La Presse Bisontine 214 - Novembre 2019

DOSSIER I

La Presse Bisontine n°214 - Novembre 2019

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l Luxe

100 postes à pourvoir d’ici l’an prochain Le maroquinier S.I.S. obligé d’élargir

son cercle de recrutement à Besançon

L a plus grande difficulté de S.I.S., c’est le recrutement. Former, elle sait faire. Dans son domaine d’activité, la conception de sacs à main de luxe, la croissance est forte : “Nous avons besoin de former 150 assembleurs en maro- quinerie en trois ans pour nos trois sites” indique Christophe Brun, res- ponsable de l’école de formation E.M.A. d’emploi du bassin bisontin à une visite. Mission séduction. Pour ses entreprises d’Avoudrey, Étalans et Valda- hon, S.I.S. recherche 400 personnes d’ici trois ans. La Presse Bisontine a participé avec 12 demandeurs

(École de maroquinerie d’Avoudrey). Au total, ce sont près de “400 emplois dont nous aurons besoin sur 4 ans, cal- cule Sophie Monnet, directrice des res- sources humaines. Forcément, nous élargissons notre cercle de recrutement au bassin de Besançon et Baume-les- Dames.” Mi-octobre, l’entreprise demaroquinerie qui emploie environ 800 collaborateurs àValdahon, Étalans, au centre d’Avou- drey, a ouvert les portes de son nouvel outil de production dans la zone arti- sanale d’Avoudrey, inaugurée au prin- temps, à 12 demandeurs d’emploi venus de Besançon, de Pontarlier, de Baume- les-Dames et de Haute-Saône, dans le cadre de l’opération “Journée de l’en- treprise”. S.I.S. recrute toujours plus loin. Elle a d’ailleurs mis en place un

Christophe Brun, responsable de la formation chez S.I.S., présente aux d emandeurs d’emploi les différents métiers de maroqui- nier.

compenser des salaires, au S.M.I.C. “Avec ce que l’on met en place, bientôt une aide pour la mobilité de nos salariés avec le covoi- turage, on peut dire qu’un de nos sala- riés gagne autant que quelqu’un qui part en Suisse” assure Christian Par- renin, le président de S.I.S. Élisa, 26 ans, demeure dans le Grand Besançon. À la recherche d’un emploi, cette ébéniste de formation a souhaité se reconvertir. Elle a passé et obtenu les premiers tests pour intégrer l’école de formation. Dans trois mois, si tout va bien, elle va confectionner des sacs pour la maroquinerie de luxe. Pour les 11 autres présents, place à la réflexion. n E.Ch.

bus pour conduire ses salariés de Baume à Valdahon. Dans le groupe de visite, 11 femmes et un homme ont découvert le site M.D.A. où sont assemblées artisana- lement les pièces de maroquinerie. L’entreprise a un protocole huilé : faire découvrir le métier, trouver les per- sonnes motivées, les former au sein de l’école durant trois mois, une formation rémunérée. “On embauche en C.D.I., annonce Christophe Brun. Bien sûr, il ne faut pas avoir deux mains gauches… Une personne qui possède de la dextérité pourra rapidement monter en compé- tence dans nos ateliers. Nous dévelop- pons également la polyvalence afin d’éviter les troubles musculo-squelet-

tiques chez nos salariés.” S.I.S. a une difficulté : le fort turn-over dans ses équipes. Lors de la visite, les demandeurs d’emploi ont découvert l’atelier de découpe de peaux jusqu’à

l’assemblage. La direction n’oublie pas d’évoquer les services mis à disposition comme la crèche et le restaurant d’entre- prise (à prix cassé pour le salarié), la salle de sport, les horaires adaptés, le paiement de la mutuelle. Des avan- tages qui doivent

“Possibilité de monter en compétence.”

Après trois mois de formation, les “élèves” sont embauchés en C.D.I.

l Maçonnerie

Marbrerie Franzi à École-Valentin

Le patron de retour sur les chantiers Jean-Marc Franzi, dirigeant de la marbrerie du même nom, recrute. Pour compenser le manque de main-d’œuvre, il retourne lui-même poser des monuments funéraires.

Q uand le patron repart au charbon ! Jean-Marc Franzi fait des journées à rallonge mais ne se plaint pas. Diri- geant de cette société familiale où tra- vaille la quatrième génération, il com- pense depuis le printemps le départ d’un salarié en retournant sur les chan- tiers poser des monuments funéraires dans les cimetières, l’une des princi- pales activités de la marbrerie. Le soir, quand il revient, il s’installe devant son ordinateur pour gérer le tout- venant. Son épouse et un de ses fils travaillent avec lui. Jean-Marc va éga- lement donner un coup de main à l’ate- lier, avec Éric, pour gérer la découpe industrielle des plaques de marbre. Un métier qui a bien changé depuis

l’époque de son arrière-grand-père. Les maniements des blocs de granit se font avec des élévateurs et non plus à la force du dos et des bras, la découpe grâce à des machines à commande numérique. Ce qui n’a pas changé, c’est le contact avec la mort qui peut rebuter des candidats. Pendant ce temps passé

Jean-Marc Franzi, gérant de la marbrerie à École-Valentin, à l’atelier de découpe du marbre.

à l’atelier, c’est le travail de prospection qui ne se fait pas. “On a d’ailleurs réduit le volume pour res- pecter nos délais auprès de nos clients” avoue le chef d’entreprise. La société basée à École- Valentin a placardé une grande banderole “Franzi marbre et granit

de maison chez Franzi, qui doit partir dans quelques mois à la retraite. D’ail- leurs, la société se repose sur l’aide d’un retraité qui (re)travaille deux à trois jours par semaine. Cela s’appelle le “cumul emploi-retraite”. C’est tota- lement légal. “Il a 64 ans, est polyvalent et autonome. C’est une chance pour nous” constate la firme. Est-ce le salaire qui freine les futurs candidats ? “Pour

recrute”, ce qui lui a valu quelques touches de candidats. “Pour le moment, je les reçois, j’évalue leur profil, leurs compétences. On peut former de A à Z” indique-t-il sans avoir toutefois trouvé le candidat(e). Le gérant aimerait trouver la perle rare : une personne capable de travail- ler à l’atelier et à la commercialisation. Ce que sait faire Éric, bientôt 30 ans

le moment, lorsque j’ai rencontré des candidats, nous n’en sommes même pas arrivés au stade de la discussion du salaire” répond Jean-Marc Franzi. Le bon profil est-il devenu la perle rare ? Ou faut-il accepter que les can- didats mettent un peu plus de temps à se former que par le passé ? n

“Poseur de monument, commercial et patron.”

E.Ch.

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