais pour toutes les municipalités. Un tel changement nécessite du temps, du temps pour créer, pour corriger et pour stabiliser, or il a fallu faire dans l’ur- gence et rien ne peut être parfait en si peu de temps dans la mesure où tout était à faire ou à refaire.

Yves-Michel Dahoui, adjoint à la culture puis à l’éducation, a créé en pont entre les deux domaines pour réduire les inégalités entre les élèves (photo E. Chatelain).

ce qui est mis en place est conforme aux besoins des citoyens en leur don- nant la parole à travers des commis- sions et des conseils d’école. Les principaux axes qui alimentent le P.E.D.T. pour les trois années à venir tournent autour de l’accueil des enfants de 3 ans, une meilleure communication autour du périscolaire, intégrer davan- tage les parents et prendre en compte les besoins de chaque élève par l’école inclusive. Ces grandes lignes directrices seront les repères pour chaque décision qui sera prise, elles sont importantes car soucieuses d’intégrer chaque élève dans la réussite éducative. Pour ce qui est de la cité éducative, c’est un projet de grande envergure sur le plan national et local. Il s’agit de mettre en place des moyens supplé- mentaires sur le quartier prioritaire de Planoise. La commune a répondu à

un appel à projets dans le but d’obtenir d’ici trois ans 1,2 million d’euros pour la cité éducative dans le but de pro- mouvoir le renforcement de l’éducation dans les quartiers prioritaires. La cité éducative s’inscrit dans lemême esprit que le P.E.D.T. avec pour objectif de renforcer le lien entre les acteurs éducatifs, les parents, les associations, etc. La municipalité s’implique à hau- teur de 120 000 euros. Cette expéri- mentation fait office de test et pourra sans nul doute s’appliquer sur d’autres quartiers. Cette politique est toute récente et il est encore trop tôt pour parler concrè- tement de ce qui va être fait, mais il s’agit d’un bel exemple de concertation entre l’État et Besançon pour savoir ce qui sera mis en place et quelle phi- losophie appliquée. n Propos recueillis par N.P.

“Pour Planoise, la Ville

Y.-M.D. : Les premiers points sur lesquels la nouvelle équipe devra veiller, c’est de consolider les partenariats et ten- dre vers un meilleur accès à la cantine et au périscolaire. Cette nou- velle période, nous l’avons voulue plus proche des usages, la méthode est simple, faire participer et s’ajuster en se confrontant au niveau des utilisateurs. Il est important de vérifier que

s’implique à hauteur de 120 000 euros.”

RECHERCHE

Projet M.I.C.A.D. Et si les instruments de musique n’étaient plus faits en bois ? Des guitares en lin : c’est la drôle d’idée sur

laquelle a travaillé Romain Viala, récemment récompensé par les prix régionaux Pépite et Chercheurs entrepreneurs challenge.

de les combiner.” Pour ce guitariste et violoniste passionné qui s’est rêvé un temps luthier, ce recours au matériau composite présente, en outre, d’autres avantages. “Moins variable que le bois, il est aussi moins sensible à l’hu- midité et engendrera moins de matière perdue au moment de la fabrication.” Prometteuses, ses recherches dédiées aux cor- dophones (guitare, alto, violon, violoncelle, contrebasse, piano, clavecin…) pourraient aussi s’étendre à d’autres domaines d’application en lien avec la réso- nance. Mais Romain Viala pré- fère rester discret sur le sujet, tout comme sur la suite donnée à son projet. “Je travaille aujourd’hui au plus près des acteurs pour le faire avancer” , conclut-il simplement. n S.G.

ment en lien avec la question du développement durable. “La ressource n’est pas inépuisable, on le sait. Il va y avoir de plus en plus de problèmes d’approvi- sionnement sur les essences de bois habituellement utilisées en

lutherie (exotiques comme plus locales) avec la demande qui augmente et les impératifs de gestion forestière” , remarque Romain Viala. Ce docteur en mécanique, rat- taché jusqu’ici au laboratoire F.E.M.T.O.-S.T. et aujourd’hui employé à l’Institut technolo- gique européen des métiers de la musique au Mans, a ainsi planché pendant un an et demi sur une alternative qui passerait par la confection d’instruments de musique en matériau com- posite à base de fibre de lin. “Le but est qu’il n’y ait pas de diffé- rences sonores, mais aussi qu’on génère moins d’impact sur la res- source.” Les modes de consom- mation et de fabrication actuelles amènent “à faire venir beaucoup de matière pour n’en n’utiliser qu’une toute petite partie à la fin” , déplore le scientifique. “Le

problème ne vient pas des luthiers mais des manufactures qui fabri- quent des milliers d’instruments, sachant que sur l’entrée et la moyenne gamme il n’y a pas for- cément d’intérêt à utiliser du bois massif.” Saméthode, baptiséeM.I.C.A.D. (pourMusical Instruments Com- puter Aided Design) va, elle, reposer sur l’utilisation de lin “qui peut pousser en France” , de

A lliant innovation et tra- ditionmusicale, son pro- jet veut pouvoir permet- tre de façonner une

matière pour qu’elle vibre comme si c’était du bois, à l’aide de simu- lation et conception assistée par ordinateur. Un travail directe-

“Les mythes autour du bois

véhiculés par les musiciens partici- pent à ce que la demande ne soit pas compatible et cohérente avec la ressource”, estime Romain Viala (photo I.T.E.M.M. Communication).

morceaux de balsa “qui se renouvellent vite en 4 ou 5 ans” , de mousses comme le polystyrène et de résine issue de la biomasse. “Grâce au logiciel de simu- lations mis au point, on identifie quels matériaux prendre et quelle est la meilleure façon

Trop de matière gâchée.

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