La Presse Bisontine 208 - Avril 2019

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n°208 - Avril 2019

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POLITIQUE

La future tête de liste bisontine ?

“Je compte jouer un rôle principal pour les municipales”

Encore dans l’ombre de Jacques Grosperrin, Ludovic Fagaut (Les Républicains) sera sans doute aux premières loges des prochaines échéances municipales de mars 2020. Première interview à moins d’un an de l’échéance.

L a Presse Bisontine : Vous êtes déjà dans la campagne des municipales de 2020 ? Ludovic Fagaut : Oui, clairement, dans le cadre d’une démarche collective que l’on porte conjointement avec Jacques Grosperrin et nos amis de la droite et du centre, ainsi que de la société civile qui nous accompagne dans cette démarche. Nous sommes actuellement dans l’état des lieux, le diagnostic. Viendra ensuite la construction d’un projet alternatif pour cette ville et cette aggloméra- tion. C’est franchement dans cette dynamique-là que je suis actuelle- ment. On est d’ailleurs dans cette dynamique depuis 2013 quand nous avons décidé de proposer un pro- gramme crédible et ambitieux pour les Bisontins. Entre-temps, Jacques Grosperrin est devenu sénateur, moi vice-président du Département. Nous avons désormais encore plus d’expérience pour construire un projet solide. Et je prendrai toute ma part dans la construction de ce projet. L.P.B. : Plus précisément, quel sera votre rôle à vous ? L.F. : Je compte bien jouer un rôle principal pour ces prochaines muni- cipales, dans cette campagne. Mais toujours dans cet esprit collectif. À titre personnel,même si c’est devenu un gros mot, je crois beaucoup à la fidélité à mes idées et je ne vais pas m’excuser d’être de droite. Contrai- rement à d’autres, je refuse toute forme d’opportunisme. L.P.B. : Fidèle aussi à la ligne Wauquiez ? L.F. : Là encore, je suis loyal et fidèle. Il y a un patron qui s’appelle Lau- rent Wauquiez, ça ne veut pas dire pour autant que j’approuve toutes ses positions. Concernant les pro-

second la présidence de l’agglomération avec un éventuel mandat de maire à Saône. Rumeurs infondées ? L.F. (sourire) : J’en ai entendu parler aussi…Mais il y a la politique-fic- tion d’un côté, et de l’autre le vrai travail de terrain. Et au final, ce sont bien les électeurs qui décideront qui doit piloter le destin de cette ville et de cette agglomération. L.P.B. :Vous avez échoué à convaincre les Bisontins en 2014. Qu’est-ce que vos pro- positions pour 2020 auraient de plus ? L.F. : La courte défaite de 2014 est multifactorielle. Il y a eu la présence d’une liste F.N. qui nous a conduits à une triangulaire, il y avait cette liste portée par Jean-François Hum- bert au premier tour qui mine de rien a créé un certain trouble dans l’esprit des Bisontins et on n’a sans doute pas su porter notre projet à sa pleine mesure. Les circonstances seront forcément différentes cette fois-ci avec en plus unmaire sortant qui ne se représente pas. Il y a dans cette ville et dans cette agglomé- ration un besoin de rupture avec un autre projet, une autre offre et honnêtement, je pense qu’il y a un désir de droite et d’un autre souf- fle. L.P.B. : Tout le monde incarnera le renou- vellement puisque M. Fousseret ne se représentera pas ! L.F. : Il y a aussi ceux qui accompa- gnent le maire actuel depuis plus de vingt ans et qui estiment incarner le renouveau ! Ceux-là mêmes qui ont contribué à sacrifier Besançon et l’agglomération sur l’autel de la fusion des Régions. Des gens qui sont plus dans la réaction que dans l’action. L.P.B. :Vous n’avez aucune velléité à vouloir “tuer le père” en vous affirmant face à Jacques Grosperrin ? L.F. : Jacques Grosperrin reste notre chef de file incontesté et entre lui et moi, il n’y a pas l’épaisseur d’un papier à cigarette. Je ne suis pas du tout dans cet esprit qu’il faille tuer le père pour exister. Jacques est un ami, c’est celui qui m’a permis de progresser en politique et les choses se feront tout naturellement si elles doivent se faire un jour. Car Jacques a un vrai sens politique et cette volonté que des jeunes émer- gent. L.P.B. : Quand allez-vous complètement sortir du bois et dire si vous êtes candidat à Besançon (ou à Saône) ? L.F. : Je pense qu’en septembre ce sera le moment opportun de porter les choses. On n’est pas dans la logique de 2014 où il était nécessaire d’avancer plus vite car l’union de

Ludovic Fagaut, conseiller municipal d’opposition à Besançon et vice-président du Conseil départemental du Doubs.

