La Presse Bisontine 208 - Avril 2019

LE DOSSIER

La Presse Bisontine n°208 - Avril 2019

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“Objectif : 30 % d’autonomie alimentaire d’ici 2050” l Politique Projet alimentaire territorial Le Grand Besançon, actuellement à 1,5 % d’autonomie alimentaire, a-t-il les yeux plus gros que le ventre ? Une politique se met en place. Pour en récolter les fruits, il faudra patienter. LE GRAND BESANÇON EN ROUTE VERS L’AUTONOMIE ALIMENTAIRE

De toutes parts, les initiatives fleurissent pour développer les filières d’approvisionnement locales, les circuits courts et les producteurs bio. Même si le chemin à parcourir est encore long, la prise de conscience est là et les filières progressent. Un dossier de saison pour La Presse Bisontine.

C’ est toute la schizophrénie d’un système. Jamais les Grands Bisontins n’ont autant plébiscité les pro- duits locaux achetés sur les marchés, auprès d’associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (A.M.A.P), chez les Locavores, ou directement chez le producteur. Malheureusement, jamais les terres agricoles n’ont été si malmenées. En moins de 20 ans, 16 % des surfaces agricoles du Grand Besan- çon ont disparu en raison d’une urba- nisation croissante. Le cas des Vaîtes, des terres maraîchères d’exception au cœur de Besançon destinées à accueillir 1 000 logements, est l’exemple type. Françoise Presse (Europe Écologie- Les Verts), vice-présidente à l’Agglo- mération en charge du développement durable et de la transition énergétique mesure cette difficulté : “Ce n’est pas sur la durée d’un mandat que nous allons pouvoir tout régler mais à plus long terme” confie l’élue dont la volonté

politique est d’apporter des aides opé- rationnelles pour favoriser la produc- tion locale et bio. Lors du programme S.A.U.G.E. (Soli- darités Agricole et Urbaine pour des Gains Économiques environnementaux et en termes d'emplois), ont été favo- risés la renaissance des marchés locaux dans le Grand Besançon, la création

répartir les productions entre les maraî- chers. “C’est un test qui consiste à se mettre d’accord entre restaurations col- lectives et maraîchers sur les quantités, les prix, la mise en place des solutions logistiques pour la livraison, la qualité” détaille le Grand Besançon qui lance des filières courtes. Pour la problématique du foncier, l’élue écologiste souhaite que le futur plan local d’urbanisme intercommunal (P.L.U.I.), lui-même adossé au S.C.O.T. (schéma de cohérence territoriale), gèle des terres pour favoriser l’implan- tation de maraîchers. “Il faut aussi que les producteurs soient rémunérés à la hauteur de leur travail. Ils ne gagnent pas assez leur vie” poursuit Françoise Presse, qui, pour le coup n’a pas de remède. “La collectivité (avec la Chambre d’Agriculture) joue un rôle d’animateur pour créer des dynamiques comme la création d’une filière soja à expérimenter, d’une coopérative de lait bio, ou la création d’une légumerie.

En 20 ans, l’agglomération a perdu 16 % de ses terres cultivables.

de la pépinière de Cha- lezeule dès 2014… Depuis 2017, d’autres projets sont nés via le Projet alimentaire ter- ritorial (P.A.T.), détaillés pour certains dans notre dossier. Ils vont de l’expérimentation d’une production de len- tilles bio à Chalezeule au rapprochement entre producteurs et restaurants du Grand Besançon ou à un tra- vail qui consiste à

“Les producteurs ne gagnent pas assez leur vie.”

villes” qui réunit l’ensemble des acteurs locaux des territoires autour de la durabilité de l’agriculture et des ter- ritoires urbains et périurbains. Les espaces agricoles de l’agglo cou- vrent 30 % (environ 12 700 hectares) de la surface du territoire et génèrent l’équivalent de 600 emplois à temps plein. En se plaçant au chevet dumaraî- chage, le Grand Besançon espère que les graines semées ici se répandront ailleurs. n E.Ch.

Ensuite, ce sont aux opérateurs de reprendre le flambeau” ajoute Françoise Presse. Actuellement, le Grand Besançon affiche une autonomie alimentaire d’1,5 % - dans la moyenne des autres villes du Grand Est - quand celles du sud de la France sont plutôt à 10 à 15 %. “On peut espérer 1 % de plus par an pour arriver à 30 % d’autonomie d’ici 2050… En même temps, on relo- calisera des emplois” dit l’écologiste membre de l’association “Terres en

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