La Presse Bisontine 208 - Avril 2019

l’éVénement

La Presse Bisontine n°208 - Avril 2019

À un an des municipales Votre maire se représentera-t-il ?

l Grand Besançon L’exemple de Pirey Le rôle du maire a bien changé Ils ont une poignée dans le Grand Besançon, à l’image de Robert Stepourjine à Pirey, à avoir enchaîné cinq mandats d’affilée. Ces maires ont vu peu à peu se réduire leurs prérogatives. La Presse Bisontine a sondé une bonne partie des maires du Grand Besançon. Pour l’instant, une grande majorité d’entre eux hésite encore à repartir ou renonce. Ils sont encore très peu à affirmer vouloir rempiler pour un nouveau mandat. Explications et analyses de ce blues municipal.

en la personne d’un résident de Pirey : Patrick Ayache, ancien directeur des services de la Ville de Besançon et aujourd’hui poids lourd du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Ce scénario qui paraissait idéal aux yeux du maire sortant n’est pourtant pas confirmé. Il semblerait que M. Ayache ait finalement renoncé. Une chose est certaine : M. Stepourjine sera actif jusqu’à la dernière minute de son mandat. n J.-F.H. Ces chiffres portent sur les plus de 4 600 réponses renvoyées au Cevipof, qui a interrogé les maires. Les questions por- taient non seulement sur l’état d’esprit des maires, mais également sur leurs relations avec l’intercommunalité et leur position vis-à-vis des grandes réformes engagées par l’État. n Un maire sur deux ne veut pas repartir L es maires de France ont le blues. Le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) a rendu en novembre dernier son enquête, réa- lisée en coopération avec l’A.M.F. et à sa demande, dessinant le portrait et l’état d’esprit des maires, dans le cadre de l’Observatoire de la démocratie de proximité. Cette enquête confirme que les maires sont inquiets et, pour beaucoup, touchés par une certaine lassitude. Ce qui se traduit dans l’un des chiffres les plus spectaculaires de cette enquête : un maire sur deux ne compte pas se repré- senter en 2020 - proportion qui atteint même 55 % dans les plus petites com- munes.

I l aura assisté à la naissance et à la vie de quatre collectivités depuis qu’il est à la tête de la mairie de Pirey : la C.C.G.B. (conseil des com- munes du Grand Besançon), ancêtre du district du Grand Besançon créé en 1993 sous l’impulsion de Robert Schwint, la C.A.G.B. en 2001 et enfin, dernier-né des rejetons de la décen- tralisation, la communauté urbaine cette année. Dans chacune de ses struc- tures, Robert Stepourjine a pris des responsabilités. Il est notamment en charge des questions d’habitat et de logement depuis plus de 25 ans. Paral- lèlement, il aura présidé durant trente ans aux destinées de sa commune de Pirey dont la population a quasiment doublé, passant de 1 100 habitants à la fin des années quatre-vingt, à 2 100 aujourd’hui. C’est dire si l’élu redoute cette date fatidique de mars 2020 où il devra se résoudre à laisser les clés de la mairie à son successeur. “C’est clair que de

devoir quitter les équipes merveilleuses qui travaillent avec moi à la mairie et à l’agglo risque d’être un crève-cœur pour moi. Mais je n’ai plus 20 ans et il est logique de devoir laisser la place à d’autres” dit-il. Si l’aspect humain lui fait redouter ce moment, Robert Stepourjine regrettera moins les contraintes administratives qui pèsent désormais sur les communes, aussi petites soient-elles. “Les maires doivent faire de l’administratif à lon- gueur de journée. On n’a plus le temps

Robert Stepourjine, maire de Pirey depuis 1989, devrait raccrocher l’année prochaine.

souvent par des absurdités que le maire de Pirey dénonce : “On nous a obligés à mettre de l’éclairage public sur le che- min qui sépare l’école de la restauration scolaire et on nous a même reproché que le niveau d’éclairage était insuffi- sant. Je rappelle juste que la restau- ration scolaire a lieu uniquement le midi à Pirey…” Autre aberration : “On nous a contraints de mettre un inter- phone devant le portail de la média- thèque pour les personnes handicapées. Or, le portail est fermé uniquement quand la médiathèque est fermée. À

quoi peut bien servir un interphone s’il n’y a personne pour répondre ?…” Robert Stepourjine voit également d’un mauvais œil les nouvelles missions que prendra la communauté urbaine - ne lui parlez pas de métropole ! “Ce n’est pas à la communauté urbaine de s’occuper d l’éclairage public ou des cimetières ! Une communauté urbaine doit être faite pour porter de vrais projets structurants !” Robert Stepourjine a un an pour pré- parer la suite. On murmure à Pirey qu’il aurait un successeur tout trouvé

de réfléchir au devenir de son village. La dégra- dation de notre rôle d’élu remonte aux lois Chevènement de 1995. Depuis, ça n’a fait qu’empirer. Je crains qu’on aille doucement vers la fin de l’échelon communal” dit-il. La mainmise de l’ad- ministration se traduit

La fin de la maintenance de nuit

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