La Presse Bisontine 208 - Avril 2019
LE GRAND BESANÇON
La Presse Bisontine n°208 - Avril 2019
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SAINT-VIT
300 euros en bons de chauffage Des familles refroidies par leur facture de fioul
L’opération “Solidarité fioul”, reconduite cet hiver par une dizaine de distributeurs francs- comtois, a permis à 55 familles bénéficiaires de l’aide des Restos du cœur pour se chauffer.
L a flambée des prix de l’énergie pèse lourd sur le budget de cer- tains ménages, qui en arrivent parfois à ne plus pouvoir se chauffer ou ne commandent que de quoi tenir un mois. Philippe Lassout qui livre du fioul autour de Saint-Vit où est implantée son entreprise, dit en faire le constat régulièrement. “Avec un cercle vicieux trouvé dans la maison mal isolée, louée par des personnes pau- vres.” Dans le milieu, on appelle cela la “double peine”. “Ce sont ceux qui ont le moins d’argent qui consomment le plus et les propriétaires n’investissent pas dans une nouvelle chaudière.” Face à ce constat, il a décidé avec une poignée de confrères dont Jean-Luc Vanoni de Seloncourt, à l’origine du projet, de participer solidairement au remplissage des cuves. “On a lancé en 2010 l’association Solidarité fioul. Chaque adhérent cotise à hauteur de 25 centimes par m 3 de fioul livré.” L’ar- gent ainsi récolté est ensuite réparti en bons de fioul de 300 euros distribués par les Restos du cœur. Un geste soli- daire auquel lamoitié des distributeurs indépendants de fioul de Franche- Comté ont souhaité prendre part (d’au- tant plus notable qu’il n’est pas éligible
chaque hiver avec inquiétude, “c’est un vrai coup de pouce.” D’autres rompent aussi avec leur grande précarité grâce à ces distribu- tions. “Une personne m’a dit qu’elle n’avait plus pris une douche chaude depuis des semaines” , remarque Phi- lippe Lassout. “Un bon : c’est une famille qui se chauffe pendant un mois” , rap- pelle-t-il, pour remobiliser les distri- buteurs, un peumoins nombreux qu’au départ. “Il faudrait plus de bons pour répondre à la demande.” La profession se trouve par ailleurs en pleine réflexion avec la fin envisagée du chauffage au fioul d’ici 2030 pour le remplacer par du bio-fioul (produit à partir d’huile de colza). n S.G. * Prénom modifié
au crédit d’impôt) et qui a essaimé jusqu’en Savoie et en Champagne- Ardenne, “y compris dans deux filiales de Total.” À l’autre bout de la chaîne, plusieurs centaines de familles du Nord Franche- Comté, de Haute-Saône et de l’agglo- mération bisontine ont pu en bénéficier jusqu’ici.À l’image d’Annie*, qui atten-
dait impatiemment son bon cette année. “J’avais anticipé en fai- sant remplir un peu notre cuve au moment où le fioul se vendait à 70 centimes le litre,mais cela n’aurait pas suffi. Ce bon va nous permet- tre de tenir un petit moment.” Elle vit dans une vieille maison à Besançon “qui ne tourne qu’au fioul” avec son mari, en arrêt-maladie longue durée, et ses trois enfants. “La pre- mière année nous avions eu une coupure et les Restos m’ont dit qu’on y avait droit.” Pour cette famille, qui aborde
25 centimes reversés par m3 livré.
“Certaines personnes paient 500 euros de fuel par mois alors qu’elles n’ont que 800 euros de
retraite”, note Philippe Lassout, président de Solidarité fioul.
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