à vraiment chan- ger de braquet. L’innovation pas- sera aussi par le cœur de ville qu’il faut reconquérir, avec notamment le pôle Saint- Jacques en y ima- ginant plus de la French tech que des résidences pour personnes âgées. Le pôle étu- diant où j’estime qu’il n’y a pas assez d’innovation autour de cette

la droite restait à construire. Là, elle est déjà faite et nous avançons ensemble. L.P.B. : Les circonstances vont sans doute mettre sur votre route un candidat sérieux qui s’appelle Éric Alauzet, qui vous a d’ail- leurs déjà battu tous les deux Jacques Grosperrin et vous à d’autres scrutins. C’est une crainte ? L.F. : Personnellement, j’ai beaucoup de respect pour les gens qui ont de la constance dans leur engagement politique. Pour des gens comme Nicolas Bodin, pour Christophe Lime, ou Yves-Michel Dahoui par exemple. Ce sont des personnes qui se sont engagées selon des convictions et qui y sont restées fidèles. Ils n’ont pas succombé à l’appel des sirènes. Il y en a d’autres en revanche qui sont devenus des experts en retournement de vestes, au gré des circonstances, des gens qui sont capables de brader leurs convictions (si tant est qu’ils en aient…) pour leur propre intérêt ou juste une place. Ce qui m’im- porte, ce ne sont donc pas nos poten- tiels futurs adversaires,mais quelle perspective on souhaite redonner à Besançon et aux Bisontins. L.P.B. : Le programme n’est pas encore ficelémais avez-vous déjà des perspectives à donner ? L.F. : On a déjà avancé certaines pistes comme l’aspect sécuritaire et le bien vivre ensemble qu’il est impératif de retravailler. L’attrac- tivité économique de cette agglo- mération qui, si on souhaite qu’elle ne décline pas, doit nous amener

en réaction, qu’en anticipation. Il y a des réussites comme Témis ou Témis Santé mais quand on met dans la balance les réussites et les points de fragilité, la balance ne penche pas vraiment en faveur de Besançon. L.P.B. : Un mot du sport, un de vos thèmes de prédilection ? L.F. : Il est totalement anormal qu’une agglomération de 200 000 habitants, avec pourtant des cen- taines de bénévoles mobilisés, ne rayonne pas plus sur le plan sportif, à part un ou deux clubs. Je ne pren- drai l’exemple que du foot : on ne peut plus continuer à avoir deux belles équipes sans envisager d’avoir enfin un vrai club identifié Grand Besançon avec un niveau digne d’une agglomération comme la nôtre ! L.P.B. : Votre avis sur l’état de la gauche à Besançon ? L.F. : On s’aperçoit aujourd’hui que la construction qui agrégeait des communistes, des socialistes, des écologistes, était totalement arti- ficielle car ce sont autant de phi- losophies différentes et incompa- tibles, sans parler des anciens partisans de gauche qui ont rejoint En Marche.Alors de quelle gauche parle-t-on ? Je ne sais pas. Je vois juste qu’ils sont tous en train de s’étriper et que Besançon mérite autre chose, et en l’occurrence une vraie alternance. De notre côté, nous avons une vraie cohérence, une consistance et une constance. n Propos recueillis par J.-F.H.

Bio express

l Ludovic Fagaut est natif du Jura, il a 40 ans.

l Il est conseiller municipal d’opposition à Besançon depuis 2014 et conseiller communautaire à la C.A.G.B. Il est depuis 2015 vice-président du Conseil départemental du Doubs chargé du sport, de la culture et de l’éducation populaire. Il est principal des collèges publics de l l

“Je vois juste qu’ils sont tous en train de s’étriper.”

pépite qu’est le C.L.A. Le tourisme avec une Citadelle qui malgré son inscription à l’Unesco peine à attirer beaucoup plus de monde. Je le répète : Besançon manque d’am- bition. On s’apprête à faire le fes- tival des Grandes heures nature. Premièrement, cette marque ne parle à personne et deuxièmement, le trail des forts, le raid handi’forts, la Diagonale du Doubs… tout cela existe déjà. Oui, il y a bien ce salon mi-juin à Micropolis, mais je ne suis pas sûr qu’avec cette mani- festation dont l’entrée sera payante on s’identifiera vraiment ! L.P.B. : Jean-Louis Fousseret termine son dernier mandat. Des choses qu’il a faites trouvent tout de même grâce à vos yeux ? L.F. : On ne peut pas lui reprocher de ne pas aimer sa ville pour laquelle il s’est mobilisé depuis 1983. Mais il faut reconnaître qu’il a plus souvent été à la remorque,

chaines élections européennes, je pense que le trio qui a été choisi commence à bien imprimer. On ne peut pas appeler à un renouvellement et quand il est fait le critiquer. J’ai donc cette fidélité et cette loyauté vis- à-vis de Laurent Wauquiez comme je l’ai sur le plan local vis-à-vis de Jacques Grosper- rin. L.P.B. : On entend par- fois au sujet du duo Grosperrin-Fagaut : au premier reviendra la ville de Besançon et au

Sancey et de Pierrefontaine- les-Varans.

“Il y a un désir de

l Il pratique le sport, notamment le vélo.

droite dans cette ville.”

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