La Presse Bisontine 210 - Juin 2019

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n°210 - Juin 2019

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POLITIQUE

Vers une nouvelle candidature aux municipales

“Tout reposera sur la défense des intérêts de Besançon face à Dijon et à Paris”

Jean-Philippe Allenbach, souvent présenté comme le trublion de la politique locale, a lancé sa cam- pagne pour les prochaines municipales à Besançon où il avait déjà été candidat en 2001. Il revient avec quelques idées concrètes et une vraie ambition.

L a Presse Bisontine :Vous étiez candidat aux municipales en 2001 avec un score honorable de 4 %, mais vous n’avez pas pu l’être en 2008 ni en 2014. Pourquoi cette nouvelle candidature et comment croire que vous irez jusqu’au bout de la démarche ? Jean-PhilippeAllenbach : La grande dif- férence, c’est que depuis la dernière fois il y a eu la fusion des Régions, c’est une raison essentielle pour moi de monter au créneau car depuis cette fusion, la situation de Besançon n’a fait que se détériorer. Je monte donc au créneau pour les munici- pales 2020 afin de défendre les Bisontins et plus largement les Francs-Comtois. C’est donc plus par obligation morale que j’ai décidé de me présenter, face à une Europe décadente, un État défaillant et une Bourgogne arrogante et domina- trice. L.P.B. : Vous espérez pouvoir convaincre 55 co-listiers du bien-fondé de votre démarche ? J.-P.A. : La “nébuleuse” fédéraliste qui soutient nos idées compte plu- sieurs centaines de personnes, il n’y aura aucun souci pour monter une liste de 55 noms. L.P.B. :Alors pourquoi aviez-vous renoncé les deux précédentes fois ? J.-P.A. : L’aspect financier m’avait fait renoncer. Une campagne muni- cipale, c’est au bas mot 15 000 euros et si on veut espérer se faire rem- bourser, il faut faire au moins 5 % des voix. Cette fois-ci, j’ai décidé de le faire avec mon argent personnel, car je peux le faire. Et si je prends ce risque, c’est quand même bien une preuve que j’ai des convictions !

tingue notre candidature, c’est que nous ne défendons pas une idéologie, contrairement aux autres,mais nous défendons un territoire. Tout le monde sait que sur le plan politique, je suis un libéral. Cela n’empêchera pas de réunir autour de moi des souverainistes, des mélenchonistes, et des personnes de tous horizons. L.P.B. : Des macronistes aussi ? J.-P.A. : Non, lui, c’est de l’attrape- mouche. Nous, nous savons ce que nous voulons. Je suis persuadé que nous ferons un bon score car nous soutenons les Bisontins. L.P.B. : C’est un peu maigre comme argu- mentaire. Avez-vous déjà des propositions à formuler ? J.-P.A. : Tout reposera sur la défense des intérêts de Besançon face àDijon et à Paris. Je veux commencer par mettre fin au pouvoir autocratique d’un maire sur sa ville. Il faut en finir avec les consultations à la sovié- tique qui consistent à consulter la population quand les projets sont déjà ficelés. C’est une des raisons pour lesquelles les gilets jaunes sont descendus dans la rue. Notre méthode reposera donc sur la vota- tion communale à la suisse. Dès que 10%des électeurs, soit environ 7 000 personnes à Besançon, le deman- deront, le maire sera obligé d’orga- niser un référendum, soit pour annu- ler une décision prise, soit au sujet d’un nouveau projet. C’est une sorte de R.I.C. local. Rien à voir avec les modestes consultations organisées par M. Fousseret dans cette ville où il n’a fait appel à la population que pour choisir la couleur du tram ! L.P.B. : Sur le plan économique, avez-vous déjà des propositions ? J.-P.A. : Une de mes priorités sera la revitalisation du centre-ville. Je commencerai par supprimer le sys- tème des horodateurs en ville. On créera, comme c’est le cas par exem- ple à Pontarlier, des zones bleues avec 2 heures autorisées gratuites et une verbalisation seulement si on dépasse les 2 heures. Je mettrai également une partie des places peintes en bleu pour les réserver aux résidents,moyennant un forfait de 350 euros à payer tous les six mois. Sur la question immobilière, je mets fin immédiatement à tout nouveau projet immobilier et je soumets la situation à un audit afin de vérifier combien des logements construits sous l’ère Fousseret sont occupés. Et tant que 90 % de ces logements ne sont pas occupés, j’arrête tout

Le fédéraliste Jean-Philippe Allenbach, 70 ans, repart au combat pour les prochaines municipales.

