La Presse Bisontine 214 - Novembre 2019

DOSSIER I

La Presse Bisontine n°214 - Novembre 2019

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l Industrie Loriod Emballages Recyclages à Besançon Une T.P.E. obligée de passer par un cabinet de recrutement ! Spécialisée dans la fabrication de palettes en bois, la scierie Loriod recrute. Déçue par les candidats envoyés

mon entreprise. Ils m’ont envoyé des personnes qui n’avaient pas du tout le profil. Elles venaient une fois et ne se levaient pas le lendemain. Je recherchais un chauffeur poids lourds : Pôle Emploi m’a envoyé une personne à qui il restait seulement deux points sur son permis de conduire. Si je l’embauche et le perds le lendemain, je fais comment ?” inter- roge à juste titre cet ancien cadre diri- geant dans un grand groupe indus- triel. Le manque de main-d’œuvre pèse sur les équipes en place d’autant que les tâches sont parfois physiques. Jacque- line Demunck, responsable du site, fait alors appel à un cabinet de recrutement. “Nous, T.P.E. de 17 salariés, sommes obligés d’en arriver là ! Même si la société est située à Besançon, nous avons peu de demandes de candidats. Celles qui arrivent proviennent de Baume- les-Dames, d’Ornans, de Haute-Saône !” constate-t-il, désabusé. Il a déboursé 6 000 euros au cabinet qui lui a pré- senté trois personnes. “J’ai eu deux réussites et un échec. Pour ce métier que je croyais masculin, le cabinet m’a conseillé une femme. J’en suis très satis- fait : elle a pris des responsabilités au sein de la ligne de production” indique- t-il. Ils sont désormais embauchés en

par Pôle Emploi, elle a trouvé son bonheur grâce à un cabinet de recrutement. Cela a un coût…

14 heures un vendredi après- midi. L’atelier laisse sortir une douce odeur de bois fraîchement coupé. Ici, à l’orée du bois de Chailluz, 17 salariés travaillent à la confection de palettes en bois destinées à l’automobile, à la construction, à l’agro-alimentaire… Tous sont en week-end dès le vendredi après-midi. Ils reprendront leur poste lundi matin à 7 heures pour terminer à 15 h 15. Plutôt sympa comme emploi du temps. “Le personnel a souhaité une pause plus courte le midi pour partir plus tôt. J’ai accepté volontiers car cer- tains habitent loin de Besançon et peu- vent ainsi prendre leurs enfants à la sortie de l’école. Quand on doit faire des heures supplémentaires, on les paie, il n’y a pas de R.T.T. Mon plus gros souci aujourd’hui, c’est le recrutement.” Marcel Athias, gérant de l’entreprise, ne s’attendait pas à être confronté à des difficultés de main-d’œuvre, lui qui avait dû licencier 23 personnes au

lendemain de la grave crise de 2008. La casse sociale aurait pu être bien plus grande. À l’époque, il met sa mai- son et tout ce qu’il a pour sauver “sa” boîte, achetée en 1996. “Si je ne m’en sortais pas, j’étais S.D.F.” image le chef d’entreprise. L’avenir lui donne fina- lement raison. Son activité, fortement liée au marché économique mondial, repart. Il investit

dans l’outil de produc- tion et embauche. En 2019, le voilà face à un problème qu’il n’avait pas mesuré : la difficulté à trouver des candidats, notam- ment pour les postes les moins qualifiés. “Si vous avez quelque chose à demander, surtout ne vous adres- sez pas à Pôle Emploi ! Ils ne sont jamais venus visiter

Jacqueline Demunck, responsable du site, et Marcel Athias, gérant, ont davantage de souci à recruter qu’à remplir le carnet de commandes.

Une société aujourd’hui à transmettre.

C.D.I. La cohésion dans l’équipe est primor- diale car “si un salarié est absent ou en retard, la production est fortement perturbée. Je demande donc de la poly- valence afin que chacun puisse rem- placer un autre. Mais des absences répétées, je ne peux m’en contenter” poursuit M. Athias. Pour les postes

recherchés, pas besoin de qualifications spécifiques. “On forme” ajoute Jacque- line Demunck. Quant à la question du salaire, il est en fonction de l’ancienneté, de la qualification et du poste. En juin 2020, Loriod Emballages Recy- clages sera à transmettre. Avis aux amateurs. n

“Ils ne veulent pas être embauchés, ils préfèrent l’intérim” Le groupe Bonnefoy, 300 salariés, confirme une tendance : celle des intérimaires qui travaillent quelques mois puis se mettent volontairement au chômage. L’entreprise se trouve, à ses dépens, pénalisée. l Travaux Publics Bonnefoy : 20 postes à pourvoir Zoom Assurance chômage : des conditions plus dures

le veut ! L’État veut nous péna- liser sur ces contrats courts alors que nous voulons les embaucher en C.D.I., mais eux ne veulent pas. C’est tout un système à revoir” indique le responsable de la société dont le siège est à Saône. Avec l’intérim, les rendements de l’entreprise sont moindres si bien que Bonnefoy laisse filer des chantiers “car nous allons moins vite” constate le chef d’en- treprise. La formation ? Bon- nefoy avec d’autres entreprises qui ont pignon sur rue militent pour le développement du centre de formation des apprentis du bâtiment et des travaux publics à Besançon. Un bâtiment où sont regroupées toutes les nou- velles technologies : “Il y amoins

F rédéric Bonnefoy parle peu à la presse. Quand le président du groupe spécialisé dans les tra- vaux publics parle de la diffi- culté de recrutement, il ne

manie pas la langue de bois. “Aujourd’hui, ce sont une ving- taine de postes qui sont à pour- voir dans le groupe : maçons, conducteur d’engins, chef d’équipe. On embauche en C.D.I.,

mais on ne le peut pas. Le vrai problème, c’est l’intérim. L’inté- rimaire a ses congés payés, une prime de précarité, part en vacances quand il le veut et revient sur le marché quand il

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de motivation chez les appren- tis. La réussite à l’examen se dégrade” constate sans trouver d’expli- cation le profes- sionnel. Les salaires sont pourtant deve- nus attractifs. Reste l’image du métier, peut- être. “Un maçon des T.P. gagnera par exemple

“Obligés de laisser des chantiers…”

chauffeur. Les carnets de com- mandes sont pourtant là. L’activité en 2020 pourrait légè- rement diminuer, année élec- torale oblige. Les T.P. auront toujours besoin de main-d'œu- vre : il faut remplacer les sala- riés qui partent en retraite. Un vrai chantier. n E.Ch.

entre 10 et 20 % de plus qu’un maçon du bâtiment. Nous avons des métiers réguliers, sans vagues, avec de véritables pos- sibilités de progression” dit-il pour inciter d’éventuels indécis. Encore une fois, les candidats ne se bousculent pas. À Lyon où Bonnefoy travaille aussi, l’entreprise ne trouve aucun

Les Travaux publics confrontés, eux aussi, au problème de l’intérim (photo archive L.P.B.).

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