La Presse Bisontine 216 - Janvier 2020

10 DOSSIER BESANÇON

La Presse Bisontine n°216 - Janvier 2020

Saint-Jean au sommet Les travaux de restauration du clocher de la cathédrale Saint-Jean s’achèveront en 2020. Les Bisontins découvriront alors un édifice remarquable, identique à celui qui dominait la ville au milieu du XIX ème siècle. PATRIMOINE Visite au sommet du clocher de la cathédrale

L e clocher de la cathédrale Saint-Jean a disparu derrière les échafaudages qui l’entou- rent et le recouvrent sur ses soixante mètres de hauteur. Depuis le sol, le bruit des outils que manient les artisans au milieu de cet enchevêtrement de tubes métalliques indique la direction des travaux. Pour les rencontrer, il faut monter là-haut, avec l’ascenseur de chantier. C’est exceptionnel de pouvoir accéder d’aussi près à cet édifice dont on peut apprécier les détails, invisibles autre- ment depuis la rue. La nouvelle cou- verture est faite de tuiles vernissées de différentes couleurs, et de cuivre étamé posé en une succession de couches qui se superposent telles des écailles d’un poisson. Le métal mal- léable donne au clocher un aspect argenté. Plus haut, ce sont des feuilles d’or qui recouvrent le piédouche et sa

Incertitude autour des cadrans Les quatre cadrans du clocher ont été démontés et confiés à l’entreprise Voe- gele de Strasbourg. Ces pièces de 2,6 mètres de diamètre composées de plu- sieurs panneaux de lave émaillée, sur lesquels sont placés les chiffres en lave émaillée noire doivent être restaurée. Ces éléments sont supportés par des pièces en chêne. Pour l’instant, selon la D.R.A.C., les discussions sont en cours sur la direction à donner à l’in- tervention. n

Ce chantier met à l’honneur des savoir-faire spécifiques propres à la restauration du patrimoine.

précis, de finition, est moins spectaculaire que l’opération qui a consisté à redresser le clocher de la cathédrale. Il s’était affaissé de 15 cm, consé- quence d’une sablière affaiblie qu’il a fallu remplacer. La longue pièce de chêne posée sur le mur, sur laquelle vient s’appuyer le clocher, a donc été changée. “Le but a été de redresser l’ensemble avec l’aide de vérins hydrauliques. Il

comme nous le verrons bientôt. Le clo- cher aura “un aspect très neuf, rendu par le cuivre étamé et les tuiles vernis- sées, qui devrait durer quelques années.” Ce résultat est aussi le fruit d’un travail d’étude et de recherche préalable qui a permis de définir le contenu de l’in- tervention sans trahir l’histoire de ce patrimoine. De nombreuses entreprises de la région collaborent (ou ont collaboré) à ce chan- tier complexe qui met une nouvelle fois en avant des savoir-faire spéci- fiques dans le domaine de la charpente, de la zinguerie, de la maçonnerie, de la menuiserie, de la ferronnerie. Les compagnons du devoir sont là ! “Nous espérons que ce projet va justement permettre de former des gens et de pérenniser des métiers et des savoir- faire” dit-on du côté de la D.R.A.C. L’État a investi 2,9 millions d’euros sur l’ensemble du clocher. n T.C. Zoom Et ensuite viendra le tour de l’horloge astronomique Une fois terminée la rénovation du clocher, l’horloge astronomique abritée au sein de l’édifice devrait faire l’objet d’un programme de restauration. Cette pièce remarquable conçue par Auguste-Lucien Vérité au XIX ème siècle fera l’objet “d’une étude, afin d’envi- sager sa restauration. C’est le chantier d’après” indique la D.R.A.C. Bour- gogne-Franche-Comté. n

croix de 6 mètres qui finit le clocher. “Toutes ces parties en cuivre qui forment des volutes recouvrent des pièces de bois. Elles ont elles aussi cette forme pour des raisons esthétiques et struc- turelles” précise Philippe Bulle, artisan menuisier, qui restaure les menuiseries intérieures et extérieures du clocher. La tête enfermée dans sa capuche pour se protéger du froid et du vent, Pauline travaille la pierre, un masque sur le visage qui l’épargne de la poussière. À petits coups de marteau-piqueur, elle enlève la partie altérée d’une pierre qu’elle va remplacer. “Je vais mettre ce que l’on appelle un bouchon. Cette intervention a une finalité esthétique, mais elle permet surtout d’éviter les infiltrations” explique-t-elle. Son travail

“Redresser l’ensemble avec l’aide de vérins.”

a fallu faire glisser la nouvelle sablière. Et nous avons remplacé également les bois de charpente qui ne pouvaient plus jouer leur rôle” souligne le service de la conservation régionale des monu- ments historiques de la Direction régio- nale des affaires culturelles de Bour- gogne-Franche-Comté (D.R.A.C.).Toute la difficulté de ce genre d’intervention est de ne changer que les éléments défectueux d’une charpente afin de conserver l’essentiel dans son état d’origine. Ce travail a été conduit sous l’œil atten- tif de Stéphane Goubet, compagnon charpentier, le même qui avait déjà suivi la rénovation de la charpente de la nef de la cathédrale avec l’entreprise Nouveau. “Globalement, l’ensemble est dans un bon état” conclut la D.R.A.C. qui précise que des interventions ont eu lieu sur toute la hauteur du clocher pour remplacer des pierres et “régé- nérer les maçonneries en injectant du coulis de chaux.” Dans quelques mois, les échafaudages vont être démontés, mettant également un terme aux nuisances des travaux supportées par les riverains. Le clocher du XVIII ème siècle se découvrira sous un jour inconnu à notre époque. Il fau- drait remonter au milieu du XIX ème siècle, en 1846, pour le découvrir

La croix de 6 mètres de hauteur a été déposée pour être dorée dans les ateliers de l’entreprise Toitures de Franche-Comté de Rioz. Elle a été replacée au

sommet de la cathédrale le 6 novembre.

La nouvelle couverture du clocher se dévoile à travers les échafaudages.

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