J.-P.A. : Nous souhaitons créer une carte de fidélité de la commune, qui viendrait récompenser les familles installées ici depuis au moins 5 ans et qui leur donnerait droit à des tarifs préférentiels pour les dépenses d’ordre culturel ou sportif par exemple. Il n’est pas normal à mon sens qu’un Bisontin qui voudrait apprendre l’anglais paie le C.L.A. aussi cher qu’un Chi- nois ! Il devrait avoir droit à un tarif préférentiel. L.P.B. : Et sur le plan du rayonnement de Besançon à l’extérieur ? J.-P.A. : Sur ce plan, je ne vais pas agir enmanager qui gère les choses comme elles sont mais comme un leader qui voit comme devraient être les choses, et qui les change. C’est toute la nuance. Mon objectif est de changer les choses par rap- port à la Bourgogne. 73 % des Francs-Comtois regrettent aujourd’hui cette fusion alors qu’ils n’étaient que 51 % au moment de la fusion. Il est évident qu’à deux, il y a toujours un dominant et un dominé. Il est clair que nous sommes pour l’instant les dominés. Sur ce point, je demanderai donc au Conseil régional d’organiser un référendum. L.P.B. : Quel score espérez-vous faire ? J.-P.A. : On vise cette fois plus de 10 %. Je suis persuadé qu’on a le soutien de l’opinion. L.P.B. : Jean-Louis Fousseret s’apprête à tirer sa révérence après 19 ans à la tête de cette ville. Comment jugez-vous son bilan ? J.-P.A. : Il a été bon dans la décora- tion…Pour le reste, je demanderai un joker (rires). Il a une qualité

nouveau projet.On nous a fait croire que qu’entre 2005 et 2020 Besançon allait gagner 13 000 habitants. Sur ce point, on a été trompés. On ne compte plus le nombre de personnes qui ont acheté des logements en dispositif de défiscalisation et qui se sont retrouvés sans pouvoir les louer et obligés de les vendre àmoi- tié prix. C’est une vaste opération d’escroquerie comparable à ce qui s’est passé avec les subprimes. Sur le plan financier d’ailleurs, je réclamerai à l’État les 70 euros par habitant que tous les Bisontins et les Francs-Comtois ont dû payer pour payer la dette de la Bourgogne au moment de la fusion.Avec cette fusion, l’État a causé un dommage qu’il doit réparer. L.P.B. : Sur le plan culturel, vous affirmiez récemment que votre grand projet était de remettre la statue de Charles Quint vers l’hôtel de ville. Un peu mince comme ambition non ? J.-P.A. : Il est fondamental de rappeler aux Bisontins que leur ville a eu un passé glorieux avant l’annexion de la Franche-Comté. Avec cette proposition, il s’agit d’abord d’ho- norer le bienfaiteur de cette ville. On a préféré nousmettre une statue de Vauban à la Citadelle, l’homme qui tirait au canon sur cette ville ! Je milite également pour remettre la statue de Granvelle dans la cour du palais. Rue Goudimel, à la place du siège de l’Université, je propo- serai d’y aménager un musée his- torique de la Franche-Comté. Et autre symbole, remettons à l’hon- neur le drapeau de Besançon avec son aigle ! L.P.B. : D’autres propositions concrètes pour les Bisontins ?

cependant : il est malin comme un singe. L.P.B. :Envisageriez-vous selon votre score au premier tour de faire alliance avec une autre liste ? J.-P.A. : Je n’ai pas à 70 balais l’am- bition de devenir simple conseiller municipal ! L.P.B. : Comment jugez-vous la guéguerre interne à L.R.E.M. pour la succession du maire sortant ? En d’autres mots, êtes- vous plutôt Alauzet ou Cordier ? J.-P.A. : Alauzet a été chez les Verts, puis a soutenu Hollande, puis Macron. C’est sa liberté. Mais j’ai une anecdote révélatrice.À l’époque du référendum sur la gare d’Auxon, nous nous battions tous les deux pour défendre l’option Viotte. Une fois M. Fousseret élu, j’ai appelé ÉricAlauzet pour connaître sa posi- tion et il m’a répondu que mainte- nant qu’il était sur sa liste, il ne pouvait plus l’attaquer… Quant à Mlle Cordier, à mes yeux, c’est le niveau zéro des convictions poli- tiques quand elle affirme que le programme, on le verra après. Je pense surtout qu’elle n’a pas d’idées. L.P.B. : Et à droite ? J.-P.A. : On comptait sur eux pour nous défendre à la Région mais ils nous ont trahis en participant au sabordage de la Franche-Comté. Et comme les autres, j’attends de voir leur projet. Ceci étant dit, les autres, je m’en fiche. Nous avons des convictions, nous voulons les défendre. Besançon est une grande ville qui mérite une grande ambi- tion.Quiconque est fier d’être Bison- tin et Franc-Comtois se doit de voter pour nous. n Propos recueillis par J.-F.H.

Bio express

l Jean-Philippe Allenbach est né à Besançon en 1948, il a la double nationalité française et suisse. Il est le petit-fils de Gustave Saulnier, un ancien directeur de l’école des Chaprais. Il a fait sa scolarité à l’école Helvétie puis au lycée Victor-Hugo. - Il est diplômé de Sciences-Po Paris et D.E.S. en sciences économiques. Ancien directeur financier d’une grande société d’énergétique, il est conseiller en finance et commerce international. Il a fondé et présidé le Parti fédéraliste. l l l

En plus, je ne coû- terai pas un centime au contribuable. Je suis donc sûr d’aller au bout de la démarche. Il faudra les hommes et les femmes : on les aura. Il faut aussi les sous : je les ai. Nous avons égale- ment un atout extraordinaire, c’est notre local sur la place du 8-Septem- bre, avec depuis quelques jours, une permanence quoti- dienne. L.P.B. : Quelle couleur politique aura votre liste ? J.-P.A. : Ce qui dis-

Il est aujourd’hui

“Emmanuel Macron, c’est de

l

président du Mouvement Franche-Comté.

l’attrape- mouche.”

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